La Voix de la Russie
La guerre Froide
serait-elle repartie ?
Laurent Brayard
Photo:
SXC.hu
Vendredi 7
septembre 2012 La question syrienne et les
événements internationaux qui
agitent le monde pourrait nous faire
se poser cette question pas si
anodine que cela. Il y a quelques
semaines nous apprenions qu’un
sous-marin russe était entré dans
les eaux du Golfe du Mexique sans
que les Américains s’en aperçoivent
et les déclarations des uns et des
autres ne peuvent que surprendre :
agressivité latente de Romney
peut-être pas seulement en quête de
voies électorales, différents divers
entre l’Occident et la Russie, la
guerre de l’information fait rage.
Elle fait d’autant
plus rage que les enjeux sont en
faits extrêmement importants. En
1989 à la chute du Mur de Berlin
puis dans les années qui voient
l’effondrement du bloc de l’Est, le
camp occidental assistait à la
défaite d’un ennemi qui faisait
peur, souvenons-nous de la psychose
de la 3ème Guerre mondiale, des
abris atomiques et des films
américains de l’époque, de
Rambo à
l’Aube Rouge… Mais pendant
que l’Occident savourait « sa
victoire », et s’endormait sur ses
lauriers dans la satisfaction d’une
opulence de plus en plus évidente, à
l’Est, la Russie n’est pas restée
statique. Jugée comme un pays «
arriéré » plombé par 70 ans de
communisme et de stalinisme, il y a
peu de personnes en Europe ou aux
USA qui auraient prédit un réveil
aussi spectaculaire de la Russie.
Car durant cette
période de 20 années où l’Occident a
vu l’apogée de sa domination, elle a
connu également une suite
ininterrompue de crises économiques
et sociales dans la plupart des pays
: chômage, immigration, fracture
sociale, appauvrissement, croissance
en berne, moral dans les
chaussettes, étrange contraste de «
vainqueurs » fatigués et à cours
d’idées, qui se retrouvaient en fait
face aux problèmes du futur, la
guerre pour les hydrocarbures, une
guerre de religion dont personne ne
parle, et la guerre de l’eau et des
ressources alimentaires en général
qui ne fait que commencer, sous fond
de réchauffement planétaire, de
productions céréalières en chute, le
tout dans un univers de concurrence
commerciale féroce.
Mais à l’Est, la
Russie a relevé la tête non pas en
21 ans, mais en une grosse décennie,
ayant connue une crise économique
grave en 1998. Après la terrible
période de 1985 à cette dernière
date, la Russie s’est ouverte et à
force de travail est en train de
reprendre toutes les « places »
auparavant cédées. Aux USA, les
analystes ne s’y trompent pas, c’est
ainsi que les Américains n’hésitent
pas à courtiser les anciennes
républiques soviétiques du Sud de la
Russie, à s’aventurer jusqu’en
Afghanistan et à tenter de mettre
échec et mat tous les adverses
dangereux qui se trouveraient en
position de jouer un rôle dans les
futurs conflits commerciaux,
stratégiques ou militaires. Cette
guerre du futur, les USA la mènent
depuis déjà bien longtemps
s’engageant profondément dans des
interventions de plus en plus
lointaines.
Les enjeux comme je
l’ai déjà dit tournent avant tout
autour de ressources, qui sont en
fait convoitées par ceux qui de fait
en consomme le plus : les pays de
l’Occident. Les hydrocarbures ne
sont qu’une des composantes de ces
enjeux, purement commerciaux. Tandis
que des pays comme la France se
désarment en partie, d’autres et
même beaucoup d’autres s’arment,
s’équipent, en Asie, en Orient, mais
aussi en Amérique du Sud, il est
flagrant de voir que dans le Monde,
l’industrie de l’armement ne s’est
jamais mieux portée que ces
dernières années. Tandis que les
armes prolifèrent, il est certain
que la Russie qui a repris sa place
de manière magistrale peut être
inquiète des manœuvres américaines.
Le fameux bouclier antimissile
curieux dispositif de défense
ressemble avant tout à une
protection préventive qui malgré les
dires des uns et des autres est
étrangement tourné vers la Russie,
la montrant clairement comme un
ennemi potentiel, le candidat
américain Romney n’hésitant pas un
instant à la montrer du doigt.
La Russie fait-elle
peur à ces ennemis ? Probablement
assez pour que nous puissions
clairement voir qu’il existe
désormais à nouveau deux blocs dont
les contours ne sont pas très clairs
du côté occidental. La France qui
était sortie de l’OTAN pour bien
montrer son indépendance a montré sa
faiblesse en l’intégrant à nouveau.
En quelques années, la politique
indépendante suivie par le général
de Gaulle a été ruinée, de la
passivité, au sursaut de la non
intervention en Irak, la France
semble sans ressort, un ministre
socialiste totalement inconscient
préconisait même l’abandon de l’arme
nucléaire alors que les nuages
s’accumulent dangereusement un peu
partout. Ces dangers ne progressent
par ailleurs pas uniquement dans des
pays lointains, mais au cœur de
l’ONU lui-même.
Le Conseil de l’ONU
montre en effet la dissension qui y
règne tandis qu’en Syrie une guerre
civile fait rage. Ce petit pays,
grand par sa culture et son
histoire, démontre comme ce fut le
cas autrefois de la SDN son
impuissance et également qu’il
existe à nouveau deux blocs et
quelques électrons libres qui ne
comptent plus pour grand-chose.
Menacés dans leur suprématie, les
Etats-Unis se réveillent avec une
gueule de bois, ayant laissé filer
20 années où les opérations
militaires qu’ils ont entrepris ont
sévèrement aggravées les problèmes,
déstabilisant des régions entières,
livrant des communautés minoritaires
à la vindicte, livrant pieds et
poings liés des milliers de
chrétiens à la mort ou un à joug
honteux. Commencées en Irak et en
Yougoslavie, ses opérations se sont
déroulées dans l’espace d’un moment
où la Russie était de fait atone,
sans voix, comme en convalescence.
Aujourd’hui, la
Russie est debout, et forte, et elle
peut compter sur sa principale
force, l’immensité de son
territoire. De l’Europe à
l’Extrême-Orient, elle reste peu
sensible aux luttes pour des
ressources qui ne lui manqueront
jamais, ses réserves étant
colossales, ses possibilités hors du
commun, son économie et sa société
plus que jamais prometteuses, son
avenir est déjà assuré, un avenir
avec un grand A pour un grand
peuple. La Russie est éveillée
depuis déjà quelques années, elle
représente donc un heureux
contrepoids aux folles entreprises
américaines, cette République de
marchands qui ne conçoit le monde
que comme un immense potentiel pour
faire quelques bonnes affaires ou
alimenter les mannes financières
d’un système qui montre toutefois de
larges lézardes en Europe.
L’Europe… elle a
rêvé en effet de représenter un bloc
assez fort pour se trouver un
sérieux concurrent et une force que
personne ne pourrait ignorer, c’est
ainsi que l’Union monétaire
européenne, et son extension
politique a été menée tambours
battants, un projet qui dans
certaines mesures pouvait se trouver
inquiétant lorsque que cette Europe
de la dictature de la pensée unique
venait chatouiller la Russie en
Ukraine ou dans le Caucase, en
Géorgie. Mais dans l’absolu, si
autrefois la Russie avait besoin de
l’Europe et devait se tourner vers
elle pour s’inspirer et avancer, il
est certain que la situation s’est
inversée. L’Europe cependant est
aveuglée par quelques Pussy Riot ou
Femen étrangement arrivées bien à
propos, elle est aveugle. Cette
Europe ne voit pas que sa
continentalité l’intéresse à une
coopération plus étroite, à des
soutiens plus profonds, à des
échanges et des supports plus
importants, car l’Occident désormais
devrait penser très sérieusement à
se tourner vers l’évidence. Déjà les
Italiens ont compris, les
entreprises italiennes déferlent sur
la Russie, les Allemands sont bien
implantés, la France semble se
contenter de quelques succès.
Et pendant ce temps,
quelques agences aux noms bien
anglo-saxons dont personne à part
quelques économistes n’avaient
jamais entendu parler auparavant,
ont surgis sur le devant de la
scène, retranchant, menaçant,
mettant en garde, donnant des leçons
dans l’affolement général de toutes
les économies, montrant du doigt
l’Europe… étrange moment en effet,
et nous pouvons nous demander
assurément l’intérêt de ces quelques
« gratteurs de chiffres » à
distribuer des mauvaises notes au
sein même du système dans ce qui
ressemble trait pour trait à une
balle de fusil qui serait tiré par
le Capitalisme lui-même, dans son
pied. Quel intérêt et à qui profite
en réalité cette sombre histoire de
notation ? Comment quelques employés
de ces agences peuvent ainsi plonger
l’Europe dans un drame économique
qui ressemble beaucoup à une
profonde anarchie ? Comment est-ce
possible ?
Le coup pourtant est
limpide, les Etats-Unis sont les
seuls à désirer, malgré qu’ils s’en
défendent, avec la Grande-Bretagne
qui ne s’en défend elle pas
beaucoup, que l’Europe soit placée
dans une telle situation que la
poursuite de son unité deviennent un
cauchemar et la rende totalement
inactive, lascive, un corps dominé
et sans vie, tout juste capable de
s’ébouriffer autour du couple
franco-allemand et de suivre les
agitations de populations aussi
changeantes et aux opinions aussi
fluctuantes que le Peuple français
pour ne citer que lui. La Guerre
Froide n’a finalement connu qu’une
pause, comme ce fut le cas durant la
guerre de Cent ans, espérons que la
France saura voir clair dans les
orages qui s’annoncent.
© 2005-2012 La
Voix de la Russie
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