Opinion
Mercenaires sous
fausse bannière
Koffi
Cadjehoun
Photo: RIA
Novosti
Mercredi 21
septembre 2011
http://www.alterinfo.net/notes/Le-chef-militaire-de-Tripoli-veut-des-excuses-de-Londres-et-des-USA_b3243299.html Cette nouvelle cocasse parmi
tant d'autres pourrait
servir d'introduction à une
des révélations qui ont
émaillé le conflit libyen
(qui ne fait que commencer,
puisque la destruction
coloniale de la Libye lance
une politique du chaos dans
la région, avec guerres
intertribales interminables
et privatisation de la
guerre à la solde de hordes
faméliques et massacrées, à
l'instar des loufiats d'al
Quaeda). Que se passe-t-il
en Syrie? On le sait mal,
mais des tentatives de
déstabilisation diverses
(notamment via Internet)
sont appuyées sur le terrain
par des mercenaires
islamistes et par des snipers,
eux bien mieux entraînés. En Libye, les hordes en
hardes d'al Quaeda servent
soit de chairs à canon, soit
de prétexte médiatique pour
légitimer la rébellion de la
population libyenne contre
son horrible dictateur.
Encore une fois, il ne
s'agit nullement de défendre
Kadhafi de ses exactions,
mais de constater que son
régime de la Jamahiryia est
victime d'un coup monté de
nature impérialiste et que
dans ce dessein les
puissances impérialistes se
sont servies d'al Quaeda
comme de vulgaires
mercenaires juste bons à
crever au combat, en
première ligne - présence
d'al Quaeda que d'ailleurs
le Colonel affirmait au
début du conflit, bien qu'il
ait été moqué par tous les
médias-propoagandistes
occidentaux. En Libye, nous avons assisté
à l'improbable retournement
de situation stratégique de
nature mondialiste. En 2001,
le 911 exactement, al Quadea
et son improbable chef
Oussama sont devenus les
ennemis publics numéro 1
Mondiaux. Ils avaient osé
défier la première puissance
politique, économique et
militaire du monde. Ils
avaient réussi
l'incomparable exploit de
détruire les Twin towers et
le Pentagone avec quelques
pirates-kamikazes et des
avions peu remplis de
passagers. Si cette VO est
vraie (heureusement elle est
fausse), pour le coup Allah
ne pourrait que se trouver
du côté de pareils
planificateurs géniaux et
démunis, des charlots
géniaux. Les troubles
attentats du 911 nous ont
appris que la responsabilité
d'al Quaeda était d'autant
plus invraisemblable que
c'était dès le départ une
organisation paramilitaire
sous la coupe des services
secrets saoudiens et de
leurs alliés occidentaux
(atlantistes), contrôlée
régionalement par l'ISI. Mais le sujet n'a pas
vraiment été creusé, du
moins par les médias
dominants, qui il est vrai
servent plus de courroie de
transmission à la pensée
officielle occidentale que
de véritables
contre-pouvoirs menant des
enquêtes subversives et
courageuses. Un journaliste
allemand, l'excellent
Elsässer, avait pourtant
prévenu de la nature des
mercenaires d'al Quadea : en
gros, ils combattaient en
Bosnie aux côtés de l'OTAN
(déjà) et l'on pouvait
trouver un lien sulfureux et
inavouable entre les pirates
de l'air du 911 et les
opérations d'al Quaeda en
Bosnie.
http://www.voltairenet.org/Jurgen-Elsasser-La-CIA-a-recrute
On parle beaucoup de la CIA,
du Mossad ou des services
secrets soaudiens derrière
al Quaeda, ce qui est vrai;
on aborde moins le sujet des
liens entre les services
secrets britanniques et al
Quaeda. Pourtant, services
secrets américains et
britanniques sont jumelés
par des accords depuis la
fin de la Seconde guerre
mondiale, Oussama possédait
un studio à Londres d'après
une tenace rumeur - et les
services secrets français
ont protesté contre la
pépinière terroriste du
Londonistan, complaisamment
entretenue au nom du droit
d'expression inaliénable du
libéralisme.
En Bosnie ou en Tchétchénie
plus tard, les mercenaires
d'al Quaeda se retrouvent du
côté de l'OTAN, plus ou
moins indirectement. Dans le
cas de la guerre de
Yougoslavie, c'est
directement que nos
mercenaires islamistes font
le jeu de ceux qu'ils sont
censés combattre et
repousser - où l'on vérifie
que les discours
anti-occidentaux d'Oussama
sont au mieux des effets de
façade. Et puis survient
l'opaque 911, qui montre le
vrai visage des dirigeants
de l'Occident impérialiste
en phase terminale : pas les
politiciens démagogues et
véreux à la solde de, mais
les financiers (autour du
Groupe Inter-Alpha, créé
autour des accords de 1971
marquant la fin du Bretton
Woods et la
dématérialisation du
dollar).
Les attentats du 911
inversent de manière
manichéenne la tendance des
mercenaires de la légion
islamiste alliés de fait à
l'OTAN. Désormais,
ils deviennent les ennemis
ultimes qu'il convient
d'abattre et une menace
terrible pour la
civilisation (rien de
moins). On donne à tout ce
fatras idéologique une
cohérence à peu de frais
(historique notamment) en
ressortant les discours plus
ou moins poussiéreux et
retouchés d'Oussama contre
l'Occident - en particulier
les Etats-Unis. On oublie
généreusement de rappeler
comment l'hydre al Queda fut
créée, à quel point Oussama
est un piètre théologien
musulman, par contre un
flamboyant mercenaire au
service de la CIA ou des
services secrets saoudiens
commandés de main de maître
par le prince Turki.
L'alliance d'al Quaeda et de
l'OTAN en Bosnie devient
inaudible, tout comme la
présence d'Oussama dans un
hôpital militaire américain
sous assistance de la CIA en
juillet 2001, deux mois
avant les attentats qu'on
lui prête contre ses ex
futurs alliés/parrains. On a
juste oublié de préciser
qu'Oussama est un mercenaire
qui dirige une base de
données mondialiste, non
circonscrite à l'Afghanistan
initial, de mercenaires
islamistes, faciles à
manipuler et idéaux pour
réaliser les plans
machiavéliques de l'OTAN ou
d'autres organisations
atlantistes.
Pendant dix ans, première
décade du nouveau siècle
chrétien, la guerre contre
le terrorisme s'est braquée
contre l'ennemi introuvable
d'al Quaeda. Pour cause : al
Quaeda et son chef Oussama
sont des marionnettes des
dirigeants de la guerre
contre le terrorisme. Un
moyen sûr pour manipuler,
c'est de s'assurer que
l'ennemi vous renvoie une
animosité viscérale emplie
de négativité et dépourvue
de toute positivité. C'est
le cas avec le "message"
creux et haineux d'al Quaeda
qui ne comporte aucune
originalité ni aucune
nouveauté, simplement de la
haine et de la violence
rances. Si quasiment aucun
musulman ne souscrit au
message d'al Quaeda, c'est
bon signe : l'Islam irait
encore plus mal si le refuge
pour sa foi se résumait à
des messages aussi
simplistes, voire simplets.
Au passage, le wahhabisme
est déjà une interprétation
littéraliste
particulièrement ridicule de
l'Islam et que la "doctrine"
d'al Quaeda se trouve
soutenue par des cercles
proches de ceux qui
régentent la foi wahabbite
dans le royaume saoudien
(contenu tellement simpliste
qu'il opère une
simplification du wahhabisme
qui soit prioritairement
accessible aux conceptions
occidentales populaires).
Sans doute existe-t-il une
correspondance entre le
wahhabisme déjà primaire et
le quaedaisme carrément
décérébré.
Et voilà que patatras, 2011
odyssée de la théodicée, on
annonce la mort de
l'introuvable Oussama au
Pakistan, en pleine garnison
militaire pakistanaise
(merci l'ISI?), dans une
banlieue cossue, avec
d'autres personnes également
assassinées (no problemo,
on ne fricote pas avec le
diable). Mort plus que
suspecte puisque l'on
n'obtiendra aucune preuve de
cet assassinat présenté
comme une vengeance légale
(selon la norme du plus
fort, certes). La mort
d'Oussama annonce que la
guerre contre le terrorisme
est enterrée au profit de
son successeur stratégique,
la politique du chaos. Comme
l'impérialisme s'est encore
effondré d'un cran notable
pendant ces dix ans de
guerre contre un ennemi
invisible (et pour cause),
on passe au chaos, à la
zizanie, au plus simple
appareil du vieil adage
impérialiste "diviser pour
régner.
C'est ici qu'interviennent
les contre-révolutions
arabes, qui agissent pour
contrer les révolutions
populaires du "Printemps
arabe" et qui sont fomentées
depuis l'Arabie saoudite
(dont le rôle était déjà
stratégique dans le 911, via
le prince Bandar - toujours
déjà). On retrouve le prince
Bandar et la clique royale
pour le compte de laquelle
il agit. En 2010, on apprend
que les réseaux terroristes
que dirige le prince ont
recruté d'importants
contingents de mercenaires
en Asie mineure (pas
seulement en Afghanistan).
On avait auparavant appris
grâce au scandale al Yamamah
que les réseaux Bandar
recelaient des milliards de
dollars de trésor de pirates
pour financer les mouvements
terroristes qui l'arrangent,
comme en Afrique, en
particulier les mercenaires
d'al Quaeda.
Lors de la guerre
colonialiste et impérialiste
de Libye, surprise
magistrale : l'ennemi s'est
commué en allié de l'OTAN.
Depuis la mort d'Oussama, il
faut croire que de l'eau a
coulé sous les ponts. Pour
preuve, outre les nombreux
califes islamistes institués
arbitrairement dans les
régions de l'est libyen, la
nomination comme commandeur
à ripoli d'un certain
Belhadj, ancien commandant
d'al Quaeda et d'un
groupuscule islamiste
libyen, torturé notamment à
Guantanamo et en Libye par
le MI 6. Attendez, comme
sifflent les imbéciles
offusqués : si le MI 6 s'est
occupé sous le régime
Kadhafi de traiter Belhadj,
cela prouve le double jeu de
l'OTAN (des Britanniques en
particulier) dans ce
dossier, où ils ont renversé
leur ancien allié Kadhafi et
où ils ont installé en lieu
et place celui qu'il
torturait il y a encore peu
de temps.
La supercherie de
l'ingérence démocratique
n'éclate pas seulement (où
l'on voit que cette
contradiction dans les
termes, véritable oxymore,
permet d'accoucher des pires
duplicités). Al Quaeda est
passée du statut d'ennemi
public mondialiste à celui
d'allié dans l'affaire
libyenne. Du coup, on se
rend compte que les
combattants regroupés sous
la bannière d'al Quaeda ne
forment aucune force
militaire ou religieuse
(plutôt idéologique que
religieuse d'ailleurs)
cohérente et indépendante,
mais désigne des mercenaires
qui sont déployés par l'OTAN
et qui peuvent être
retournés sans protestation
par les services secrets
occidentaux ou alliés. Pour
cause : ceux qui composent
leurs rangs hétéroclites
sont des mercenaires pauvres
et perdus, prêts à tout pour
gagner une liasse d'argent.
Souvent, ils disparaissent
assez vite dans les combats,
utilisés comme de la chair à
canons. Ils revendiquent un
Islam littéraliste qui les
aide à accepter leur sort
peu enviable, mais qui
rappelle ce que furent dans
l'histoire les mercenaires :
des esclaves payés par des
maîtres riches, puissants et
sans scrupule. Les
dirigeants de l'OTAN ne sont
rien d'autre que des
oligarques de latifundia.
Les mercenaires d'al Queda
présentent l'avantage
d'obéir à une doctrine
stupide qui leur donne le
loisir de croire qu'ils sont
opposés à l'Occident tout en
travaillant explicitement
pour les intérêts
occidentaux (comme en Libye
où sous couvert de prôner
l'islamisme radical, nos
mercenaires font le jeu
impérialiste de l'Occident
tant vilipendé). Cherchez
l'aigreur. Al Queda est une
opération stratégique sous
fausse bannière : de la même
manière qu'il existe un
terrorisme d'Etat sous
fausse bannière, que l'on a
notamment vu se dévoiler
lors du 911 et qui était
promu par l'OTAN dans sa
lutte contre le communisme
lors des années de plomb en
Europe de l'ouest (notamment
en Italie, mais pas
seulement); de même
existe-t-il un mercenariat
sous fausse bannière, qui
est utilisé par l'OTAN, que
ce soit dans son intérêt ou
contre lui. Dans les deux
cas, les gogos d'al Quaeda
sont les alliés objectifs et
les idiots utiles des forces
impérialistes occidentales.
Le cas libyen sert au moins,
au-delà de sa monstruosité
infâme, à montre le vrai
visage d'al Quaeda, dont les
multiples et contradictoires
traits étaient si confus, si
embrouillés ces dernières
années que l'observateur
informé occidental en était
venu à ne plus bien savoir
qui était al Quaeda, entre
désinformation,
contre-information et
information. Eh bien, al
Quaeda, ce sont des
mercenaires qui défilent
dans une mouvance versatile
et contrôlée, dont la seule
continuité est de continuer
à percevoir les financements
des Saoudiens et de ceux
pour qui ils travaillent :
l'Empire britannique. Comme
si l'impérialisme voyait
aussi s'effondrer, en même
temps qu'il s'effondre
lui-même, son principal
outil de propagande, les
médias soi-disant libres,
plutôt libéraux (ce qui
n'est pas la même chose),
ces caisses de résonance
propagandistes qui
permettent d'embrouiller la
vérité, défendre crédible
l'improbable. Comme en
Libye, où l'OTAN a détruit
un pays, a massacré un
peuple et prétend agir au
nom de l'ingérence
démocratique et avec l'aide
notable des islamistes les
plus radicaux et guerriers,
en particulier ceux proches
d'al Quaeda.
Publié le 21
septembre 2011 avec l'aimable
autorisation de l'auteur
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