Opinion
De Kadhafi à
Poutine... Les libéraux contre l'Etat
russe !
Luc
Michel
Mercredi 28
décembre 2011
Le véritable clivage en Russie
(comme partout ailleurs) : étatistes
patriotes versus libéraux …
Par Luc MICHEL
PCN-SPO/ Analyses et
commentaires/ 2011 12 24
Une « foule immense » – selon
l’AFP qui annonçait 28.000
manifestants puis 100.000 … - a
participé ce samedi à Moscou à la
plus importante manifestation contre
le régime de Vladimir Poutine depuis
son arrivée au pouvoir il y a douze
ans.
La mobilisation a cette fois
clairement visé l’homme fort de la
Russie, candidat à la présidentielle
de mars 2012. "Poutine démission !",
"Russie sans Poutine !", ont scandé
à plusieurs reprises les opposants,
soutenant les personnalités de
l’opposition pro-occidentale qui ont
pris la parole pour affirmer que «
les jours dans la vie politique de
l’actuel Premier ministre étaient
comptés ».
L’opposition a « assuré que
120.000 manifestants avaient répondu
présent pour contester la victoire
aux législatives du 4 décembre de
Russie unie », tandis que la police
a évalué leur nombre à 29.000. Aucun
chiffre de source indépendante
n’était disponible.
L’avenue Sakharov, tout un
programme, où a eu lieu la
manifestation, voyait rassemblées
toutes les forces du Libéralisme
russe, appuyées par la plupart des
formations de l’extrême-droite
russe, racistes, monarchistes et
néo-fascistes inclus (les media
occidentaux restant fort discrets
sur l’origine des drapeaux brandis),
et par les groupuscules trotskistes.
Obscène réunion de l’anti-Russie et
de la trahison pro-occidentale.
La manifestation s’est achevée
sans incidents peu après 13H00 GMT
par l’adoption d’une déclaration
réclamant notamment "des
législatives anticipées" (sic) et
"la libération des prisonniers
politiques" (resic).
« PRINTEMPS ARABE » ET «
REVOLUTIONS DE COULEUR » : UNE
TECHNIQUE SUBVERSIVE BIEN RODEE !
La technique bien rodée lors
du soi-disant « printemps arabe » de
mobilisation via les réseaux sociaux
est reprise en Russie. Les
commanditaires sont évidemment les
mêmes.
L’un des dirigeants du
mouvement de contestation, Alexeï
Navalny, a promis "un million" de
manifestants à Moscou à la prochaine
manifestation d’opposants, dont la
date n’a pas encore été fixée.
Des appels ont été lancés sur
Facebook à un nouveau rassemblement
le 14 janvier contre un troisième
mandat de Vladimir Poutine qui a été
président en 2000-2008. L’opposant
Boris Nemtsov a jugé opportun
d’organiser une manifestation en
février, à l’approche de la
présidentielle du 4 mars. "Nous
continuerons de sortir dans la rue,
tant qu’ils ne nous restitueront pas
ce qui nous appartient.
L’année prochaine, le pouvoir
appartiendra au peuple" (sic), a
proclamé Alexeï Navalny, « célèbre
blogueur dénonçant la corruption »
selon l’AFP.
Pour savoir qui est cet avocat
« blogueur », lire LE PARISIEN de ce
22 décembre 2011 … Cet avocat est un
produit des réseaux Mc Cain (OTPOR
et cie) : « En 2010, Alexeï Navalny
a été invité pendant un semestre par
l’université de Yale (Etats-Unis).
Il a participé à un programme qui
réunit des personnalités d’avenir de
tous les pays. » Mais c’est aussi et
surtout un néofasciste : « pas
question pour lui de céder aux
sirènes de la démocratie à
l’occidentale. S’il se bat contre la
corruption et prône la liberté
d’expression, il est aussi un
nationaliste assumé. Il participe à
la Marche russe, un rassemblement
ultranationaliste ». Et ultra
xénophobe, le mot qui semble
effaroucher LE PARISIEN. « En 2007,
il a d’ailleurs été exclu du parti
libéral Iabloko. Mais il s’en moque
: « Il n’y a pas de mal à dire que
des personnes ont des habitudes et
des codes culturels qui ne sont pas
compatibles avec les nôtres ». »
Décidément le libéralisme occidental
a de bien curieux mercenaires…
Les manifestants brandissaient
de nombreuses pancartes dénonçant le
régime politique russe et des
ballons blancs, la couleur du
mouvement de protestation. Selon le
processus des révolutions de
couleur.
Ce mouvement de contestation
sans précédent depuis l’arrivée au
pouvoir de Vladimir Poutine en 2000
« a été largement organisé sur
l’internet et rassemble des gens
d’horizons très divers » : «
militants de partis nationalistes »
(comme dit pudiquement l’AFP à
propos des néo-fascistes …),
d’extrême gauche, libéraux, membres
d’associations, d’ONG et célébrités
du monde de la culture ou de la
télévision.
Des rassemblements moins
importants ont aussi eu lieu dans
une vingtaine d’autres villes, avec
4.000 personnes à Saint-Pétersbourg
et de 1.000 à 2.000 à Nijni-Novgorod
(Volga), Tcheliabinsk (Oural),
Samara (Volga), Tomsk (Sibérie) et
Krasnodar (sud-ouest).
GORBY, LE RETOUR …
Les libéraux d’hier sont venus
se joindre à la génération de
traîtres suivante. Gorby a donc été
sorti de la naphtaline. Il n’y a que
les médias occidentaux pour croire
que le fossoyeur de l’URSS a une
audience en Russie. « L’homme encore
écouté » (sic), selon L’EXPRESS, est
en fait l’homme le plus détesté de
Russie. Coupable de cette «
catastrophe géopolitique qu’a été la
destruction de l’Union Soviétique »
comme le dit Poutine, d’une
génération plongée dans la misère,
et de l’abandon de 30 millions de
Russes hors des frontières,
Gorbatchev est vomi par toutes les
Russies. Après avoir fait de la
publicité pour Pizza Hut, voici
l’ex-apparatchic devenu
millionnaire, qui ose redonner des
leçons !
« L’homme fort de Russie
Vladimir Poutine doit quitter le
pouvoir "maintenant" face à la
contestation sans précédent contre
son régime, a ainsi déclaré ce
samedi l’ex-président soviétique ».
"Je conseillerais à Vladimir
Vladimirovitch (Poutine) de partir
maintenant", a déclaré le docteur
Frankenstein de la perestroïka sur
les ondes de la radio Echo de
Moscou.
Ironie du destin, le président
soviétique Mikhaïl Gorbatchev a
donné sa démission il y a vingt ans,
le 25 décembre 1991, dans une
déclaration qui a mis un point final
à plusieurs mois d’agonie du régime
soviétique.
Mikhaïl Gorbatchev a aussi
soutenu les organisateurs de la
grande manifestation de ce samedi.
Il a aussi appelé le pouvoir à
« reconnaître qu’il y a eu beaucoup
de falsifications et de
manipulations » aux élections
législatives du 4 décembre et a «
demandé la tenue d’un nouveau
scrutin ».
LE FRONT DES LIBERAUX CONTRE
POUTINE
La contestation a reçu le
soutien de nombreuses personnalités
libérales comme le dernier dirigeant
soviétique, Mikhaïl Gorbatchev,
l’ex-champion du monde d’échecs,
Garry Kasparov, ou encore Ksenia
Sobtchak, une présentatrice de télé
appartenant à la Jet-set moscovite
et fille de l’ancien maire de
Saint-Pétersbourg.
Les manifestants ont par
ailleurs reçu ce samedi le soutien
de l’ex-ministre des Finances,
Alexeï Koudrine, un libéral
démissionné du gouvernement il y a
quelques semaines, que M. Poutine
décrivait fort imprudemment la
semaine dernière encore comme "un
ami".
Il s’est rendu à la
manifestation et a réclamé des
"législatives anticipées".
L’ex-ministre a ensuite appelé à un
dialogue entre le pouvoir et
l’opposition pour éviter une
"révolution". "Il faut une
plateforme de dialogue sinon ce sera
la révolution, sinon nous perdons la
chance qui se présente à nous d’un
changement pacifique" en Russie,
a-t-il dit. Vieille chanson entendue
à chaque « révolution de couleur ».
Avant les émeutes !
Samedi, le Conseil consultatif
pour les droits de l’Homme auprès du
Kremlin, un gadget libéral inspiré
par Medvedev, a appuyé leur
revendication d’"élections
législatives anticipées" en raison
notamment de "bourrages d’urnes" et
de "falsifications".
Derrière eux, d’autres
libéraux, plus dangereux et plus
organisés, Kasparov et Kassianov,
financés par les USA, eux aussi
appuyés par néofascistes et
trotskistes, agitent le spectre
d’une insurrection en Russie.
DE KADHAFI A POUTINE
Parmi les slogans lancés, de
nombreux parallèles entre Kadhafi et
Poutine. On reconnaît là la main des
pseudo ONG patronnées par le
sénateur US Mc Cain, dont c’est là
le cheval de bataille de sa
propagande dans sa croisade
anti-russe.
Le parallèle n’est pas hors de
propos.
Derrière la déstabilisation du
régime Poutine, qui est celle de
l’Etat russe en tant que puissance
indépendante, on retrouve tout ce
que la Russie a compté et compte
comme forces libérales depuis les
Années 80. Y compris celles de
l’aile libérale du régime russe
actuel. L’une des deux ailes du
régime russe, issue de l’ère
Eltsine. l’autre étant celle des « silovikis », les hommes des
structures de force, étatistes et
patriotes. Cette dualité explique et
éclaire de nombreuses « incohérences
» de la politique russe depuis 11
ans …
Et on en arrive à la
pertinence du parallèle avec la
Jamahiriya libyenne. Elle aussi,
depuis 2003, avait une aile
libérale, opposée à celle des
socialistes patriotes. Celle
rassemblée derrière Saïf Al Islam,
qui a amené libéraux et islamistes
(comme le président du pseudo CNT
Abdel Jalil) au pouvoir. Il faut
lire les pages révélatrices de
Bernard-Henry Levy sur Saïf dans son
dernier livre d’auto-propagande
personnelle « La Guerre sans l’aimer
», où il pose la question qui choque
: « comment celui qui était des
nôtres (l’expression est de lui)
a-t-il pu rejoindre son père ? »…
Là le régime a aussi été
déstabilisé et attaqué de
l’intérieur. Avant que les bombes,
les armées et les mercenaires de
l’OTAN et des USA ne viennent finir
le travail.
J’ai vécu de l’intérieur cette
prise de la Libye, aux côtés de nos
camarades socialistes du MCR. J’ai
vu comment les illusions de Tripoli
sur la coexistence pacifique et
l’économie globalisée ont permis aux
libéraux libyens de se constituer en
Cheval de Troie et de préparer
l’assaut extérieur.
Le même processus est en cours
en Russie.
ECOUTER L’ENNEMI AMERICAIN
Il faut lire et comprendre le
vocabulaire de l’ennemi.
Depuis quelques jours, les
médias occidentaux bruissent d’un
mot nouveau pour qualifier le régime
Poutine : c’est celui de « régime de
transition ».
La guerre occidentale est
aussi une guerre sémantique. Le
nouveau vocable « régime de
transition » répond à un concept à
la fois économique et politique,
celui de « processus de transition
». Qui est la notion centrale du
passage des économies socialistes à
l’économie libérale-capitaliste
mondialisée. Ce processus d’ailleurs
dépasse très largement l’économie
pour concerner l’ensemble du passage
de l’ancienne société à l’économie
capitaliste et à l’état libéral. Un
processus global donc à la fois
économique, politique, social et
culturel. La « mise au pas » (pour
employer le vocabulaire du IIIe
Reich) d’une nation au diapason du
monde libéral américanisé !
Partout ce processus a été
réalisé. Sauf au Belarus, où le
président Lukashenko l’a à partir de
1996 arrêté et inversé, maintenant
l’Etat socialiste dit «
post-soviétique ». Ce qui explique
la haine de l’Occident pour l’homme
d’état de Minsk.
Il s’agit maintenant pour les
USA et l’OTAN d’achever le processus
amorcé par le régime Eltsine en
1991. Et que précisément Poutine a
en partie, au niveau politique et
étatique (mais pas économique),
neutralisé à partir de 2000.
DU « PRINTEMPS ARABE » AU «
PRINTEMPS RUSSE » : L’OCCIDENT VEUT
CORRIGER L’HISTOIRE !
La volonté de corriger
l’histoire est une des obsessions de
l’Occident.
Précisément dans le cas du
pseudo « printemps arabe », il
s’agit d’effacer la victoire arabe
de 1956 lors de l’expédition
néocoloniale de Suez. Ce « printemps
arabe » a été il y a six décennies
celui de la défaite de l’Occident,
c’était le printemps du Nationalisme
révolutionnaire arabe, de Nasser et
du Ba’ath (l’expression, elle, a été
reprise par l’historien
Benoist-Méchin comme titre d’un de
ses livres les plus célèbres, où il
donne la parole à Nasser et Aflak,
le théoricien syrien du Ba’athisme
…). Et le retournement du terme
illustre aujourd’hui la victoire
occidentale sur les héritiers de ce
même Nationalisme révolutionnaire
arabe, Kadhafi ou Assad.
Du « printemps arabe » à un «
printemps russe » – l’analogie est
du Sénateur US Mc Cain -, on ne peut
pas reprocher à Washington de
dissimuler son agenda impérialiste.
L’AGENDA IMPERIALISTE DE
WASHINGTON
Ce programme précisément est
clair, exposé, affirmé. Il est la
projection en terme de géopolitique,
de géostratégie et de géo-économie
d’une vision messianique, celle de
la « Manifest destiny ». Qui donne
aux USA la domination du monde et
des peuples.
Ce programme impérialisme,
duquel Washington n’a jamais dévié
depuis deux siècles, s’inscrit à
l’époque moderne dans deux
livres-programmes. Comme le « MEIN
KAMPF » d’Hitler était un
livre-programme.
Le premier publié en 1943 par
James Burnham (trotskiste devenu
conservateur, le grand ancêtre
idéologique des néocons) s’intitule
« THE STRUGGLE FOR THE WORLD »,
traduit de façon encore plus
explicite en « Pour la domination
mondiale » pour sa version française
de 1948. Le second c’est le « GRAND
ECHIQUIER » de Zbigniew Brezinski,
conseiller de Kissinger et
aujourd’hui d’Obama.
Tout le reste, coexistence
pacifique, G8 et G20, et autre
sucreries impérialistes sont là pour
endormir l’adversaire. Pour mieux
l’étouffer comme l’anaconda étouffe
ses proies. On y a cru à Bab-El
Aziziah, on y croit encore trop
souvent au Kremlin …
LE VERITABLE CLIVAGE POLITIQUE
: ETATISTES PATRIOTES VERSUS
LIBERAUX
Le véritable clivage politique
aujourd’hui n’av plus rien à voir
avec la droite et la gauche. Notion
obsolètes au moment où le FMI et les
agences de notation dictent leur loi
aux gouvernements. Leur ôtant toute
capacité de choix idéologique.
Ce clivage se révélait en
pleine lumière en Libye hier. Et en
Russie aujourd’hui. Il oppose les
patriotes partisans de l’Etat aux
libéraux vendus à l’Occident.
En Russie précisément, le
peuple a choisi et élu à la Douma
uniquement des représentants de
partis étatistes.
Les « analyses » occidentales
ignorent le fait majeur des
élections russes du 4 décembre 2011
: les voix et sièges perdus par le
parti présidentiel RUSSIE UNIE se
sont portés principalement sur les
nationaux-communistes du KPRF, le
Parti Communiste de la Fédération de
Russie de Ziouganov et sur les
patriotes de gauche de RUSSIE JUSTE.
C’est-à-dire sur les formations du
camp patriotique qui vont influencer
RUSSIE UNIE vers une opposition plus
radicale à l’Occident. Le 4e
parti représenté à la Douma étant le
LPD, les partisans de Jirinovski,
eux aussi patriotes et
anti-occidentaux.
La véritable opposition à
Poutine c’est précisément ce KPRF,
qui était, déjà, l’alternative dans
la Russie d’Eltsine. Non pas un
choix libéral, mais la version russe
du Système Loukashenko au Belarus !
Et le KPRF désigne clairement les
USA derrière les manifestations
anti-Poutine.
Les libéraux favoris de
l’OTAN, présents avec IABLOKO à ces
élections, ont fait autour de 3% et
n’ont aucun siège. Les Russes
rejettent durablement et dans leur
immense majorité le libéralisme qui
avait conduit la Russie d’Eltsine,
celle des années 1991-1999, à la
faillite.
CE QUE PENSE LA RUSSIE
PROFONDE
« Plus de la moitié des Russes
estiment que Staline a joué un rôle
"positif" pour le pays » …
Nous disait l’AFP, il y a 48h,
cette même agence de désinformation
sarkozyste qui claironne chaque jour
le « choix libéral » des russes !
La nouvelle Douma (chambre
basse du Parlement russe) s’est
réunie en effet ce mercredi pour la
première fois depuis les élections
législatives du 4 décembre.
Au moment où la Douma se
réunissait, les communistes du KPRF
– la véritable Opposition russe –
ont déposé des fleurs sur la tombe
de Staline sur la place Rouge pour
commémorer le 132e anniversaire de
sa naissance, en brandissant des
portraits du dirigeant soviétique.
Plus de la moitié des Russes
(51%) estiment que Staline, «
considéré en Russie à la fois comme
un tyran et comme le héros de la
victoire sur les nazis », a joué un
rôle "positif" pour le pays, selon
le dernier sondage de l’institut
indépendant Levada.
RESTE DONC à l’Occident à
tenter une révolution de couleur. La
boucle est bouclée ! La TV sarkozyste France 24 évoquait dès le
5 décembre « un printemps russe ». A
l’image du soi-disant « printemps
arabe » … Reprenant les menaces
proférées début octobre depuis
Tripoli par John Mc Cain (encore lui
!).
Facile à prévoir. Je
l’exposais à Moscou dès le 13
octobre … Après l’échec total des
libéraux aux élections législatives
du 4 décembre 2011, l’Occident fait
le choix d’une « révolution de
couleur » !
Elle est en cours en Russie …
LM
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