Opinion
Michel Aoun :
« Le départ de Bachar déclenchera une
guerre mondiale ! »
Louis
Denghien
Le général
Michel Aoun
Dimanche 5 août
2012
« Le
départ d’Assad sera le prélude à la
guerre mondiale » ! Cette mise
en garde radicale a été formulée par
un acteur important de la vie
politique libanaise, Michel Aoun.
Associé à la majorité pro-syrienne
qui gouverne le pays du Cèdre depuis
juin 2011, le général, président du
Courant patriotique libre et allié
chrétien du Hezbollah et d’autres
formations chiites a accordé un
entretien à la nouvelle chaîne
d’informations continues arabe
al-Mayadeeen
(crée par des dissidents d’al-Jazeera),
dans lequel il réaffirme sans
ambiguité ses positions
pro-syriennes et se permet même des
mises en cause de puissances
étrangères : «
Les
intérêts des pays du golfe persique
et d’Israël sur la Syrie se
convergent. Il s’agit d’éloigner
l’Iran du jeu », dit-il. Mais
Aoun n’oublie pas un autre important
tireur de ficelles dans la région :
«
Washington cherche à s’approprier le
pétrole dans la région ».
Michel Aoun prend aussi de la
hauteur, rappelant que, d’un point
de vue géostratégique : «
La
Syrie est un pont vers la
Méditerranée pour l’Irak, l’Iran et
la Chine ». Et c’est en partie
à cause de cette dimension
géographique et géopolitique, que
l’homme politique libanais se montre
serein quant à l’avenir de son
voisin : «
La
Chine et la Russie ne permettront
pas la chute du régime du président
Bachar al-Assad« . «
Même
dans le cas d’un compromis
(diplomatique),
le
régime syrien ne tombera pas »
ajoute Aoun. Qui ne nie pas
les problèmes politiques internes
syriens, mais dit que ceux-ci ne
peuvent être résolus que par le
dialogue.
Des propos qui ne font que répéter
ceux tenus dans une autre interview,
donnée cette fois, le 26 juillet, au
grand quotidien libanais
L’Orient Le Jour, affilié à
l’opposition anti-syrienne de Hariri
et Geagea. D’abord interrogé sur ses
éventuels regrets quant à ses choix
politiques pro-Hezbollah et
pro-Bachar, le général et député (78
ans) répond d’emblée qu’il ne
regrette rien et que s’il perdait, «
c’est
tout le Liban qui perdrait avec moi«
. Et quant à la Syrie, la chute de
Bachar, cela signifierait la «
chute
de la démocratie« , remplacée
par la charia qui «
annule
les libertés de croyance, les
libertés politiques, le droit à la
différence et la liberté d’un choix
de mode de vie (s’habiller, boire,
etc) ». Et cette chute
éventuelle, à laquelle le général
dit d’ailleurs ne pas croire,
signifierait aussi beaucoup pour le
reste de la région, et du monde :
« Si cette chute a lieu,
martèle Aoun,
une guerre mondiale éclatera. Les
intérêts des Américains sont
beaucoup plus menacés dans la région
que ceux des Russes et des Chinois
».
Michel Aoun réaffirmait aussi dans
cet entretien à
L’Orient-Le Jour son soutien au
Hezbollah, coupant court aux
interprétations qui avaient été
faites de divergences intervenues
sur des points mineurs de politique
intérieure.
Beyrouth expulse
vers Damas de faux réfugiés
politiques syriens
Restons encore un peu au Liban pour
dire que l’Union européenne s’est
inquiétée samedi 4 août du renvoi
vers la Syrie par les autorités de
14 ressortissants syriens
anti-Bachar. L’affaire a suscité
aussi des remous du côté de
l’opposition libanaise
(anti-syrienne), forçant la Sûreté
générale libanaise à une mise au
point, selon laquelle les Syriens
avaient été expulsés pour «
des
crimes (..) commis sur le territoire
libanais« . Et le communiqué de
donner des précisions sur la nature
de ces crimes : «
Vol,
falsification, tentatives de viol et
agressions ». La Sûreté insiste
sur le caractère de droit commun de
ces actes et de leurs auteurs.
Et la Sûreté générale, pour faire
taire ses détracteurs invoquant des
considérations «
humanitaires« rappelé qu’elle
avait notamment «
suspendu » l’expulsion vers
Damas d’un ressortissant syrien «
ayant
tué dix de ses compatriotes« ,
justement parce que le «
critère politique interférait dans
son dossier » et que sa vie
serait en danger en Syrie. Idem pour
d’autres «
réfugiés » syriens impliqués
dans le trafic d’armes. Et si
certains de ces individus ont
finalement été renvoyés en Syrie,
c’est après qu’ils ont signé, auprès
d’une «
organisation internationale »,
une déclaration où ils exprimaient
le souhait de rentrer das leur pays.
L’ambassadeur de Syrie à Beyrouth,
Ali Abdel Karim Ali, a jugé «
réconfortante » cette expulsion
de Syrie, qui correspond à des
accords signés entre les deux pays,
et ne concerne que des délinquants
et non des militants et activistes
politiques. Et, naturellement, les
formatons libanaises de la majorité
gouvernementale, pro-syriennes, ont
eu la même réaction.
Le gouvernement
libanais maintient donc le cap, sans
se laisser intimider par les
pressions et clameurs du camp Hariri
à l’intérieur, et celles des
puissances étrangères à l’extérieur.
Publié le 5 août 2012
avec l'aimable autorisation d'Info Syrie
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