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Le Quotidien d'Oran
Palestine : il est
temps de trancher
Kharroubi Habib
Dimanche 3 octobre 2010
George Mitchell, l'envoyé spécial américain pour le ProcheOrient,
est réparti vendredi une nouvelle fois bredouille d'une énième
navette en Israël et à Ramallah. La même déconvenue a conclu la
visite effectuée aux mêmes lieux par Catherine Ashton, la haute
représentante de l'Union européenne aux Affaires étrangères.
Il s'agissait pour les deux émissaires d'obtenir de leurs
interlocuteurs israéliens et palestiniens le compromis qui
sauverait les négociations directes entre eux entamées le 02
septembre à Washington et menacées de suspension du fait du
refus israélien de prolonger le gel partiel de la colonisation
en Cisjordanie. Benjamin Netanyahu oppose une fin de
non-recevoir à cette demande en dépit des fortes pressions
internationales qui se sont exercées sur lui. Il a tout juste
concédé que les constructions qui ont repris après la fin du
moratoire de leur gel «seront modérées et faites avec retenue».
Ce qui pour les Palestiniens équivaut purement et simplement à
une reprise de la colonisation de leurs territoires, dont ils
ont fait de l'arrêt total la condition irrévocable pour la
poursuite des négociations directes.
A ce point où la rupture se profile dans le processus de
négociation, la responsabilité israélienne est clairement
établie et quasi unanimement dénoncée par l'opinion et la
communauté internationales. Il n'y a que des congressistes
américains pour ne pas en convenir et agissent pour faire forcer
les Palestiniens à rester à la table des négociations, alors que
les constructions juives en Cisjordanie ont repris de plus belle
sous la forme que des commentateurs israéliens qualifient de
«colonisation light». Reste à savoir si Mahmoud Abbas et
l'Autorité palestinienne s'en tiendront à leur position de
principe, qui est de ne pas continuer à négocier alors que se
poursuit la colonisation des terres palestiniennes.
Ils ont raison d'avoir durci le ton et refusé d'accepter le
fait accompli israélien, comme on veut les y pousser. La balle
est dans le camp israélien mais aussi dans celui de la
communauté internationale. Un des principaux membres du Fatah,
Jibril Rejoub, l'a clairement énoncé en faisant valoir que «si
le monde est incapable de faire entendre raison à Israël, alors
il devrait reconsidérer la légitimité de la poursuite de
l'existence de cet Etat qui a été établi avec l'aval de la
communauté internationale». Les Palestiniens n'ont pas à se
contenter des déclarations dilatoires sur la poursuite de la
colonisation. S'ils le font, ce serait de leur part tomber dans
le piège de Netanyahu, qui cherche à ce que les négociations
directes se poursuivent jusqu'aux élections de mi-mandat aux
Etats-Unis en novembre prochain. La perspective d'une déroute
démocrate, et donc d'un affaiblissement de Barack Obama que les
sondages et commentaires prédisent, lui permettra après ces
élections de ne plus faire l'objet de pression de la part de
Washington, tant sur la question de la colonisation que sur tout
le reste qui est en jeu dans les négociations
israélo-palestiniennes.
En différant de date en date sa réunion sur le dossier
palestinien, la Ligue arabe participe consciemment ou pas à
faire gagner du temps au Premier ministre israélien. Alors qu'il
est urgent que Palestiniens et Arabes fassent savoir au monde
qu'il a à tirer les conclusions de l'intransigeance israélienne
et que ce n'est pas à eux qu'il faut imputer la responsabilité
de l'arrêt du processus de paix.
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