Opinion
L'union africaine
en rang dispersé
Lucien
Borges
Francois
Bozize (Reuters)
Dimanche 24 mars
2013 Comme je l’ai longuement et
explicitement développé dans mon
texte sur monsieur Bozizé, ce
dernier a fait – comme de trop
nombreux Africains et pays africains
par le passé - une fois de plus, le
très mauvais choix de son
protecteur: la France! J’avais
prédit que le pays de Hollande
allait laisser choir lâchement le
président Bozizé, car son pays
compte pour des prunes pour la
France du fait qu’il n’a pas de
matières premières. Le seul intérêt
que voyait Paris pour ce pays, c’est
le stationnement de ces quelques
avions militaires qu’il y possède.
Comme l’importance géostratégique
pour la France en Afrique s’est
davantage déplacée vers le nord de
l’Afrique (zone sahélienne où les
grands enjeux ont lieu pour les
grandes puissances du fait de
présence d’hydrocarbures et
d’uranium, notamment), la garnison
aérienne française en Centrafrique a
beaucoup perdu de son importance!
Comme ses prédécesseurs africains,
le président Bozizé n’a pas réfléchi
plus loin que le bout de son nez en
choisissant la France comme
protecteur! En effet, que
constate-t-on aujourd’hui: Paris ne
protège que ses ressortissants et
l’aéroport qui va leur servir pour
les évacuer ou pour acheminer les
troupes et le matériel s’ils
désirent occuper la Centrafrique.
Une fois de plus, j’avais
malheureusement raison à l’époque où
je prédisais le comportement de
Paris à l’égard de Bangui, et
présentement la situation en
Centrafrique ne me contredit pas. Je
disais en substance à l’époque que
le meilleur choix pour la
Centrafrique aurait été de se
tourner vers l’Algérie. Pourquoi un
tel choix? Car, si les dirigeants
africains avaient un tantinet de
génie et de pragmatisme politique,
le choix de l’Algérie s’imposerait
pour chacun des pays africains dans
de telles situations. En effet, pour
sa survie dans un monde en
effervescence peuplé de pays plus
prédateurs que jamais, l’Afrique n’a
d’autres choix que de se souder
autour des quelques pays en son sein
réellement puissant. Ces pays sont
l’Algérie, le Nigéria et l’Afrique
du Sud ; l’Égypte est hors jeu tant
qu’il est dirigé par l’oligarchie
formée des frères musulmans sur qui
ils ne faut bien sûr pas compter!
Pour l’intérêt de l’Afrique, tous
les autres pays doivent se tourner
en priorité vers ces trois pays pour
régler les problèmes du continent.
Et l’Union Africaine(UA) doit
elle-même donner le LA en favorisant
continuellement le rapprochement
entre ces trois pays et le reste de
l’Afrique. L’UA, si la survie de
l’Afrique est son souci doit
clairement expliquer que l’Afrique
ne peut, plus que jamais, que
compter sur elle-même, et que le
seul moyen d’atteindre une bonne
cohésion intra-africaine est de
désigner des pays moteurs.
D’ailleurs c’est ce qui se fait
partout ailleurs dans le monde: en
Europe occidentale, le couple
Allemagne-France est le moteur de
L’Union Européenne dans tous les
domaines. En Amérique du Nord et
Centrale, les USA y sont le moteur.
En Amérique du Sud, le Brésil est le
moteur. En Asie, la Russie, la
Chine, et l’Iran sont les moteurs.
En Océanie, l’Australie est le
moteur. Le seul pays en Afrique qui
a toujours tiré dans le sens de ce
que je viens d’affirmer est
l’Algérie. L’Algérie – devant
l’incurie et la faillite des idées
qui sont des caractéristiques
notoires de l’institution suprême
africaine (depuis l’OUA jusqu’à
l’UA) – a pris les devants depuis
longtemps en favorisant son
rapprochement, d’une part, avec
l’Afrique du Sud (dès que ce pays
s’est débarrassé de l’apartheid,
aidé d’ailleurs par l’Algérie), et,
d’autre part, vis-à-vis du Nigéria.
Des alliances
stratégiques/militaires, politiques
et économiques sont signées entre
Alger et Prétoria (Afrique du Sud),
et entre Alger et Lagos(Nigéria).
Étant au courant de ces initiatives
stratégiques de l’Algérie pour les
intérêts de l’Afrique, pourquoi l’UA
n’a-t-elle pas clairement soutenu
ces jalons pour une Afrique plus
forte en encourageant tous les
autres pays africains à favoriser
systématiquement ce puissant axe
Alger-Lagos-Pretoria? Si l’UA avait
fait son travail, qui aurait dû être
le sien depuis toujours, de soutenir
toute initiative visant à renforcer
l’indépendance et la dignité de tous
les pays africains, monsieur Bozizé
voyant son pays pris dans la
tourmente ne se serait pas tourné
vers l’ex-colonisateur ayant
ingurgité à gorges déployées le sang
africain, mais vers l’Algérie, ou le
Nigéria, ou l’Afrique du Sud. Ou
mieux, il aurait demandé l’aide ces
trois pays. Tant que l’Afrique
continuera à agir en ordre dispersé,
sans tenir compte d’aucun axe de
pays moteurs issus de ses propres
rangs, elle se fera encore humilier,
flouer dans ses richesses, voire
démembrer. L’UA a une responsabilité
capitale dans le fiasco africain
passé et présent… À méditer!
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