Opinion
Les dollars de la
Fitna
M.
Saadoune
Mercredi 24 avril
2013 Quarante
personnes tuées dans une manifestation
antigouvernementale «sunnite» quelques
jours après des attentats contre une
mosquée et un café dans un quartier
chiite. Cela se passe en Irak au moment
où se déroulent des élections
provinciales. Le clivage sectaire allumé
après l'intervention américaine en Irak
n'a fait que s'accentuer pour devenir
purulent. Il s'alimente désormais de la
guerre civile syrienne en bonne partie
alimentée par les monarchies «sunnites»
qui veulent faire tomber un régime
«alaouite» assimilé au chiisme et en
tout cas politiquement allié avec l'Iran
«safavide».
Le conflit syrien a durci la
polarisation entre chiites et sunnites
en Irak et a favorisé un regain des
actions violentes. Les djihadistes
passant d'une frontière à l'autre sans
aucune entrave sérieuse. Cette guerre
syrienne est en passe «d'allumer» à
nouveau le Liban où en réplique à des
éléments du Hezbollah qui prêterait
main-forte aux forces gouvernementales
syriennes dans les régions frontalières
des cheikhs salafistes ont appelé au
«djihad». Des rebelles syriens ont tiré
des roquettes contre des localités du
Hermel, dans le nord-est du Liban, qui
sont acquises au Hezbollah. La politique
de «distance» à l'égard du conflit
syrien prônée au Liban est en train de
faire long feu et la guerre sectaire
pointe hideusement de son museau.
Personne n'a la naïveté de croire que
l'implication de Libanais dans la guerre
civile syrienne va se dérouler dans un
territoire neutre. Elle peut commencer
en Syrie, elle ne s'y arrêtera pas. Le
clivage politico-confessionnel est une
réalité politique au Liban, il est même
«institué» avec un partage des espaces
de pouvoir entre les sunnites, les
chiites et les chrétiens. Et surtout il
s'alimente des interférences extérieures
lourdes qui font que la vie politique
libanaise a toujours été
«internationalisée». Au Liban, le vote
est «communautaire», il n'est pas
citoyen. Cette situation rend la
situation potentiellement inflammable.
Et si les Libanais ont été «assagis» par
la guerre civile, le clivage sectaire
peut être facilement rallumé. Or, il
faut être aveugle pour ne pas observer
que toute la région du Proche-Orient est
poussée lourdement, avec insistance et
avec un énorme déploiement de moyens,
vers les conflits confessionnels,
prélude à l'émiettement.
On a beaucoup parlé de «chaos créateur»
sans réellement lui donner du sens. On
en trouve une application concrète dans
cet «armement» des confessions contre
les autres alors qu'historiquement elles
ont plus vécu en bonne intelligence que
dans le conflit. L'intervention
américaine en Irak avec la destruction
de l'Etat et le démantèlement de l'armée
n'a fait que donner un coup
d'accélérateur à une entreprise
commencée depuis des décennies par le
biais des médias satellitaires arabes.
Le discours sans cesse martelé du «péril
perse», les manœuvres des régimes du
Golfe et la grandiloquente démesure de
Saddam Hussein ont donné une guerre
inutile et destructrice contre l'Iran.
A BAGHDAD, LE REGIME EST PRO-AMERICAIN
MAIS LES REGIMES «PRO-AMERICAINS» A RYAD
OU QATAR Y VOIENT UN «ENNEMI», UN
ELEMENT DE«L'ARC CHIITE» QUI MENACERAIT
LE «MONDE SUNNITE». LE LOGICIEL SECTAIRE
EST SIMPLE MAIS IL FONCTIONNE CAR IL
S'APPLIQUE A DES SOCIETES SANS
DEMOCRATIE, SANS DIFFUSION SUFFISANTE DU
SAVOIR ET OU LES OPINIONS SONT AISEMENT
MANIPULABLES QUAND ON JOUE SUR LA FIBRE
RELIGIEUSE. LE SEUL BUG A CE LOGICIEL
AURAIT ETE QUE LES ELITES FASSENT LEUR
TRAVAIL ET ECLAIRENT LES OPINIONS.
MALHEUREUSEMENT, ON PEUT CONSTATER QUE
BEAUCOUP DE CES ELITES S'ACHETENT ET
POUR CELA LES DOLLARS DU PETROLE ET DE
LA FITNA NE MANQUENT PAS.
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