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Le Quotidien d'Oran
Pessimisme à
Washington, désillusion à Char El-Cheikh
Kharroubi Habib
La colonie Maale Adomim - Photo: PCHR
Mercredi 15 septembre 2010
L'ouverture officielle, le 2 septembre à Washington, des
pourparlers directs palestino-israéliens avait eu lieu dans une
ambiance pesante du fait du pessimisme s'affichant sur leurs
chances d'aboutir. Leur reprise hier mardi à Charm El-Cheikh, en
Egypte, est empreinte du même climat, voire plus lourd à cause
du refus israélien opposé entre-temps à la demande du président
américain Barack Obama de la prolongation du moratoire gelant
les colonisations juives en territoire palestinien, expirant le
26 courant. Il est quasi impossible dans ces conditions que la
rencontre de Mahmoud Abbas et de Benjamin Netanyahu accouche
d'autre chose que du constat qu'ils ne peuvent aller plus loin
dans leurs pourparlers.
Les deux parties campent sur leurs positions qui sont: pour les
Palestiniens, qu'Israël arrête la colonisation sur leur
territoire, et pour l'Etat hébreu, que les Palestiniens
reconnaissent Israël en tant qu'Etat-nation du peuple juif. Ni
Mahmoud Abbas ni Benjamin Netanyahu ne sont en position de
«faire une concession courageuse» sur ces deux points hautement
explosifs.
Le président palestinien, dont la décision de reprendre les
pourparlers directs avec Israël est très contestée par ses
compatriotes, s'est imposé une ligne rouge à ne pas franchir :
celle de poursuivre les négociations avec l'Etat hébreu alors
que se poursuivrait la colonisation. Il perdrait le peu de
soutien dont il bénéficie au cas où il en viendrait à renoncer à
cet engagement pris par lui.
Le fait qu'il ait pris part à la rencontre de Charm El-Cheikh
sans que l'exigence de l'arrêt de la colonisation soit acceptée
par l'Etat hébreu lui vaut l'imprécation du mouvement Hamas, qui
a qualifié cette rencontre «d'humiliante et dégradante».
Benjamin Netanyahu n'a pas une plus grande marge de manœuvre
que celle du président de l'Autorité palestinienne. A supposer
qu'il cherche vraiment à aboutir à un accord de paix avec les
Palestiniens, lui aussi doit composer avec les forces de la
coalition qui l'a porté au pouvoir. Or, la tendance lourde au
sein de celle-ci est celle du refus à toute concession qui
ouvrirait la voie à la création d'un Etat palestinien viable,
indépendant, aux frontières telles qu'elles étaient en 1967.
Lui-même est sur la même longueur d'onde que les tenants de ce
refus. Ce qui n'augure pas qu'il soit en esprit de s'engager sur
«des décisions courageuses» auxquelles il s'est déclaré prêt
lors de l'ouverture à Washington des pourparlers directs. Toutes
ces déclarations et celles de ses collaborateurs depuis cette
rencontre n'ont au contraire fait que confirmer qu'il est
déterminé à ne rien céder, mais au contraire à forcer les
Palestiniens à le faire.
Se pose alors la question de savoir ce que les Américains sont
en mesure de poser sur la table des négociations pour empêcher
que les pourparlers tournent court. Le camp des anti-accords de
paix en Israël a pris le devant contre la perspective de
l'éventuelle «médiation» américaine, en lançant une campagne de
presse et un appel au Congrès des Etats-Unis invitant à
s'opposer aux pressions américaines qui viseraient à pousser
Benjamin Netanyahu à se départir de son inflexibilité.
Aucune des parties palestinienne ou israélienne ne fera le
premier pas en terme de concession pour ne pas apparaître aux
yeux de leurs censeurs comme les bradeurs de l'intérêt national.
Alors, la perspective d'un accord de paix à intervenir dans
moins d'une année, tel qu'escompté par ceux qui disent ne pas
désespérer, nous paraît hautement improbable.
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