Info Syrie
Si tu veux la
paix, fais la guerre !
Louis
Denghien
Lakhdar
Brahimi avec le ministre irakien des
Affaires étrangères : l’émissaire de
l’ONU
peut rencontrer qui il veut, les
rebelles se moquent pour la plupart de
ses plans et efforts;
c’est malheureusement sur le terrain
militaire que se trouve le chemin de la
paix,
de la négociation, du dialogue
inter-syrien
Mardi 16 octobre
2012
Pendant les combats, la
diplomatie continue vaille que vaille :
Lakhdar Brahimi vient d’appeler à une
trêve des combats en Syrie pour la fête
musulmane de l’Aïd al-Adha, fin octobre.
C’est à notre avis en vain que
l’émissaire de l’ONU joue sur la corde
religieuse : tout islamistes qu’ils
soient, les rebelles n’ont pas hésité à
transformer en champ de bataille la
mosquée historique des Omeyyades à Alep.
La religiosité de ces gens-là semble se
limiter aux éructations permanentes du
nom de Dieu, et aux égorgements rituels
ainsi que, plus généralement, à
l’extermination des Syriens réputés
apostats, infidèles ou tièdes.
On constate que Lakhdar
Brahimi n’a pas repris à son compte
l’indécente proposition faite quelques
jours plus tôt par l’indécrottable Ban
Ki-moon, réclamant au gouvernement
syrien un nouveau cessez-le-feu
unilatéral. Damas avait accepté, en
avril dernier, de réduire drastiquement
ses opérations, et la rébellion en avait
aussitôt profité pour se réorganiser, se
renforcer et s’infiltrer dans les
villes.
Le «
détail » de la rébellion
Lakhdar Brahimi a par
ailleurs pris son bâton de pèlerin de la
paix et a visité l’Irak lundi, après
l’Iran, l’Arabie séoudite et la Turquie.
Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki,
lui aussi confronté à un terrorisme d’inspîration
djihadiste (mais pas soutenu, cette
fois, par les Occidentaux) n’a pu que
réitérer l’appui de son pays aux efforts
de Brahimi en faveur d’une solution
politique et son refus de l’ingérence
étrangère en Syrie. En ce qui concerne
l’Iran, dont Brahimi a recherché l’appui
dans sa mission, il a proposé à
l’émissaire onusien un plan ainsi
structuré : une période de transition,
ce qui suppose un cessez-le-feu minimum,
qui conduirait à des élections
présidentielle et législatives,
organisées «
sous la
supervision du président Assad« .
Outre que l’on sent les
Occidentaux mal préparés à accepter ce
dernier point, tous ces plans buttent
sur le même « vice de forme »
fondamental : le refus de la plupart des
combattants des bandes plus ou moins
islamistes de déposer les armes. Tout le
monde, les Iraniens comme Brahimi, sont
bien conscients de la chose. Et sans
doute excluent-ils implicitement les
jusqu’au-boutistes de leurs schémas.
Marginaliser la partie extrémiste de
l’opposition demeure la clef de toute
négociation sérieuse, mais il n’y a que
l’armée syrienne qui puisse réaliser
cette étape incontournable du processus
de paix.
Les
différents intervenants diplomatiques
font comme si les djihadistes, qui
donnent le ton, quoiqu’on en dise dans
nos médias, au reste de la rébellion,
n’existaient pas. Mais ce « détail »
bloque tous les scénarii.
A ce propos, Lakhdar
Brahimi a catégoriquement démenti qu’il
envisageait de demander le déploiement
d’une force de maintien de la paix en
Syrie, ce qu’avait affirmé un membre de
l’opposition syrienne depuis Doha,
capitale du Qatar, et donc de la
subversion islamiste en Syrie.
Hier soir, Brahimi avait
quitté Bagdad pour Le Caire. Mais si
sincères que puissent être ses efforts,
l’émissaire international sait bien que
le chemin de la paix passe
prioritairement par la guerre, que mène
l’armée syrienne contre les fanatiques
religieux. Que ceux-ci
soient écrasés ou suffisamment
affaiblis, et l’option de la négociation
redeviendra possible. Et tout le reste
n’est que littérature diplomatique.
Publié le 17 octobre 2012 avec l'aimable
autorisation d'Info Syrie
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