Opinion
La discorde chez
l'ennemi : rien ne va plus entre Rami
Abdel Rahmane et le CNS !
Louis
Denghien
Neuf mois
après le début de la crise syrienne - et
des émissions de l'OSDH - il est
pratiquement impossible de trouver, sur
toute la toile, une seule photo de Rami
Abdel Rahmane. A défaut voici la page
d'accueil du site de ses correspondants
des CLC, désormais en guerre ouverte
contre le CNS
Jeudi 5 janvier
2012
Assied-toi au bord de
l’oued et tu verras passer le corps de
tes ennemis… qui se seront préalablement
entretués ! Le torchon brûle entre le
Conseil national syrien et Rami Abdel
Rahmane, patron de l’Observatoire syrien
des droits de l’homme. Une émanation du
CNS, la «
Commission générale de la Révolution
syrienne », vient d’annoncer
qu’elle cessait toute coopération avec
R.A. Rahmane – de son vrai nom,
semble-t-il, Oussama (ouille !) Ali
Suleiman. Le bureau du CGRS accuse le
patron de l’OSDH d’avoir porté préjudice
au CNS et d’une manière générale aux «
diverses
organisations de la révolution syrienne
à l’étranger« .
Sensationnel : le CNS accuse l’OSDH de
bidonnage statistique !
Mais quelle peut bien être
la nature du préjudice porté à la «
révolution
» syrienne par son comptable et
propagandiste attitré depuis des mois ?
Eh bien, d’abord Rami Abdel Rahmane et
un de ses complices nommé Haytham Manna
auraient, assure le bureau du CGRS,
tenté de «
délégitimer » le CNS/CGRS au profit
de l’ »Organe
de la coordination nationale« , un
bidule oppositionnel émanant semble-t-il
des Comités locaux de coordination, qui
regroupe en Syrie les informateurs de
l’OSDH et lanceurs de manifestations.
En plus, et les lecteurs d’Infosyrie
apprécieront cette accusation du CGRS à
sa juste valeur, l’OSDH aurait «
manipulé » le nombre des tués, et
bidonné leur identité !
Mais alors, quid des 5 000 et quelques
victimes de la répression bachariste
homologués par les comptables partisans
de l’OSDH, estimation reprise par toute
la presse d’Occident et jusqu’à l’ONU ?
Rami Abdel Rahmane –
pardon, Oussama Ali Suleiman – truqueur,
falsificateur, manipulateur ? Mais que
vont dire
Arte, France 2, I-Télé, L’Express, Le
Monde, Libération quand ils vont
apprendre cette terrible nouvelle,
émanant des plus hautes instances de
l’opposition officielle et agrée à
Bachar al-Assad ?!
Un
règlement de comptes turco-français ?
Burhan
Ghalion et son protecteur Juppé : des
victimes collatérales et tardives du
génocide arménien ?
Au-delà de la satisfaction
de voir le n°1 de la désinformation sur
la Syrie désavoué et dénoncé par ses
propres alliés politiques, au-delà de
l’ironie qui voit le CNS rejoindre (sur
ce point) avec retard
Infosyrie, on ne peut que constater
que la crise se précise au sein de
l’opposition radicale syrienne, crise
dont cette affaire Rami Abdel Rahmane
est une péripétie aussi spectaculaire
qu’inattendue. Certes, on savait depuis
quelque temps les tensions opposant les
CLC présents pour partie en Syrie – et
donc l’OSDH – au CNS exilé en Turquie.
Il nous est difficile de bien cerner les
forces qui s’opposent dans ce conflit –
quelle cheval jouent, par exemple, les
Frères musulmans ? En tout cas, tout
cela sent la recomposition, sinon la
décomposition.
Proposons néanmoins une
piste : cette brouille
entre ces deux factions de l’opposition
radicale pourrait être une mesure de
rétorsion du gouvernement Erdogan contre
Sarkozy qui, à l’approche des élections,
a réactivé la question de la
reconnaissance du génocide arménien
: or le président du CNS, Burhan
Ghalioun, vit en France et est un
protégé d’Alain Juppé. Du coup, Erdogan,
qui contrôle déjà l’état-major – sinon
les troupes – de l’ASL aurait décidé dde
jouer les CLC et la «
Coordination nationale » contre la
structure CNS. Ce n’est qu’une
hypothèse, mais elle nous parait assez
plausible pour que nous osions la
formuler ici !
En tout
cas, si la scission se confirme, c’est
un tournant dans la crise, ou au moins
dans l’histoire de l’opposition radicale
syrienne. En prenant les choses
d’un peu plus haut, tout cela nous
semble être la rançon de l’échec
politique de cette opposition radicale,
exilée, maximaliste, voire terroriste –
au fait, de quel côté va pencher l’ASL
dans ce combat de titans démocrates ? -
tiraillée entre laïcs et
fondamentalistes, entre Euro-américains
et Turcs et totalement incapable
d’attirer à elle un seuil critique de
Syriens. Et si l’opposition syrienne
était le premier atout de Bachar al-Assad
?
Publié le 6 janvier
2012 avec l'aimable autorisation d'Info
Syrie
Le
dossier Syrie
Les dernières mises à jour
|