Syrie
Syrie: Robert Mood
met les pieds dans le plat
Kharroubi Habib
Robert
Mood - © Photo AP
Jeudi 7 juin 2012
Lors d'un discours
tenu dimanche matin devant les députés
issus des élections du 7 mai, le
Président syrien Bachar el-Assad a
soutenu que son pays faisait face à un
«plan de destruction» et «à une
véritable guerre menée de l'étranger» et
que ceux qui «sont responsables du
terrorisme ne sont pas intéressés par le
dialogue ou les réformes. Ils sont
chargés d'une mission et ne s'arrêteront
que s'ils l'accomplissent ou si nous
arrivons à les arrêter».
Avec une belle unanimité, des
responsables politiques aux Etats-Unis
et en Europe et les médias occidentaux
l'ont tout aussitôt accusé de travestir
la vérité sur ce qui se passe dans son
pays, et le chef de la diplomatie
saoudienne, Saoud el-Faycal, de
«manœuvrer pour gagner du temps».
Pourtant, ce qu'a dit Bachar el-Assad se
voit confirmé, et non par une source
stipendiée par le régime syrien ou
appartenant au champ de ses alliés
étrangers. La confirmation est venue du
général norvégien Robert Mood, chef des
observateurs onusiens déployés en Syrie.
Il a en effet affirmé lundi s'être fait
la conviction que «des parties
étrangères contribuent à la spirale de
la violence en fournissant à la
rébellion armes et argent». Voilà qui
devrait donner à réfléchir à tous ceux
qui, prenant pour argent comptant les
assertions des ennemis syriens et
étrangers du régime syrien, se font une
vision faussée de ce qui se passe
réellement en Syrie et imputent au
premier d'être seul responsable des
massacres qui sont perpétrés dans ce
pays.
Le cynisme des parties étrangères que le
chef des observateurs onusiens a
pointées, sans pour autant révéler qui
elles sont, ne désarmera pas après la
déclaration de ce dernier. Elles
persisteront dans l'ingérence et à
prétendre en même temps que si le plan
de paix de Kofi Annan est en train
d'échouer, c'est à cause du seul refus
de Bachar el-Assad d'en appliquer les
clauses.
Le régime syrien n'est pas suicidaire :
il ne cessera pas la violence armée
conte l'opposition, qui elle aussi ne
veut pas y renoncer, encouragée,
financée et armée qu'elle est par ses
alliés extérieurs. Fort lui aussi de ses
soutiens étrangers, ce régime n'a nulle
intention de se plier aux pressions
occidentales et de certains Etats arabes
qui le somment au cessez-le-feu
unilatéral, qui signerait son arrêt de
mort.
Bien qu'ils arment sans compter
l'opposition, ses alliés extérieurs ont
fait le constat que sans intervention
étrangère, elle n'est pas en capacité de
l'emporter sur Bachar el-Assad et son
régime. Un constat qui devrait, dans
l'intérêt du peuple syrien, leur faire
convenir que la solution du conflit ne
peut être que politique et négociée. Au
lieu de cette solution, ils manœuvrent
pour tenter de rallier au scénario de
l'intervention étrangère les puissances
qui, depuis le début du conflit, prônent
la solution politique et s'opposent à
leur dessein interventionniste.
Dans le conflit syrien, il faut
s'attendre à d'autres«révélations» sur
ce qui se passe réellement en Syrie, en
particulier sur les massacres et
violations des droits de l'homme que la
propagande des opposants et de leurs
alliés n'attribuent qu'aux gens du
régime. La Haute Commissaire de l'ONU
dit vrai en estimant que «la situation
en Syrie risque de dégénérer en un
conflit total et l'avenir de ce pays et
de la région dans son ensemble pourrait
être alors en grave danger». Pour
enrayer la spirale de violence qui y
conduit, la communauté internationale,
soucieuse de ramener la paix, doit
certes continuer à faire pression sur le
régime syrien pour qu'il cesse de
réprimer son peuple, mais aussi sur les
parties étrangères qui encouragent et
incitent ses opposants à poursuivre la
guerre fratricide. Ce à quoi ne sont pas
résolus la France, le Qatar et l'Arabie
Saoudite, pour ne citer que les Etats
qui plaident franchement pour
l'intervention militaire et la chute du
régime syrien au profit de leurs
protégés dans la résistance syrienne.
De ceux-là, il faut s'attendre à ce
qu'ils soulèvent un tollé médiatique
contre le chef des observateurs onusiens
qui a osé dire ce qu'ils ne veulent pas
entendre.
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