Mali
Libye-Mali-Algérie
et la liste n'est pas close
Konstantin Garibov
Photo: EPA
Lundi 21 janvier
2013 La France paiera au Mali un prix
exorbitant pour l’élimination de
Mouammar Kadhafi. Les espoirs d’une
« guerre-éclair » fondent comme la
neige au soleil ce qui signifie que
l’apparition d’un Afghanistan
africain devient de plus en plus
probable. La chute du régime de
Bamako sous la poussée des
islamistes déstabilisera toute la
région et se répercutera dans une
certaine mesure sur les intérêts de
la Russie en Afrique. C’est de ces
positions que les experts de
La
Voix de la Russie analysent la
situation au Mali et les possibles
conséquences géopolitiques du
conflit militaire dans cette partie
du continent africain.
Les islamistes ont
promis de frapper au cœur de la
France pour son intervention
militaire au Mali. La prise d’otages
en Algérie marquent le début de ce
plan des terroristes, estime le
politologue français et professeur à
la Sorbonne Pierre Arroche.
C’est la troisième
opération militaire de la France en
Afrique depuis deux ans. Elle est
intervenue militairement dans la
lutte entre les deux présidents en
Côte d’Ivoire et pris l’initiative
de l’opération anti-Kadhafi en
Libye. Elle intervient maintenant au
Mali, le pays ayant subi une
islamisation à grande échelle.
Jacques Sapir, directeur de la Haute
école des sciences sociales est
convaincu que les énormes dépenses
associées à l’intervention au Mali
sont le prix du démantèlement du
régime libyen.
L’Afghanistan est de
plus en plus souvent évoqué en
rapport avec l’escalade du conflit
au Mali. Les espoirs d’une
guerre-clair fondent comme la neige
au soleil. Les islamistes ne
craignent pas les Mirages français
parce qu’ils se retirent dans les
montagnes. Les forces de la
coalition internationales étaient
confrontées exactement aux mêmes
problèmes en Afghanistan. Cela
signifie que la France et ses alliés
doivent se préparer à une guerre
longue harassante. Si l’Occident
avait en son temps soutenu en
sous-main la marche des Talibans sur
Kaboul, il soutenait ouvertement les
islamistes qui ont pris le pouvoir
dans le nord du Mali. La France, la
Grande Bretagne et les États-Unis
s’en sont servis en Libye pour
renverser le régime de Kadhafi. Ils
leur ont remis des armes pour
combattre Kadhafi et ses armes
tirent maintenant sur les
Occidentaux au Mali.
Ce sont les Touaregs
qui ont déclenché les hostilités
conte l’armée malienne. Les
formations armées du mouvement
national pour la libération d’Azavad
se sont engagées il ya un an sur le
sentier de la guerre. Elles étaient
principalement constituées des
Touaregs qui avaient servi dans
l’armée de Kadhafi et se sont
déplacées au Mali en craignant les
représailles de la part des
nouvelles autorités libyennes. Peu
de temps après, les Touaregs ont
proclamé la création de l’État
indépendant d’Azavad dans le nord du
Mali. Les islamistes radicaux y
compris les combattants d’Al-Qaïda
sont en train de les en déloger manu
militari. Les Touaregs ont
l’intention de poursuivre la lutte
contre les islamistes et n’excluent
pas la possibilité de négociations
avec les autorités, a déclaré Moussa
Ar Ashartuman, membre de la
direction politique du Mouvement
national pour la libération d’Azavad
et son représentant en Europe.
Moussa Ar Ashartuman
a déclaré à La Voix de la Russie
que les Touaregs sont ouverts au
dialogue avec Bamako et comptent le
commencer. Il estime que c’est
précisément l’autonomie des Touaregs
et la coexistence pacifique avec
Bamako qui peuvent se situer au
centre des négociations, tout en
soulignant que les Touaregs
rejettent la guerre comme solution
alternative du problème.
Mais la guerre se
poursuit déjà au Mali et la prise
d'otages en Algérie montrent
clairement qu’elle déborde le cadre
malien. Les voisins du Mali sont de
plus en plus sensibles au danger de
propagation de l’extrémisme et du
terrorisme islamiques et du
séparatisme touareg, estime le
directeur de l’Institut de l’Afrique
de l’Académie russe des sciences
Alexeï Vassiliev. C’est pour cette
raison qu’ils sont prêts dans leur
majorité à aider la France à sauver
le régime de Bamako. Quelles
pourraient être les retombées dans
le cas de sa chute ?
« Le Mali est un
pays à la population pauvre mais
possédant de très grandes richesses
sous forme de gisements d’or et
d’autres minerais. C’est aussi un
des plus grands producteurs de coton
en Afrique qui exporte également des
produits de l’élevage. La chute du
régime de Bamako peut déstabiliser
la situation dans toute la région et
porter un coup aux intérêts de la
France et, dans une certaine mesure,
aux positions de la Russie. Moscou
est intéressé à la stabilité et aux
relations économiques et politiques
normales avec les pays de la région
».
Mais la situation
au Mali reste pour le moment
imprévisible et les experts sont
convaincus que la chaîne
Libye-Mali-Algérie aura un prolongement
qu’ils sont incapables d'évaluer.
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