Opinion
Quand Marine Le
Pen débusque l'hypocrisie des laïcs en
France
Kharroubi Habib
Photo
archives AFP
Dimanche 23
septembre 2012
La laïcité de
la République française n'est opposable
avec intransigeance qu'à la communauté
musulmane sommée systématiquement de s'y
conformer à chaque fois qu'elle s'estime
stigmatisée par des lois et des mesures
édictées en vertu de ce principe de
laïcité de l'Etat français. La défense
de la laïcité en France a pourtant des
limites pour ses plus acharnés
partisans, comme le prouve le tollé de
leur réaction suite à la proposition
formulée par Marine Le Pen du vote d'une
loi interdisant l'étalage dans la rue de
signes ostensiblement religieux.
La proposition de Marine Le Pen n'a fait
que suggérer d'élargir le champ
d'application de la fameuse loi sur le
«voile islamique» déjà votée et
appliquée en France à l'initiative des
défenseurs de la laïcité républicaine.
La fille de Jean-Marie Le Pen s'est
attirée les foudres indignées de ces
derniers en mêlant «voile islamique» et
kippa juive sur la liste des signes
religieux dont l'étalage public doit
être prescrit. Elle n'avait pas soulevé
leur ire quand elle pourfendait le seul
port du voile par les musulmanes. Ils ne
s'étaient pas offusqués de la
participation à leurs côtés du FN dans
la campagne anti-«voile islamique» qui
s'est conclue par l'interdiction de ce
dernier dans les lieux publics. Pour
avoir cette fois mélangé les genres en
mettant sur le même plan le «voile
islamique» et la kippa juive, elle se
voit accusée d'être une intégriste et sa
défense de la laïcité déclarée xénophobe
et donc condamnable. En fait, Marine Le
Pen est coupable à leurs yeux d'avoir
mis à nu les ressorts islamophobes de
leur croisade contre les signes
religieux.
Tant que Marine Le Pen s'en est tenue au
seul registre de la stigmatisation des
atteintes à la laïcité que
représentaient les signes et pratiques
religieux des musulmans, ses délires
n'ont ni choqué ni indigné.
L'islamophobie en France n'est pas un
crime qui vaut condamnation sans appel à
ceux la professent. Elle s'exprime
librement et ses propagateurs défendus
au nom de la sacro-sainte «liberté
d'expression». En revanche, le moindre
soupçon de soupçon de judéophobie
provoque la levée de boucliers contre
celui ou celle dont le propos en
apparaît teinté. C'est ce dont Marine Le
Pen est accusée après avoir fait
référence à la kippa dans sa proposition
d'une loi sur les signes religieux.
Pourfendre, stigmatiser, provoquer les
musulmans, s'excuse et se défend dans
l'Hexagone, s'en prendre aux juifs et au
judaïsme, voilà le crime absolu,
intolérable dont les auteurs s'exposent
aux pires représailles dont celles de se
voir interdits d'expression dans le pays
de la liberté d'expression.
Marine Le Pen n'a surpris avec sa sortie
sur la kippa que ceux qui faisaient
semblant de croire qu'elle avait jeté
aux orties les fondamentaux raciste,
antisémite et xénophobe que son père a
donnés au parti qu'elle préside
maintenant. Elle a bénéficié de leur
compréhension tant qu'elle s'en est
tenue à la stigmatisation des seuls
musulmans et de leur religion. Mieux,
elle a fait des émules en la matière au
sein de tous les courants politiques
français qui se sont essayés à lui ravir
ce fonds de commerce électoralement
rentable.
Marine Le Pen a mis au pied du mur les
défenseurs purs et durs de la laïcité en
les mettant devant l'alternative soit
d'admettre que leur combat contre les
signes religieux n'est mené que contre
ceux qui singularisent les musulmans,
soit d'admettre qu'il englobe ceux des
autres religions et donc que la kippa en
est un judaïque que la loi laïque doit
en interdire l'étalage dans la rue au
même titre que le «voile islamique».
Pour les avoir acculés à se démasquer,
Marine Le Pen - ne rions pas - mérite
d'être félicitée.
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