Opinion
Sénégal : La
rectification de l'alternance
Malao
Kante
Jeudi 5 avril 2012
En 2000, l’espoir était à son comble,
tous les sénégalais (et au-delà du
Sénégal, l’Afrique toute entière)
avaient placé leur confiance sur le
nouveau régime. Mais très vite, le
président Wade a montré qu’il était venu
non pas en sauveur, mais en fin
politicien avide de pouvoir. Cette
déception a sérieusement marqué la
conscience des sénégalais. Le Pape du
Sopi bénéficiait de tous les pouvoirs
pour bien gouverner. Il était aimé et
adulé. Rares sont ceux qui n’ont pas
adhéré à son parti ou manifesté leur
sympathie à son égard. Mais à force
d’être flatté par toutes sortes
d’opportunistes, il a fini par croître
qu’il était invincible et irremplaçable.
Pie, il a cessé d’être le président de
tous le monde pour devenir un dirigeant
d’un gouvernement partial et partiel. Au
lieu de se focaliser sur l’essentiel, il
a passé le reste de son règne à humilier
ses adversaires en jouant toutes les
combinaisons possibles.
Aujourd’hui, grâce à la maturité du
peuple, il est parti comme à son arrivée
c’est-à-dire par la puissance des urnes.
Au demeurant, les blessures de son
régime laissent encore des traces. Car,
le deuxième tour qui lui opposer à son
ancien mentor, nous faisait courir un
danger plus grave : « la disparition de
la République ». Autrement dit, sa
dernière flèche empoisonnée à été de
taxer l’actuel président d’être
ethnocentrique (heureusement que ce
dernier a eu l’intelligence de balayer
d’un revers de main toutes ces
accusations) alors que lui, était en
train de miser au même moment sur la
carte confrérique. Ce qui veut dire
qu’on risquait d’avoir en face de nous
soit un régime confrérique, soit une
république ethnique. Le destin en a joué
autrement.
Mais comme Wade, l’actuel président est
aussi un président par défaut. En
d’autres termes, nous nous sommes
retrouvés dans les mêmes circonstances
que 2000. Le changement de régime était
imminent et inéluctable ; peu importe
celui qui vient, la priorité, c’est
que « l’autre » s’en aille au
risque d’installer le pays dans un état
ingouvernable. Maître Wade a mis du
temps mais il a fini par comprendre et
donc par céder le pouvoir.
Actuellement, Macky Sall est, de ce
fait, plébiscité dans les mêmes
conditions comme pour dire que
l’histoire se répète deux fois. Sauf que
cette fois-ci, le peuple est vigilant et
suffisamment aguerrit pour ne pas se
faire voler sa seconde révolution. Les
politiciens promettent la rose et le
beau temps à leurs électeurs. Cependant,
le pouvoir à ses réalités. Macky Sall
doit comprendre qu’il a une grande
charge et un devoir historique de
relever le défi. Le monde entier a les
yeux rivés vers le Sénégal. Cette grande
nation dont tous les observateurs
prédisaient la décadence, vient de
montrer et de démontrer qu’il demeure
une démocratie inébranlable. Mais la
démocratie en soi n’est pas une fin. Il
ne suffit pas de prouver qu’on est des
démocrates et de s’en tenir à ça. Le
temps est venu d’allier le développement
économique et social à cette démocratie
exemplaire.
MALAO KANTE SOCIOLOGUE.
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