Mali
Mali : la guerre
jusqu'à quand ?
Kharroubi
Habib
Lundi 14 janvier
2013 Les autorités
algériennes ont vainement bataillé sur
la scène régionale et internationale en
faveur de la solution politique comme
mode de règlement de la crise malienne.
Elles ont échoué à la rendre possible et
les événements dont le nord du Mali est
le théâtre, depuis jeudi, les ont
forcées à prendre acte de cette réalité,
mais sans pour autant changer d'avis et
surtout renoncer à considérer que
l'option de la solution politique n'est
plus de mise. Alors qu'une guerre est
déclenchée au nord du Mali et que ses
protagonistes sont déterminés à la mener
jusqu'à réalisation de leurs objectifs
respectifs, il peut paraître que
l'Algérie s'est enfermée dans une
conviction qui n'a plus aucune chance de
rallier à elle les esprits et les actes
des acteurs de la crise malienne qu'ils
soient régionaux ou internationaux.
Pourtant et bien que l'Algérie
apparaisse désormais isolée seule à
prôner encore l'option d'une solution
politique, elle a fondamentalement
raison en persévérant à le dire.
L'option de l'intervention militaire a
triomphé. L'offensive lancée par des
groupes armés en direction du sud du
Mali a rendu indispensable une opération
de ce genre faute de quoi la route vers
Bamako se serait ouverte à ces groupes
armés. Les autorités algériennes ne
disconviennent pas qu'elle s'est imposée
et qu'elle bénéficie d'un consensus
international qui se justifie au vu de
l'urgence créée par l'offensive des
éléments des groupes armés occupant le
nord du Mali. Il n'en demeure pas moins
que l'intervention militaire en cours
n'est pas et ne pourra être la panacée à
la crise malienne comme le prétendent
les partisans maliens et étrangers de la
solution militaire. Elle a certes stoppé
l'avance des groupes armés en direction
du Sud malien et vers Bamako. En se
poursuivant, elle leur infligera de
lourdes pertes et les refoulera plus
haut vers le Nord qu'ils occupent.
Mais au vu de l'étendue et de la
configuration du terrain d'opérations,
il ne faut pas en attendre l'éradication
totale et définitive de ces groupes
armés, d'autant que le tout militaire
qui l'inspire ne s'embarrasse nullement
de répondre favorablement aux
revendications légitimes des populations
du nord du Mali et que partagent une
grande partie des éléments enrôlés dans
les groupes armés qui sévissent dans
cette région du Mali. Il en résultera
inéluctablement l'enlisement dans la
guerre avec pour conséquence la
pérennisation de l'état d'insécurité.
Tôt ou tard les autorités maliennes et
les puissances qui se sont engagées à
leur côté dans cette « guerre de
reconquête » du nord du Mali
s'apercevront que l'occupation du
terrain n'extirpera pas les causes de la
crise malienne. Elles se rendront compte
qu'il faudra qu'elles négocient avec les
représentants de ces populations une
solution de sortie de crise. Ce qui la
guerre se prolongeant sera plus complexe
à atteindre d'autant qu'elle entraînera
pour ces populations des souffrances et
des blessures qui pèseront lourd sur
leur rapport aux autorités de Bamako.
En attendant, l'Algérie est malgré elle
face à une guerre à sa frontière sud
dont elle a raison de craindre qu'elle
déborde sur son territoire. Un scénario
qu'elle a voulu exorciser en prônant le
dialogue politique tant qu'il était
temps entre le pouvoir central malien et
la rébellion touareg du nord du pays
dont les revendications sont loin d'être
illégitimes et attentatoires à la
souveraineté de l'Etat malien.
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