|
L'EXPRESSIONDZ.COM
KOUCHNER
À LA TÊTE DE LA DIPLOMATIE FRANÇAISE
Dr Jekkyl et Mr Hyde
Karim Mohsen
19
mai 2007 La diplomatie française
a été confiée au socialiste Bernard Kouchner suscitant
scepticisme et interrogations. La nomination
du socialiste Bernard Kouchner à la tête de la diplomatie française
titille observateurs et analystes de la scène politique française,
et suscite nombre d’interrogations notamment eu égard aux
positions tranchées que professe le président Sarkozy, connotées
à sa philosophie de la «discrimination positive». Dès
lors, il est patent de se demander qu’en sera-t-il des relations
(futures) de la France avec son environnement régional (arabe et
méditerranéen) singulièrement. Lors de son discours
d’investiture mercredi au Palais de l’Elysée, M.Sarkozy, a réitéré
ce que, dès le soir de son élection, il a appelé de ses voeux:
la construction de l’union de la Méditerranée, indiquant: «Je
me battrai pour l’union de la Méditerranée. En tournant le dos
à la Méditerranée, la France a cru tourner le dos à son passé,
en fait, elle a tourné le dos à son avenir. Je me battrai pour
le développement de l’Afrique parce que le destin de l’Europe
et celui de l’Afrique sont incontestablement liés.»
Certes! On peut estimer que ces paroles expriment le bon sens et
sont dénuées de toutes surenchères politiciennes ou d’arrière-pensées
de mauvais aloi, d’autant plus que l’intérêt supérieur de
la France exige et commande que le président de la France (le
chef de l’Etat français est doté de pouvoirs étendus) prenne
en compte tous les paramètres qui permettront à Paris de
valoriser sa condition de grande puissance, en redonnant la place
qui lui sied au pourtour méditerranéen -qui est avant tout, un
pourtour arabe- en étant plus active dans la construction de ce
grand Lac de paix, que devrait être la mer Méditerranée. Aussi,
tout en prenant note de l’intérêt que proclame M.Sarkozy pour
l’hémisphère Sud, il est également séant d’attendre pour
voir plus clair si les actions, sur le terrain, du nouveau président
français s’accordent avec ce qui semble être, jusqu’à plus
ample informé, une profession de foi. Toutefois, un doute nous
prend à l’annonce de la nomination de M.Kouchner aux Affaires
étrangères pour la mise en oeuvre de la politique qu’il veut
initier en direction de la Méditerranée et de l’Afrique
singulièrement. Or, on ne peut s’empêcher de se demander si
M.Kouchner est bien la personnalité appropriée capable, outre de
donner aux perspectives méditerranéennes de M.Sarkozy leurs
dimensions avérées, alors que l’ancien président de l’ONG
«Médecins sans frontières» est marqué par les
positions triviales qu’il assure envers le monde arabe d’une
manière générale, l’Algérie en particulier. Alors que l’élection
du nouveau président français -pro-américain et très cool
envers Israël- dont la politique exclusive envers les immigrés
-outre de faire craindre des dérapages- est peu rassurante, la
nomination de M.Kouchner aux Affaires étrangères aura une
connotation provocatrice envers les Arabes. En tout état de
cause, elle est mal venue pour un homme qui veut changer la France
et donner d’elle une image plus clean, plus en phase avec les réalités
qui sont celles de la globalisation et de la mondialisation qui
meuvent les relations internationales. Mettre l’homme de «l’ingérence
humanitaire» à la tête de la diplomatie française c’est
faire fi de rapports nouveaux et apaisés avec le sud de la Méditerranée
que M.Sarkozy s’est dit prêt à initier. Nous ne croyons pas,
pour notre part, que Bernard Kouchner soit effectivement l’homme
qu’il faut pour impulser «l’union de la Méditerranée»
que le nouvel hôte de l’Elysée appelle de ses voeux réitérant,
lors de son investiture, sa vision d’une Méditerranée unie et
ouverte vers le progrès. D’autre part, M.Kouchner, l’un des
fondateurs de l’ONG ‘’Médecins sans frontières’’, a le
défaut d’avoir une vision sélective de la défense des valeurs
humaines et humanitaires, quand celui-ci pratique un humanisme à
géométrie variable, ignorant totalement les exactions commises
par Israël contre le peuple palestinien, se faisant, en revanche,
le chantre du «droit» d’Israël de se «défendre»,
feignant d’ignorer que l’Etat hébreu occupe les territoires
palestiniens faisant ainsi obstacle à une solution équitable au
contentieux israélo-palestinien. Et puis, un humanisme «médiatisé»
(M.Kouchner, photographié dans les années 90, coltinant un sac
de riz sur le dos pour les pauvres d’Afrique) ne qualifie
guère son auteur à des actions de probité. M.Kouchner fait
surtout montre d’un exclusivisme de mauvais aloi qui ne le
destine pas aux missions qui semblent lui être promises. Bernard
Kouchner ajoute à ces mauvais points, le fait d’avoir été
l’un des rares hommes politiques français à avoir approuvé
l’invasion de l’Irak par l’armée américaine au moment où
la France officielle de Jacques Chirac combattait l’unilatéralisme
américain au Conseil de sécurité. Or, la confirmation de
Bernard Kouchner au Quai d’Orsay est déjà une indication, plus
que probante de ce que sera l’orientation future de la politique
étrangères française, plus que ne le laissait entrevoir le
discours alambiqué du nouveau président français. M Sarkozy
affirmait mercredi: «Je me battrai pour l’union de la Méditerranée.»
Certes! Or, le choix de M.Kouchner, pour diriger la diplomatie
française, est totalement en contradiction avec cette politique
«ouverte et généreuse» que M.Sarkozy veut mettre en
place. D’autant plus que de ce côté de la Méditerranée, on
se rappelle qu’au plus fort des massacres des hordes islamistes
-qui tuaient sans distinction cadres, intellectuels, civils,
militaires, journalistes et citoyens- M.Kouchner militait
activement pour une «ingérence» étrangère en Algérie,
et a été, accessoirement, l’un des promoteurs du fameux «Qui
tue qui» qui a fait tant de mal au pays. Certes, le choix de
la politique étrangère de la France appartient au président
français, mais que l’on nous permette néanmoins d’être
sceptique quant aux capacités de Bernard Kouchner d’être
l’homme de la situation et le mieux placé pour donner corps à
la politique que Nicolas Sarkozy compte initier pour la Méditerranée.
Région qui est d’abord un ensemble arabe et musulman. D’autre
part, quel crédit accorder au credo méditerranéen de M.Sarkozy
alors que ce dernier réaffirme sa ferme opposition à l’adhésion
de la Turquie à l’Union européenne arguant que la Turquie
-pays musulman et méditerranéen- n’a pas sa place en Europe.
Alors? Quid de l’union de la Méditerranée? Publié avec l'aimable autorisation de l'Expression
|