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TLAXCALA
Les Palestiniens
suspectent des agents israéliens
d’être derrière les attaques incendiaires d'églises
Khalid Amayreh
17 septembre 2006
Les dirigeants
nationalistes et islamiques palestiniens ont vigoureusement
condamné dimanche les attentats à la bombe contre quelques églises
en Cisjordanie, qualifiant ces incidents de « suspects » et d’«
incompatibles avec la culture palestinienne et islamique ».
Trois églises de Naplouse, Tulkarem et Tubas, dans le nord de la
Cisjordanie ont été attaquées avec des bombes incendiaires par
des malfaiteurs inconnus, provoquant des dommages
mineurs.
Le maire de Tubas, où une petite église orthodoxe grecque a été
attaquée, accuse « des éléments suspects » - une référence
aux agents israéliens du Shin Bet (principale agence des
renseignements intérieurs israélienne) - « de s’embarquer
dans cet acte affreux et criminel. »
« C'est soit des collaborateurs israéliens soit quelques imbéciles
trop zélés vexés par les remarques du Pape », a dit Iqab
Darghmeh (Abou Ahmed), lors d’une interview téléphonique.
Darghmeh et des notables musulmans, y compris des représentants
du Fatah, du Hamas et des dirigeants locaux, ont visité l'église
dimanche matin pour montrer leur solidarité avec la petite
communauté chrétienne de la ville.
« Les chrétiens ne sont pas ici une secte séparée. Ils sont
notre chair et notre sang. Ce sont nos frères. Une attaque contre
leurs églises est une attaque contre l'Islam et contre le peuple
palestinien. »
Les attaques incendiaires ont été largement condamnés par les
chefs religieux et politiques dans toute la Cisjordanie et dans la
Bande de Gaza.
Le Cheikh Mhamed Hussein, le religieux musulman de plus haut rang
de Jérusalem-Est a qualifié l’attentat d’« immoral,
contraire à l’éthique et nuisible à l'unité palestinienne ».
« Ceux qui ont commis ces actes ne représentent pas les
Palestiniens. Il s’agit d’une bande d’ignorants et de
fanatiques, ou d’éléments suspects ». Dans le lexique
politique palestinien, « éléments suspects » est une allusion
aux collaborateurs et aux informateurs d’Israël.
Plus tôt, le mufti de Ramallah, Jamal Bawatneh, a demandé
instamment à tous les Palestiniens d’informer sur tout individu
vu en train d’attaquer ou de vandaliser des églises et des
propriétés chrétiennes.
« J'invite la population à informer sur tout individu effectuant
un crime contre des personnes et des propriétés. Ne pas le faire
équivaudrait à de la trahison et à de la complicité »,
indique un communiqué du Ministère de l’Intérieur palestinien
à Gaza.
Le Hamas condamne
le vandalisme
En même temps, le groupe
de la Résistance Islamique, le Hamas, a condamné énergiquement
les attaques d’églises en Cisjordanie, appelant de telles
attaques « criminelles et nuisibles à la cause palestinienne ».
« Je suis sûr qu'Israël se réjouit de cela. Israël
veut toujours créer des problèmes et des divisions entre
musulmans et chrétiens. Et ceux qui ont commis ces actes servent
seulement la propagande et les buts sionistes », a dit Yousuf
Ibrahim, un porte-parole du Hamas de la région de Bethléhem.
« Je suis pratiquement certain qu'au moins certains des
malfaiteurs sont des agents israéliens. »
Dimanche, le ministre de l’Intérieur de l'Autorité
Palestinienne (PA), Sa'eed Siyam, a ordonné à l’appareil de sécurité
d’intensifier les mesures de protection autour des églises de
Cisjordanie et de la Bande de Gaza.
Les remarques du
Pape condamnées
Les chefs religieux
musulmans et la plupart des dirigeants chrétiens et laïques ont
condamné les remarques anti-islamiques faites par le Pape Benoît
XVI en Allemagne le 12 septembre.
Le Pape a cité un empereur byzantin médiéval disant : «
Montrez-moi juste ce que Mohomed a apporté de nouveau, et vous y
trouverez seulement des choses mauvaises et inhumaines, comme son
commandement de propager par l'épée la foi qu'il a prêchée. »
Les remarques ont créé de l’irritation mais surtout des réactions
non-violentes à travers le monde musulman, les leaders musulmans
invitant le Pape à faire des excuses pour offense à la
sensibilité musulmane.
Quelques érudits musulmans ont interprété les remarques comme
« une déclaration de guerre à l'Islam ».
« Quand vous dites que l'Islam est mauvais, non seulement vous le
délégitimez, mais vous encouragez la guerre ouverte contre ses
disciples », a dit le Juge Suprême de la Charia de Cisjordanie
et de la Bande de Gaza, le Cheikh Taysir Tamimi.
Le Pape a plus ou moins fait des excuses lors d’une messe
dimanche.
« Je souhaite aussi ajouter que je suis profondément désolé
pour les réactions dans quelques pays à quelques passages de mon
allocution à l'Université de Ratisbonne, qui ont été considérés
comme blessants pour la sensibilité musulmane.
« C'était en fait une citation d'un texte médiéval, qui
n'exprime en aucune façon ma pensée personnelle. »
Original : umkahlil
Traduit de
l'anglais par Pétrus Lombard, membre associé et révisé par
Fausto Giudice, membre de Tlaxcala,
le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique. Cette
traduction est en Copyleft : elle est libre de reproduction, à
condition d'en respecter l'intégrité et d'en mentionner sources
et auteurs.
Illustration de
titre :
Palaestina, La Terre Saincte, carte de Petrus Bertius, gravée sur
cuivre par Petrus Karius, 1626
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