Info Syrie
L'insurrection
islamiste contre TOUS les Syriens
Louis
Denghien & Cécilia
Obsèques
d’un membre de l’ASL tué par des
miliciens kurdes à Azaz,
près de la frontière turque :
le reporter de L’Orient Le Jour y a
entendu des « cris de haine contre les
kurdes »…
Mercredi 31 octobre
2012 Nous le supposions hier, et
n’avions pas grand mérite à le
faire, mais les hostilités
semblent bien ouvertes depuis ce
week-end entre les combattants
kurdes syriens du PYD et l’ASL
et les diverses bandes
islamo-opposantes du nord de la
Syrie. Ce 31 octobre, le
quotidien libanais anti-syrien
L’Orient Le Jour fait sa
une sur les combats survenus ces
dernières 24 heures dans le
secteur frontalier, près de la
ville d’Azaz (une trentaine de
kilomètres au nord d’Alep) et le
titre de l’article est sans
équivoque : «
Combats entre rebelles arabes et
milices kurdes, l’autre front de
la guerre en Syrie ».
Les
militants kurdes vus comme «
chiens d’Assad
»
Le reporter du
quotidien d’opposition libanaise
raconte les obsèques d’un de ces
rebelles, auxquels les Kurdes
reprochent moins d’être arabes
qu’islamistes, Mohammad Hafar, qui a
été tué par balles alors qu’il
tentait de porter secours à son
frère Faysal, mortellement blessé
dans des combats entre rebelles
arabes et milices kurdes dans le
nord de la Syrie, près de la
frontière turque. Quatre rebelles
ont péri dans ces affrontements, les
deuxièmes en 48 heures, près du
village kurde de Yazi Bah, selon des
combattants rebelles rencontrés dans
leur bastion d’Azaz. Le journaliste
libanais, au cours de ces obsèques,
a pu recueillir ce cri du coeur d’un
activiste ASL blessé dans les
combats d’Alep contre l’armée
régulière : «
L’ennemi est à présent le PKK
(Parti des travailleurs du
Kurdistan, implanté en Irak et en
Turquie, mais parti frère du PYD
syrien),
ce
sont les chiens d’Assad !«
Le problème est que le
PYD/PKK est la principale expression
militaire et politique d’une
communauté kurde syrienne estimée à
600 000 âmes dans cette région au
nord d’Idleb, d’Alep et jusqu’à
Qamichli, à la pointe nord-est du
pays. Or le PYD, s’il ne brûle pas
d’amour pour le régime syrien, a
effectivement conclu un accord avec
lui, s’occupant notamment du
contrôle de plusieurs postes sur la
frontière turque, ce qui accroit les
tensions avec les bandes rebelles
qui veulent y faire transiter armes
et équipements.
L’Orient Le Jour indique que
les miliciens kurdes ont ainsi
interdit aux rebelles d’entrer armés
dans la ville d’Ifrine après avoir
conclu un accord avec les autorités
pour le départ des forces
gouvernementales.
Les troupes se sont donc retirées
mais un poste des forces de sécurité
demeure avec un portrait du
président Assad accroché à la
façade.
L’incident de Yazi Bah,
survenu après les affrontement d’Achrafyeh
la semaine dernière, n’est pas isolé
: dimanche, le bataillon de l’ASL «
Tempête du nord » a lancé un
assaut contre Kastal-Gendo, une
localité kurde de la province
d’Alep. Son chef, Ammar Dadikhi,
connu au Liban sous le pseudonyme
Abou Ibrahim, et comme étant le
kidnappeur des pèlerins libanais,
semble avoir été tué ainsi que 4
autres éléments de sa milice.
Cette dernière information,
dont nous faisions état mardi, a été
diffusée par la télévision libanaise
al-Mayadeene, puis relayée par
plusieurs autres médias, mais n’a pas
été confirmée de source rebelle. La
chaine de télévision
al-Arabiyya (financée par l’Arabie
saoudite) l’a démentie. Fortement
médiatisé depuis l’enlèvement des
pèlerins libanais, et les soubresauts
que cette affaire a connus, il est
apparu tout récemment alors qu’il
préparait ses hommes à attaquer les
localités kurdes. Depuis, il n’a plus
fait son apparition. Selon
al-Mayadeene,
il a péri des mains d’éléments des
Comités populaires kurdes.
Un Kurde torturé à
mort
Un qui s’inquiète
ouvertement de cette évolution, c’est
Rami Abdel Rahmane, patron de la
désinformation sur la Syrie à
destination de l’Occident via son
Observatoire syrien des droits de
l’homme (OSDH). Au point de dénoncer les
méthodes de ses amis islamistes et ASL
vis-àvis … des Kurdes. On se souvient
qu’un groupe rebelle avait raflé ce
week-end, 200 habitants kurdes d’Achrafyeh,
lors de leur agression contre ce
quartier nord d’Alep. Eh bien, selon les
propres termes de R.A. Rahmane, l’un
d’eux, Khaled Bahjat Hamdu, un Kurde de
37 ans, «
est mort de blessures causées par les
tortures qui lui ont été infligées alors
qu’il était détenu par un groupe armé
près du village de Hayan ».
Conduit à Hayan, au nord
d’Alep, Hamdu «
a été torturé avec des décharges
électriques. Il faisait partie des 120
Kurdes libérés dimanche, mais il était
si faible qu’il est mort le lendemain
matin », précise encore Rami Abdel
Rahmane.
« Certains
des groupes armés utilisent les méthodes
répressives du régime », a-t-il
dénoncé. «
Nous ne devons pas rester silencieux
face à cela ». Un scrupule qui
honore ponctuellement le patron de
l’OSDH qui n’a pas hésité en 20 mois de
carrière à couvrir nombre de massacres
et d’exactions de ses amis insurgés, ou
à les attribuer au gouvernement, comme à
Houla en mai dernier.
Ces
scrupules s’expliquent par l’immense
péril encouru par la rébellion dans son
bastion nord, si les Kurdes joignent
leurs forces à celles de l’armée
régulière. Dimanche 28 octobre, le PKK a
menacé dans un communiqué d’intervenir
en personne pour défendre les régions
kurdes syriennes – ce qu’il appelle le «
Kurdistan
occidental » – et donc d’entrer en
guerre contre l’ASL.
Un chrétien assassiné
à Homs
Mais les Kurdes ne sont
pas, on le sait, les seules victimes de
la logique folle, sectaire et
messianique des groupes islamistes.
Samedi dernier, à Homs, une de ces
bandes traquées par l’armée s’est vengée
des déboires de la rébellion locale en
assassinant Elias Mansour, un vieil
homme de confession chrétienne du
quartier de Wadi Sayeh. Fervent partisan
du régime et de l’armée régulière, il a
été abattu par un sniper du bataillon
Al-Farouq de l’ASL.
Et puisque nous parlons des
chrétiens, sept arméniens viennent
d’être enlevés, le 30 octobre, sur
l’autoroute Alep/Damas, leur minibus
ayant été intercepté par une bande de
cette opposition hantée par l’épuration
ethnique et néanmoins soutenue par les
gouvernements européens. Le ministère
arménien des affaires étrangères a
confirmé l’information. A quand des
enlèvements de russes, au fait ?
Les Sunnites aussi
Les Sunnites syriens ne
sont pas non plus épargnés. Il suffit
d’être partisan du régime pour être
banni et mériter la peine de mort. Il en
est du moins ainsi dans la localité de
Salkine kilomètres d’Idleb. Selon le
site (pro-gouvernement)
Syrian Documents, la milice
d’obédience al-Qaïda Jabhat-Nusrat (le
front al-Nosra) y a instauré un
tribunal, pour soi-disant juger les
civils qui sont pro-régime. Sept civils
seraient passés à la barre. L’un d’entre
eux, condamné à mort, a été exécuté sur
la place principale de la localité,
alors que les six autres ont été emmenés
vers un lieu inconnu, après avoir été
battus et trainés dans les rues.
Lundi, selon le même site, l’ASL a
exécuté sept civils syriens dans la même
localité et pour la même raison. Ce
jour-là, cette milice avait tué 25
civils de la localité frontalière de
Harem situé dans la province d’Idleb et
assiégée depuis des semaines par l’ASL,
dans un pilonnage violent. La sociologie
de Harem laisse supposer qu’ils sont
tous sunnites !
Le tribut des
Palestiniens : 500 tués ?
Sunnites encore,
certainement, les militants palestiniens
du FPLP qui ont défendu en début de
semaine le très important camp de
réfugiés palestiniens de Yarmouk, au sud
de Damas, contre les attaques des bandes
insurgées, dont certains membres
seraient des Palestiniens
anti-gouvernementaux. Les combats
semblaient s’être calmés. Selon
Syrian
Documents, six ASL ont péri dans
ces affrontements plus ou moins
fratricides.
Dans ce contexte, le responsable du
Hamas Ezzat Rachek a révélé sur le site
en ligne de la télévision iranienne
arabophone
al-Alam que pas moins de 528
Palestiniens ont été tués depuis un an
et demi en Syrie, la grande majorité
d’entre eux ayant été victime des obus
et belles de l’insurrection.
Une fable chaque jour
(ou chaque mois) plus inaudible
En résumé, la logique
confessionnelle, extrémiste et
totalitaire de nombre des bandes
sévissant en Syrie est une menace pour
toutes les communautés syriennes, et à
des degrés divers, les resserre autour
de l’actuel gouvernement. C’est évident
pour les Syriens, mais cela devient
aussi de plus en plus difficile à
ignorer du côté des Occidentaux dont le
storytelling politico-médiatique
sur la Syrie est devenu difficilement
exprimable ou audible. Ne croyant plus à
la possibilité d’une victoire, politique
et militaire, de ses protégés du CNS et
de l’ASL, le messianisme démocratique a
sans doute fait place, dans les
antichambres transatlantiques, à un
cynisme meurtrier : la seule mission
assignée désormais aux bandes islamo-atlanto-golfistes
est de ravager et d’affaiblir au maximum
un maillon essentiel de la chaîne
unissant le Hezbollah à la république
islamique d’Iran. Un Laurent Fabius,
notamment, doit se satisfaire de ce «
service minimum ». Sauf que la Russie
est devenue de fait un maillon de cette
chaîne.
Publié le 31 octobre 2012 avec l'aimable
autorisation d'Info Syrie
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