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Le prétexte qui a justifié le
bombardement de la Yougoslavie était un énorme mensonge
Le "massacre" serbe de Racak n'a jamais eu
lieu
Louis Magnin
Dr Helena Ranta
Mercredi 4 février 2009
La Dr Helena Ranta, responsable de l'équipe d'enquêteurs sur le
terrain, révèle comment elle a été obligée de confirmer la
version officielle d'une sinistre mise en scène.
Helena Ranta, une spécialiste finlandaise de médecine légale de
renommée mondiale, âgée de 62 ans, vient de publier sa
biographie à Helsinki, écrite avec l’aide de Kaius Niemi, un des
directeurs du journal Helsingin Sanomat. Elle était la
responsable de l’équipe d’enquêteurs internationaux chargée sur
place du rapport sur les événements qui s’étaient déroulés dans
le village de Racak, au Kosovo, où 45 cadavres avaient été
découverts en 1999. La sinistre trouvaille avait été
immédiatement transformée par les médias occidentaux en un
massacre de civils albanais attribué aux Serbes, suscitant
l’indignation mondiale, et servant de prétexte justificatif du
bombardement de la Yougoslavie. Dans son livre, Helena Ranta
fait des révélations spectaculaires sur les pressions qu’elle a
subies pour accréditer la fausse version de la culpabilité
serbe, faisant ainsi voler en éclats un des plus grands
mensonges de la guerre dans les Balkans.
Elle y raconte que William Walker, le chef américain de la
mission de l’OSCE au Kosovo pendant l’hiver 1998-1999, a brisé
son cra-yon en bois et lancé les morceaux à sa figure, furieux
des conclusions de son rapport, qui n’avaient pas utilisé “un
langage suffisamment convaincant” à propos des atrocités serbes.
Elle y décrit les pressions de trois fonctionnaires du ministère
finlandais des Affaires étrangères qui exigeaient d’elle “des
conclusions plus approfondies”. “J’ai conservé leurs e-mails”
a-t-elle dit à son éditeur à Helsinki.
Une déclaration imposée
En 1999, elle avait été obligée de déclarer à la presse “oui, il
s’agit d’un crime cotre l’humanité”. Mais le journaliste
finlandais Ari Rusila, expert pour les Balkans, écrit dans un
article sur le livre d’Helena Ranta que, pendant son enquête,
elle avait voulu que ses résultats ne soient en faveur ni des
uns ni des autres et avait essayé de se soustraire aux
infleunces politiques, mais que, dès le début, elle travaillait
sous une intense pression de sa hiérarchie et des médias. Les
autorités voulaient qu’elle prouve que les coups de feu ayant
tué les victimes étaient les coups de grâce d’une exécution.
L’objectif de Walker était d’aider l’UCK et de mettre en scène
un massacre attribué aux Serbes permettant l’intervention
militaire des Occiden-taux, qui s’est produite au printemps
1999.
Ranta précise que le chef à l’époque de la section politique du
ministère, Pertti Torstila, aujourd’hui secrétaire d’Etat, lui a
demandé de retirer de son rapport un commentaire “modérément
critique” de la politique du gouvernement. Torstila a démenti
cette affirmation en se prétendant “stupéfait”.
L’intérêt de ces révélations est qu’elles confirment de façon
définitive des doutes qui se manifestaient déjà à l’époque. Un
article du 1er février 2001 de FAIR (Fairness & Accuracy in
Reporting – Equité et exactitude dans le reportage) fait état du
black-out des médias à leur propos. Il revient sur le
déroulement des faits.
Un “horrible massacre”
En janvier 1999, William Walker annonce que les soldats serbes
ont massacré 45 Albanais du village de Racak. Il qualifie la
tuerie d’“horrible massacre”, précisant que les victimes étaient
toutes des civils, brutalement exécutés, certains d’entre eux
même mutilés après leur mort.
Une fois l’histoire du massacre évoquée dans ses plus
bouleversants détails par les grands médias du monde entier, la
poussée vers la guerre s’est intensifiée et les alliés européens
hésitants ont fait un pas décisif en ce qui concernait
l’autorisation de frappes aériennes. Selon un article du
Washington Post du 18 avril 1999, “Racak a transformé la
politique balkanique de l’Occident comme peu d’événements isolés
ont pu le faire.”
Des doutes font surface
Des questions troublantes ont pourtant vite vu le jour, mettant
le massacre en doute et évoquant la possibilité que l’incident
ait été manipulé pour pousser l’OTAN à la guerre, mais elles ont
été complètement ignorées par les médias américains de l’époque.
Des articles importants de correspondants chevronnés en
Yougoslavie s’interrogeant sur la version de William Walker ont
pourtant été publiés par des journaux français comme Le Figaro
(“Nuages noirs sur un massacre”, 20/1/99), et Le Monde (“Les
morts de Racak ont-ils réellement été massacrés de sang-froid
?”, 21/1/99). Le quotidien allemand Berliner Zeitung a rapporté,
le 13/3/99, que plusieurs gouvernements, dont l’Allemagne et
l’Italie, demandaient à l’OSCE de renvoyer William Walker, à la
lumière d’informations reçues de contrôleurs de l’OSCE au Kosovo
selon lesquelles les corps de Racak “n’étaient pas – comme le
prétend Walker – des victimes d’un massacre serbe de civils”
mais ceux de combattants de l’UCK tués au combat.
Un rapport occulté pendant deux ans
Le Sunday Times de Londres (12/3/99) a écrit que l’équipe
d’observateurs américains de Walker travaillait secrètement avec
la CIA pour pousser l’OTAN à la guerre. Selon le journal, “Les
diplomates européens collaborant à l’époque avec l’OSCE
affirment avoir été trahis par une politique américaine rendant
les frappes aériennes inévitables.”
Après le massacre, l’Union européenne a embauché l’équipe de
scientifiques finlandais dirigée par Ranta pour enquêter sur les
morts. Son rapport a été gardé secret pendant deux ans. Les
médias US l’ont ignoré, malgré le fait que le rapport ait conclu
qu’il y avait eu en effet des morts à Racak, mais qu’il n’y
avait aucune preuve de massacre.
Selon le Berliner Zeitung du 16/1/01, les enquêteurs finlandais
n’ont pas pu établir que les victimes étaient des civils, s’ils
étaient de Racak, ni où ils avaient été tués. De plus, ils n’ont
trouvé qu’un seul cadavre montrant des traces d’exécution, et
aucune preuve que des corps aient été mutilés. Le journal
précise que ces conclusions avaient été finalisées en juin 2000,
mais qu’elles ont été occultées par l’ONU et l’UE. Aucun journal
américain n’en a parlé.
Un second article de FAIR, daté du 18 juillet 2001, soulève à
nouveau des questions.
De nouvelles informations sur l’incident de Racak ont vu le
jour.
Des douilles introuvables
Selon le documentaire de la Canadian Broadcasting Company, “La
route de Racak” (The World at Six, 29/5/2000), quand l’envoyé
spécial du Figaro Renaud Girard est arrivé au village, il a été
surpris de voir que William Walker n’avait pas isolé la scène du
crime pour permettre l’enquête. Il s’est également étonné de ne
trouver pratiquement aucune douille sur le sol. “C’était
étrange, a-t-il dit à la CBC. Peut-être quelqu’un les avait
ramassées.” De retour à Pristina le même jour, il a parlé à son
confrère Christophe Cha-telot du Monde de l’apparente absence de
douilles. Chatelot a demandé à l’un des observateurs de Walker,
un capitaine de l’armée américaine, pourquoi on n’en avait pas
trouvées. “C’est parce que je les ai prises, a répondu le
capitaine, j’en fais collection.” Le capitaine “a déclaré à
Chatelot qu’il avait ramassé toutes les douilles en arrivant sur
la scène.”
Intrigué, Chatelot est retourné à Racak le lendemain. Quand il a
essayé de trouver le capitaine américain, celui-ci était “tout à
coup introuvable”. Chatelot affirme que la mission de l’OSCE lui
a dit : “Nous ne le connaissons pas. Il n’a jamais été ici.”
Quand il a demandé à parler aux quatre contrôleurs qui étaient
présents à Racak et dans ses environs le jour de la tuerie, on
lui a dit que leurs noms étaient subitement devenus un secret
“classé confidentiel”. “C’est très curieux”, a-t-il dit à la
CBC.
Des agents de la CIA
Plus tard, il est apparu que l’équipe d’observateurs américains
de Walker était en grande partie composée d’agents secrets
appartenant à la CIA.
Dans son discours à la nation du 19 mars 1999, annonçant la
décision de l’OTAN de lancer les frappes aériennes sur la
Yougoslavie, le président Bill Clinton a dit : “Au moment où
nous nous préparons à agir, nous devons nous rappeler des leçons
apprises dans les Balkans. Nous devons nous souvenir de ce qui
est arrivé dans le village de Racak en janvier – des hommes
innocents, des femmes et des enfants ont été arrachés à leurs
foyers, amenés dans un ravin, forcés à s’agenouiller dans la
boue et mitraillés – pas pour quelque chose qu’ils auraient
fait, mais simplement pour ce qu’ils étaient.”
Tout récemment, le Byzantine Blog a marqué le neuvième
anniversaire de l’affaire de Racak en rappelant que le jour de
Noël 1993, 49 civils serbes avaient été massacrés dans le
village bosniaque de Kravice par des troupes musulmanes basées à
Srebrenica, un épisode qui n’a entraîné qu’une prudente
condamnation des responsables internationaux, bien loin de
l’impitoyable bombardement de 78 jours qui a suivi la mort à
Racak de 45 Albanais armés.
Le site en profite pour rappeler quelques détails
supplémentaires que nos grands médias ont passé sous silence.
Une brigade sur place de l’UCK
Dès son arrivée sur place, Walker a accusé la police serbe du
massacre, alors que c’était une police yougoslave multiethnique
qui menait les actions antiterroristes au Kosovo. Ses opérations
ont été suivies par les contrôleurs de l’OSCE, deux équipes de
télévision étrangères et un grand nombre d’envoyés spéciaux de
différents pays : aucun d’entre n’a assisté à un massacre avant
que Walker n’en ait vu un. Au début de janvier 1999, le poste de
commandement d’une brigade de l’UCK de 126 hommes avait été
installé à Racak. Parmi eux se trouvait la famille Mujota,
connue pour avoir assassiné six policiers serbes. Les villages
environnants de Petrovo, Luzak et Rance étaient sous le contrôle
de l’UCK.
Une opération contrôlée par l’OSCE
La police yougoslave a informé la mission de l’OSCE de son
intention de lancer un raid anti-terroriste sur le village de
Racak. L’action a débuté à 8 heures. Selon Renaud Girard, la
police n’avait rien à cacher, puisqu’à 8 h 30 elle a invité une
équipe de TV (deux reporters d’Associated Press) à filmer
l’opération. Des membres de l’OSCE étaient présents et des
contrôleurs ont observé le village pendant toute la journée à
partir d’une vallée voisine.
A 15 h, un rapport de la police a été rendu public par le
International Press Center de Pristina, qui précisait qu’au
cours des combats à Racak, 15 terroristes de l’UCK avaient été
tués, et qu’une quantité significative d’armes avait été
confisquée. A 15 h 30, les forces de police, accompagnée par
l’équipe de TV d’Associated Press, ont quitté le village,
emportant une pièce lourde d’artillerie de calibre 12,7 mm, deux
engins d’artillerie portables, deux fusils de snipers et 30
kalashnikovs fabriqués en Chine. A 16 h 30, un reporter français
a traversé le village en voiture, et y a vu trois véhicules
oranges de l’OSCE. Les contrôleurs internationaux parlaient
tranquillement avec trois adultes albanais en civil. Ils
cherchaient des civils éventuellement blessés. En retournant au
village à 18 h, le reporter les a vus emmener deux femmes et
deux vieillards légèrement atteints.
126 terroristes et 4 instructeurs
Au centre du village, dans une maison où avait été installée la
base de l’UCK, la police a trouvé un ordinateur contenant des
informations sur la brigade de l’UCK et la liste de ses 126
membres, dont faisaient partie quatre personnes avec des noms
anglo-saxons, qui ont été considérées comme des instructeurs
étrangers.
Quand les policiers yougoslaves ont investi le village, et
commencé à sécuriser les routes et les tranchées, ils ont été
attaqués par les Albanais à partir du Lake Mountain (Jezerska
planina) et des villages avoisinants. Pris sous le feu d’une
forte offensive et placés en contre-bas, ils ont du se replier.
C’est alors qu’a eu lieu la grande mise en scène destinée à
impressionner le monde entier.
Des cadavres déplacés et rhabillés
Les membres de l’UCK revenus dans Racak ont récupéré dans les
ravins et vallons les corps des Albanais tués pendant le combat
et les ont rassemblés dans un champ où auparavant il n’y en
avait aucun. L’équipe de TV d’AP qui était entrée plus tôt dans
le village avec la police a certifié que le champ où on avait
empilé les cadavres des victimes soi-disant exécutées était à ce
moment vide. Les Albanais ont rhabillé en civils une quarantaine
de morts, et ont emmené les autres cadavres en uniforme à
Budakovo, où ils les ont probablement enterrés.
Le lendemain matin tôt, Walker est arrivé au champ pour indiquer
comment les corps devaient être disposés pour faire croire à un
massacre. La mise en place achevée, il a fait venir les équipes
de TV et les journalistes. La description détaillée de l’épisode
figure dans le livre du reporter Milorad Drecun intitulé “La
seconde bataille du Kosovo”, au chapitre “Le mensonge de Racak”.
Les frappes “humanitaires”
L’agence Tanjug rappelle, à l’occasion de cet anniversaire, que
la secrétaire d’Etat US de l’époque, Madeleine Albright, avait
dit à CBS que “des dizaines de personnes avaient été égorgées à
Racak” et que la seule solution était “des frappes aériennes
humanitaires sur la Yougoslavie”.
Dossier préparé par Louis MAGNIN.
B. I. n° 138, décembre 2008
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