Théopolitique, la laïcité face aux
mythes religieux
Comment piloter le
sacré ?
Révolution au Saint Siège: l'élection du
pape François
Manuel de
Diéguez
Manuel de
Diéguez
Samedi 16 mars
2013
1 -
La foi et le
monde moderne
L'élection de François à la tête de
l'Eglise catholique, apostolique et
romaine illustre une révolution plus
théologique encore que politique, parce
qu'il n'était jamais arrivé que le Saint
Père prît un pauvre pour modèle de
sainteté. Par-delà la relève, au nom du
christianisme le plus officiel, du
combat bimillénaire des Evangiles contre
le culte de la richesse, il y a les
retrouvailles de la religion de la Croix
avec ses origines doctrinales et
également avec sa puissance politique la
plus fondatrice et la plus durable.
François vivait dans un modeste
appartement de Buenos Aires et ses amis
lui ont acheté une paire de chaussures
neuves pour se rendre au conclave: voilà
la vraie révolution, celle qui a
commandé ensuite à François de demander
à la foule de prier pour lui avant de se
conformer à la routine ecclésiale qui
fait du saint Pontife un souverain
bénisseur.
Par delà ce séisme théologique, François
soulève la question de l'avenir de la
pensée occidentale; car on ne pouvait
mieux illustrer que par une révolution
théologique les carences de l'humanisme
manchot dans lequel s'enlise une
civilisation au sein de laquelle ni la
politique, ni la religion ne connaissent
leur propre statut. Car les Etats laïcs
ignorent la dimension anthropologique de
la théologie et la théologie ignore la
dimension politique du sacré. D'où le
naufrage d'une science historique
contrainte de se replier dans l'enceinte
de la raison de 1905 et l'impuissance
intellectuelle de l'Eglise de faire
débarquer son Jupiter sur le champ de
bataille de Clio.
2 - François et
l'avenir de la pensée
Par bonheur, toute religion est
condamnée par ses propres présupposés à
mettre en place une théopolitique, de
sorte que le désastre de n'avoir pas
percé les secrets d'un animal flottant
entre le réel et le songe la frappe de
plein fouet. Par bonheur également, les
difficultés intellectuelles et
politiques insurmontables que
rencontrent les croyances commencent de
monter à la surface des eaux. Car une
foi dont des pans entiers de son édifice
doctrinal ne sont plus crédibles aux
yeux des classes cultivées du monde
entier ne pourra défendre longtemps et
même tenter d'imposer son ignorance
réelle ou simulée des ressorts cachés de
l'histoire et de la politique. De leur
côté, le silence non moins prudent des
Etats laïcs sur les ressorts simiohumain
du sacré et sur les progrès de la
science psychologique depuis un siècle
n'opposera plus très longtemps une digue
infranchissable à la curiosité légitime
des générations montantes.
Deux cent trente sept ans après la mort
de Voltaire, trois siècle après les
premiers pas de la critique biblique de
Richard Simon, un siècle et demi après
Renan et Darwin et un siècle après Marx
et Freud, qu'en est-il de la
connaissance anthropologique des récits,
fabuleux par définition, qui fondent
toutes les théologies sur les sortilèges
du fantastique et de l'esprit magique?
Si la croyance naïve des premiers âges
en l'existence d'un acteur tour à tour
courroucé et bienveillant, lequel se
serait installé quelque part dans le
vide de l'immensité, si ce songe,
dis-je, se déplace de plus en plus vers
les continents illettrés et candides, le
progrès constant des sciences
contribuera à conduire l'humanité vers
l'âge adulte. Dans un monde de moins en
moins en proie à l'illusion dans l'ordre
idéologique qui règne encore sur la
politique, il est temps d'arracher notre
espèce à l'enfance et à la peur. Le
pontificat de François pourrait bien
mettre en route la nouvelle alliance de
la pensée avec l'histoire et de
l'humanisme mondial avec l'avenir du
"Connais-toi" que préfigurait le siècle
des Lumières.
3 - Les attentes
de la raison
Par
bonheur encore, la psychologie
expérimentale et l'anthropologie
critique continueront de progresser dans
un monde irrésistiblement en cours
d'alphabétisation, donc de légitimation
des droits de la raison. La Chine se
trouve en première ligne sur le champ de
bataille de l'éducation - c'est elle qui
finance la construction des écoles en
Afrique et en Amérique du Sud. Mais si
vous savez lire et écrire, vous vous
demanderez de plus en plus comment
l'encéphale et la volonté d'une divinité
nécessairement aux prises avec
l'histoire, donc avec la politique, sera
appelée à s'exercer dans le temps des
peuples et des nations. Puis vous
voudrez savoir si les têtes fonctionnent
différemment dans les religions et sur
la terre et si un souverain à cheval
entre le ciel et la vie quotidienne,
donc nécessairement assis entre deux
selles, s'adaptera rapidement ou avec
lenteur à l'éthique de l'intelligence
qu'Adam lui ne cesse de lui imposer.
Puis vous voudrez connaître les rouages
politiques d'un créateur du cosmos assis
à califourchon entre son Olympe et la
terre. Puis votre curiosité s'étendra
jusqu'à découvrir comment l'animal
détoisonné et demeuré bancal, donc
condamné, pour l'instant, à courir à
cloche pied dans le temps, s'y prend
pour faire porter de siècle en siècle à
un personnage imaginaire qu'elle ne
cesse de dédoubler, le fardeau de
piloter un sens fatalement
anthropomorphique à l'univers et de sa
propre souveraineté.
Une humanité dont le germe contemplatif
et méditant se découvre de plus en plus
isolé et privé de secours dans une
éternité inhabitée, mais dans les rangs
de laquelle il lui faut faire discourir
un Jupiter attaché à vous accorder une
sotte immortalité posthume, une telle
humanité, dis-je, rejettera une
Renaissance demeurée superficielle et
craintive. Adam apprendra à mettre son
ignorance douloureuse au diapason du
tragique qui l'étouffe.
4 - De quoi
est-il question ?
Dans un contexte politique et cérébral
encore camouflé, mais favorable à la
pesée conjointe de "Dieu" et de
soi-même, je consacrerai mes analyses de
ce 16 mars et celles du 23 mars au tour
d'horizon le plus large et le plus
précis possible, afin d'inciter quelque
peu une intelligentsia française rendue
tantôt résolument incroyante, mais
aveugle, tantôt demeurée vaguement
déiste, mais dans l'irrésolution et
l'errance, à conquérir du moins une
connaissance politique et théologique
élémentaires du contenu doctrinal du
christianisme et des dogmes sur lesquels
ce monothéisme prend viscéralement
appui. S'il s'était agi d'élire le
prochain grand prêtre d'Osiris, tout le
monde aurait trouvé indispensable de
s'armer de quelques informations sur
cette religion et sur les piliers qui
lui donnent son assise dans le ciel et
sur la terre. Il en est devenu de même
du catholicisme: pour comprendre le
conclave qui a élu le hiérarque suprême
d'une théologie ignorée de ses propres
fidèles, il faut placer au préalable
sous leur regard une religion armée du
mythe de la Trinité et du prodige de la
transsubstantiation eucharistique.
Tentons un instant de percer plus avant
les secrets d'une espèce que la nature a
rendue rêveuse, mais qu'elle n'a pas
initié au véritable contenu de ses
propres songes. Mais pour cela, il faut
acquérir les rudiments d'une science de
l'inconscient théopolitique qui régit
l'histoire mondiale - et il se trouve
que seul le sacré en détient les clés.
5 - La liberté
religieuse et la liberté humaine
C'est
discrètement que l'ouvrage de Heidegger
titré Que veut dire penser?
(Was heisst denken?) vient
d'atterrir dans l'arène de la
géopolitique semi rationaliste du début
du XXIe siècle. Pour comprendre cet
évènement, il faut revenir à la décision
inattendue d'un pape de nationalité
allemande de renoncer de sa propre
autorité, donc en toute liberté, aux
pouvoirs, surnaturels par définition que
le ciel est censé n'accorder qu'aux
exécutants les plus dociles de ses
volontés sur la terre. Mais les raisons
que Benoît XVI a alléguées avec humilité
se sont voulues exclusivement médicales,
donc profanes - l'Eglise ne pouvait, à
l'entendre, s'accommoder plus longtemps
de l'incapacité croissante d'une
charpente épuisée à surmonter avec
efficacité et jour après jour, les
fatigues dont s'alourdit le grand âge.
Mais est-il pieux de déposer dignement
et sans en avoir reçu expressément
l'ordre du ciel une charge devenue trop
pesante pour les frêles épaules d'un
vieil homme?
Qu'enseigne la doctrine? Que le "Sacré
Collège" des cardinaux rassemblés aux
fins que le ciel leur désigne clairement
le nouveau saint Pontife n'est jamais
que la courroie de transmission chargée
d'appliquer avec la déférence requise
les directives générales et pourtant
précises, que le Créateur de l'univers
communique motu proprio à
son Eglise. Le Saint Esprit est une
"personne", dit la théologie ; mais le
Dieu tricéphale et scindé en trois
personnes indissolublement liées entre
elles passe pour entièrement unifié, et
cela de telle sorte que chaque tiers de
son sceptre dispose à lui seul d'un
poids politique égal à celui de chacune
des deux autres "personnes" réunies ou
prises isolément. Mais il revient
d'office à l'Hermès d'un surnaturel
rassembleur - au seul Saint Esprit - de
faire connaître à toutes les créatures
les volontés mûrement réfléchies d'un
géniteur expressément chargé d'enfanter
seul le cosmos. Une Eglise endeuillée
par le décès, dûment programmé, lui
aussi, du saint Pontife précédent prend
simplement, par le truchement physique
du nouveau successeur de Saint Pierre et
dans un esprit de soumission absolue de
ce dernier, les rênes qui lui sont
impérativement mises entre les mains par
un Jupiter solitaire et aux apanages
pourtant répartis entre trois têtes.
6 - L'homme en
son refus de penser
Et
pourtant - et dans le même temps - il
est expressément demandé au bénéficiaire
d'une grâce aussi insigne que pesante de
répondre sur l'heure et sans un instant
d'hésitation s'il accepte oui ou
non de se plier à un ordre
céleste qu'il rendra saintement
contradictoire, puisqu'une décision
théologique est censée échapper à la
condition humaine tant par nature que
par définition et puisque l'élu
expressément désigné en son corps et en
son esprit ne saurait rejeter de sa
propre initiative et à la suite de sa
réflexion propre sur le sujet, un ordre
en provenance du Dieu triphasé - sauf à
commettre à l'égard du souverain absolu
le terrible sacrilège de la
désobéissance.
On voit
que, dès ses premiers pas, l'impiété se
révèle logique et que, dans la réflexion
la plus élémentaire sur la théologie, la
connaissance du fondement
anthropologique de la notion de
raison exige une pesée politique
préalable du degré de Liberté et de
servitude que l'humanité s'attribue en
imagination . C'est dire que l'élection
du successeur de Benoît XVI met d'emblée
la planète entière des croyances
religieuses en demeure de trancher du
statut semi autonome que la géopolitique
confère à l'encéphale de notre espèce,
tellement cette autarcie scindée n'est
autre que celle de Jupiter lui-même et
de toute théopolitique.
Ce n'est
donc nullement de son propre chef, mais
à l'écoute d'un mystère réputé
insondable, que Benoît XVI se contredit
sur l'heure à déclarer abandonner une
fonction qu'il sait schizoïde par
nature: "Plena libertate declaro me
ministerio commisso renuntiare". "Je
déclare renoncer dans le plein exercice
de ma liberté à la fonction dont j'ai
été chargé". Mais, comme il est dit
plus haut, la difficulté de savoir ce
que veut dire penser, donc
peser le contenu théologique et
politique d'une déclaration,
dichotomisée d'avance sur ce modèle,
cette difficulté, dis-je, concerne
soudainement toutes les Eglises de la
terre; car, depuis huit siècles, le ciel
n'avait plus offert au public le
spectacle de l'incohérence
intellectuelle qui régit fatalement le
choix du chef d'une foi biphasée et
pilotée par une divinité nécessairement
rendue bipolaire à son tour. Si le
principe qui régit le commandement
sommital d'une religion de type
monothéiste se trouve scindé dans l'œuf,
la schizoïdie qui s'impose à
l'organisation mentale des cosmologies
mythiques se trouve étalée au grand
jour.
Mais il
serait hâtif de s'arrêter à une
conclusion univoque de ce genre ,
tellement l'illustration du refus d'Adam
de penser se trouve gravé dans
les gènes de cet animal et n'avait donc
nullement besoin du secours de
l'illogisme viscéral qui assure la
navigation de telle légende sacrée ou de
telle autre dans l'histoire du genre
simiohumain.
7 - Les embarras
de la philosophie
Dirons-nous seulement que la pensée
qualifiée de rationnelle à bon escient
et qui est censée s'exercer désormais au
quotidien dans l'enceinte des
démocraties laïcisées se trouve
offusquée davantage quand l'entendement
dédoublé dont témoignent toutes les
doctrines religieuses s'étale au grand
jour des médias et qu'on voit la planète
se ruer soudainement sur une occasion
aussi inespérée, mais superficielle, de
saluer une avancée soi-disant décisive
de la pensée véritable dans le monde
entier , alors qu'une vacance du Saint
Siège, si inattendue qu'elle soit,
démontre précisément le contraire,
tellement l'abdication de Benoît XVI a
mis plus crûment que jamais en lumière
les failles et les fissures qui
lézardent à son tour le concept de "raison
politique" dont usent les
Républiques semi déconfessionnalisées -
et cela dans une lumière tellement crue
que le vrai titre de l'ouvrage de
Heidegger y prend enfin toute sa portée.
Quel est
l'inconscient confessionnel et doctrinal
que camoufle Was heisst denken?
Ce titre doit se traduire par Que
signifie penser? Du coup,
l'immense avantage apparaît au grand
jour de peser la notion de vérité
sur la balance des signifiants
et, par conséquent, de renvoyer toute la
philosophie occidentale, elle aussi, à
une spéléologie de la connaissance tenue
pour légitime, donc abusivement validée
par la signification qui en
commande l'incohérence psychique et qui
enfouit cette incompétence dans
l'inconscient.
Car le
signifer, c'est le porteur
d'un signe ou d'un signal, comme Lucifer
est le "porteur de lumière". Du
coup Was heisst denken?
signifie que le monde est un tissu de
signaux, une signalétique et que la
philosophie renvoie à une anthropologie
des signes divers dont les
signifiants se revêtent.
8 - Quel est
l'inconscient religieux de la
démocratie?
En
l'espèce, que signifie le fait
que la pseudo lucidité dont se targue
une laïcité fractionnée interrompe tout
subitement sa course mal assurée, que
signifie qu'elle prenne peur après
quelques pas seulement de son
cheminement dans le vide qui l'appelle,
que signifie le fait que la "raison
démocratique" se soit satisfaite en
cours de route du terme tronqué de
démission, qui présente, certes,
l'avantage momentané de contraster avec
le vocabulaire bénédictionnel des
confessions religieuses, mais qui paie
ce gain passager d'un ratatinement
durable de la pesée des signifiants?
Comment placer ce ratatinement sur une
balance du sens, comment
construire le fléau et les plateaux qui
permettront de soumettre au calcul une "
liberté " démocratique affichée au titre
d'universelle, mais exclusivement dans
l'abstrait, donc vaporisée et rendue
indéchiffrable d'avance, comment
apprendre à peser la signification
d'un rabougrissement intellectuel
coûteux, puisqu'il vous fait payer le
prix d'un rétrécissement du champ d'
examen qui s'ouvrait à la raison,
quelles sont les dévotions nouvelles que
multipliera fatalement une platitude
administrative dont les Etats
enfanteront seuls la gestion?
Méfions-nous de la pastorale de type
démocratique, donc du confessionnalisme
propre à la "religion de la Liberté".
On
souligne avec une satisfaction
décidément suspecte, parce que
secrètement catéchisée par la laïcité
euphorique de 1905, que Benoît XVI
n'aurait jamais exercé qu'une fonction
banalement politico-bureaucratique,
alors que le questionnement
anthropologique, donc la spéléologie de
la condition simiohumaine qui commande,
dans les coulisses, le débat public sur
la signification du renoncement à
sa charge du souverain d'un ciel local,
ce questionnement, dis-je, entraîne une
raison fâcheusement pré-cléricalisée -
et cela dans les deux camps - à buter
sur des embarras épistémologiques
nouveaux et insurmontables concernant le
statut du verbe penser: comment
dépasser la scission idéologique du
concept d'explication qui se
pavane sur le devant de la scène? Car
cet acteur se déplace entre l'orthodoxie
routinière des démocraties devenues
administratives, d'un côté et l'hérésie
des cosmologies politico-oniriques de
l'autre.
Certes, la foi religieuse s'installe
sans relâche dans des mondes imaginaires
et impérieusement hiérarchisés; et elle
y promulgue, de siècle en siècle, des
dogmes tenus pour immuables. Mais
pourquoi la longévité d'un pouvoir
politique dépend-elle toujours, en
dernier ressort, de l'autorité
terrifiante et infatigable qu'il prétend
tirer d'une fixité doctrinale pourtant
branlante? Pourquoi la solidité mentale
attribuée à des hiératismes sacrés
dépasse-t-elle en durée et en efficacité
les autres constructions politiques
appelées à servir de moteurs oniriques à
l'histoire? Mais aussi longtemps que les
secrets de la raison immobilisée par des
mythologies ne seront pas décryptés dans
le fabuleux dont la foi s'enveloppe, la
fonction pastorale que le mythe
démocratique exerce dans l'inconscient
collectif des peuples ne le sera pas non
plus.
9 - La raison et
la foi casquées par leurs songes
Que
signifie l'évidence que le refus
craintif de penser qui caractérise
l'animal post adamique soit celui d'une
bête cuirassée et casquée de songes tour
à tour offensifs et défensifs, mais
toujours collectifs? Le genre
simiohumain n'est pas près d'abandonner
les casemates creusées dans la roche de
ses identités rêvées. L'examen des
carapaces mentales que se forge une
espèce lovée de naissance dans un sacré
partagé entre le "ciel" et la "terre"
n'est donc pas le seul objet de la pesée
anthropologique et critique du terme de
signification appliqué à
l'abdication d'un chef d'Etat greffé sur
le ciel: le Vatican et les démocraties
ont tous deux un pied embourbé dans le
"temporel" et l'autre dans le
"spirituel"; et la langue maternelle de
Benoît XVI, l'allemand, use naïvement du
même verbe pour interpréter et pour
signifier, (deuten),
donc pour communiquer le sens
conjointement et d'un seul élan dans la
foi et dans la démocratie. Car celle-ci
est censée être devenue "rationnelle";
mais si deuten,
interpréter, renvoie candidement à
la Deutlichkeit, la
signification claire et évidente,
laquelle se trouve jointe aux lumières
naturelles de la raison explicative,
(le Verstand), les deux
substantifs se trouveront béatifiquement
confondus, de sorte que l'évidence
et la vérité rationnelle
béatement gémellisées par la
compréhensibilité, la
Verständlichkeit, enfanteront
des explications synthétisées
d'avance à l'école du ciel d'un côté et
de la logique d'Aristote, de l'autre.
La
dichotomie cérébrale native de la
théologie et de la démocratie renvoient
toutes deux à une histoire et une
politique issues du double creuset de la
raison et du compréhensible, donc
du signifiant - et cette dichotomie fait
tout l'objet de la pesée d'une condition
simiohumaine condamnée à se forger ses
signifiants dès le berceau - et cela
précisément à partir de la confusion
originelle entre la connaissance et la
compréhensibilité. Mais si la langue
allemande use du même verbe pour
désigner la raison, (Verstand),
et la compréhensibilité (Verständlichkeit),
qu'en est-il du signifiant qu'on
appelle la vérité explicative et
qui fonde le savoir sur l'intelligibilité
censée fournie tout empaquetée dans le
rationnel? Qu'est-ce qui fait
enfanter le signifiant au
rationnel si le rationnel est
lui-même un signifiant oraculaire
et si la vérité elle-même n'est autre
qu'un signifiant? Comme l'écrit
René Pommier: "Beaucoup de croyants
font preuve, quand leur foi n'est pas en
cause, d'une incontestable intelligence.
Certains même sont des esprits tout à
fait supérieurs et de grands savants.
Même si la sottise favorise grandement
la croyance religieuse, elle n'en est
pas la seule explication, ni même la
principale, [C'est moi qui
souligne] et cela vaut sans doute
même pour les croyants dont
l'intelligence est médiocre. Il faut
donc chercher une autre explication."
(René Pommier, Etre
girardien ou ne pas être,
Shakespeare expliqué par
René Girard, Editions Kimé,
2013, p.145)
10 -
Les démocraties pastorales
Il serait pour le moins précipité et
irresponsable d'accuser de faiblesse
d'esprit un pape infantilisé par la foi,
alors que la raison démocratique et ses
signaux censés avoir mûri au sein des
Etats laïcs se trouvent portés sur les
fonts baptismaux d'une Eglise de la
Liberté, calquée sur la même incohérence
cérébrale que la foi.
-
Le
Ministère de la Culture et
l'islam en France 2 ,
2 mars 2013
-
Le
Ministère de la Culture et
l'islam en France,
23 février
2013
Comment
le culte hautement "signifiant" des
"droits de l'homme", par exemple,
illustre-t-il le retranchement candide
des consciences dans l'enceinte des
démocraties mythologisées par leur
finalisme verbifique, donc par la
pastorale pseudo explicative inculquée
aux enfants encore au berceau et qui
enfante dans leur tête une
compréhensibilité déhanchée d'avance
par la pensée idéologique? Observez les
meurtrières et les remparts de la raison
eschatologisée et proclamée rédemptrice
de 1789: dans l'ordre de la mystique
cloîtrée comme dans celui de la laïcité
mondialisée par la téléologie civique
qui l'inspire, la même administration
lénifiante de l'intelligible
conduit au "salut" et à la "délivrance"
démocratiques des masses de boîtes
osseuses infantilisées et censées
protégées de l'irruption du silence et
du vide dans les consciences. Quel
cosmos angoissant à son tour que celui
d'une Liberté dont la rationalité
interne arme des idéalités catéchisées
par la foi républicaine! La rationalité
d'une philosophie explicative au
sein de laquelle la raison elle-même a
été rendue pastorale ne semble pas moins
craintive que celle de l'Eglise. Elle
exige donc une pesée attentive des
composantes psychiques de l'
irrationalité adorante, priante et
inquiète que professent et confessent
les laïcs à leur tour.
11 - Les
philosophicules
On sait
que, depuis Aristote, la raison
occidentale obéit, en réalité, à une
éthique de la connaissance expliquante:
elle se demande pieusement ce que
signifie penser, donc ce que
raisonner sainement voudrait dire si,
par extraordinaire, l'audace
intellectuelle de radiographier le verbe
comprendre se trouvait moralement
à la portée de la fausse assurance des
fuyards tartuffiques des ténèbres. Mais
voyez comme ces chiens de
philosophicules ont seulement changé de
confessionnal et de jardinet: ils ne
trottinent jamais qu'à petits pas, ils
cultivent leurs cierges et leurs icônes,
ils ont leurs recettes pour exorciser le
gouffre du tragique - voyez la hâte avec
laquelle ces bassets cessent bien vite
d'entraîner leurs maîtres dans les
profondeurs du tragique de la politique
et de l'histoire.
Au
début, l'Aréopagite explique
professoralement aux chasseurs comment
l'intelligence dialectique de Platon
s'est embourbée en chemin; et il vous
résume l'avortement du destin de son
maître. Observez ensuite l'analyste
compatissant des failles que l'auteur du
Théétète est censé n'avoir
pas détectées, alors que toute la
critique moderne du concept - à
commencer par celle d'Abélard - se
trouve précisément dans le
Théétète. Ce logicien maladroit,
nous apprend-il, vous plaçait ses "idées
pures" quelque part dans une étendue
radicalement délocalisée et séparée de
celle des mortels. Il serait pourtant
plus modeste, plus simple et plus
efficace, susurre l'auteur de La
morale à Nicomaque, de les
colloquer tout simplement dans les
objets eux-mêmes. Mais c'est se tromper
encore davantage de piste : quel
ridicule de réduire en cendres l'idée de
table avec la table calcinée et de la
ressusciter au sein de ce meuble
reconstruit dans l'atelier du menuisier!
12 - Le statut
théologique des démocraties
Voyez
comme le chasseur du cogito ergo sum
se contente, certes à bon escient,
de balayer d'une pichenette tout le
fatras des décoctions de la scolastique
née d'Aristote, mais seulement pour vous
construire ensuite et sans désemparer
une ville aux avenues naïvement
éclairées et dont les lampadaires
rassurants allumeront la mèche d'une
nouvelle lampe à huile, celle d'une
logique si bien époussetée qu'elle
rendra l'humanité rationnelle,
donc expliquante, mais à la lumière
d'une bougie. La chandelle d'un bon sens
bien nettoyé suffira à allumer le verbe
comprendre dont s'éclaire cet
animal. "…et n'ayant d'ailleurs, par
bonheur, aucuns soins ni passions qui
me troublassent, je demeurai tout le
jour enfermé seul dans un poêle, où
j'avais tout le loisir de m'entretenir
de mes pensées. Entre lesquelles
l'une des premières fut que je
m'avisai de considérer que
souvent il n'y a pas tant de perfection
dans les ouvrages composés de plusieurs
pièces et faits de la main de divers
maîtres, qu'en ceux auxquels
un seul a travaillé. Ainsi voit-on
que les bâtiments qu'un seul
architecte a entrepris et achevés ont
coutume d'être plus beaux et mieux
ordonnés que ceux que
plusieurs ont tâché de raccommoder en
faisait servir de vieilles murailles
qui avaient été bâties à d'autres
fins. " (Discours de la méthode)
Mais que
signifie une raison qui enfantera
la vérité sur les pistes du bon
sens si le chien de chasse ne sait
comment rendre intelligibles la forêt,
la chasse et les chasseurs? Décidément
la raison et la foi apostrophent
ensemble le tragique de l'ignorance:
"Cachez-moi ce sein que je ne saurais
voir". Mais on sait que le texte latin
du Discours de la méthode
a été édité en 1636 et qu'il a été
aussitôt traduit en français par le duc
de Luynes, qui l'a fait connaître au
public en 1637.
Il faudrait-il donc placer côte à côte
l'histoire de la théologie des sucreries
du "salut" et celle, non moins
lénifiante et apeurée, de la philosophie
occidentale, afin d'apprendre à observer
comment le confiturier suprême de
l'immortalité et les cuisiniers de la
"raison" sécrètent parallèlement leurs
signifiants et leurs dogmes et les
rendent "explicatifs" épaule contre
épaule. Car les exemples d'Aristote, de
Descartes, de Kant et de Heidegger
démontrent qu'il se forme aussitôt un
cercle d'initiés à la "vérité
rationnelle" dont le moule se révèle
ecclésial dans l'œuf et qui enfante des
appariteurs de leur soleil. Puis cette
caste de rédempteurs professionnels se
pare bien vite du mythe inaugural d'un
retour en catimini de la bête au terrier
de "l'innocence originelle" subitement
retrouvée.
Tout au long de son histoire, la
phénoménologie se présente sous les
traits d'une illumination ésotérique et
d'une révélation salvifique - mais elle
échoue à mettre fin à la guerre à mort
des signifiants entre les corps et les
concepts, entrela chair et la parole,
entre la matière et l'esprit, parce que
le tragique appartient, dit Pascal, au
génie de la pensée. Or, la pensée ne
joue pas dans la cour des grands de ce
monde. Victor Hugo dira: "Il vient une
heure où le genre humain est tenu de
compter avec cet histrion de Shakespeare
et ce mendiant d'Isaïe ".
Outre
que les falotes "lumières naturelles"
du bon sens de l'animal dont le
cartésianisme édénique éclaire la
logique se révèlent les mêmes que celles
dont toute la théologie du Moyen Age
recueillait l'héritage pieusement
empaqueté d'avance dans la géométrie
d'Euclide et dans la raison d'Aristote,
il se trouve que, quatre siècles après
Descartes, le monde moderne a eu la
chance de jeter à la mer les lumières
bénédictionnelle de la physique à trois
dimensions de nos ancêtres; et quand les
régiments et les bataillons du
cartésianisme scolaire se furent
pelotonnés à leur tour dans le jardin
d'enfants d'un temporel protégé de la
solitude et de la peur, les fortins des
Vauban du cogito se sont révélés
les candélabres de diverses idéalités
civiques: la Justice aux mains des
puissants, l'Egalité au service de ses
propres simulacres, la Liberté en ses
défaussements et une Fraternité aussi
ecclésiale que les charités de curie.
Mais les idoles d'une raison
auto-sanctifiée par son propre mythe et
devant lesquelles la scolastique
démocratique contraint les verbes
expliquer et comprendre à
s'agenouiller nous renvoie sans cesse à
la question: "Que signifie penser?".
13 - Le mythe de
l'incarnation de la raison
Mais si
des idoles langagières aussi verbifiques
que celles de la théologie du Moyen Age
se sont substituées aux Immortels que le
paganisme sculptait dans le bois,
coulait dans l'airain ou taillait dans
la pierre, toute l'histoire de la
philosophie occidentale s'inscrira en
décalque d'une religion déchirée depuis
Platon par une guerre de religion entre
les "mots et les choses" alternativement
validés; et la foi ne fera que donner à
la dichotomie originelle du simianthrope
l'habillage dialectique d'une battologie
selon laquelle la bête parlante sera
déclarée un "composé de chair et
d'esprit", donc un mélange de
l'abstrait et du concret, et cela à
seule fin de sauver - et toujours
conjointement - le mythe de la
transcendance de la divinité et celui de
l'incarnation de son esprit dans une
chair: le Nazaréen se présentera en
successeur d'un Jupiter non moins en
chair et en os que l'époux de Héra. Mais
quel est le tragique de la déréliction
de cet animal et dans quel gouffre
Shakespeare et Isaïe plongent-ils leur
regard?
Pour le
comprendre, observons comment le mélange
d'un discours avec un squelette se
produit sur la terre. En bon
platonicien, Descartes prendra acte du
"silence et bouche cousue" de l'Eglise
sur ce prodige; et il tentera d'éclairer
l'entendement d'une Maritorne royale, la
Princesse Elizabeth, qui refusait
obstinément de désincarner sa charpente
et de bien séparer la Princesse
Elizabeth en son essence et quintessence
de celle qui se présentait en chair et
en os au regard de ses admirateurs. Puis
Kant tentera, lui aussi, de mettre en
état de marche - et au service de la
grande industrie allemande - des têtes
obstinément scindées sur le modèle de la
logique idéaliste d'Aristote et de
Platon. Puis, le soleil de la
phénoménologie du sacré se lèvera au
spectacle de la charpente de Napoléon
hissé sur son cheval blanc et Hegel
s'exclamera: "Voici l'esprit du monde".
14 - Les deux
Guantanamo
Le mythe
de l'incarnation de la raison, donc de
la substantification de la pensée
signifiante et explicative a fêté son
dernier exploit à l'école et à l'écoute
du fameux processus historique
des marxistes, dont le flambeau a
conduit au triomphe verbal et sanglant
que l'on sait un prolétariat mondial du
salut et de la délivrance conceptualisés
et chosifiés en commun par la mouture
marxiste du verbe comprendre; et
l'on a vu une classe ouvrière tout
ensemble messianisée et matérialisée par
le langage rédempteur de son prophète
hébreu prêter main-forte à une histoire
du monde résolument rédemptrice,
benoîtement salvifique et armée
jusqu'aux dents - mais pour que le saint
prodige d'un finalisme censé "en marche"
dans l'histoire universelle et porté sur
les jambes d'une grammaire et d'une
bible eschatologisées sur la terre, il
lui faudra, comme à l'Eglise, couronner
son vocabulaire du diadème étincelant
d'une dictature physique du prolétariat.
Les dreyfusards défilaient dans les rues
en criant: "La Liberté est en marche".
"La Liberté ne marche pas, dit
Anatole France, il n'y a que des
corps en mouvement dans la rue."
L'anthropologie critique enseigne à
observer comment les idées propulsent
des charpentes dans l'histoire et
comment les concepts "prennent corps",
comme on dit.
Qu'en
est-il du cliquetis des squelettes de
notre temps? N'avons-nous pas vu la
Liberté bondir hors de l'enceinte de nos
dictionnaires pour éperonner le Pégase
de la Démocratie? La déesse ne
s'est-elle pas embourbée en Afghanistan,
en Irak, en Lybie, en Syrie? L'Europe
aux chevilles enserrées dans les chaînes
du concept dichotomique de Liberté
n'accueille-t-elle pas un animal plus
bipolaire que jamais? Je vois une statue
cérébrale se dresser en chair et en os
sur les hectares de cinq cents bases
militaires de l'étranger incrustées à
jamais sur le sol des descendants de la
bataille de Salamine.
Puisque la complicité avec leur maître
des Etats issus de la Révolution de 1789
leur fait porter à bout de bras la croix
d'une servitude auréolée par la
démocratie, puisque le mot Liberté
habille les oracles du suffrage
universel du tissu théo-politique des
domestiques, puisque le mythe de la
délivrance par la seule vertu du langage
est né il y a vingt-cinq siècles sur
l'agora d'une petite ville de l'Attique,
rappelons seulement que les valets
portent fièrement l'écusson de leur
maître, rappelons seulement que l'Europe
de la pensée se couvre d'une étoffe
élimée et qu'il appartient à la
philosophie de réfuter les oracles d'une
vassalité dont le Vatican et la
démocratie s'habillent en commun. Le
Guantanamo de l'un s'appelle l'enfer,
celui de l'autre installe ses marmites à
Cuba.
15 - Une vocation
transspéculaire
Décidément, la quête de la
signification anthropologique de
l'abdication de Benoît XVI le 28 février
2013 conduit la philosophie critique
dans les souterrains de la politique et
de l'histoire des mots et des
corps; car nous commençons de placer
sous une crue lumière les deux apories
centrales qui enserrent l'animal
biphasé. L'étau des concepts s'est
substantifié à l'école de ses propres
serfs. Sitôt que la bête angélique
s'avise d'aller camper dans les plus
hautes régions de son langage, sitôt
qu'elle tente de fuir une chair et un
monde impurs, sitôt qu'elle fait
confiance au séraphin dont elle affiche
l'écusson, sitôt que cet Origène
s'émascule à l'école de la dialectique
désincarnée de Platon ou à celle des
monastères où les chrétiens tentent
d'incarner leur auréole, ce bipède
s'évapore dans les nues et entraîne ses
pontificats dans un intemporel
contrefait; mais si cet animal entend
muscler sa transcendance dans l'Eden de
son langage, un masque d'ange tombe
soudainement sur le visage de cet
assassin. Voyez comme il hisse au ciel
le Dieu des tueurs qu'il est à lui-même,
voyez comme il présente les tributs
dégoulinants de sang de ses sacrifices à
trois divinités demeurées aussi
immolatrices que le Jupiter des Romains,
voyez combien les dieux du simianthrope
sont de fidèles décalques des autels où
s'affairent les bouchers de leur
sainteté.
Conquerrons-nous un regard de
l'extérieur sur les offertoires de la
mort, apprendrons-nous à observer du
dehors le Dieu des égorgeurs,
coucherons-nous le tueur sur l'étal où
le bistouri de la philosophie critique
autopsiera l'idole meurtrière? Certes,
se dit le chirurgien de Dieu, tous les
Célestes sont construits sur ma propre
solitude ; mais comment se fait-il que
le "sujet de conscience", comme on
m'appelle, charge ses épaules du même
fardeau que celui de la bête qu'on
appelle "Dieu"? Qui dicte à Isaïe son
regard sur le boucher fantasmagorique du
cosmos, qui ordonne au prophète de faire
dire à la bête du ciel: "Vos
sacrifices, je les ai en horreur, le
sang que vous faites couler sur les
parvis de mon temple me dégoûte".
16 - L'avenir du
"Connais-toi"
Peut-
être deux types d'acteurs de
l'intelligence monteront-ils demain sur
la table d'opération des sciences
humaines et de la philosophie
chirurgicales, peut-être verrons-nous
les experts des jeux du langage avec la
mort se partager la tâche de décrypter
ce que "penser" signifie au sein
des tueurs biphasés de naissance. Alors
l'armée immense des ritualistes et des
liturgistes rassemblés dans le temple de
la "connaissance rationnelle" se parera
encore quelque temps de la perruque et
de l'hermine des offrandes d'un animal
largué dans une mort couronnée de
lauriers; mais les maigres phalanges
d'Isaïe et de saint François voleront
aux idoles la tiare du Dieu des
immolations.
Espérons
que le geste sacrilège de Benoît le
Pieux de retirer de ses épaules la toge
de pourpre et le diadème ensanglanté
d'un monothéisme dont les sacrifices de
sang pesaient trop lourd sur sa
carcasse, espérons, dis-je, que ce geste
ouvrira les yeux d'Ezéchiel de la
papauté. Qu'en est-il du masque dont
l'encéphale du genre humain s'assurait
la sauvage et somptueuse protection?
Qu'en est-il de la sainteté des
guerriers de la vérité, et de leurs
anachorètes, et de leur Thébaïde, et de
leurs monastères? Qu'en est-il d'une
vérité dont le nectar se révèlera un
poison désaltérant, un venin
résurrectionnel, une ciguë dont la
métamorphose en ambroisie attend ses
Isaïe? Et si l'intelligence trans-spéculaire
de Socrate métamorphosait l'"essentia
spiritualis" de Benoît XVI en un
diamant d'une eau plus pure, celui d'une
humanité appelée à devenir visionnaire
des immolations?
C'est ce que nous verrons la semaine
prochaine. Car deux papes fiers de leur
théologie de l'autel, donc deux orfèvres
du sacrifice de sang des chrétiens se
pencheront ensemble sur les entrailles
d'un mouton."
Reçu de l'auteur
pour publication
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