Focus
Le Hezbollah
libanais s'engage militairement en
Syrie en soutien de Damas
Luc Michel
Dimanche 26 mai
2013
PCN-SPO / Focus / 2013 05 25 /
Focus : Le fait du jour décrypté par Luc
MICHEL
pour le Service de Presse du PCN /
PCN-SPO Lu dans
AL-AKHBAR (Beyrouth)
Ce 25 mai 2013 :
"La Syrie, c'est la protection arrière
de la résistance, le support de la
résistance. La résistance ne peut rester
les bras croisés quand sa protection
arrière est exposée et quand son support
se brise. Si nous n'agissons pas, nous
sommes des idiots"
- Hassan Nasrallah, leader du Hezbollah
L’AXE GEOPOLITIQUE SYRIE-HEZBOLLAH-IRAN
L’axe Syrie-Hezbollah-Iran est une
réalité géopolitique régionale. Les
rapports sont complexes entre la Syrie
ba’athiste et l’Iran islamiste des
mollahs, avec son protégé libanais du
Hezbollah. Au-delà d’une alliance
géopolitique régionale de raison, tout
oppose en effet aux niveaux idéologiques
ou économiques les deux régimes. Le
socialisme laïque ba’athiste de Damas,
multiculturel, multiconfessionnel, ayant
peu de choses à voir avec l’islamisme
militant de Téhéran. Mais la
géopolitique est précisément ce qui va
au-delà des idéologies et qui repose sur
les intérêts vitaux des états. Et là
convergent les intérêts de la Syrie
ba’athiste et de Téhéran, avec son allié
libanais. La nature
de l’alliance de Damas avec le mouvement
chiite libanais Hezbollah repose aussi
sur une alliance géopolitique et des
intérêts vitaux communs. Saeed Kamali
Dehghan, un journaliste iranien
travaillant pour le Guardian
britannique, analyse que « la Syrie
offre à l'Iran un accès au Liban et au
Hezbollah ce qui revêt une importance
stratégique pour les dirigeants iraniens
du fait de la proximité géographique
entre le Hezbollah et Israël ». Selon Le
Nouvel Observateur citant récemment un
responsable libanais « Ce qui importe
pour le Hezbollah, c'est que la ligne
d'approvisionnement de Damas lui reste
ouverte. Et il est prêt à faire tout ce
qui sera nécessaire pour préserver cela
». L’inverse est
vrai. En particulier après l’éviction
forcée de Damas du Liban, où l’axe
stratégique avec le Hezbollah a permis à
la Syrie de maintenir une certaine
présence. L’armée syrienne avait du se
retirer du Liban en 2005, après 30 ans
de présence militaire, suite à une
offensive diplomatique occidentale.
On notera encore le front politique et
électoral qui unit au Liban même le
Hezbollah, la branche libanaise du Parti
Ba’ath Arabe Socialiste et leurs alliés
musulmans progressistes et nationalistes
chrétiens. Le Parti Ba’ath Arabe
Socialiste, créé en 1956, est la branche
du Parti Ba’ath syrien au Liban (il y a
aussi un Parti Ba’ath irakien, avec une
branche libanaise, héritage de la
rivalité suicidaire entre les deux
capitales ba’athistes Damas et Bagdad).
Ses leaders sont Fayez Chkor et le
député libanais Assem Qanso.
L’ENGAGEMENT MILITAIRE STRATEGIQUE DU
HEZBOLLAH Il semble
que le Hezbollah ait décidé de s’engager
publiquement à l’occasion de la bataille
décisive de Qusseir. Jusque là il se
contentait de sécuriser la frontière
libano-syrienne et les lignes de
communication et d’approvisionnement
syriennes entre Beyrouth et Damas et
Tripoli (Liban) et Lataquié (centre de
la région alouite et base arrière du
gouvernemen,t ba’athiste).
Depuis une semaine, le Hezbollah est
engagé dans une bataille féroce aux
côtés de l'armée syrienne pour la
conquête de Qousseir. Hassan Nasrallah a
rejeté en outre toute possibilité de
faire alliance avec les rebelles. "Le
Hezbollah ne peut pas être sur le même
front que les Etats-unis, Israël, les
takfirine (sunnites extrémistes) qui
pratiquent l'éviscération, décapitent et
profanent les tombes"…
Le chef du mouvement chiite libanais
Hezbollah Hassan Nasrallah a promis ce
samedi à ses partisans la victoire dans
la guerre en Syrie où son mouvement est
engagé aux côtés de l'armée
gouvernementale contre les rebelles.
"Je dis aux gens honorables, aux
moujahidine, aux héros: comme je vous ai
toujours promis la victoire, je vous en
promets une nouvelle", a-t-il déclaré
lors d'une cérémonie tenue à Machghara,
dans le sud-est du Liban, à l'occasion
du 13è anniversaire du retrait israélien
du Liban. Son
discours était retransmis sur un écran
géant car il ne se montre pas en public
pour des raisons de sécurité, notamment
les exécutions ciblées de Tsahal. "La
Syrie, c'est la protection arrière de la
résistance, le support de la résistance.
La résistance ne peut rester les bras
croisés quand sa protection arrière est
exposée et quand son support se brise.
Si nous n'agissons pas, nous sommes des
idiots", a-t-il souligné.
Déjà le 30 avril dernier, le chef du
Hezbollah reconnaissait officiellement
la participation de combattants du
Hezbollah aux combats en Syrie. Il
déclarait que « Durant ces derniers
jours les agressions se sont amplifiées
contre les villages dans la province de
Qosseir (frontalière avec le Liban).
Plus de 30 000 Libanais, de différentes
confessions, habitent dans cette région.
Au moment où on réclamait la trêve, les
groupuscules armés la refusaient car ils
avaient d’autres projets à exécuter.
Conformément à nos informations,
certaines parties libanaises sont
impliquées dans ces agressions, ce qui a
poussé l’armée syrienne à affronter les
agresseurs et à protéger ces villages.
Depuis 2 ans, certains libanais sont
impliqués dans l’envoi de combattants en
Syrie via la Turquie, la Jordanie et
l’Irak. Et si vous voulez un jour on en
dévoilera les noms et les détails.
Aussi, il est normal de notre part
d'accorder toute l'aide possible et
nécessaire pour épauler l'armée
syrienne, les comités populaires et les
habitants libanais ».
Les « Comités populaires » sont les
nouvelles milices de quartier, milices
populaires créées par Damas sur le
modèle des « comités de défense de la
Révolution », les CDR cubains. Leur
création a changé le visage de la guerre
civile et permis le nettoyage des
villes. Selon une enquête récente de la
chaine russe RT, « 75% des syriens
soutiennent le gouvernement Assad ».
Beaucoup le font désormais les armes à
la main contre la violence, le
sectarisme et les exactions des gangs
djihadistes. Hasan
Nasrallah affirmait aussi ce 30 avril
que « La Syrie compte dans la région et
dans le monde de vrais amis qui ne
permettront pas que ce pays tombe dans
les mains des Américains, des Israéliens
ou des groupes takfiri ». Hassan
Nasrallah a rejeté en outre toute
possibilité de faire alliance avec les
rebelles. "Le Hezbollah ne peut pas être
sur le même front que les Etats-unis,
Israël, les takfirine (sunnites
extrémistes) qui pratiquent
l'éviscération, décapitent et profanent
les tombes"… Le 9
mai 2013, le quotidien libanais
al-Akhbar précisait que le Président
Assad avait déclaré que la Syrie allait
« tout donner au Hezbollah en
reconnaissance de son soutien et qu'il
allait suivre son modèle de résistance
contre Israël (…) Pour la première fois,
nous avons senti que nous et eux vivions
la même situation et qu'ils ne sont pas
seulement des alliés que nous soutenons
».
Assad a aussi exprimé « sa
confiance, satisfaction et grande
gratitude envers le Hezbollah » …
PalSol
Luc MICHEL
(avec Syria Committees – AFP - The
Guardian - al-Akhbar – SANA)
http://www.lucmichel.net/2013/05/26/luc-michel-focus-le-hezbollah-libanais-sengage-militairement-en-syrie-en-soutien-de-damas/
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