Intervention
française au Mali :
les vraies raisons du « quand » et du «
pourquoi » Marc Leroy
Vendredi 18 janvier
2013
Depuis l’intervention unilatérale
française au Mali, la quasi-totalité de
la classe politique française -et
jusqu’au Debout la République
de Nicolas Dupont-Aignan et au Front
National de Marine Le Pen (malgré
leurs bémols relevant que la situation
dans ce pays était une conséquence
directe de l’intervention française en
Libye)- a donc apporté son soutien au
gouvernement, à l’exception notable
pourtant du PCF, du Front
de Gauche et de certains dirigeants
d’EELV. Ceux-ci d’ailleurs ne
se sont pas émus des
contradictions flagrantes et indignes de
la politique « anti-islamiste » de
François Hollande, mais bien plutôt
d’un « néo-colonialisme » qui ne pouvait
en effet que fortement déplaire au parti
des ex « porteurs de valises » de la
guerre d’Algérie et plus largement à
tous leurs rejetons plus ou moins
écolo-gauchistes.
Que l’on soit pour ou contre cette
intervention -il y a des arguments tout
à fait sérieux et respectables dans les
deux camps- on ne peut pourtant que se
sentir profondément mal à l’aise
concernant la date choisie par François
Hollande pour déclencher cette opération
militaire. On l’a déjà dit, le
scandaleux deux poids deux mesures dans
le combat contre l’islamisme radical en
Syrie (ou non contente de ne pas les
combattre, la France arme et finance les
djihadistes) et au Mali suffit déjà à
provoquer honte et dégoût. Mais ce n’est
pas le seul élément très déplaisant dans
cette affaire.
Mali :
janvier 2012- janvier 2013, la France se
presse lentement
La situation au Mali était très
préoccupante depuis de longs mois déjà,
les islamistes qui y sèment la terreur
n’ayant pas attendu 2013 pour y
commettre destructions, viols,
assassinats et autres décapitations
barbares. En fait, leurs premières
exactions ont eu lieu
il y a tout juste un an, juste après
l’intervention occidentale ayant
provoqué la chute du colonel Kadhafi en
Libye, et le rapport de cause à effet
concernant ces deux évènements est on ne
peut plus évident pour ceux qui ne
détournent pas la tête comme de bons
petits clones béhachéliens pour regarder
ailleurs.
Dès lors, et si l’on était
légitimement horrifié par la sauvagerie
des fous de Dieu qui terrorisaient le
nord du pays, si notre décision d’agir a
bien uniquement été dictée par la
nécessité de mener un juste combat
contre un obscurantisme abject, pourquoi
être intervenu si tard, alors qu’une
action beaucoup plus précoce eût sans
doute grandement facilité le succès de
l’opération militaire, très fortement
réduit le nombre des terroristes que
nous avons à combattre aujourd’hui et
-c’est très loin d’être accessoire pour
une opération « humanitaire »- celui de
leurs malheureuses victimes ?
Un calendrier
cousu de fil blanc
Dès lors que l’on pose cette question
qui, si elle est simple voire
simplissime n’en est pas moins capitale,
on est bien obligé d’apporter une
réponse en réalité fort peu honorable…
Malmené, en chute libre comme aucun
de ses prédécesseurs dans les sondages
quelques mois à peine après son
élection, bien en peine d’apporter la
moindre réponse à la crise économique
cataclysmique qui arrive vraiment à
présent en France en faisant exploser
comme jamais la courbe du chômage,
incapable de combattre le mondialisme
financier sauvage qui détruit le tissu
industriel ou agricole français et
détricote un à un tous nos acquis
sociaux, inapte en vérité à tout
simplement habiter une fonction que de
plus en plus de Français découvrent
comme étant beaucoup trop grande pour
lui, le « Président normal » et le
Parti Socialiste viennent de plus
d’être très fortement ébranlés par la
plus grande manifestation populaire des
trente ou des quarante dernières années.
Une manifestation gigantesque qui, une
fois de plus d’ailleurs, comme celles de
1968 pour soutenir De Gaulle ou celle de
1984 pour défendre l’école libre,
n’était pas « de gauche ».
Malgré les chiffrages grotesques d’une
préfecture de Paris aux ordres, malgré
une presse et des médias totalement
partisans qui ont tout fait, avant et
après, pour la diaboliser, la minimiser
et la frapper d’homophobie, guettant
avec espoir mais sans succès le moindre
dérapage en la matière, malgré les
mesquineries pathétiques d’un Bertrand
Delanoë qui se découvre sur le tard une
passion pour le gazon même quand il
n’est pas maudit, c’est bien largement
plus d’un million de manifestants venus
des quatre coins de la France qui ont
battu le pavé parisien le dimanche 13
janvier pour exprimer leur rejet du
fameux et fumeux Mariage pour Tous
que veulent imposer sans consultation
populaire le Président de la République
et le gouvernement de Jean-Marc Ayrault.
Et c’est au lendemain même de ce coup
de tonnerre citoyen que, soudain, la
France « hollandienne » a décidé
d’envoyer ses soldats au Mali !
Permettant du coup à nos chers
médiacrates qui n’en demandaient pas
tant d’aussitôt tourner la page si
dérangeante pour eux de cette
extraordinaire manifestation populaire.
L’intervention au Mali, sortie d’un
chapeau élyséen au moment où personne ne
l’attendait, comme une gomme miraculeuse
effaçant le tableau médiatique français
d’un refus citoyen que nos élites ne
sauraient voir, ni surtout montrer.
Circulez, il n’y a plus rien à voir !
Une intervention qui
contredit toutes les déclarations
passées
Que ceux qui prêteraient à l’auteur
de ces lignes un esprit par trop mal
placé, qui lui reprocheraient un procès
d’intention facile et partisan,
visionnent donc la vidéo qui suit…
Beaucoup plus efficace qu’un long
discours, elle expose de façon éclatante
et incontournable le virage à 180 degrés
effectué en quelques semaines par notre
Président et son Ministre des Affaires
Etrangères Laurent Fabius concernant les
conditions et le cadre envisageable
d’une intervention de la France au Mali
:
Un
Président mou en quête de fermeté à bon
marché qui touche le loto médiatique
Avec l’intervention malienne,
François Hollande a donc fait d’une
pierre trois coups :
1) Il a permis aux médias -qui bien
évidemment ne se sont pas faits prier
pour enclencher au quart de tour- de
passer très rapidement (en à peine 24
heures !) sur ce qui avait pourtant été
l’évènement démocratique et populaire le
plus important des dernières décennies,
à savoir la Manif pour Tous du
13 janvier contre le mariage et
l’adoption pour les couples homosexuels.
Largement plus d’un million de
poussières citoyennes glissées sous le
tapis d’un seul coup, c’est une manière
d’exploit.
2) Il a forcé son opposition, de l’UDI
à l’UMP et jusqu’à DLR
ou le Front National, à jouer
la carte de cette « union nationale »
presque toujours de rigueur en cas de
conflit militaire engageant l’armée
française (sauf pour les gauchistes qui
par essence se moquent bien de l’idée de
Nation), et du même coup à mettre en
sourdine pour des semaines toute autre
forme de critique politique ou sociale.
3) Accusé de mollesse et
d’inconstance jusque dans les rangs de
ses plus fidèles partisans, il s’est
taillé à peu de frais -pour lui en tout
cas- une image de Président qui sait
prendre une décision grave lorsqu’elle
s’impose, même si la décision en
question est en réalité et on l’a vu
totalement contraire à ce qu’il
déclarait pourtant solennellement
quelques jours plus tôt. La ficelle est
grosse comme une corde à nœuds, mais
cela ne l’empêche pas pour autant d’être
redoutablement efficace : Nicolas
Sarkozy en avait lui aussi usé lors de
l’opération libyenne pour faire un
instant oublier son impopularité et ses
cafouillages diplomatiques lors des
fameuses « révolutions arabes ». A cette
époque aussi, les médias avaient foncé
tête baissée et avec enthousiasme dans
la combine.
Le tour de bonneteau a
réussi… Mais jusqu’à quand ?
L’opération de diversion a donc
médiatiquement -ce qui est tout sauf une
surprise- mais aussi hélas en grande
partie politiquement parfaitement
réussi… Jusqu’à présent. L’impréparation
militaire évidente, le manque dramatique
de moyens de notre armée (contrainte de
demander de l’aide ou de louer du
matériel pour tenter de venir à bout de
sa mission face à une bande de sinistres
pieds nickelés), les premiers morts, les
premiers ratages et la dramatique prise
d’otages en Algérie qui s’est terminée
dans un terrifiant bain de sang ne
suffisent pas dans nos médias à
questionner ni le bien-fondé de cette
intervention, ni les conditions dans
lesquelles elle a été enclenchée et est
désormais menée.
Seuls les jours et les semaines qui
vont suivre permettront de savoir si
cette cynique opération médiatique fera
encore longtemps illusion, mais pour
l’heure, elle fonctionne
merveilleusement et occupe la
quasi-totalité de l’espace médiatique :
la Manif pour Tous est déjà
reléguée dans les oubliettes de
l’histoire, le chômage implose et les
licenciements se multiplient dans un
silence de cathédrale, Vincent Peillon
continue dans une presque totale
confidentialité qui doit faire plaisir
aux loges à transformer l’Education
Nationale -qui avait d’ores et déjà
effectué une grande partie du travail-
en usine à fabriquer de l’ « homme
nouveau maçonnico-compatible », Taubira
et Valls nous font leur numéro de clowns
(l’un qui coupe les oignons, l’autre qui
pleure), vidant les prisons pour l’une
et multipliant les haussements d’épaules
sarkoziens et totalement illusoires pour
l’autre, la mondialisation financière
prédatrice et la gabegie fédéraliste
européenne peuvent continuer leur
travail de sape et finir tranquillement
de détruire les Nations… Flambi 1er
le mou s’est métamorphosé en François
l’inflexible, et la France bobo peut
enfin un peu respirer. Mais jusqu’à
quand ?
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