Opinion
Sergueï Lavrov :
la Russie ne demandera pas à Bachar al-Assad
de démissionner
Louis
Denghien
Juppé et
Lavrov en septembre 2011 : le premier
n'a toujours pas convaincu le second de
l'excellence de ses "solutions", ni
surtout de la pureté de ses intentions,
vis-à-vis de la Syrie
Mardi 31 janvier
2012
Cela risque de tuer
le suspense – et d’attrister un peu plus
Alain Juppé – mais le chef de la
diplomatie russe vient de le réaffirmer
: Moscou ne demandera pas au président
syrien de quitter le pouvoir.
S’exprimant mardi après-midi 31 janvier
depuis Sydney en Australie où il était
en visite diplomatique, Sergueï Lavrov a
ainsi motivé la position de son pays sur
la Syrie, et plus particulièrement sur
son chef : «
La
politique russe ne consiste pas à
demander à quelqu’un de démissionner. Le
changement de régime n’est pas notre
profession » a-t-il déclaré à la
chaîne australienne
ABC.
Cette mise au point du
ministre russe des affaires étrangères
ne constitue en aucun cas une surprise.
Mais c’est une mise au point qui vient,
si l’on peut dire, à point, juste avant
la réunion de ce soir à New York du
Conseil de sécurité, où doit être
examiné le plan arabe – « amélioré » et
approuvé par les Euro-américains – pour
un soi disant règlement de la crise
syrienne. On rappellera que la clef de
voute du dit plan était le départ du
pouvoir de Bachar au profit de son
vice-président, lequel serait chargé de
négocier avec l’opposition CNS, et de
former avec elle un « gouvernement
d’union nationale ».
Eh bien, la Russie vient, par la bouche
de Sergueï Lavrov, de mettre un nouveau
« feu rouge » à ces dernières petites
habiletés diplomatiques
arabo-occidentales. Il ne doit pas y
avoir d’ingérence, militaire ou
pseudo-politique, dans les affaires
intérieures de la Syrie.
Opposition réelle contre opposition
radicale ?
En parallèle, on doit
signaler cette déclaration faite mardi
31 par l’ambassadeur de la Syrie en
Russie Riyad Haddad au cours d’une
interview accordée à la radio moscovite
Ekho
Moskvy. Le diplomate syrien affirme
que des représentants de ce qu’il
appelle «
l’opposition réelle » seraient
d’accord pour entamer des pourparlers
avec le gouvernement : «
Nous
sommes prêts à mener un dialogue avec
l’opposition, qui existe actuellement
l’intérieur de la Syrie et qui a donné
son accord pour mener un tel dialogue
avec le gouvernement syrien », a
dit l’ambassadeur. Qu’entend-il par «
opposition
réelle » ? Evidemment l’opposition
modérée qui veut la réforme plutôt que
la révolution et la guerre civile. De
telles forces existent, trois ou quatre
partis s’étant créés en Syrie depuis
l’été dernier, qui sont souvent animés
par des opposants politiques confirmés,
ayant même fait pour certains de la
prison sous Hafez ou Bachar al-Assad.
Mais on pense aussi à Haytham Manaa,
figure de proue d’une Coordination
nationale rivale du CNS, opposant
radical au départ mais ayant critiqué
depuis l’inféodation du CNS à des
puissances étrangères et condamné le
rôle des groupes armés islamistes (voir
notamment notre article «
Le divorce est consommé entre le CNS et
la Coordination nationale« , mis en
ligne le 14 janvier).
A propos de ces derniers,
l’ambassadeur Haddad explique que le
gouvernement syrien ne considère pas les
groupes armés actuellement en action
dans le pays comme une opposition réelle
: « Ce
n’est pas une opposition, mais une bande
armée, qui exécute des ordres de
l’étranger« . Haddad a ajouté que
ces groupes armés ont renoncé a mener un
dialogue avec le gouvernement actuel et
«
obéissent à l’ordre américain de garder
les armes. »
Au
lendemain de la nouvelle "réunion
décisive" du Conseil de sécurité du 31
janvier, Bachar sera toujours joignable
à Damas
Publié le 1er février
2012 avec l'aimable autorisation d'Info
Syrie
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