Opinion
Syrie: vers la
répétition du scénario libyen
Kharroubi Habib
Bachar al-Assad
- Photo: Sana
Mercredi 6 juillet 2011
Pour ne pas avoir pu ou su tirer les
enseignements de l'enchaînement des
évènements qui ont plongé la Libye
dans la guerre civile et fourni le
prétexte à l'intervention armée dans
ce pays, le régime syrien est menacé
de se retrouver dans la même
situation que celle à laquelle est
confronté celui de Mouammar Kadhafi.
Tout comme ce dernier, Bachar El-Assad,
si tant est que c'est lui qui
détient vraiment les rênes du
pouvoir en Syrie, a cru pouvoir
étouffer la révolte populaire en
procédant à sa répression brutale.
Ce n'est qu'au constat que cette
révolte est irrépressible malgré la
violence de la répression mise en
œuvre, que le pouvoir syrien s'est
avisé de lâcher quelques promesses
de réformes politiques et de parler
de dialogue national.
Sauf que les choses étant allées
trop loin entre le régime et ceux
qui le contestent, ce n'est pas
l'apaisement que les « gestes
d'ouverture » du premier favorisent,
mais au contraire la radicalisation
de leurs revendications. D'autant
qu'aucune médiation régionale ou
internationale ne s'est manifestée
pour tenter d'éviter à la Syrie la
répétition du scénario libyen.
Il est clair qu'à moins d'instaurer
« la paix des cimetières » en
lâchant sans retenue son armée et
ses forces de sécurité contre son
peuple, le régime syrien ne peut
plus rester aux commandes du pays.
Mais Bachar El-Assad se tromperait
encore une fois s'il pense que du
fait de la position et du rôle
stratégique qu'a la Syrie dans la
région, il peut, contrairement à
Kadhafi, réaliser ce dessein sans
que ne s'organise contre son régime
une ingérence militaire étrangère.
La situation dans laquelle est
enferrée la Syrie par la faute de
ses dirigeants, sourds aux
aspirations du peuple, appelle au
contraire inévitablement à cette
solution. Il n'est pas besoin d'être
dans le secret des puissances
étrangères, qui ont dans leur point
de mire la chute du régime syrien,
pour comprendre que s'est mise en
place la machinerie qui prépare le
terrain à une intervention
internationale. Pour l'heure,
l'objectif est d'intensifier
l'expression de la réprobation
internationale que suscite la
répression exercée en vase clos par
le régime syrien, d'en exagérer
l'ampleur en lui donnant une
dimension génocidaire, disqualifiant
pour de bon Bachar El-Assad et les
dirigeants syriens. L'autre est de
faire en sorte que le mouvement de
révolte du peuple syrien ne se
satisfasse pas d'une solution
négociée avec le régime en place.
Devant l'impasse ainsi créée, la
solution d'une intervention «
humanitaire » internationale
s'imposera alors même pour « les
alliés historiques » du régime
syrien. Ce scénario n'est pas une
vision de l'esprit seulement. Il est
en réalité en marche.
Là aussi, ce n'est pas le tragique
de la situation du peuple syrien qui
motive la volonté de la plupart des
puissances et de leurs milieux
médiatiques de vouloir en finir avec
le régime de Bachar El-Assad. Il se
trouve seulement que celui-ci
n'entre pas dans le schéma que
dessine le plan du Grand
Moyen-Orient pour la région.
Par l'aveuglement et l'incapacité à
anticiper dont fait montre ce
régime, il a offert à tous ses
ennemis l'occasion et les
justifications de l'abattre. Quant à
ce qu'il en résultera après cela
pour le peuple syrien et la région,
ce ne sont pas les
interventionnistes « humanitaires »
qui s'en soucieront.
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