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Les défis de l'Europe

Le génocide arménien et la souveraineté du peuple français (2)
Manuel de Diéguez


Manuel de Diéguez

Dimanche 22 janvier 2012

La semaine dernière je vous ai exposé les difficultés de méthode que rencontre la science historique "trans-événementielle" pour tracer des trajectoires interprétatives, donc pour se rendre du moins réflexive, sinon méditative ; et je vous ai expliqué que l'ambition de rendre intelligible le génocide arménien, par exemple, exige une plongée dans les secrets anthropologiques du genre simiohumain. Comment accéderons-nous à la profondeur qui nous éclairerait sur l'inconscient meurtrier des sacrifices religieux, comment analyserons-nous le monstre céleste qu'adorent les chrétiens, alors que l'autel de leur dieu leur présente à chaque messe un document saignant? La question est de savoir si la science de la mémoire du sacré est condamnée à demeurer un récit superficiel et lénifiant ou si elle peut explorer les origines zoologiques du divin.

Afin de nous éclairer davantage sur les difficultés que rencontrent les historiens pour raconter et pour expliquer tout ensemble tant de crimes pieux et de massacres rédempteurs, j'en viens à la narration d'un désastre diplomatique, afin d'observer la face politique de la loi du 23 décembre 2011 non seulement telle qu'elle se présente aux yeux des chancelleries actuelles, qui ne disposent pas encore d'un regard sur les entrailles de la foi, mais également à la lumière des paramètres sotériologiques et sanglants tapis dans l'inconscient de l'histoire du temporel.

Car le rejet en commission sénatoriale du projet de loi adopté par l'Assemblée nationale le 23 déc. 2011 était un fruit prématuré de la rigueur du raisonnement juridique de M. Badinter, qui avait démontré l'inconstitutionnalité de la loi dans le Monde daté du 14 janvier 2012 ; mais cette aventure législative - en suspens jusqu'au 23 janvier 2012 ouvre une voie nouvelle à la réflexion anthropologique sur les fondements simio-humains de la géopolitique que je poursuis sur ce site depuis 2001.

Car il est possible que le Sénat passera outre à l'avis compétent de sa commission de spécialistes du droit international, parce qu'il n'est pas sûr qu'il refusera de faire tomber dans son escarcelle les suffrages massifs d'un demi-million d'Arméniens devenus français depuis un siècle et dont de grands noms ont enrichi notre culture. Mais quand bien même il refuserait un cadeau politique au prix d'un contresens juridique, il sera démontré que la question de fond n'aura pas été posée ; car chacun sait qu'aucun esprit sérieux ne niera l'existence d'un massacre dont le caractère criminel a été reconnu en 1919 - et en cours martiale - par la justice ottomane elle-même, puis par le traité de Lausanne de 1923 entre la France et la Turquie. De plus, si un citoyen français était poursuivi sur notre territoire au nom d'une loi inutile et absurde, comme il sera démontré ci-dessous, il soulèverait la question préalable de l'inconstitutionnalité d'une législation dont j'ai amplement démontré l'inanité la semaine dernière.

La vraie question est donc celle du statut anthropologique d'une science historique dont les professionnels ignorent l'esprit magique et la sorcellerie qui l'inspire, ce qui renvoie Clio à une pesée nouvelle de la condition humaine. Car la démagogie électorale s'est donné une arme nouvelle, celle de jeter à la figure d'un Etat étranger une loi dont l'effet totémique sera semblable à celui du sorcier qui vous jetait un sort.


1 - Les masques sacrés de la République
2 - Un " sport législatif "
3 - Une incurie diplomatique incroyable
4 - Le naufrage de la science juridique
5 - Les geôles de l'Eglise de la Liberté
6 - Le révisionnisme diplomatique
7 - Histoire d'un coup de feu
8 - M. Juppé et le nucléaire
9 - La France et la communauté juive au sein de la République
10 - Et la Constitution ?
11- Le Michel Ange de la démagogie

1 - Les masques sacrés de la République

L'éducation intellectuelle que vous avez reçue de la République laïque n'est plus rationnelle - sachez qu'elle est gangrenée jusqu'à l'os par le cancer d'un panculturalisme acéphale, sachez que la raison française est une myope qui a cessé de fabriquer le télescope de l'intelligence critique et de l'esprit de logique des citoyens. Or, ce sont les chemins d'un scannage de la paralysie cérébrale qui a frappé les Etats de droit d'aujourd'hui qui s'ouvrent aux examinateurs de la sottise de recourir aux foudres à courte vue d'une loi pénale à seule fin de vous dissuader du crétinisme de nier des faits avérés, alors qu'il appartient exclusivement à la perspicacité de la raison laïque de combattre le cancer de l'ignorance et de la superstition au sein de la nation de Descartes et de Molière.

Les Romains châtiaient les magiciens. Puis la France avait cessé de poursuivre les sorciers en justice parce que c'eût été rejeter le citoyens aux superstitions du Moyen Age que de pénaliser une crédulité censée être devenue indigne du cerveau moyen des Français ou en avoir été définitivement extirpée. Mais l'enseignement de la raison ayant régressé ou cessé dans la République, comme il est dit plus haut, on a vu un tribunal laïc condamner une présentatrice de la télévision sur plainte d'une auditrice lésée, disait-elle, par les promesses de prodiges lucratifs attachés à l'achat d'une bague magique dont l'Etat semblait avoir cautionné la vente à un public de sots. Puis, il y a un an à peine, on apprenait que Mme Tiberi, épouse de l'ancien maire de Paris, était allée avec son chauffeur répandre du sel sur le seuil des ennemis de son mari. Mais sachez qu'en Angleterre, vous pouvez encore vous retrouver au banc des accusés devant un tribunal présidé par un honorable magistrat pour avoir vendu un immeuble sans avoir loyalement informé l'acheteur de bonne foi qu'elle est toute grouillante de fantômes. L'Angleterre ne connaît pas le bac philo, tandis que la loi du 23 décembre 2011 redonne indirectement force de loi à la croyance aux maisons hantées.

Mais, me direz-vous, l'abêtissement concerté d'une population par les soins d'un Etat est anti-démocratique par définition, tandis que la dictature et le tribalisme appellent toujours et fatalement à la fascination qu'exercera un ensorceleur public. C'est pourquoi les Anciens disaient déjà, par la voix des Solon, des Lycurgue, des Platon, des Cicéron, que toutes les sociétés passent des abus de pouvoir d'un seul hypnotiseur aux excès de la fausse liberté de tous. La France a connu le premier de ces fléaux sous la monarchie qualifiée de droit divin, puis à l'école de deux empires auto-sacralisés, ceux de Napoléon 1er et de Napoléon III. Quant à la seconde fatalité de l'Histoire, la IIIe et la IV e République l'ont illustrée à l'école de l'autorité qu'elles ont accordée à des assemblées législatives composées de notables dont la médiocrité jetait la France de la raison dans l'impuissance et le ridicule sur la scène internationale.

Mais voici que la Ve République a basculé de nouveau du côté du caporalisme d'Etat et de ses sorciers. Ce type de démagogie aplanit toujours les sentiers communs à la tyrannie et à la superstition. Dites-vous donc que l'autorité austère du législateur ne saurait se trouver placée sous la férule d'un ensorceleur qui ferait de la souveraineté nationale un totem politique - je parle de la souveraineté qui ne vous appartient encore qu'en principe, mais que vous vous efforcerez de rendre effective, donc ennemie tout ensemble des usurpateurs et des magiciens. Pour l'instant, à qui la faute, sinon à vous-même si le suffrage universel, donc l'autorité souveraine dont vous vous trouvez investis par les dispositions de la Constitution, élève au pouvoir non seulement un capricieux, un irréfléchi, un emporté, un irascible, un fébrile, un carriériste, un carnassier, un exalté puéril, mais un idolâtre acharné à sacraliser les verdicts du sens commun afin de substituer des sortilèges pseudo-juridiques et à des fins électorales aux verdicts d'une raison dont la République avait la responsabilité de protéger la santé?

2 - Un " sport législatif "

Depuis Platon la philosophie est l'Esculape du cerveau malade de l'humanité. C'est dans un esprit socratique, donc médical qu'il vous faut observer combien la loi du 23 décembre 2011 sur l'interdiction qui vous frappe de vous mettre à l' écoute de votre entendement naturel, combien une législation qui rogne votre faculté d'user pleinement et exclusivement de votre intelligence, combien une loi qui vous contraint de scinder votre tête en deux portions ennemies l'une de l'autre et de les placer sous le sceptre d'un exécutif devenu le maître d'école du législatif, combien, dis-je, une loi fondée sur la folie viole le principe de la séparation des pouvoirs. Savez-vous que l'Elysée a donné l'ordre à une obscure députée du midi de la France - mais dont la circonscription compte de nombreux Arméniens devenus français depuis cinq générations - de présenter un projet de loi à l'Assemblée qui interdira au peuple tout entier de proférer l'hérésie évidente selon laquelle le génocide de 1915 n'aurait pas existé ? Mais interdire aux Français de forger des fantômes et les jeter en prison s'ils se livrent à cet exercice, c'est revenir aux procès en sorcellerie.

Souvenez-vous: il a suffi d'une demi- journée pour que la loi de conjuration des spectres fût adoptée à mains levées par une Assemblée nationale présente seulement pour la forme au Palais Bourbon, puisqu'elle s'est trouvée réduite à vingt-cinq députés sur cinq cent soixante dix-sept. Un peloton de législateurs régaliens a donc remplacé au pied levé l'anarchie et l'incompétence criantes des élus de la IIIe et de la IVe République par l'obéissance déférente d'un quarteron de représentants de la nouvelle maigreur de votre souveraineté politique.

Mais voyez ce qu'il en coûte de vous déposséder de vos attributs constitutionnels, même demeurés rachitiques et de vos prérogatives catéchétiques, même frappées d'infirmité: l'Etat contrefait et livré aux monarques de passage de la Ve République commence par promulguer des lois à la convenance du prince, dont le bon plaisir les place ensuite allègrement sous les ailes encore tenues pour légitimantes du peuple-roi. Mais au lendemain de ce tour passe-passe, comment vos apprentis-despotes s'y prennent-ils pour faire appliquer en un tournemain - et par les soins appliqués de vos petits mécaniciens du droit - des lois aussi irraisonnées qu'anti-constitutionnelles?

Pour faire fonctionner ce subterfuge, il faut bien que vos magistrats-sorciers se trouvent réduits à la fonction d'engins dociles à la main de leur maître en magie, pour cela, il faut bien que vos préposés à l'entretien des rouages et des ressorts de votre appareil d'un simulacre de la justice remplissent leur office de simples serviteurs de vos sortilèges. Mais puisque le tyran instable qui vous gouverne prend grand soin de placer ses lois robotiques dans le temple de la démocratie où votre légitimité républicaine se trouve ritualisée par sa fausse bienveillance, comment une République obtient-elle la complicité de ses juges à la mascarade retorse que M. Pierre Nora qualifie si bien de "sport législatif"?

3 - Une incurie diplomatique incroyable

La compétence naturelle des législateurs est toujours seulement locale. Mais voyez comment le Parlement a fait débouler ses prérogatives dans l'arène internationale, voyez comment il a métamorphosé d'une pichenette une loi à usage interne par définition en un missile à lancer sans crier gare sur le territoire d'un Etat étranger, voyez comment il a tout subitement transsubstantifié le code des délits et des peines de la France en une arme de guerre en mesure de frapper à distance et de plein fouet une nation de quatre-vingt millions d'habitants, voyez comment il a ouvert des hostilités diplomatiques d'un type inconnu du droit international public de tous les Etats civilisés de la planète, voyez comment ces opérations se sont déroulées dans le temps même où le Quai d'Orsay menait avec Ankara, son allié, des négociations importantes et dans un bon climat sur l'avenir de la Syrie et du printemps arabe, voyez comment ce champ de bataille a pris à revers et anéanti la politique de M. Alain Juppé. Mais souvenez-vous de ce que ce genre de coup de poignard dans le dos nous a brouillés dans un passé récent avec un autre pays ami, dont la population s'élève également à quatre-vingt millions d'habitants : les beaux yeux de la maîtresse d'un gangster mexicain se sont révélés des diamants hors de prix.

Mais le sorcier assis sur le rivage croit piloter la baleine qui croise au large. Qu'est-ce que la magie, sinon une action à distance ? Croyez-vous qu'une incurie diplomatique aussi ahurissante puisse frapper un chef de l'Etat élu au suffrage universel sans que vous soyez pour rien dans cette quincaillerie? Quelle est votre responsabilité d'orfèvres si un tel cambriolage de la bijouterie ne vous fait pas descendre dans la rue? Et si vous ne disposez d'une anthropologie politique qui vous informe des prérogatives et des apanages des sorciers de la démocratie, votre information concernant la nature même de l'intrigue de la pièce devient un impératif de salut public. Pour l'instant, c'est à votre silence que M. Nicolas Sarkozy doit d'avoir pu répondre à la Turquie que ce n'était pas lui, l'auteur de la loi, mais le sorcier en chef qui lui impose sa volonté, et que ce sorcier s'appelle la France.

C'est donc de votre faute si le chef de l'Etat a pu se défausser sur votre souveraineté, donc de votre faute s'il a pu, la bouche en cœur, cacher son scénario sous le bouclier de son incurie politique. Comment ne serait-il pas de la responsabilité exclusive du peuple français que la République dispose de la science de notre espèce qui lui interdira à l'avenir d'élire des ambitieux déchaînés? Mais comment ne pas élire un charpentier pour un chef de train, un cuisinier pour un général, un confiturier pour un artilleur si vous ignorez que ce genre de méprise résulte de l'insuffisance de votre connaissance des sorciers? Si vous ne croyiez pas aux sorciers, vous n'accorderiez pas votre confiance aux magiciens du langage démocratique auxquels recourent indifféremment les charpentiers, les cuisiniers, les confituriers ou les artilleurs. On vous demande de faire débarquer la raison dans l'histoire réelle de la France, parce que la "liberté de tous" que M. Pierre Nora vous promet demeurera une bouée flottante aussi longtemps qu'aucun contenu méthodologique et aucune problématique d'une science du cerveau des magiciens et des sorciers ne donneront une échine et une ossature à votre histoire de la condition humaine.

Savez-vous que la Constitution de Solon avait contraint les magistrats de quitter leurs fonctions si la République se trouvait renversée, savez-vous qu'il avait donné aux citoyens le pouvoir de les juger et de les condamner à mort s'ils étaient demeurés en place sous l'autorité du tyran ? Comment ne seriez-vous pas à la hauteur des responsabilités politiques de la République de la raison si les citoyens d'Athènes l'étaient devenus il y a vingt-six siècles?

4 - Le naufrage de la science juridique

Vous savez qu'il existe deux catégories de détenteurs du pouvoir de rendre la justice, les juges du siège, qu'on définit également comme appartenant à la magistrature assise, et la magistrature debout, qui demeure l'apanage des procureurs de la République, parce que ce sont les avocats attitrés de leur maître. Or ce barreau de l'Etat vient de protester en corps et massivement - à soixante-dix-sept pour cent - contre son statut de serf et de vassal de son seul client, le chef actuel de l'Etat. Comment ces deux catégories de magistrats vont-ils oublier leurs prérogatives constitutionnelles de connaisseurs du cerveau de la France, comment vont-ils appliquer aveuglément une législation construite à seule fin de précipiter la science juridique tout entière dans les pièges de la pensée magique des primitifs? Il est vrai que les magistrats du siège se sont insurgés à leur tour contre l'incohérence du législatif. Mais mesurez sur ces points décisifs la responsabilité proprement intellectuelle qui incombe à l'éducation d'une nation dont la vocation naturelle était, hier encore, de vous armer de la raison vigoureuse des Solon et des Lycurgue, donc de vous préserver des casuistes et des jésuites du droit qu'on appelle encore des Républiques!

Ayant découvert, mais un peu tard, le désastre diplomatique qu'il a provoqué, M. Nicolas Sarkozy s'est aussitôt livré à une ultime foucade de rattrapage, celle d'avouer en eux-mêmes le fondement exclusivement subjectif et irrationnel d'une loi censée, quelques heures plus tôt, se fonder sur la charpente de la Constitution et, par conséquent, avoir été légitimée par le Parlement au nom de la pleine et entière souveraineté morale et juridique du peuple de la raison et de la justice. Mais écoutez le balbutiement du quadriplégique de l'Elysée en réponse à la fureur légitime d'Ankara? "Je respecte les convictions de nos amis turcs, c'est un grand pays, une grande civilisation, il faut respecter les nôtres. " M. Nicolas Sarkozy reconnaît maintenant qu'il a outragé un grand pays, mais qu'il va néanmoins jeter en prison des citoyens français dont il concède que les convictions irrationnelles seront aussi sincères et respectables que celles de "nos amis turcs".

Mais M. Nicolas Sarkozy ignore quelle subjectivité il confesse - la sienne est rassurante, parce qu'elle se réclame de l'universalité abstraite des droits de l'homme. S'il savait que la projection magique de la validité des lois du Parlement français sur la législation d'un autre Etat procède du retour mondial à l'esprit de sorcellerie et que cette rechute dramatique de la civilisation dans les mentalités du Moyen Age est le fruit de la démission de l'éducation nationale, il saurait que les vraies décadences sont toujours celles des cerveaux.

5 - Les geôles de l'Eglise de la Liberté

Certes, il est heureux que la loi ait d'ores et déjà été rendue inapplicable pour avoir été publiquement réfutée par le chef de l'Etat lui-même et sur le fondement des droits de la personne. Mais comment une simple galipette de la repentance culturelle vous tirerait-elle d'un piège de ce calibre ? Vous avez bien entendu: la condamnation du génocide et la mise en pénitence du peuple turc se trouvent réduites, dans la bouche même du confesseur d'hier, à une simple opinion d'humaniste occidental, alors que, depuis 1990, la jurisprudence établie par l'apprenti sorcier Gayssot sanctionne non seulement, écoutez bien, le fait de nier l'existence d'un génocide retentissant, mais également de paraître douter de son existence ou de sembler la minimiser.

Non, vos oreilles ne vous trompent pas: toute remise en cause de ce crime, dans la bouche d'éventuels douteurs, même sous une forme déguisée et dubitative, tombera désormais sous la hache du blasphème politique devant le tribunal des droits de l'homme. Si la même profanation avait été prononcée dans l'enceinte d'un prétoire à l'encontre de la Shoah, des poursuites auraient été engagées contre les contempteurs insidieux de l'article premier de l'orthodoxie politique des démocraties modernes. De plus, les dirigeants turcs actuels se verraient interdire le sacrilège de fouler de leurs pieds le sol d'une France de l'éthique et de la justice universelles, sauf à passer en jugement pour hérésie devant les inquisiteurs de la République et de rentrer la queue basse dans leur pays après un long séjour dans les geôles de l'église de la liberté.

6 - Le révisionnisme diplomatique

C'est que M. Nicolas Sarkozy s'est appuyé sur une loi destinée, avec quarante quatre ans de retard, à frapper de damnation éternelle le régime de Vichy, mais imposée, en réalité, à la France par la communauté juive nationale et internationale: il s'agissait seulement, par le recours à une flétrissure indélébile, de paraître valider rétrospectivement la création, en 1947, d'un Etat de plus en plus menacé de délégitimation aux yeux du jus gentium - L'Allemagne vient de déclarer officiellement, par la voix de son Ministre des Affaires étrangères que les implantations en Cisjordanie violent le droit international.

Mais comment passer l'éponge sur l'expulsion ou le massacre des habitants de la Palestine, qui appellent Nakba la Shoah des victimes d'Israël? Une bienveillance internationale aussi peu démocratique est au rouet depuis soixante-cinq ans, tellement elle peine à inspirer les piétés exténuées de la politique et de l'histoire à la planète des idéalités, et cet évangélisme de l'abstrait se retourne inexorablement et en tous lieux contre Israël, tellement cette hypocrisie ne cesse d'apporter au monde entier la démonstration, assénée par les hérétiques Edgar Morin et Hessel, de ce que le nouvel Etat reproduit le même modèle du totalitarisme guerrier que celui sur la condamnation vertueuse duquel il paraissait vouloir se construire.

Mais c'est en vain que, hop, M. Nicolas Sarkozy a fait changer d'épaule au fusil du concept de justice . Le voilà coupable du révisionnisme qu'il entendait pénaliser. Comment aura-t-il le culot de jeter en prison et de condamner à de lourdes amendes des compatriotes qu'il aura expressément absous d'avance du crime de révisionnisme - donc des Français qui n'auront, je le redis, émis que des opinions aussi louables que celles des patriotes turcs?

Cet avocat de formation ignore, semble-t-il, le sens de la notion de logique juridique, puisqu'il croit enfanter ce type de cohérence à exposer tous les génocides sur une seule et même claie. Mais si les secrets anthropologiques du mythe de la virginité de Marie, du meurtre sacrificiel des chrétiens, du culte des saints ou de la croisade des Albigeois ne sont pas les mêmes que ceux du culte d'Isis et d'Osiris, les systèmes juridiques ne se laissent pas non plus unifier sur un seul modèle. Encore une fois, sur quel unificateur mental l'unification idéologique de type humaniste et démocratique fonctionne-t-il si cette problématique n'accède pas à la profondeur d'une analyse anthropologique de la mentalité primitive décrite par Lucien Lévy-Bruhl (1857-1939)?

7 - Histoire d'un coup de feu

Qu'un Président de la République française plante un poignard dans le dos de son Ministre des affaires étrangères, voilà un évènement diplomatique dont l'histoire ne présente que deux ou trois exemples. Raison de plus de vous en démonter la serrure.

Le monde moderne a affiné l'instinct naturel qui instruit les peuples démocratiques des devoirs que le respect de la souveraineté de la nation impose aux dirigeants oublieux des charges attachées à leur fonction et qui sauvegardent la dignité du pays, donc son rang honorable ou piteux sur la scène internationale. C'est pourquoi la chute de la popularité de M. Erdogan à la suite de sa faiblesse soudaine face à l'insolence d'Israël à l'égard de la Turquie a fini par lui faire comprendre que le peuple de Jahvé n'est pas un négociateur au sens où l'entend le droit international coutumier, mais un messie placé sur orbite biblique et dont la trajectoire eschatologique ressortit aussi peu à la rationalité infirme de la diplomatie classique dans ce domaine qu'une discussion entre des géographes n'est de nature à arrêter la course d'une comète dans le ciel.

Demander à des figurants habillés en négociateurs de se livrer à des bavardages stériles et sous la condition - expressément formulée tout au long du chemin - d'un babillage diplomatique selon lequel le maître du jeu sera dûment autorisé à conquérir par la force du glaive et en plein soleil le territoire de son interlocuteur, voilà une pantomime politique dont la honte répugne au bon sens des peuples expérimentés et rouis par l'histoire - et pourtant c'est bien cela qu'exprime en toutes lettres et toute honte bue l'expression consacrée de "négociations sans préalable".

Sans déclarer ouvertement à M. Mahmoud Abbas que sa livrée ne sera plus invitée à la table de la rédemption démocratique, M. Erdogan a accordé au Hamas le rang diplomatique auquel ce convive a droit, c'est-à-dire de la résistance légitime à l'occupant; et il a reçu M. Haniyeh, premier ministre de Gaza, en visite officielle trois jours durant, et il a affiché par des embrassades en public et télévisées son entière solidarité politique avec un "terroriste" gaulliste. C'est à ce titre que M. Haniyeh est en outre monté aux côtés de son hôte sous les acclamations d'une foule en liesse sur le pont du Marmara.

Avant le coup de feu à bout portant qui l'a abattu en pleine négociation diplomatique avec la Turquie, M. Juppé était demeuré partie prenante dans un champ diplomatique international appelé à assurer à la France une place éminente sinon centrale dans l'histoire du printemps arabe, et cela malgré la puissance écrasante du CRIF sur notre territoire et dans la conduite de la politique étrangère à long terme de notre pays; mais, dans le même temps, le Quai d'Orsay se trouvait dans une situation confuse et même contradictoire, parce que la logique politique qui téléguide la libération des peuples du Coran a reçu une blessure inguérissable à la suite du patient dynamitage par Israël de l'Union des peuples riverains de la Méditerranée, depuis 2007 jusqu'au naufrage définitif de cette ambition focale de la France .

On sait que ce passif de notre diplomatique a tellement affaibli et pour si longtemps la crédibilité de Paris dans tout le monde arabe que le front de la pestifération internationale de l'Iran s'est encore renforcé. Certes, la renaissance civilisatrice de l'islam ne conservera son élan que si tous les tyrans de la région se trouvent écartés du pouvoir. Mais alors, comment la chute sanglante d'Assad en Syrie, désirée par tout le monde, y compris par le Hezbollah, la Turquie, la Ligue arabe et même par Moscou - et cela, malgré l'envoi du porte-avions Maréchal Kouznetzov au large de Damas - n'affaiblirait-elle pas durablement Téhéran ? Déjà les sayanims français tirent à boulets rouges contre l'Iran dans la presse et à la radio, alors que Washington essaie visiblement de mettre Tel Aviv en garde contre une offensive militaire isolée d'Israël contre la Perse de Montesquieu.

On voit combien Talleyrand se trouve pris dans un guêpier: entre l'atlantisme viscéral de M. Sarkozy et une vision gaullienne de l'avenir d'un monde à libérer de la vassalisation américaine, le jeu est aussi serré qu'à Vienne entre la puissance de la Sainte Alliance des monarques de droit divin et l'avenir mondial des démocraties de la raison.

8 - M. Juppé et le nucléaire

Or, sur ce point, tous les diplomates français de haut rang, à commencer par M. Hubert Védrine, ancien Secrétaire général de l'Elysée de François Mitterrand et ministre des affaires étrangères de Lionel Jospin, tous , dis-je, savent fort bien qu'il est non seulement chimérique, mais cataclysmique de brandir un séraphisme diplomatique qui interdirait à jamais la détention de l'arme nucléaire à la Perse, alors que cette foudre a été mise le plus démocratiquement du monde entre les mains du Pakistan et de l'Inde; et personne n'ignore au Quai d'Orsay, que seule l'ambition tenace d'Israël de demeurer la puissance dominante au Moyen Orient pilote en secret la diabolisation effrénée de l'Iran sur la scène internationale.

De plus, M. Juppé figure parmi les rares cerveaux qui passent pour informés de ce que le nucléaire est une arme mythologique par nature et par définition en ce sens qu'elle a fait remonter à la surface de l'histoire contemporaine un inconscient biblique de l'humanité refoulé depuis le XVIIIe siècle et qui se fondait sur une terreur apocalyptique - on croyait encore que l'Apocalypse était de la plume de Saint Jean, alors qu'il respire l'esprit sacrificiel de la Lettre aux Hébreux. Mais le raisonnement le plus simple suffit à démontrer que la croyance religieuse en une fin prochaine du monde ne ressortit pas à l'art de la guerre, que la bombe atomique n'est pas un canon plus titanesque que les précédentes, mais une forme d'auto-pulvérisation inutilisable sur un champ de bataille autre que céleste. L'auto-vaporisation des combattants des deux camps, donc un suicide mécanique, n'est pas un duel, mais une survivance onirique du mythe eschatologique, l'ultime exploit du génocidaire du Déluge.

Aussi M. Alain Juppé pense-t-il que si Téhéran en venait à posséder l'arme fantasmée de l'auto-volatilisation volontaire des pseudo combattants, l'heure serait enfin venue pour la planète des démocraties matamoresques - et malgré le très bas étiage intellectuel des classes dirigeantes de toutes les époques - d'informer posément les peuples-enfants de ce que l'humanité adulte dispose désormais d'armes oniriques à grande échelle, donc étrangères par définition au concept de guerre et que le singe devenu tartufique au cours d'une évolution cérébrale tombée en panne a pris un rendez-vous secret et sans même s'en douter avec le contenu cérébral encore caché à son regard des peuples plus lucides qu'enfantera le XXIe siècle.

C'est ici que nous retrouvons la problématique plus englobante que réclame une anthropologie en mesure d'analyser l'esprit de sorcellerie du genre humain Car le messianisme israélien est le véritable acteur politique non seulement du Moyen Orient, mais d'une humanité retournée à l'eschatologie biblique; et la magie d'un droit international punitif et capable, à ce titre, de lancer la foudre de la pestifération de l'adversaire une grande distance sur telle ou telle nation pécheresse ressortit à la sorcellerie biblique de la damnation projective dont on sait qu'un saint génocide est la clé, puisque les trois dieux dits uniques se réclament des métastases d'une gigantesque tuerie, celle du Déluge.

9 - La France et la communauté juive au sein de la République

C'est dans ce contexte inconsciemment magique que l'entourage israélien et anglo-saxon de M. Nicolas Sarkozy a allumé la mèche qui a fait exploser le tonneau de poudre du génocide arménien - et cela d'une manière qui achève d'illustrer la pauvreté et la superficialité de la science historique moderne - donc l'étendue des carences méthodologiques qui interdisent à la science de la mémoire l'interprétation rationnelle de la gestuelle excommunicative de la géopolitique d'aujourd'hui.

- Le génocide arménien et la souveraineté du peuple français (1), 15 janvier 2012

M. Pierre Nora ignore que la loi du 23 déc. 2011 est un acte politique médité et planifié dans un contexte international demeuré magico-biblique. Son objet réel n'est en rien d'officialiser la version humaniste et idéaliste d'un génocide à enseigner aux enfants sur les bancs de l'école. Du reste, la France a reconnu le crime d'Etat de la Turquie dès 1915, ce qui a provoqué un afflux massif et combien bénéfique d'Arméniens dans notre pays. Mais quand l'inconscient théologique et biblique de l'historien laïc lui interdit de comprendre le sens et la portée mythologique des évènements qu'il rapporte, peut-on qualifier d'historique un récit ignorant du cadre mental qui seul en révèle la signification?

Un jour, les archives du Quai d'Orsay nous feront connaître l'identité de l'éminence grise qui aura fait exploser une bombe "théologique" sur le parcours piégé de M. Alain Juppé le laïc; et nous saurons également si M. Nicolas Sarkozy est demeuré un néophyte sur la scène internationale au point qu'il se serait trouvé mis en résidence surveillée par son entourage d'atlantistes chevronnés, de sorte que ses palinodies seraient l'œuvre précipitée et affolée de conseillers mieux avertis que lui des arcanes des Etats.

Car il est maintenant évident que la science historique de M. Pierre Nora ne dispose encore en rien du cadrage épistémologique qui lui permettrait d'observer l'embarras de la France sur la scène internationale à la suite d'un tir qui visait le cœur même de la diplomatique mondiale, donc non seulement l'avenir des relations de la République et de l'Europe humaniste avec le printemps arabe, mais qui entendait également retarder la scission inévitable et radicale de la planète entre le messianisme israélien et l'avenir de la pensée rationnelle mondiale, dont la vocation est de secouer le joug "théologique" qu'exerce la seule puissance militaire mondiale, celle de l'Amérique eschatologique et guerrière.

La loi du 23 déc. 2011 comptera dans l'histoire de la géopolitique comme l'heure du basculement irréversible de la légitimité internationale du côté de la résistance palestinienne; mais ce basculement exigera une révolution intellectuelle qui seule protègera la démocratie mondiale de la chute de l'Europe dans une vassalité démocratique inconsciemment calquée sur le modèle du génocide biblique.

Naturellement M. Nicolas Sarkozy ayant été contraint, à la suite de la violence de la réaction d'Ankara, au ridicule d'étaler son incurie sur la scène internationale de la manière exposée plus haut et de redonner discrètement à M. Juppé seul les rênes brisées de la diplomatie française, il est probable que l'Elysée n'aura pas le temps de conduire la France à une nouvelle catastrophe diplomatique et intellectuelle de ce type avant le 22 avril 2012, et cela d'autant moins que, dans le même temps, Marine Le Pen a lancé une stratégie entièrement nouvelle: la communauté juive de France, dit-elle se veut majoritairement laïque et républicaine. Il est donc absurde d'imaginer que le CRIF demeurera durablement un quarteron de maîtres du parti biblique dont les membres se montreraient étroitement soudés par leur messianisme sur le territoire d'une République eschatologisée.

10- L'avenir de la souveraineté des peuples instruits

Citoyens, si vous vous priviez de la connaissance anthropologique des secrets de la politique internationale et de leur connexion avec le mythe du salut et de la rédemption, vous ne choisirez pas un chef d'Etat dont la science du genre humain serait à la hauteur de sa fonction. Dans ce cas, comment jugeriez-vous à bon escient de sa capacité d'exercer le pouvoir attaché a votre souveraineté intellectuelle à venir, et comment illustreriez-vous dès à présent votre vocations de citoyens, car la science actuelle de l'histoire du monde ne se trouve pas encore entre les mains d'une classe politique demeurée en promenade dans les jardins de la démocratie racontée aux enfants?

Et pourtant, la science historique est appelée à prendre la tête de l'humanité pensante et transbucolique de demain. Mais si les chefs d'Etat encore privés de la boîte osseuse que réclame leur fonction sur la scène internationale se trouvaient gratifiés de la chance inouïe de tomber toujours pile, donc et de ne jamais promulguer que des lois profitables au petit tricot de leur démagogie, ce serait un bien grand miracle. Il arrive donc fatalement que leur loterie diplomatique se joue d'eux et qu'ils croient sincèrement légiférer à coup sûr - c'est-à-dire pour leur survie politique - alors que, non seulement ils se sont mis depuis longtemps un revolver sur la tempe, mais que le coup qui les abat est déjà parti.

C'est ce qui est arrivé au responsable en chef de la souveraineté de la France: au début de son mandat, il a naïvement étendu les droits de votre citoyenneté jusqu'à celui de vous laisser contester devant vos tribunaux la légitimité des lois sans queue ni tête qu'il promulgue, donc de peser de plein droit leur validité sur la balance d'une justice au service de la Constitution que réclame une véritable démocratie. C'est ainsi que les magistrats du tribunal de Mulhouse viennent de refuser l'inscription ridicule dans le code pénal de la France, du délit imaginaire d'appeler les citoyens français vertueux à boycotter les produits importés de l'Etat immoral et génocidaire que vous savez. Si vous étiez cités à comparaître en correctionnelle et menacés d'une lettre de cachet pour avoir sottement nié l'existence de la lune et du soleil, votre avocat ferait valoir devant le Conseil Constitutionnel la question de la nullité en droit d'une loi fantasmagorique et sottement appelée à envoyer à la Bastille une poignée d'ignorants qui font s'esclaffer tout le monde.

Voir - Le génocide arménien et la souveraineté du peuple français (1), 15 janvier 2012

C'est pourquoi M. Badinter, ex-Garde des Sceaux et sénateur de gauche, a aussitôt soulevé la question préjudicielle évoquée plus haut de l'inconstitutionnalité de la loi votée le 23 décembre 2011 par un Parlement oisif, passif et clairsemé. En effet, dit-il, un Etat ne saurait légiférer sur une question de droit public concernant le statut pénal de ses propres citoyens s'il s'agit seulement d'un oratorio juridique de nature à capter les suffrages d' une minorité d'électeurs, que les souffrances subies par leurs lointains ancêtres pourraient rendre achetables par la corruption doloriste, c'est-à-dire par le moyen d'une flatterie électorale cousue de fil blanc et d'un bas niveau moral.

En 1981, M. Badinter a enseigné à votre souveraineté encore balbutiante qu'un Etat démocratique jette le droit pénal dans le tartuffisme s'il coupe le cou aux criminels, alors qu'en raccourcissant les meurtriers en grande pompe, il commet le même crime qu'il reproche aux assassins - il les tue, mais hypocritement masqué sous l'appareil de majesté et de vertu d'un corps judiciaire indigne de se blasonner somptueusement et de s'envelopper superbement dans les plis du drapeau d'une République de la justice.

11 - Le Michel Ange de la démagogie

Mais la démagogie est un art dont M. Nicolas Sarkozy est le Michel Ange. Par quelle aberration a-t-il perdu la main au point de mécontenter ses électeurs d'origine turque et juive? Car les premiers vont se venger et les seconds ne sont pas près de se laisser déposséder de la spécificité de leurs souffrances. Entrons cependant dans les arcanes de la loi: le Sénat ayant soudainement basculé à gauche, cette assemblée se trouve désormais encore davantage composée de faux évangélistes de la politique que celle des députés de la majorité. C'est pourquoi les élus du palais du Luxembourg entendent plastronner aux dépens de leurs rivaux du palais Bourbon : ils seraient les premiers, pensent-ils, à broder sur leur pourpoint les dentelles des idéalités rédemptrices de la démocratie: " Si je les précède, s'est dit le Machiavel de la démagogie, je rallierai également les descendants de Jaurès à mon panache blanc." /p>

Mais c'est ici, citoyens, que vous conquerrez la maturité cérébrale qu'appelle la future souveraineté d'un peuple instruit. Car si votre science du passé accédait à la profondeur d'un regard d'anthropologues sur notre espèce, vous vous interrogerez sur la déraison dont font preuve les Républiques et les démocraties idéalisées d'aujourd'hui et vous apprendrez à peser les conséquences du chaos juridique inscrit dans la loi 23 décembre 2011, sur la solidité de la boîte osseuse de nos magistrats, car il s'agira également de peser l'entendement en devenir des fils d'Adam.Car il est devenu évident, comme je l'écrivais au début de cette analyse, que la compréhension de la greffe du messianisme sotériologique et rédempteur d'Israël sur l'encéphale de l'animal parlant, permettra d'expliquer les paramètres oniriques de la politique et de l'histoire de demain.

Car tous les évènements racontés ci-dessus ne se rendent intelligibles qu'à l'école et à l'écoute d'une généalogie critique de l'esprit mystique qui fait du peuple de Moïse le propulseur planétaire du vieux rêve du salut et de la délivrance. C'est pourquoi la philosophie moderne se trouve contrainte de découvrir et de décrire l'universalité de l'esprit magique dans l'empire "théologique" s'étend non seulement aux religions, mais à une science du droit international inconsciemment subjuguée par la sorcellerie de l'action à distance . Cette unification de la science anthropologique compénètre désormais à ce point la pesée du cerveau des chefs d'Etat des démocraties modernes que je consacrerai ma prochaine analyse à l'examen de la capacité du suffrage universel d'informer un futur Président de la République de la nature du cerveau des peuples et des nations.

La réflexion anthropologique sur les ultimes fondements de la raison historique révèlera que l'animal eschatologique fait usage d'une science de la mémoire dont l'origine semi zoologique se trouve dans le langage projectif des sorciers. Sans le secours de la parole censée agir à distance, le sujet ne se réfléchirait pas dans un miroir vocal qui le dédouble et l'attire hors de sa carcasse, sans la magie du phonème, cet animal ne se propulserait pas dans des mondes narratifs. L'étude de l'évolution du cerveau spéculaire demeure séparée de la science historique seulement événementielle - mais si un pont n'était pas jeté entre les sources oniriques de l'histoire et les travaux des successeurs de Darwin, comment l'évolutionnisme disposerait-il des chemins d'une recherche armée d'une continuité de l'histoire de la logique humaine?

22 janvier 2012

Reçu de l'auteur pour publication

 

 

   

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Source : Manuel de Diéguez
http://www.dieguez-philosophe.com/

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