Le Grand Soir.info
Ségo-Sarko au
Moyen-Orient
Leila Salem.
La course aux
bonnes grâces d’Israël
Comme au jeu
de l’oie, tous les ténors, candidats aux présidentielles françaises,
se croient obligés de passer par la case Israël.
Chacun
d’entre eux ne tarit pas d’éloges à l’endroit du Grand
Israël et n’hésite pas un instant à lui tresser des lauriers.
Chacun d’entre eux surenchérit pour lui offrir plus et
s’attirer ses bonnes grâces .
Fort inspiré,
Sarkozy fut le premier à accomplir son « obligation »
du « pèlerinage aux lieux saints » en décembre 2004
juste après son sacre à la tête de l’UMP, il fut reçu avec
faste par Sharon, et en retour, Sarko tint un discours de fermeté
et promit : que s’il est élu président, il enterrera ce
qu’il reste de la mythique « politique arabe de la France ».
Imitant son
alter ego Umpiste, Ségo entreprit en décembre 2006, dès son
investiture aux présidentielles par le Parti socialiste, son
voyage « initiatique » dans la région et ne tarda pas
à proclamer avec insistance son total soutien à la politique
israélienne.
Le couple Ségo-sarko
est persuadé qu’un vote juif, si tant est qu’il existe, est nécessaire
pour accéder à la présidence.
Dans sa quête
désespérée pour décrocher le diplôme de
bonne conduite , Sarko ne rate, en aucun cas, les dîners
annuels du Crif . Il est par ailleurs bien reçu et copieusement
acclamé même par les mouvements sionistes dits de « gôche »
tel le Hachomer Hatzaïr. Bref, Sarko est « un homme de
charisme, de vision, de courage, de dynamisme » (sic !)
comme, aime bien le décrire, David Harris, directeur du American
Jewish Committee et en guise de récompense, le centre
Simon-Wiesenthal lui attribua un prix en 2003.
Au cours de la
"cérémonie de bénédiction" des 1200 nouveaux émigrants
juifs français, qui vont effectuer leur "alya"
(installation définitive en Israël), M. Zeev Boïm,
ministre israélien de l’intégration, a fait état de sa
rencontre avec Nicolas Sarkozy, le matin même « Je l’ai
remercié pour sa défense d’Israël et lui ai transmis les félicitations
d’Ehoud Olmert. (M.) Sarkozy est revenu sur le fait que le
Hezbollah était responsable de l’agression. Il m’a demandé :
"De combien de temps l’Etat d’Israël a-t-il besoin pour
terminer le travail ?" Je lui ai répondu :
"Une semaine à dix jours » a
affirmé M. Boïm
« Sarkozy
est le candidat naturel des électeurs juifs » déclara un
jour le très sarkozyste Christian Estrosi au quotidien israélien
Haaretz et pour bien se distinguer de Ségo, François Fillon,
conseiller politique de Sarko, dénonça, dans un excès de zèle,
les supposées gaffes de la candidate socialiste lors de son séjour
au Liban et à Gaza, en faisant bien entendu allusion à la
« passivité » de Royal lors du discours tenu par un député
du Hezbollah à l’assemblée nationale libanaise, et à propos
du Hamas qu’elle n’a, aprés hésitation, pas rencontré. Ces
deux faits semblent être, aux yeux des Sarkozystes, l’ultime hérésie
qui mérite selon eux le « bûcher » !
Ségo vole au
secours de Goliath
Au cours de
son pèlerinage, Ségolène n’a pas hésité à être plus
royaliste que le roi ; elle est allée jusqu’à dénier à
l’Iran son droit inaliénable au nucléaire civil, revendication
qui va au-delà des espérances et des rêves d’ Israël et des
Etats-Unis, « l’Iran ne devait pas être autorisé à acquérir
une capacité nucléaire aussi bien pour des usages civils que
militaires » a-t-elle affirmé d’ailleurs « Le
premier ministre israélien m’a lui-même félicitée pour cette
prise de position » s’enorgueillit benoîtement la
candidate socialiste.
Oubliant
l’exode du peuple palestinien, son exil, la destruction et la
mort qui ont accompagné la création de l’Etat d’Israël,
oubliant les drames que vit depuis presque soixante ans ce peuple
martyr et oubliant aussi le déracinement de millions de juifs
arrachés à leurs terres ancestrales et parqués dans ce ghettos
nommé Israël, madame Royal félicite « Ceux et celles qui
sont revenus (en Israël) et qui ont reconstruit les racines en
portant, malgré tout cela, les forces de vie sont les véritables
héros de notre temps » Faut-il en rire ...ou en pleurer de
ces déclarations ?
S’enfonçant
encore plus dans le ridicule, elle trouve légitime la
construction du mur de la honte en Cisjordanie "Quand c’est
nécessaire pour la sécurité, une construction est justifiée",
ose-t-elle déclarer, elle ajouta sans rire "encore faut-il
que les choses se passent en bonne entente.".
Position qui,
bien évidemment, va à l’encontre de la décision de la cour de
justice internationale de La Haye, qui a condamné la construction
de ce mur. La candidate de « gauche » ignore sans
doute que cet édifice enferme un peuple, annexe une bonne partie
des terres palestiniennes et s’ accapare d’une large partie de
ses ressources hydriques.
Ségolène
Royal qui a justifié les survols des positions de la Finul par
des appareils israéliens « les survols qui subsistent sont
liés à un certain nombre de faits ou d’événements qui les
justifient (...), ces survols sont liés à la défense de la sécurité
d’Israël » ne fait que dévoiler la stratégie ambiguë
de la France dans cette affaire.
L’opinion
publique arabe, certes passive mais pas stupide, ne croit pas un
instant à la crédibilité de ce spectacle guignolesque
franco-israélien et pense qu’avant tout, l’armée française
est au Liban pour désarmer le Hezbollah et réaliser ce que
l’armée israélienne, aidée par les Etats-Unis, n’a pu
obtenir par les armes durant l’été 2006 et que toutes ses
pseudo-oppositions aux survols ne sont en fait que poudre aux yeux
afin de se donner une image d’impartialité aux yeux des pays
arabes.
Epilogue
Loin de leur
prétendu rôle de modérateur qu’ils sont censés tenir, nos
deux sionismophiles incitent, au contraire, Israël à plus
d’intransigeance et l’absolvent de ses crimes, passés, présents
et futurs.
Ségo la
candidate-éponge, prête à pomper les idées qui lui font défaut
du bon peuple, et Sarko le démago, pour qui, demain on rase
gratis font tout pour plaire à Israël et à son allié indéfectible,
l’Amérique. Ils souhaitent par-dessus tout coller à la vision
israélienne et à la politique américaine.
On peut parier
sans grand risque que le (ou la) prochain(e) élu (e) sera un
Blair-bis prêt a faire siennes les solutions néo conservatrices
foireuses censées résoudre les conflits du moyen orient et du
monde.
Leila Salem
|