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L'EXPRESSIONDZ.COM
TOURNÉE
DU PRÉSIDENT AMÉRICAIN DANS LE GOLFE
Bush: «L’Iran menace la sécurité du
monde»
Karim Mohsen
L'Emir Sheikh Khalifa bin Zayed al-Nahayan présente
uncollier à George W. Bush,
le 13 janvier 2008 à Abu Dhabi
©AFP - Mandel Ngan
14 janvier 2008 Le
chef de l’Administration américaine ne fait pas dans les
demi-mesures, accusant la République islamique d’être un danger
pour la planète. Rien que ça! M.Bush
faisant dans l’emphase, a surdimensionné la présumée menace
que constituerait l’Iran «pour la sécurité des pays du
monde». Ce qui, à l’évidence, est à tout le moins
excessif. Et tout ce qui est excessif reste insignifiant. A ce que
l’on sache ce n’est pas la République islamique d’Iran qui
entretient des bases militaires et navales à Porto Rico, à Hawaï,
en Floride ou en Alaska, en Europe et en Asie, ni ses bombardiers,
lestés de bombes atomiques, qui parcourent, H24, le ciel de la
planète, que sa flotte se tient au large des eaux territoriales
américaines.
A force de vouloir convaincre de la nuisance supposée de
l’Iran.
M.Bush risque surtout d’obtenir l’effet contraire, car à trop
forcer le trait le chef de la Maison-Blanche dépasse ses
objectifs, prenant même, si cela se peut, ses interlocuteurs
arabes pour des demeurés. Ceux-là savent pertinemment qu’une
guerre avec l’Iran sera d’abord catastrophique pour les pays
du Golfe et du Moyen-Orient.
A Abou Dhabi, où il s’est «adressé» directement aux
Iraniens, le président américain, George W.Bush, a déclaré que
«les actions de l’Iran menacent la sécurité des pays à
travers le monde» indiquant: «Les Etats-Unis renforcent
donc leur vieil engagement en matière de sécurité auprès de
leurs amis dans le Golfe et rassemblent des amis dans le monde
pour faire face à ce danger avant qu’il ne soit trop tard.»
M.Bush s’est donné pour objectif lors de sa tournée
moyen-orientale de «rassurer» les monarques arabes qui se
sentiraient, à en croire les déclarations de responsables américains,
menacés par l’Iran.
Or, aucun pays de la région n’a donné cette impression ni,
jusqu’à preuve du contraire, ne s’est plaint du voisin
iranien dont les activités nucléaires entrent de plain-pied dans
les règles induites par le TNP (Traité de non-prolifération
nucléaire, traité dont le seul pays de la région qui ne s’y
plie pas, et se singularise par son unilatéralisme, est Israël).
Chez les peuples (sans doute les monarques aussi) du Golfe, George
W.Bush apparaît surtout comme le porte-voix d’Israël qui prétend
interdire à tous les pays arabes d’accéder à la connaissance
de la science nucléaire. Donc, le président américain, à
partir d’Abou Dhabi -situé juste en face de l’Iran de
l’autre côté du détroit d’Ormuz- s’est adressé aux
Iraniens et aux dirigeants de ce pays, déclarant aux premiers: «Vous
avez le droit de vivre sous un régime qui est à l’écoute de
vos souhaits, respecte vos talents et vous permet de bâtir une
vie meilleure pour vos familles.» Ajoutant: «Malheureusement,
votre gouvernement vous refuse ces chances et menace la paix et la
stabilité de vos voisins.» Et il poursuit faisant la leçon
aux seconds, les appelant à «écouter (la) volonté» du
peuple iranien. «Nous appelons le régime à Téhéran à écouter
votre volonté et à vous rendre des comptes.» Si les petits
émirats, comme Qatar, Bahreïn ou les Emirats arabes unis, écoutent
leur puissant allié, mais n’en pensent pas moins, ce n’est
pas le cas pour l’Arabie Saoudite qui n’entend pas se faire
bousculer dans son jardin et n’a pas manqué de le faire savoir
par la presse du Royaume proche du Palais royal. Mais c’est le
prince Fayçal, ministre des Affaires étrangères, qui a donné
le ton même si ses déclarations restent feutrées et empreintes
de diplomatie. Le prince Fayçal a, ainsi, déclaré mercredi -au
moment où l’affaire de l’incident entre les marines américaine
et iranienne est montée en épingle par le Pentagone- «Nous
écouterons avec intérêt toute question soulevée par le président
Bush (...) mais l’Arabie Saoudite est un voisin de l’Iran dans
le Golfe, qui est un petit lac, et nous souhaitons que
l’harmonie et la paix prévalent entre les pays de la région.»
Le prince saoudien répondait à une question sur la volonté
affichée de M.Bush d’évoquer avec les dirigeants régionaux
les «ambitions agressives» de l’Iran. Une fin de
non-recevoir qui, quoique officieuse, n’en remet pas moins à sa
juste dimension la «menace» iranienne, si évidemment
menace il y a. Or, outre les 160.000 soldats stationnés en Irak,
les Etats-Unis entretiennent dans la région une véritable armada
constituée par les forces stationnées au Koweït, au Qatar (QG
du Commandement américain pour le Moyen-Orient, avec sa force
d’intervention rapide) à Bahreïn, quartier général de la Ve
flotte, qui patrouille dans les eaux du Golfe et du détroit
d’Ormuz, en sus de navires de guerre positionnés dans et autour
du Golfe.
Alors, qui menace la sécurité des pays du monde? Les Etats-Unis
qui exercent leur hégémonie sur la planète semblent ne pas
concevoir que subsiste une toute petite partie, l’Iran, qui échappe
à leur contrôle. Ceci explique sans doute cela, mais il reste
que le président Bush pousse le bouchon un peu loin jusqu’à
n’être pas crédible auprès de ceux-là même les mieux disposés
à son égard, ces Arabes, dit modérés, qu’il veut entraîner
dans sa croisade contre l’Iran. Droits de
reproduction et de diffusion réservés © L'Expression
Publié le 14 janvier 2008 avec l'aimable autorisation de l'Expression
Crédits photo : AFP - Mandel Ngan
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