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Fiasco à Amma !
Khalid Amayreh
Mercredi 8
février
2012
IRIB-Les pourparlers qualifiés «
d’exploratoires » par certains cadres de
l’Autorité palestinienne (AP) n’ont
jamais eu la moindre chance d’aboutir,
étant donné le refus inébranlable et
obstiné d’Israël de mettre un terme à
son occupation militaire de la
Cisjordanie, de la Bande de Gaza et de
Qods Est ainsi que d’autoriser le
rapatriement de millions de Palestiniens
déracinés dans leurs villages et leurs
maison, dans ce qui s’appelle
aujourd’hui « Israël ».
Ces demandes palestiniennes sont les
plus élémentaires et minimalistes à
satisfaire pour pouvoir un jour
sauvegarder un accord de paix.
Mais il est évident que les prétendus
pourparlers de paix sont tenus non en
vue de parvenir à une paix véritable,
mais plutôt pour occuper les deux
parties et pour faire plaisir au
Quartette, lequel se plairait à avoir le
sentiment que quelque chose se passe et
que le train de la paix n’est pas
irrémédiablement bloqué en gare.
C’est ce qu’affirment les
négociateurs palestiniens éternellement
frustrés, on le conçoit, puisque Israël
ne cesse jamais de voler les terres
palestiniennes et de démolir des maisons
palestiniennes, ne cherchant pas
réellement un accord de paix digne mais
s’efforçant plutôt de liquider la cause
palestinienne.
Tel est le message délivré aux
délégués de l’AP par Yitzhak Molcho,
chef de la délégation sioniste aux
pourparlers, dans son exposé de la
vision israélienne d’un « compromis »
territorial final en Cisjordanie.
Des sources palestiniennes décrivent
les idées de Molcho comme « improbables
». Néanmoins, certains délégués de l’AP,
comme Sa’eb Erekat, semblent disposés à
entendre Molcho, ce qui pourrait
suggérer que l’AP serait disposée à
abandonner la demande-clé qu’est le
retrait de Cisjordanie jusqu’au dernier
pouce de terrain.
Le retrait de la totalité de la
Cisjordanie et de Qods Est a toujours
été une constante palestinienne
jouissant d’un large consensus national.
Selon la vision de Molcho, Israël
conserverait et annexerait toutes les
colonies juives et les avant-postes de
la colonisation établis depuis 1967.
Quant à Qods Est sous occupation, la
ville ferait partie de la capitale
israélienne « éternelle et indivisée ».
Toutefois, moyennant un peu de « bonne
volonté » palestinienne, Israël se
montrerait assez magnanime pour accorder
aux arabes et aux musulmans un accès
limité aux lieux saints de l’islam à
l’Esplanade des Mosquées.
C’est le point essentiel de la
position israélienne et il est très
improbable que le gouvernement de
Benjamin Netanyahou, de loin le
gouvernement le plus fasciste et
anti-paix, fasse un jour des «
concessions » sérieuses susceptibles de
donner aux chasseurs de mirages parmi
l’AP et les arabes désespérés, comme le
roi de Jordanie, ou les cadres du
Quartette, le moindre espoir de sauver
un accord.
Les Israéliens se rendent compte que
le Quartette n’est pas en position de
les contraindre à faire de réelles
concessions pour la paix. En outre,
l’administration américaine vit une
année électorale, pendant laquelle les
prétendants à la présidence sont forcés
de trancher dans une alternative peu
attrayante concernant Israël : soit ils
se transforment délibérément en vrais
prostitués politiques contraints de
satisfaire les désirs et caprices
israéliens, soit ils commettent un
suicide politique.
Nous avons eu récemment un exemple de
cette prostitution politique quand le
prétendant républicain Newt Gingrich
s’est référé aux Palestiniens comme à un
« peuple inventé ». Ce candidat «
présidentiel » d’une ignorance crasse
oublie complètement le fait qu’en
comparaison avec le peuple palestinien,
le peuple américain (hormis les
Amérindiens) est en fait davantage
qu’inventé, puisque la majorité des
Américains sont des immigrants du monde
entier.
Mitt Romney, le rival de Gingrich, se
complairait dans pareille diarrhée
verbale, afin de plaire à Israël et à
ses cercles riches et puissants aux
Etats-Unis.
La même chose s’applique au Président
en exercice Barack Obama, qui ne rate
jamais une occasion de faire l’éloge
d’Israël, un état qui mérite
l’appellation de crime contre l’humanité
pour l’immense souffrance et
l’oppression monumentale qu’il a
infligées à un peuple sans défense dont
le seul crime est de ne pas appartenir à
la tribu sacrée, à la « race des
seigneurs » ou Peuple Elu.
Dès lors il serait futile de placer
le moindre espoir dans une
administration américaine traitant les
Palestiniens sans le moindre semblant de
justice. La culture politique
étasunienne est tout simplement trop
machiavélique pour produire des
présidents dotés de principes et d’une
conscience morale, susceptibles de
sauter dans le train de la moralité
plutôt que dans celui de l’opportunisme.
Quant à l’UE, il est clair que le
maximum de ce qu’elle pourrait faire ne
suffirait pas à forcer Israël à accéder
aux demandes internationales ou à tenir
compte du droit international. Cela veut
dire que l’UE ne peut que jouer un rôle
complémentaire au rôle américain. Par
ailleurs, certains Etats européens comme
l’Allemagne sont toujours handicapés par
le poids de l’héritage du génocide nazi
et sont incapables de mener réellement
envers le régime sioniste une politique
sensée qui puisse conduire à une paix
véritable.
Le rôle que joue la Russie dans le
Quartette est lui aussi secondaire et
symbolique, en dépit de la rhétorique
pro-palestinienne que nous entendons
encore chez les diplomates russes
arabophones qui apparaissent sur les
écrans de télévision arabes ou russes.
Dans ces conditions il est vraiment
difficile d’envisager une chance
raisonnable de paix véritable qui
rencontrerait un minimum d’aspirations
palestiniennes et aurait l’acceptation
d’une majorité de Palestiniens dans le
pays et dans la diaspora.
Au lieu de cela on assiste aux
efforts concertés et frénétiques
d’Israël pour imposer le fait accompli
aux Palestiniens, fait accompli qu’il
cherche à parfaire en construisant
davantage de colonies et en étendant les
colonies existantes. Tout futur Etat
palestinien en Cisjordanie ne pourrait
couvrir que des parties, mais non tout
le territoire occupé, la majeure partie
de Qods Est restant sous occupation.
Quant au droit au retour, il est
évident que les deux parties
s’accorderaient à ne pas être d’accord
sur cette question prépondérante, mais
reste à voir si cet épineux dossier
ferait obstacle à un accord partiel
possible.
A l’évidence, les Palestiniens ont
peu d’alternatives à leur disposition
pour faire un choix. Toutefois il est
essentiel que les dirigeants
palestiniens ne sacrifient pas les
constantes nationales palestiniennes sur
l’autel des faveurs et du soutien
financier des Américains et des
Européens.En fin d’analyse, les
dirigeants de l’AP devraient être
capables de « jeter les clés » et
d’abandonner l’objectif de la
construction d’un Etat. Je dis cela
parce que la construction d’un Etat en
soi n’a jamais été un objectif essentiel
ou central.
En effet, au cours des différentes
phases de leur combat, les Palestiniens
ont toujours voulu libérer leur pays
usurpé des mains coupables du sionisme
international. Et la dernière chose que
les Palestiniens chez eux et en exil
accepteraient, c’est de recevoir une
petite partie de leur terre ancestrale
en vue d’y établir un Etat, en échange
de la liquidation de leur cause et de la
destruction de leurs droits historiques,
notamment le droit au retour.
Source : Al-Qassam
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Reçu de l'IRIB le 8 février 2012 pour
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