Les amis belges de Shalom Archav
Des
problèmes structurels et endémiques
Yossi Alpher
Yossi Alpher
21 janvier 2008 [La
situation politique intérieure, en Israël comme en Palestine, a
rendu dès le départ extrêmement incertain le succès de
l’actuel processus de paix. Les problèmes sont structurels et
endémiques, incrustés dans la culture politique de chacune des
deux parties. Côté israélien, c’est la fragilité des
coalitions gouvernementales, côté palestinien, l’incapacité
à avoir su édifier depuis 1993 des structures étatiques
viables.]
La situation politique intérieure,
en Israël comme en Palestine, a rendu dès le départ extrêmement
incertain le succès de l’actuel processus de paix. Les problèmes
ne sont ni fugaces ni accessoires. Ils sont plutôt structurels et
endémiques, incrustés dans la culture politique de chacune des
deux parties.
Son système électoral reflète
pleinement la nature extrêmement pluraliste d’Israël. Les élections
génèrent des majorités parlementaires de coalition. Elles sont
constituées de partis multiples. Chacun possède son propre
programme, particulier. De manière générale, ces coalitions se
consacrent à leur propre survie politique. Il n’est pas aisé
de créer et de maintenir en vie une coalition consacrée à la
paix avec les Palestiniens. En effet, la question palestinienne a
été la cause de la chute de toutes les coalitions
gouvernementales des 20 dernières années. Et parce que cette
question préoccupe la politique israélienne, l’espérance de
vie d’un gouvernement israélien est de deux ans.
Dans la Knesset actuelle, même si
une majorité se montre favorable à un compromis à deux Etats
avec les Palestiniens, il existe dans la coalition du Premier
ministre Ehud Olmert des éléments qui y sont opposés. Si le
processus de négociation avec les Palestiniens prend vigueur, ils
commencent à faire défection. Cela a débuté avec le parti
Yisrael Beitenou d’Avigdor Lieberman. Les perspectives
d’Olmert de former une coalition alternative stable sont
restreintes par sa faible capacité à coopter les dix membres de
la Knesset élus sur les listes des partis arabes. Antisionistes
et pro-palestiniens, ils seraient mal acceptés par les autres
membres de la coalition. L’opposition à sa stratégie de paix
d’une faction de Kadima, son propre parti, l’entrave tout
autant.
De plus, dans les circonstances présentes,
le Premier ministre est particulièrement impopulaire. Sa position
est fragilisée par la publication du rapport final de la
commission Winograd sur la Seconde Guerre du Liban, voici un an et
demi. Son seul espoir est de survivre à ce rapport. Il est
tributaire de l’existence à la Knesset d’une majorité
suffisamment large pour négocier un accord cadre avec le
leadership palestinien de Ramallah. Il provoquerait ensuite des élections
anticipées avec cet accord pour plateforme. Mais il est douteux
qu’il aboutisse. Non seulement à cause de la politique israélienne,
mais aussi vu le fossé substantiel qui sépare encore Israéliens
et Palestiniens sur les problèmes centraux que sont les réfugiés
et Jérusalem.
Malheureusement, à plus long
terme, les Israéliens, les Palestiniens et ces tierces parties
qui leur veulent du bien doivent garder à l’esprit cette
contrainte majeure, générée par le propre système politique
d’Israël, qui pèse sur sa capacité à conclure un accord avec
les Palestiniens. Ce n’est pas une excuse. C’est simplement un
fait. Cela signifie essentiellement qu’une coalition
gouvernementale en Israël peut, dans le meilleur des cas, espérer
enregistrer un simple pas en avant avec les Palestiniens. Ensuite
elle s’effondre sous le poids de ses propres contradictions
internes. De manière intéressante, les déficiences
structurelles du système politique israélien ne l’entravèrent
pas pour conclure la paix avec l’Egypte et la Jordanie.
Largement parce que ces efforts de paix n’entraînaient qu’un
impact négligeable sur les questions relatives à la Terre
d’Israël, qui divisent les Israéliens depuis 1967.
La situation est encore pire côté
Autorité Palestinienne. L’introduction d’élections démocratiques
en 1996 et ensuite en 2006 firent accéder au scrutin, d’abord
un Fatah corrompu et ensuite un parti islamiste militant, le
Hamas. Ces deux organisations problématiques ont maintenant divisé
la Palestine en deux entités territoriales séparées, la
Cisjordanie au Fatah - encore que l’emprise du gouvernement de
Ramallah sur la Cisjordanie soit loin d’être entière - et Gaza
au Hamas. La prétention actuelle du Fatah à négocier avec Israël
une solution à deux Etats au nom de ces deux entités se heurte
au simple examen des réalités. Le Hamas, pour sa part, n’est
pas prêt à négocier. Il recherche une hudna, ou cessez-le-feu,
à long terme et non une solution à deux Etats. Quelque progrès
qu’Israël puisse accomplir avec l’un des deux prend allure
d’anathème aux yeux de l’autre.
Les échecs cumulés palestiniens,
depuis 1993, dans leur édification étatique pèsent lourd sur
les perspectives d’une solution viable à deux Etats. De même
avec le système politique israélien. Toutefois à long terme
nous, Israéliens, n’avons d’autre alternative que de chercher
et d’exploiter toute opportunité stratégique d’en finir avec
l’occupation, de démanteler les implantations de Cisjordanie et
de consolider Israël comme Etat juif et démocratique. Sans nous
soucier des événements politiques en Cisjordanie et à Gaza.
Yossi Alpher est
codirecteur de bitterlemons.org et bitterlemons-international.org.
Il est ancien directeur du « Jaffee Center for Strategic
Studies » et ancien conseiller principal du Premier Ehud
Barak.
Source : www.bitterlemons.org
Par Yossi Alpher - Bitterlemons 3
- 21 janvier 2008 - Traduction Kol Shalom
Publié le 7
février 2008 avec l'aimable autorisation de Kol Shalom.
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