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L'EXPRESSIONDZ.COM
TOURNÉE
DE BUSH AU PROCHE-ORIENT
Des mots ... encore des maux
Karim Mohsen
Mahmoud Abbas et George Bush
12
janvier 2008 Pour les
Palestiniens qui n’en peuvent mais...la sortie palestinienne du
président américain aura été peu convaincante. C’est
le moins qui puisse en être dit, tellement M.George W.Bush
semblait accomplir une corvée en arrivant à Ramallah occupée,
barricadée et assiégée par l’armée israélienne. M.Bush
escorté et encadré par une véritable armada sécuritaire, n’a
pu qu’apercevoir rapidement et de loin les centaines de barrages
qui ceinturent la ville de Ramallah, comme ne discerner qu’une
petite partie des centaines de kilomètres du mur de béton qui
empiète en profondeur la Cisjordanie occupée. Le président américain
a même fait dans l’humour noir approximatif déclarant aux
Palestiniens: «Vous serez heureux d’apprendre que mon cortège
de pas moins de 45 voitures a pu passer s’en avoir à s’arrêter.
Je ne suis pas vraiment sûr que ce soit le cas du voyageur moyen.»
C’est ce que l’on appelle parler de corde dans la maison
d’un pendu. De fait, son rapide passage dans la capitale de
l’Autorité autonome palestinienne n’a servi, tout au plus,
que d’alibi à une visite consacrée totalement à Israël et au
soutien de ce pays et à la vision et lecture que l’Etat hébreu
fait de la paix dans la région. M.Bush n’innove en rien dans
une politique moyen-orientale américaine fortement orientée et
marquée par un partipris flagrant pour Israël. Il n’était pas
attendu d’avancée probante dans le dossier israélo-palestinien,
il n’y en eut pas. Et puis M.Bush, qui voulait donner
l’impression d’être «totalement» impliqué dans le
processus de paix proche-oriental, a attendu la dernière année
de son mandat pour daigner, enfin, s’y intéresser. S’il a
encore réitéré qu’Israël est la «patrie» du «peuple
juif» dans son adresse aux Palestiniens, il a été plutôt
sibyllin, les encourageant plutôt à faire d’autres concessions
pour «la paix». Il a aussi et surtout réduit le problème
des réfugiés palestiniens à une question d’indemnité,
lorsqu’il proposa d’établir «un mécanisme international
d’indemnisation» pour régler, selon lui, la «querelle»
du retour des réfugiés palestiniens. Une «querelle»? Il
a bien dit que la création d’un Etat palestinien «n’a que
trop tardé.» Mais M.Bush ne donne aucune indication sur la
manière d’accélérer le processus. En fait, le président américain
se gargarise de mots qui n’engagent en rien le chef de la
Maison-Blanche ou l’Administration américaine. Encore des mots
lorsqu’il affirme qu’un accord est «possible, non
seulement possible, je crois que cela se produira, je crois
qu’un traité de paix sera signé avant que je ne quitte mon
poste». Comment? Par quel miracle résoudre en 12 mois ce que
la communauté internationale n’a pu faire en 60 ans, alors
qu’Israël poursuit son expansion, la colonisation des
territoires palestiniens occupés, la judaïsation de Jérusalem-Est?
M.Bush a «osé», selon son conseiller pour la Sécurité,
Stephen Hadley, parler de «Palestine» et non d’Etat
palestinien. La belle affaire! Certes, mais M.Bush n’est pas allé
jusqu’à dire comme à Tel-Aviv -«Israël est la patrie des
Juifs»- que la Palestine est la patrie du peuple palestinien,
y compris évidemment la diaspora palestinienne, enjeu essentiel
des négociations israélo-palestiniennes. Mais de quelle
Palestine parle le chef de la Maison-Blanche? La Palestine de la
Cisjordanie divisée outrageusement blessée par les colonies
juives et encerclée par le mur de séparation qui la défigure?
Ou la Palestine de Ghaza en dissidence de fait? Peut-il y avoir
une Palestine sans Ghaza? «Ghaza est une situation difficile.
Je ne sais pas si nous pouvons la résoudre cette année», a
certes dit M.Bush. «Je ne suis pas une personne à échéances»,
a alors souligné le président américain avant de se reprendre
et dire: «En fait, j’ai une échéance, j’ai 12 mois»,
dans ce même humour noir qu’il avait exprimé à son arrivée
à Ramallah en faisant remarquer qu’il n’a pas été «arrêté»
aux barrages israéliens. George W.Bush a encore précisé lors
d’une brève déclaration à Jérusalem: «Un accord doit
stipuler qu’il y aura une fin à l’occupation qui a commencé
en 1967», en référence à l’occupation de la Cisjordanie,
de la bande de Ghaza et de Jérusalem-Est à la suite de la guerre
de juin 1967. «La question territoriale doit être décidée
par les deux parties, mais je crois qu’un accord de paix nécessitera
des ajustements agréés à la ligne d’armistice de 1949 pour
tenir compte de réalités et assurer que l’Etat palestinien
sera viable et continu». Par «réalités», M.Bush
pense essentiellement aux blocs de colonies juives, qu’Israël
veut conserver dans le cadre d’un accord de paix, colonies qui
justement empêchent une continuité territoriale en Cisjordanie
et rendent peu viable un Etat palestinien, mais qui représentent,
en revanche, de nouveaux maux pour les Palestiniens. Au final, le
président Bush a énoncé des mots et n’a rien dit qui,
effectivement, conforte l’idée de deux Etats vivant côte à côte,
égaux et souverains, quand M.Bush a présenté, au mieux, un
ersatz d’Etat palestinien condamné à rester sous le perpétuel
contrôle d’Israël. Tout compte fait, la visite de George
W.Bush au Proche-Orient n’aura été qu’un dérivatif qui
n’apporte aucune ouverture sérieuse à la problématique israélo-palestinienne. Droits de
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Publié le 12 janvier 2008 avec l'aimable autorisation de l'Expression
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