Les défis de l'Europe
Le génocide
arménien et la souveraineté du peuple
français (2)
Manuel de Diéguez
Manuel de
Diéguez
Dimanche 22 janvier 2012
La
semaine dernière je vous ai exposé les
difficultés de méthode que rencontre la
science historique "trans-événementielle"
pour tracer des trajectoires
interprétatives, donc pour se rendre du
moins réflexive, sinon méditative ; et
je vous ai expliqué que l'ambition de
rendre intelligible le génocide
arménien, par exemple, exige une plongée
dans les secrets anthropologiques du
genre simiohumain. Comment
accéderons-nous à la profondeur qui nous
éclairerait sur l'inconscient meurtrier
des sacrifices religieux, comment
analyserons-nous le monstre céleste
qu'adorent les chrétiens, alors que
l'autel de leur dieu leur présente à
chaque messe un document saignant? La
question est de savoir si la science de
la mémoire du sacré est condamnée à
demeurer un récit superficiel et
lénifiant ou si elle peut explorer les
origines zoologiques du divin.
Afin de nous
éclairer davantage sur les difficultés
que rencontrent les historiens pour
raconter et pour expliquer tout ensemble
tant de crimes pieux et de massacres
rédempteurs, j'en viens à la narration
d'un désastre diplomatique, afin
d'observer la face politique de la loi
du 23 décembre 2011 non seulement telle
qu'elle se présente aux yeux des
chancelleries actuelles, qui ne
disposent pas encore d'un regard sur les
entrailles de la foi, mais également à
la lumière des paramètres
sotériologiques et sanglants tapis dans
l'inconscient de l'histoire du temporel.
Car le rejet en
commission sénatoriale du projet de loi
adopté par l'Assemblée nationale le 23
déc. 2011 était un fruit prématuré de la
rigueur du raisonnement juridique de M.
Badinter, qui avait démontré
l'inconstitutionnalité de la loi dans le
Monde
daté du 14 janvier 2012 ; mais cette
aventure législative - en suspens
jusqu'au 23 janvier 2012 ouvre une voie
nouvelle à la réflexion anthropologique
sur les fondements simio-humains de la
géopolitique que je poursuis sur ce site
depuis 2001.
Car il est possible que le Sénat passera
outre à l'avis compétent de sa
commission de spécialistes du droit
international, parce qu'il n'est pas sûr
qu'il refusera de faire tomber dans son
escarcelle les suffrages massifs d'un
demi-million d'Arméniens devenus
français depuis un siècle et dont de
grands noms ont enrichi notre culture.
Mais quand bien même il refuserait un
cadeau politique au prix d'un contresens
juridique, il sera démontré que la
question de fond n'aura pas été posée ;
car chacun sait qu'aucun esprit sérieux
ne niera l'existence d'un massacre dont
le caractère criminel a été reconnu en
1919 - et en cours martiale - par la
justice ottomane elle-même, puis par le
traité de Lausanne de 1923 entre la
France et la Turquie. De plus, si un
citoyen français était poursuivi sur
notre territoire au nom d'une loi
inutile et absurde, comme il sera
démontré ci-dessous, il soulèverait la
question préalable de
l'inconstitutionnalité d'une législation
dont j'ai amplement démontré l'inanité
la semaine dernière.
La vraie question est donc celle du
statut anthropologique d'une science
historique dont les professionnels
ignorent l'esprit magique et la
sorcellerie qui l'inspire, ce qui
renvoie Clio à une pesée nouvelle de la
condition humaine. Car la démagogie
électorale s'est donné une arme
nouvelle, celle de jeter à la figure
d'un Etat étranger une loi dont l'effet
totémique sera semblable à celui du
sorcier qui vous jetait un sort.
1 - Les masques
sacrés de la République
L'éducation intellectuelle que vous avez
reçue de la République laïque n'est plus
rationnelle - sachez qu'elle est
gangrenée jusqu'à l'os par le cancer
d'un panculturalisme acéphale, sachez
que la raison française est une myope
qui a cessé de fabriquer le télescope de
l'intelligence critique et de l'esprit
de logique des citoyens. Or, ce sont les
chemins d'un scannage de la paralysie
cérébrale qui a frappé les Etats de
droit d'aujourd'hui qui s'ouvrent aux
examinateurs de la sottise de recourir
aux foudres à courte vue d'une loi
pénale à seule fin de vous dissuader du
crétinisme de nier des faits avérés,
alors qu'il appartient exclusivement à
la perspicacité de la raison laïque de
combattre le cancer de l'ignorance et de
la superstition au sein de la nation de
Descartes et de Molière.
Les Romains châtiaient les magiciens.
Puis la France avait cessé de poursuivre
les sorciers en justice parce que c'eût
été rejeter le citoyens aux
superstitions du Moyen Age que de
pénaliser une crédulité censée être
devenue indigne du cerveau moyen des
Français ou en avoir été définitivement
extirpée. Mais l'enseignement de la
raison ayant régressé ou cessé dans la
République, comme il est dit plus haut,
on a vu un tribunal laïc condamner une
présentatrice de la télévision sur
plainte d'une auditrice lésée,
disait-elle, par les promesses de
prodiges lucratifs attachés à l'achat
d'une bague magique dont l'Etat semblait
avoir cautionné la vente à un public de
sots. Puis, il y a un an à peine, on
apprenait que Mme Tiberi, épouse de
l'ancien maire de Paris, était allée
avec son chauffeur répandre du sel sur
le seuil des ennemis de son mari. Mais
sachez qu'en Angleterre, vous pouvez
encore vous retrouver au banc des
accusés devant un tribunal présidé par
un honorable magistrat pour avoir vendu
un immeuble sans avoir loyalement
informé l'acheteur de bonne foi qu'elle
est toute grouillante de fantômes.
L'Angleterre ne connaît pas le bac
philo, tandis que la loi du 23 décembre
2011 redonne indirectement force de loi
à la croyance aux maisons hantées.
Mais, me direz-vous, l'abêtissement
concerté d'une population par les soins
d'un Etat est anti-démocratique par
définition, tandis que la dictature et
le tribalisme appellent toujours et
fatalement à la fascination qu'exercera
un ensorceleur public. C'est pourquoi
les Anciens disaient déjà, par la voix
des Solon, des Lycurgue, des Platon, des
Cicéron, que toutes les sociétés passent
des abus de pouvoir d'un seul
hypnotiseur aux excès de la fausse
liberté de tous. La France a connu le
premier de ces fléaux sous la monarchie
qualifiée de droit divin, puis à l'école
de deux empires auto-sacralisés, ceux de
Napoléon 1er et de Napoléon III. Quant à
la seconde fatalité de l'Histoire, la
IIIe et la IV e République l'ont
illustrée à l'école de l'autorité
qu'elles ont accordée à des assemblées
législatives composées de notables dont
la médiocrité jetait la France de la
raison dans l'impuissance et le ridicule
sur la scène internationale.
Mais voici que la Ve République a
basculé de nouveau du côté du
caporalisme d'Etat et de ses sorciers.
Ce type de démagogie aplanit toujours
les sentiers communs à la tyrannie et à
la superstition. Dites-vous donc que
l'autorité austère du législateur ne
saurait se trouver placée sous la férule
d'un ensorceleur qui ferait de la
souveraineté nationale un totem
politique - je parle de la souveraineté
qui ne vous appartient encore qu'en
principe, mais que vous vous efforcerez
de rendre effective, donc ennemie tout
ensemble des usurpateurs et des
magiciens. Pour l'instant, à qui la
faute, sinon à vous-même si le suffrage
universel, donc l'autorité souveraine
dont vous vous trouvez investis par les
dispositions de la Constitution, élève
au pouvoir non seulement un capricieux,
un irréfléchi, un emporté, un irascible,
un fébrile, un carriériste, un
carnassier, un exalté puéril, mais un
idolâtre acharné à sacraliser les
verdicts du sens commun afin de
substituer des sortilèges
pseudo-juridiques et à des fins
électorales aux verdicts d'une raison
dont la République avait la
responsabilité de protéger la santé?
2 - Un " sport
législatif "
Depuis Platon la philosophie est
l'Esculape du cerveau malade de
l'humanité. C'est dans un esprit
socratique, donc médical qu'il vous faut
observer combien la loi du 23 décembre
2011 sur l'interdiction qui vous frappe
de vous mettre à l' écoute de votre
entendement naturel, combien une
législation qui rogne votre faculté
d'user pleinement et exclusivement de
votre intelligence, combien une loi qui
vous contraint de scinder votre tête en
deux portions ennemies l'une de l'autre
et de les placer sous le sceptre d'un
exécutif devenu le maître d'école du
législatif, combien, dis-je, une loi
fondée sur la folie viole le principe de
la séparation des pouvoirs. Savez-vous
que l'Elysée a donné l'ordre à une
obscure députée du midi de la France -
mais dont la circonscription compte de
nombreux Arméniens devenus français
depuis cinq générations - de présenter
un projet de loi à l'Assemblée qui
interdira au peuple tout entier de
proférer l'hérésie évidente selon
laquelle le génocide de 1915 n'aurait
pas existé ? Mais interdire aux Français
de forger des fantômes et les jeter en
prison s'ils se livrent à cet exercice,
c'est revenir aux procès en sorcellerie.
Souvenez-vous: il a suffi d'une demi-
journée pour que la loi de conjuration
des spectres fût adoptée à mains levées
par une Assemblée nationale présente
seulement pour la forme au Palais
Bourbon, puisqu'elle s'est trouvée
réduite à vingt-cinq députés sur cinq
cent soixante dix-sept. Un peloton de
législateurs régaliens a donc remplacé
au pied levé l'anarchie et
l'incompétence criantes des élus de la
IIIe et de la IVe République par
l'obéissance déférente d'un quarteron de
représentants de la nouvelle maigreur de
votre souveraineté politique.
Mais voyez
ce qu'il en coûte de vous déposséder de
vos attributs constitutionnels, même
demeurés rachitiques et de vos
prérogatives catéchétiques, même
frappées d'infirmité: l'Etat contrefait
et livré aux monarques de passage de la
Ve République commence par promulguer
des lois à la convenance du prince, dont
le bon plaisir les place ensuite
allègrement sous les ailes encore tenues
pour légitimantes du peuple-roi. Mais au
lendemain de ce tour passe-passe,
comment vos apprentis-despotes s'y
prennent-ils pour faire appliquer en un
tournemain - et par les soins appliqués
de vos petits mécaniciens du droit - des
lois aussi irraisonnées qu'anti-constitutionnelles?
Pour
faire fonctionner ce subterfuge, il faut
bien que vos magistrats-sorciers se
trouvent réduits à la fonction d'engins
dociles à la main de leur maître en
magie, pour cela, il faut bien que vos
préposés à l'entretien des rouages et
des ressorts de votre appareil d'un
simulacre de la justice remplissent leur
office de simples serviteurs de vos
sortilèges. Mais puisque le tyran
instable qui vous gouverne prend grand
soin de placer ses lois robotiques dans
le temple de la démocratie où votre
légitimité républicaine se trouve
ritualisée par sa fausse bienveillance,
comment une République obtient-elle la
complicité de ses juges à la mascarade
retorse que M. Pierre Nora qualifie si
bien de "sport législatif"?
3 - Une incurie
diplomatique incroyable
La
compétence naturelle des législateurs
est toujours seulement locale. Mais
voyez comment le Parlement a fait
débouler ses prérogatives dans l'arène
internationale, voyez comment il a
métamorphosé d'une pichenette une loi à
usage interne par définition en un
missile à lancer sans crier gare sur le
territoire d'un Etat étranger, voyez
comment il a tout subitement
transsubstantifié le code des délits et
des peines de la France en une arme de
guerre en mesure de frapper à distance
et de plein fouet une nation de
quatre-vingt millions d'habitants, voyez
comment il a ouvert des hostilités
diplomatiques d'un type inconnu du droit
international public de tous les Etats
civilisés de la planète, voyez comment
ces opérations se sont déroulées dans le
temps même où le Quai d'Orsay menait
avec Ankara, son allié, des négociations
importantes et dans un bon climat sur
l'avenir de la Syrie et du printemps
arabe, voyez comment ce champ de
bataille a pris à revers et anéanti la
politique de M. Alain Juppé. Mais
souvenez-vous de ce que ce genre de coup
de poignard dans le dos nous a brouillés
dans un passé récent avec un autre pays
ami, dont la population s'élève
également à quatre-vingt millions
d'habitants : les beaux yeux de la
maîtresse d'un gangster mexicain se sont
révélés des diamants hors de prix.
Mais le sorcier assis sur le rivage
croit piloter la baleine qui croise au
large. Qu'est-ce que la magie, sinon une
action à distance ? Croyez-vous qu'une
incurie diplomatique aussi ahurissante
puisse frapper un chef de l'Etat élu au
suffrage universel sans que vous soyez
pour rien dans cette quincaillerie?
Quelle est votre responsabilité
d'orfèvres si un tel cambriolage de la
bijouterie ne vous fait pas descendre
dans la rue? Et si vous ne disposez
d'une anthropologie politique qui vous
informe des prérogatives et des apanages
des sorciers de la démocratie, votre
information concernant la nature même de
l'intrigue de la pièce devient un
impératif de salut public. Pour
l'instant, c'est à votre silence que M.
Nicolas Sarkozy doit d'avoir pu répondre
à la Turquie que ce n'était pas lui,
l'auteur de la loi, mais le sorcier en
chef qui lui impose sa volonté, et que
ce sorcier s'appelle la France.
C'est
donc de votre faute si le chef de l'Etat
a pu se défausser sur votre
souveraineté, donc de votre faute s'il a
pu, la bouche en cœur, cacher son
scénario sous le bouclier de son incurie
politique. Comment ne serait-il pas de
la responsabilité exclusive du peuple
français que la République dispose de la
science de notre espèce qui lui
interdira à l'avenir d'élire des
ambitieux déchaînés? Mais comment ne pas
élire un charpentier pour un chef de
train, un cuisinier pour un général, un
confiturier pour un artilleur si vous
ignorez que ce genre de méprise résulte
de l'insuffisance de votre connaissance
des sorciers? Si vous ne croyiez pas aux
sorciers, vous n'accorderiez pas votre
confiance aux magiciens du langage
démocratique auxquels recourent
indifféremment les charpentiers, les
cuisiniers, les confituriers ou les
artilleurs. On vous demande de faire
débarquer la raison dans l'histoire
réelle de la France, parce que la "liberté
de tous" que M. Pierre Nora vous
promet demeurera une bouée flottante
aussi longtemps qu'aucun contenu
méthodologique et aucune problématique
d'une science du cerveau des magiciens
et des sorciers ne donneront une échine
et une ossature à votre histoire de la
condition humaine.
Savez-vous que la Constitution de Solon
avait contraint les magistrats de
quitter leurs fonctions si la République
se trouvait renversée, savez-vous qu'il
avait donné aux citoyens le pouvoir de
les juger et de les condamner à mort
s'ils étaient demeurés en place sous
l'autorité du tyran ? Comment ne
seriez-vous pas à la hauteur des
responsabilités politiques de la
République de la raison si les citoyens
d'Athènes l'étaient devenus il y a
vingt-six siècles?
4 - Le naufrage
de la science juridique
Vous
savez qu'il existe deux catégories de
détenteurs du pouvoir de rendre la
justice, les juges du siège, qu'on
définit également comme appartenant à la
magistrature assise, et la
magistrature debout, qui demeure
l'apanage des procureurs de la
République, parce que ce sont les
avocats attitrés de leur maître. Or ce
barreau de l'Etat vient de protester en
corps et massivement - à
soixante-dix-sept pour cent - contre son
statut de serf et de vassal de son seul
client, le chef actuel de l'Etat.
Comment ces deux catégories de
magistrats vont-ils oublier leurs
prérogatives constitutionnelles de
connaisseurs du cerveau de la France,
comment vont-ils appliquer aveuglément
une législation construite à seule fin
de précipiter la science juridique tout
entière dans les pièges de la pensée
magique des primitifs? Il est vrai que
les magistrats du siège se sont insurgés
à leur tour contre l'incohérence du
législatif. Mais mesurez sur ces points
décisifs la responsabilité proprement
intellectuelle qui incombe à l'éducation
d'une nation dont la vocation naturelle
était, hier encore, de vous armer de la
raison vigoureuse des Solon et des
Lycurgue, donc de vous préserver des
casuistes et des jésuites du droit qu'on
appelle encore des Républiques!
Ayant
découvert, mais un peu tard, le désastre
diplomatique qu'il a provoqué, M.
Nicolas Sarkozy s'est aussitôt livré à
une ultime foucade de rattrapage, celle
d'avouer en eux-mêmes le fondement
exclusivement subjectif et irrationnel
d'une loi censée, quelques heures plus
tôt, se fonder sur la charpente de la
Constitution et, par conséquent, avoir
été légitimée par le Parlement au nom de
la pleine et entière souveraineté morale
et juridique du peuple de la raison et
de la justice. Mais écoutez le
balbutiement du quadriplégique de
l'Elysée en réponse à la fureur légitime
d'Ankara? "Je respecte les
convictions de nos amis turcs, c'est
un grand pays, une grande civilisation,
il faut respecter les nôtres. "
M. Nicolas Sarkozy reconnaît maintenant
qu'il a outragé un grand pays, mais
qu'il va néanmoins jeter en prison des
citoyens français dont il concède que
les convictions
irrationnelles seront aussi sincères et
respectables que celles de "nos
amis turcs".
Mais M.
Nicolas Sarkozy ignore quelle
subjectivité il confesse - la sienne
est rassurante, parce qu'elle se réclame
de l'universalité abstraite des droits
de l'homme. S'il savait que la
projection magique de la validité des
lois du Parlement français sur la
législation d'un autre Etat procède du
retour mondial à l'esprit de sorcellerie
et que cette rechute dramatique de la
civilisation dans les mentalités du
Moyen Age est le fruit de la démission
de l'éducation nationale, il saurait que
les vraies décadences sont toujours
celles des cerveaux.
5 -
Les geôles de l'Eglise de la Liberté
Certes,
il est heureux que la loi ait d'ores et
déjà été rendue inapplicable pour avoir
été publiquement réfutée par le chef de
l'Etat lui-même et sur le fondement des
droits de la personne. Mais comment une
simple galipette de la repentance
culturelle vous tirerait-elle d'un piège
de ce calibre ? Vous avez bien entendu:
la condamnation du génocide et la mise
en pénitence du peuple turc se trouvent
réduites, dans la bouche même du
confesseur d'hier, à une simple
opinion d'humaniste occidental,
alors que, depuis 1990, la jurisprudence
établie par l'apprenti sorcier Gayssot
sanctionne non seulement, écoutez bien,
le fait de nier l'existence d'un
génocide retentissant, mais également de
paraître douter de son existence ou de
sembler la minimiser.
Non, vos oreilles ne vous trompent pas:
toute remise en cause de ce crime, dans
la bouche d'éventuels douteurs, même
sous une forme déguisée et dubitative,
tombera désormais sous la hache du
blasphème politique devant le tribunal
des droits de l'homme. Si la même
profanation avait été prononcée dans
l'enceinte d'un prétoire à l'encontre de
la Shoah, des poursuites auraient été
engagées contre les contempteurs
insidieux de l'article premier de
l'orthodoxie politique des démocraties
modernes. De plus, les dirigeants turcs
actuels se verraient interdire le
sacrilège de fouler de leurs pieds le
sol d'une France de l'éthique et de la
justice universelles, sauf à passer en
jugement pour hérésie devant les
inquisiteurs de la République et de
rentrer la queue basse dans leur pays
après un long séjour dans les geôles de
l'église de la liberté.
6 - Le
révisionnisme diplomatique
C'est
que M. Nicolas Sarkozy s'est appuyé sur
une loi destinée, avec quarante quatre
ans de retard, à frapper de damnation
éternelle le régime de Vichy, mais
imposée, en réalité, à la France par la
communauté juive nationale et
internationale: il s'agissait seulement,
par le recours à une flétrissure
indélébile, de paraître valider
rétrospectivement la création, en 1947,
d'un Etat de plus en plus menacé de
délégitimation aux yeux du jus
gentium - L'Allemagne vient de
déclarer officiellement, par la voix de
son Ministre des Affaires étrangères que
les implantations en Cisjordanie violent
le droit international.
Mais
comment passer l'éponge sur l'expulsion
ou le massacre des habitants de la
Palestine, qui appellent Nakba la
Shoah des victimes d'Israël? Une
bienveillance internationale aussi peu
démocratique est au rouet depuis
soixante-cinq ans, tellement elle peine
à inspirer les piétés exténuées de la
politique et de l'histoire à la planète
des idéalités, et cet évangélisme de
l'abstrait se retourne inexorablement et
en tous lieux contre Israël, tellement
cette hypocrisie ne cesse d'apporter au
monde entier la démonstration, assénée
par les hérétiques Edgar Morin et
Hessel, de ce que le nouvel Etat
reproduit le même modèle du
totalitarisme guerrier que celui sur la
condamnation vertueuse duquel il
paraissait vouloir se construire.
Mais c'est en vain que, hop, M. Nicolas
Sarkozy a fait changer d'épaule au fusil
du concept de justice . Le voilà
coupable du révisionnisme qu'il
entendait pénaliser. Comment aura-t-il
le culot de jeter en prison et de
condamner à de lourdes amendes des
compatriotes qu'il aura expressément
absous d'avance du crime de
révisionnisme - donc des Français qui
n'auront, je le redis, émis que des
opinions aussi louables que celles des
patriotes turcs?
Cet
avocat de formation ignore, semble-t-il,
le sens de la notion de logique
juridique, puisqu'il croit enfanter
ce type de cohérence à exposer tous les
génocides sur une seule et même claie.
Mais si les secrets anthropologiques du
mythe de la virginité de Marie, du
meurtre sacrificiel des chrétiens, du
culte des saints ou de la croisade des
Albigeois ne sont pas les mêmes que ceux
du culte d'Isis et d'Osiris, les
systèmes juridiques ne se laissent pas
non plus unifier sur un seul modèle.
Encore une fois, sur quel unificateur
mental l'unification idéologique de type
humaniste et démocratique
fonctionne-t-il si cette problématique
n'accède pas à la profondeur d'une
analyse anthropologique de la mentalité
primitive décrite par Lucien Lévy-Bruhl
(1857-1939)?
7 -
Histoire d'un coup de feu
Qu'un Président de la République
française plante un poignard dans le dos
de son Ministre des affaires étrangères,
voilà un évènement diplomatique dont
l'histoire ne présente que deux ou trois
exemples. Raison de plus de vous en
démonter la serrure.
Le monde
moderne a affiné l'instinct naturel qui
instruit les peuples démocratiques des
devoirs que le respect de la
souveraineté de la nation impose aux
dirigeants oublieux des charges
attachées à leur fonction et qui
sauvegardent la dignité du pays, donc
son rang honorable ou piteux sur la
scène internationale. C'est pourquoi la
chute de la popularité de M. Erdogan à
la suite de sa faiblesse soudaine face à
l'insolence d'Israël à l'égard de la
Turquie a fini par lui faire comprendre
que le peuple de Jahvé n'est pas un
négociateur au sens où l'entend le
droit international coutumier, mais un
messie placé sur orbite biblique et dont
la trajectoire eschatologique ressortit
aussi peu à la rationalité infirme de la
diplomatie classique dans ce domaine
qu'une discussion entre des géographes
n'est de nature à arrêter la course
d'une comète dans le ciel.
Demander
à des figurants habillés en négociateurs
de se livrer à des bavardages stériles
et sous la condition - expressément
formulée tout au long du chemin - d'un
babillage diplomatique selon lequel le
maître du jeu sera dûment autorisé à
conquérir par la force du glaive et en
plein soleil le territoire de son
interlocuteur, voilà une pantomime
politique dont la honte répugne au bon
sens des peuples expérimentés et rouis
par l'histoire - et pourtant c'est bien
cela qu'exprime en toutes lettres et
toute honte bue l'expression consacrée
de "négociations sans préalable".
Sans déclarer ouvertement à M. Mahmoud
Abbas que sa livrée ne sera plus invitée
à la table de la rédemption
démocratique, M. Erdogan a accordé au
Hamas le rang diplomatique auquel ce
convive a droit, c'est-à-dire de la
résistance légitime à l'occupant; et il
a reçu M. Haniyeh, premier ministre de
Gaza, en visite officielle trois jours
durant, et il a affiché par des
embrassades en public et télévisées son
entière solidarité politique avec un
"terroriste" gaulliste. C'est à ce titre
que M. Haniyeh est en outre monté aux
côtés de son hôte sous les acclamations
d'une foule en liesse sur le pont du
Marmara.
Avant le coup de feu à bout portant qui
l'a abattu en pleine négociation
diplomatique avec la Turquie, M. Juppé
était demeuré partie prenante dans un
champ diplomatique international appelé
à assurer à la France une place éminente
sinon centrale dans l'histoire du
printemps arabe, et cela malgré la
puissance écrasante du CRIF sur notre
territoire et dans la conduite de la
politique étrangère à long terme de
notre pays; mais, dans le même temps, le
Quai d'Orsay se trouvait dans une
situation confuse et même
contradictoire, parce que la logique
politique qui téléguide la libération
des peuples du Coran a reçu une blessure
inguérissable à la suite du patient
dynamitage par Israël de l'Union des
peuples riverains de la Méditerranée,
depuis 2007 jusqu'au naufrage définitif
de cette ambition focale de la France .
On sait que ce passif de notre
diplomatique a tellement affaibli et
pour si longtemps la crédibilité de
Paris dans tout le monde arabe que le
front de la pestifération internationale
de l'Iran s'est encore renforcé. Certes,
la renaissance civilisatrice de l'islam
ne conservera son élan que si tous les
tyrans de la région se trouvent écartés
du pouvoir. Mais alors, comment la chute
sanglante d'Assad en Syrie, désirée par
tout le monde, y compris par le
Hezbollah, la Turquie, la Ligue arabe et
même par Moscou - et cela, malgré
l'envoi du porte-avions Maréchal
Kouznetzov au large de Damas -
n'affaiblirait-elle pas durablement
Téhéran ? Déjà les sayanims français
tirent à boulets rouges contre l'Iran
dans la presse et à la radio, alors que
Washington essaie visiblement de mettre
Tel Aviv en garde contre une offensive
militaire isolée d'Israël contre la
Perse de Montesquieu.
On voit combien Talleyrand se trouve
pris dans un guêpier: entre l'atlantisme
viscéral de M. Sarkozy et une vision
gaullienne de l'avenir d'un monde à
libérer de la vassalisation américaine,
le jeu est aussi serré qu'à Vienne entre
la puissance de la Sainte Alliance des
monarques de droit divin et l'avenir
mondial des démocraties de la raison.
8 - M. Juppé et
le nucléaire
Or, sur ce point, tous les diplomates
français de haut rang, à commencer par
M. Hubert Védrine, ancien Secrétaire
général de l'Elysée de François
Mitterrand et ministre des affaires
étrangères de Lionel Jospin, tous ,
dis-je, savent fort bien qu'il est non
seulement chimérique, mais cataclysmique
de brandir un séraphisme diplomatique
qui interdirait à jamais la détention de
l'arme nucléaire à la Perse, alors que
cette foudre a été mise le plus
démocratiquement du monde entre les
mains du Pakistan et de l'Inde; et
personne n'ignore au Quai d'Orsay, que
seule l'ambition tenace d'Israël de
demeurer la puissance dominante au Moyen
Orient pilote en secret la diabolisation
effrénée de l'Iran sur la scène
internationale.
De plus,
M. Juppé figure parmi les rares cerveaux
qui passent pour informés de ce que le
nucléaire est une arme mythologique par
nature et par définition en ce sens
qu'elle a fait remonter à la surface de
l'histoire contemporaine un inconscient
biblique de l'humanité refoulé depuis le
XVIIIe siècle et qui se fondait sur une
terreur apocalyptique - on croyait
encore que l'Apocalypse
était de la plume de Saint Jean, alors
qu'il respire l'esprit sacrificiel de la
Lettre aux Hébreux. Mais
le raisonnement le plus simple suffit à
démontrer que la croyance religieuse en
une fin prochaine du monde ne ressortit
pas à l'art de la guerre, que la bombe
atomique n'est pas un canon plus
titanesque que les précédentes, mais une
forme d'auto-pulvérisation inutilisable
sur un champ de bataille autre que
céleste. L'auto-vaporisation des
combattants des deux camps, donc un
suicide mécanique, n'est pas un duel,
mais une survivance onirique du mythe
eschatologique, l'ultime exploit du
génocidaire du Déluge.
Aussi M.
Alain Juppé pense-t-il que si Téhéran en
venait à posséder l'arme fantasmée de
l'auto-volatilisation volontaire des
pseudo combattants, l'heure serait enfin
venue pour la planète des démocraties
matamoresques - et malgré le très bas
étiage intellectuel des classes
dirigeantes de toutes les époques -
d'informer posément les peuples-enfants
de ce que l'humanité adulte dispose
désormais d'armes oniriques à grande
échelle, donc étrangères par définition
au concept de guerre et que le
singe devenu tartufique au cours d'une
évolution cérébrale tombée en panne a
pris un rendez-vous secret et sans même
s'en douter avec le contenu cérébral
encore caché à son regard des peuples
plus lucides qu'enfantera le XXIe
siècle.
C'est ici que nous retrouvons la
problématique plus englobante que
réclame une anthropologie en mesure
d'analyser l'esprit de sorcellerie du
genre humain Car le messianisme
israélien est le véritable acteur
politique non seulement du Moyen Orient,
mais d'une humanité retournée à
l'eschatologie biblique; et la magie
d'un droit international punitif et
capable, à ce titre, de lancer la foudre
de la pestifération de l'adversaire une
grande distance sur telle ou telle
nation pécheresse ressortit à la
sorcellerie biblique de la damnation
projective dont on sait qu'un saint
génocide est la clé, puisque les trois
dieux dits uniques se réclament des
métastases d'une gigantesque tuerie,
celle du Déluge.
9 - La France et
la communauté juive au sein de la
République
C'est dans ce contexte inconsciemment
magique que l'entourage israélien et
anglo-saxon de M. Nicolas Sarkozy a
allumé la mèche qui a fait exploser le
tonneau de poudre du génocide arménien -
et cela d'une manière qui achève
d'illustrer la pauvreté et la
superficialité de la science historique
moderne - donc l'étendue des carences
méthodologiques qui interdisent à la
science de la mémoire l'interprétation
rationnelle de la gestuelle
excommunicative de la géopolitique
d'aujourd'hui.
-
Le
génocide arménien et la
souveraineté du peuple français
(1),
15 janvier
2012
M. Pierre Nora ignore que la loi du 23
déc. 2011 est un acte politique médité
et planifié dans un contexte
international demeuré magico-biblique.
Son objet réel n'est en rien
d'officialiser la version humaniste et
idéaliste d'un génocide à enseigner aux
enfants sur les bancs de l'école. Du
reste, la France a reconnu le crime
d'Etat de la Turquie dès 1915, ce qui a
provoqué un afflux massif et combien
bénéfique d'Arméniens dans notre pays.
Mais quand l'inconscient théologique et
biblique de l'historien laïc lui
interdit de comprendre le sens et la
portée mythologique des évènements qu'il
rapporte, peut-on qualifier d'historique
un récit ignorant du cadre mental qui
seul en révèle la signification?
Un jour, les archives du Quai d'Orsay
nous feront connaître l'identité de
l'éminence grise qui aura fait exploser
une bombe "théologique" sur le parcours
piégé de M. Alain Juppé le laïc; et nous
saurons également si M. Nicolas Sarkozy
est demeuré un néophyte sur la scène
internationale au point qu'il se serait
trouvé mis en résidence surveillée par
son entourage d'atlantistes chevronnés,
de sorte que ses palinodies seraient
l'œuvre précipitée et affolée de
conseillers mieux avertis que lui des
arcanes des Etats.
Car il est maintenant évident que la
science historique de M. Pierre Nora ne
dispose encore en rien du cadrage
épistémologique qui lui permettrait
d'observer l'embarras de la France sur
la scène internationale à la suite d'un
tir qui visait le cœur même de la
diplomatique mondiale, donc non
seulement l'avenir des relations de la
République et de l'Europe humaniste avec
le printemps arabe, mais qui entendait
également retarder la scission
inévitable et radicale de la planète
entre le messianisme israélien et
l'avenir de la pensée rationnelle
mondiale, dont la vocation est de
secouer le joug "théologique" qu'exerce
la seule puissance militaire mondiale,
celle de l'Amérique eschatologique et
guerrière.
La loi du 23 déc. 2011 comptera dans
l'histoire de la géopolitique comme
l'heure du basculement irréversible de
la légitimité internationale du côté de
la résistance palestinienne; mais ce
basculement exigera une révolution
intellectuelle qui seule protègera la
démocratie mondiale de la chute de
l'Europe dans une vassalité démocratique
inconsciemment calquée sur le modèle du
génocide biblique.
Naturellement M. Nicolas Sarkozy ayant
été contraint, à la suite de la violence
de la réaction d'Ankara, au ridicule
d'étaler son incurie sur la scène
internationale de la manière exposée
plus haut et de redonner discrètement à
M. Juppé seul les rênes brisées de la
diplomatie française, il est probable
que l'Elysée n'aura pas le temps de
conduire la France à une nouvelle
catastrophe diplomatique et
intellectuelle de ce type avant le 22
avril 2012, et cela d'autant moins que,
dans le même temps, Marine Le Pen a
lancé une stratégie entièrement
nouvelle: la communauté juive de France,
dit-elle se veut majoritairement laïque
et républicaine. Il est donc absurde
d'imaginer que le CRIF demeurera
durablement un quarteron de maîtres du
parti biblique dont les membres se
montreraient étroitement soudés par leur
messianisme sur le territoire d'une
République eschatologisée.
10-
L'avenir de la souveraineté des peuples
instruits
Citoyens, si vous vous priviez de la
connaissance anthropologique des secrets
de la politique internationale et de
leur connexion avec le mythe du salut et
de la rédemption, vous ne choisirez pas
un chef d'Etat dont la science du genre
humain serait à la hauteur de sa
fonction. Dans ce cas, comment
jugeriez-vous à bon escient de sa
capacité d'exercer le pouvoir attaché a
votre souveraineté intellectuelle à
venir, et comment illustreriez-vous dès
à présent votre vocations de citoyens,
car la science actuelle de l'histoire du
monde ne se trouve pas encore entre les
mains d'une classe politique demeurée en
promenade dans les jardins de la
démocratie racontée aux enfants?
Et pourtant, la science historique est
appelée à prendre la tête de l'humanité
pensante et transbucolique de demain.
Mais si les chefs d'Etat encore privés
de la boîte osseuse que réclame leur
fonction sur la scène internationale se
trouvaient gratifiés de la chance inouïe
de tomber toujours pile, donc et de ne
jamais promulguer que des lois
profitables au petit tricot de leur
démagogie, ce serait un bien grand
miracle. Il arrive donc fatalement que
leur loterie diplomatique se joue d'eux
et qu'ils croient sincèrement légiférer
à coup sûr - c'est-à-dire pour leur
survie politique - alors que, non
seulement ils se sont mis depuis
longtemps un revolver sur la tempe, mais
que le coup qui les abat est déjà parti.
C'est ce qui est arrivé au responsable
en chef de la souveraineté de la France:
au début de son mandat, il a naïvement
étendu les droits de votre citoyenneté
jusqu'à celui de vous laisser contester
devant vos tribunaux la légitimité des
lois sans queue ni tête qu'il promulgue,
donc de peser de plein droit leur
validité sur la balance d'une justice au
service de la Constitution que réclame
une véritable démocratie. C'est ainsi
que les magistrats du tribunal de
Mulhouse viennent de refuser
l'inscription ridicule dans le code
pénal de la France, du délit imaginaire
d'appeler les citoyens français vertueux
à boycotter les produits importés de
l'Etat immoral et génocidaire que vous
savez. Si vous étiez cités à comparaître
en correctionnelle et menacés d'une
lettre de cachet pour avoir sottement
nié l'existence de la lune et du soleil,
votre avocat ferait valoir devant le
Conseil Constitutionnel la question de
la nullité en droit d'une loi
fantasmagorique et sottement appelée à
envoyer à la Bastille une poignée
d'ignorants qui font s'esclaffer tout le
monde.
Voir -
Le
génocide arménien et la
souveraineté du peuple français
(1),
15 janvier
2012
C'est pourquoi M. Badinter, ex-Garde des
Sceaux et sénateur de gauche, a aussitôt
soulevé la question préjudicielle
évoquée plus haut de
l'inconstitutionnalité de la loi votée
le 23 décembre 2011 par un Parlement
oisif, passif et clairsemé. En effet,
dit-il, un Etat ne saurait légiférer sur
une question de droit public concernant
le statut pénal de ses propres citoyens
s'il s'agit seulement d'un oratorio
juridique de nature à capter les
suffrages d' une minorité d'électeurs,
que les souffrances subies par leurs
lointains ancêtres pourraient rendre
achetables par la corruption doloriste,
c'est-à-dire par le moyen d'une
flatterie électorale cousue de fil blanc
et d'un bas niveau moral.
En 1981, M. Badinter a enseigné à votre
souveraineté encore balbutiante qu'un
Etat démocratique jette le droit pénal
dans le tartuffisme s'il coupe le cou
aux criminels, alors qu'en
raccourcissant les meurtriers en grande
pompe, il commet le même crime qu'il
reproche aux assassins - il les tue,
mais hypocritement masqué sous
l'appareil de majesté et de vertu d'un
corps judiciaire indigne de se blasonner
somptueusement et de s'envelopper
superbement dans les plis du drapeau
d'une République de la justice.
11 - Le Michel
Ange de la démagogie
Mais la démagogie est un art dont M.
Nicolas Sarkozy est le Michel Ange. Par
quelle aberration a-t-il perdu la main
au point de mécontenter ses électeurs
d'origine turque et juive? Car les
premiers vont se venger et les seconds
ne sont pas près de se laisser
déposséder de la spécificité de leurs
souffrances. Entrons cependant dans les
arcanes de la loi: le Sénat ayant
soudainement basculé à gauche, cette
assemblée se trouve désormais encore
davantage composée de faux évangélistes
de la politique que celle des députés de
la majorité. C'est pourquoi les élus du
palais du Luxembourg entendent
plastronner aux dépens de leurs rivaux
du palais Bourbon : ils seraient les
premiers, pensent-ils, à broder sur leur
pourpoint les dentelles des idéalités
rédemptrices de la démocratie: " Si je
les précède, s'est dit le Machiavel de
la démagogie, je rallierai également les
descendants de Jaurès à mon panache
blanc." /p>
Mais
c'est ici, citoyens, que vous conquerrez
la maturité cérébrale qu'appelle la
future souveraineté d'un peuple
instruit. Car si votre science du passé
accédait à la profondeur d'un regard
d'anthropologues sur notre espèce, vous
vous interrogerez sur la déraison dont
font preuve les Républiques et les
démocraties idéalisées d'aujourd'hui et
vous apprendrez à peser les conséquences
du chaos juridique inscrit dans la loi
23 décembre 2011, sur la solidité de la
boîte osseuse de nos magistrats, car il
s'agira également de peser l'entendement
en devenir des fils d'Adam.Car il est
devenu évident, comme je l'écrivais au
début de cette analyse, que la
compréhension de la greffe du
messianisme sotériologique et rédempteur
d'Israël sur l'encéphale de l'animal
parlant, permettra d'expliquer les
paramètres oniriques de la politique et
de l'histoire de demain.
Car tous les évènements racontés
ci-dessus ne se rendent intelligibles
qu'à l'école et à l'écoute d'une
généalogie critique de l'esprit mystique
qui fait du peuple de Moïse le
propulseur planétaire du vieux rêve du
salut et de la délivrance. C'est
pourquoi la philosophie moderne se
trouve contrainte de découvrir et de
décrire l'universalité de l'esprit
magique dans l'empire "théologique"
s'étend non seulement aux religions,
mais à une science du droit
international inconsciemment subjuguée
par la sorcellerie de l'action à
distance . Cette unification de la
science anthropologique compénètre
désormais à ce point la pesée du cerveau
des chefs d'Etat des démocraties
modernes que je consacrerai ma prochaine
analyse à l'examen de la capacité du
suffrage universel d'informer un futur
Président de la République de la nature
du cerveau des peuples et des nations.
La réflexion anthropologique sur les
ultimes fondements de la raison
historique révèlera que l'animal
eschatologique fait usage d'une science
de la mémoire dont l'origine semi
zoologique se trouve dans le langage
projectif des sorciers. Sans le secours
de la parole censée agir à distance, le
sujet ne se réfléchirait pas dans un
miroir vocal qui le dédouble et l'attire
hors de sa carcasse, sans la magie du
phonème, cet animal ne se propulserait
pas dans des mondes narratifs. L'étude
de l'évolution du cerveau spéculaire
demeure séparée de la science historique
seulement événementielle - mais si un
pont n'était pas jeté entre les sources
oniriques de l'histoire et les travaux
des successeurs de Darwin, comment
l'évolutionnisme disposerait-il des
chemins d'une recherche armée d'une
continuité de l'histoire de la logique
humaine?
22 janvier 2012
Reçu de l'auteur pour
publication
Les textes de Manuel de Diéguez
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