EODE
Les Malouines
votent pour dire si
elles veulent rester britanniques
Luc Michel
Lundi 11 mars
2013 Luc MICHEL pour
EODE Press Office avec AFP / 2013 03 11
/
http://www.facebook.com/EODE.monitoring
http://www.eode.org/category/eode-international-elections-monitoring/international-elections-survey/
Les Malouines votent pour dire si elles
veulent rester britanniques.
Un référendum d'autodétermination, non
conforme aux lois internationales, et
dénoncé comme une "manipulation" par
l'Argentine. UN
REFERENDUM ORGANISE PAR LONDRES
Les habitants des Malouines sont appelés
aux urnes ces dimanche et lundi pour
montrer au monde leur détermination à
rester dans le giron britannique, un
référendum d'autodétermination dénoncé
comme une "manipulation" par l'Argentine
qui revendique cet archipel perdu dans
l'Atlantique Sud.
Les "Islanders", comme ils se désignent
eux-mêmes, vont pour la première fois de
leur histoire voter pour dire si oui ou
non ils veulent "que les Malouines
restent un territoire d'outre-mer du
Royaume-Uni". Les
bureaux de vote ont ouvert de 10H00 à
18H00 locales (13H00 à 21H00 GMT)
pendant 48H pour permettre aux 1.672
électeurs de se prononcer. Une tache
compliquée dans ce chapelet d'îles de
12.000 km2 battu par les vents, où
vivent au total 2.500 personnes et une
garnison de 1.300 soldats britanniques.
Pour éviter que les électeurs ne soient
découragés par la perspective de longs
trajets, sur des routes souvent non
goudronnées, des urnes ont été
transportées en 4X4, et même en avion,
dans les zones les plus reculées.
Des observateurs internationaux, venus
notamment d'Amérique latine, sont venus
s'assurer du bon déroulement du scrutin,
qui a attiré aussi des dizaines de
journalistes du monde entier sur
"l'archipel de la discorde".
ENTRE REVENDICATIONS ARGENTINES ET REVE
D’INDEPENDANCE Si la
victoire du "oui" ne fait pas de doute,
le taux de participation sera un élément
clé de ce scrutin, que les autorités
locales - avec la bénédiction du
Royaume-Uni, le véritable maître d’œuvre
du référendum - entendent utiliser pour
faire avancer leur cause aux yeux du
monde, et décourager les visées
argentines.
Certains habitants, qui caressent l'idée
d'une indépendance, pourraient aussi
être tentés par le "non".
"Nous espérons une très forte
participation, parce que c'est le plus
important. Cela montrera au monde que la
majorité des gens d'ici ne veulent pas
(...) devenir une colonie argentine", a
expliqué Barry Elsby, député de
l'assemblée législative locale, sur Sky
News. Situées à 400
km des côtes argentines et à 12.700 km
de Londres, les Malouines sont sous
contrôle britannique depuis 1833. Mais
l'Argentine estime qu'elle a un droit
historique sur ce territoire, un
contentieux qui a débouché sur une
guerre éclair entre les deux pays en
1982, responsable de plus de 900 morts.
Guerre voulue et dirigée par Margaret
Thatcher, la « dame de fer », fidèle à
son surnom dans cette affaire aussi (*).
La découverte de pétrole en 1998 dans
l'archipel, qui vit pour l'heure
essentiellement de la pêche, a contribué
à envenimer la querelle même si son
exploitation demeure encore
hypothétique.
LA PROPAGANDE BRITANNIQUE OMNIPRESENTE
A l'approche du scrutin, l'"Union Jack"
a fleuri un peu partout dans les rues,
tandis que des affiches appellent à
voter "oui" dans les vitrines.
Quelques heures avant l'ouverture des
bureaux de vote, une caravane de 4X4 a
formé un immense "YES", dans les
environs de Stanley, la capitale.
Le Penguin News, le journal local qui
doit son nom aux colonies de pingouins
qui peuplent l'archipel aux côtés d'un
demi million de moutons, a encouragé ses
lecteurs à participer à l'événement:
"Apportez vos drapeaux. Maquillez-vous
le visage, surtout les enfant", et
"quand des journalistes passent sous vos
fenêtres, souriez, saluez les ou levez
le pouce", a-t-il conseillé. Une parade
est prévue dimanche après-midi dans les
rues de Stanley.
LA POSITION ARGENTINE : UN SCRUTIN SANS
"AUCUNE BASE LEGALE"
Les résultats seront connus dans la nuit
de lundi à mardi. Mais l'Argentine a
d'ores et déjà prévenu que ce scrutin
sans "aucune base légale" ne mettrait
pas "un terme au différend" sur la
souveraineté des Malouines. Buenos Aires
n'y voit qu'une "tentative de
manipulation britannique" et continue de
réclamer des pourparlers bilatéraux avec
Londres. Une demande régulièrement
rejetée par le Royaume-Uni au nom du
droit des peuples à disposer
d'eux-mêmes. Selon
un sondage réalisé par YouGov pour Sky
News, 15% seulement des Argentins
reconnaissent aux habitants des
Malouines le droit de se prononcer sur
leur avenir.
Le prix Nobel de la paix argentin Adolfo
Perez Esquivel a lui-même écrit au
gouvernement britannique pour dénoncer
ce référendum dont les "Nations unies
n'ont pas décidé la tenue".
Mais les autorités des Malouines font la
sourde oreille car ce scrutin va mettre
ces îles "au premier plan de l'actualité
internationale", se réjouit Sukey
Cameron, leur représentante à Londres.
LM
http://www.eode.org/eode-international-elections-monitoring-les-malouines-votent-pour-dire-si-elles-veulent-rester-britanniques/
(*) La guerre des Malouines est un
conflit qui a opposé l'Argentine au
Royaume-Uni dans les îles Malouines,
Géorgie du Sud et Sandwich du Sud. Se
déroulant du 2 avril, date du
débarquement argentin sur ces
différentes îles, au 14 juin 1982, date
du cessez-le-feu, le conflit se conclut
sur une victoire britannique qui permit
au Royaume-Uni d'affirmer sa
souveraineté sur ces territoires.
Causé par la volonté de la dictature
argentine d’alors d'obtenir
militairement une solution favorable à
ses intérêts dans le différend qui
l'opposait au Royaume-Uni quant à la
souveraineté de ces archipels (placés
par les Nations unies sur la liste des
territoires contestés), ce conflit
s'inscrit dans la continuité de
nombreuses controverses qui commencèrent
à la découverte de ces îles. En effet,
elles furent occupées successivement par
l'Espagne, la France puis le Royaume-Uni
malgré les revendications argentines
pour la reconnaissance de ces
territoires comme faisant partie de la
province de Terre de Feu, Antarctique et
Îles de l'Atlantique Sud.
Sur le plan humain, le bilan de cette
guerre fut de 649 militaires argentins,
de 255 britanniques et de trois
insulaires. Politiquement, la déroute
argentine eut de lourdes conséquences
puisqu'elle précipita la chute de la
junte militaire qui gouvernait alors le
pays et qui fut remplacée par un
gouvernement démocratiquement élu. De
son côté, le gouvernement conservateur
de Margaret Thatcher sortit renforcé de
cette victoire et fut réélu en 1983.
Malgré trois décennies passées et les
tentatives répétées de pacification du
conflit, les Nations Unies considèrent
toujours les archipels comme des
territoires dont la souveraineté n'a pu
être départagée entre l'Argentine et le
Royaume-Uni.
(Infographie AFP)
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