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Convois humanitaires pour Gaza, simple
stockage ou blocage ?
Marie Girod
Rafah
Jeudi 16 avril 2009
Égypte . Alors que les habitants de la bande de Gaza sont
toujours dans le besoin après l’offensive israélienne, les
marchandises passent au compte-gouttes.
Al Arish (Égypte, frontière avec la bande de Gaza),
correspondance particulière.
Al Arish, petite ville égyptienne située à une quarantaine de
kilomètres de la frontière avec la bande de Gaza, est le lieu de
stockage de marchandises humanitaires à destination des Gazaouis.
Sur place, les colis de nourritures et de médicaments sont
entreposés en attente d’autorisation de passage vers le
territoire palestinien. Les médicaments transitent par le poste
frontière de Rafah, cogéré par l’Égypte et les Palestiniens, le
reste passe par Awja, poste frontière sous surveillance
égyptienne et israélienne.
Les conditions de stockage des marchandises à Al Arish sont
un obstacle pour les convois, arrivés par voie terrestre
notamment. Le club sportif est l’un des endroits improvisés qui
héberge des tonnes de marchandises entreposées en vrac, sous le
soleil, en proie au vol, car sans surveillance particulière.
Parmi ces colis on trouve des médicaments, des boîtes de
conserves, des sacs de riz et de thé, des vêtements, tout cela
en provenance du Koweit, de Jordanie, d’Arabie saoudite,
d’Italie, des États-Unis…
Dernièrement, affirment des témoins sur place, un convoi
libyen est resté bloqué en ville durant un mois, attendant en
vain les autorisations nécessaires au passage de leurs camions à
Gaza. Fatigués, sans argent, les chauffeurs ont décidé de
repartir en laissant la marchandise sur place. Des marchandises
qui n’iront peut-être jamais à Gaza, et qui seront détruites
voire distillées au marché noir, pensent certains.
Quatre camions en provenance de Tunisie attendent à Al Arish
depuis le 1er avril. Partis de Tunis le 25 mars avec 72 tonnes
de médicaments donnés par l’Union générale des travailleurs
tunisiens, le convoi a d’abord été arrêté trois jours à la
frontière entre l’Égypte et la Libye. Mohamed Hadi Guedish,
responsable de l’UGTT promet qu’il ira jusqu’au bout pour que
ces médicaments arrivent à Gaza, mais il craint que les plus
fragiles soient déjà inutilisables.
Des membres de l’association italienne Music for Peace, qui
collecte nourriture et médicaments via l’organisation de
concerts dans les pays en guerre, séjournent aussi à Al Arish
depuis presque un mois. Ils accusent les autorités égyptiennes
de les pousser à quitter l’Égypte en laissant leurs marchandises
sur place : « On nous demande de l’argent sans arrêt, pour payer
l’entrepôt et les palettes. », déclare Stefano Rebora, président
de l’association. D’après lui, les autorités bafouent le droit
international sur la circulation de marchandises humanitaires.
Deux de leurs camions sont déjà passés par Rafah, et les deux
autres restent bloqués en territoire égyptien dans l’attente de
l’aval d’Israël au point de passage d’Awja.
Selon un responsable du Croissant-Rouge égyptien, seule
l’ouverture aléatoire des passages de Rafah et Awja
déterminerait le bon déroulement des livraisons dans la bande de
Gaza. En revanche, le Programme alimentaire mondial (PAM) de
l’ONU ferait transiter sans difficulté ses propres marchandises
ou celles d’autres d’organisations humanitaires. Reem Nader,
responsable du PAM au Caire estime que « tout dépend des
négociations entre les pouvoirs égyptien, palestinien, et
israélien. Il faut ajouter que les organisations qui ont une
représentation dans les territoires palestiniens et en Israël
ont plus de chance de passer ».
La complexité des procédures en vigueur a pour effet de
retarder ou annuler la livraison d’une partie des marchandises à
Gaza. La population est pourtant en état d’extrême urgence et
dépend totalement de l’aide internationale.
© Journal L'Humanité
Publié le 17 avril 2009 avec l'aimable autorisation de
L'Humanité
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