Syrie : Le
reportage de Sofia Amara mis en question
Karbalaqsa
Mercredi 30
novembre 2011
Des médias
occidentaux et arabes (notamment Al-Jazeera
et Al-Arabia téléguidées respectivement
par le Qatar et l’Arabie Saoudite) nous
ont décrit sans discontinuer l’enfer
d’une sanglante répression en Syrie :
manifestants pacifiques froidement
assassinés, enlèvements, tortures,
mutilations de cadavres… dont les
autorités syriennes, selon eux, se
seraient rendu coupables. Désormais, il
est clair que le but de ces accusations
mensongères est d’incriminer le
président Bashar el-Assad et de préparer
l’opinion publique à une intervention
étrangère, selon un scénario désormais
bien rôdé lors de l’offensive criminelle
de l’OTAN et de ses alliés sur la
malheureuse Libye.
Alors
que j’ai pu en Syrie voir de mes propres
yeux un des immenses rassemblements de
soutien à Bachar El-Assad, j’ai été
extrêmement surpris de la manière
tendancieuse avec laquelle les médias
français, dans leur grande majorité,
rapportaient les faits.
Un
reportage m’a particulièrement frappé,
car il reprenait et synthétisait toutes
les accusations attribuées au
gouvernement syrien depuis des mois. Il
s’agit du reportage réalisé par la
journaliste Sofia Amara, diffusé par la
chaîne télévisée ARTE le 11 octobre
2011.
Estimant que le travail de Sofia Amara
était totalement subjectif, j’ai décidé
de faire une contre enquête. D’où les
huit vidéos que je présente ici. Je
tiens à préciser que ma démarche
critique ne concerne pas uniquement
cette journaliste, mais doit être
interprétée comme une opposition globale
à un système médiatique néfaste, parce
qu’orienté et trompeur. Le reportage de
Sofia Amara en est une merveilleuse
illustration.
Depuis Mars 2011, l’écrasante majorité
des manifestations contre Bachar El-Assad
ne réunissent que quelques centaines ou
quelques milliers de personnes, alors
que le peuple syrien descend
régulièrement dans la rue par centaines
de milliers, voire par millions, pour
exprimer son soutien au Président de la
République et dénoncer ce qu’il perçoit
comme étant un « complot extérieur ».
Malgré leur supériorité numérique, ces
rassemblements ont été à peine relayés
dans les médias occidentaux, laissant
ainsi le citoyen lambda croire que le
gouvernement syrien ne bénéficiait que
d’un très faible appui populaire.
Aujourd’hui, alors que la crise syrienne
rentre dans son neuvième mois, nous
savons de manière certaine que beaucoup
d’exactions dénoncées par les
journalistes et certaines ONG sont
totalement fausses et infondées. Il y a
eu de nombreux cas qui ont été montés de
toute pièce, comme celui d’Amina
Abdallah Araf el-Omari, une blogueuse
soi-disant kidnappée ou encore celui de
Zaynab Al-Hosni, retrouvée décapitée,
démembrée et la peau arrachée selon
Amnesty International. Après contre
enquête, tous ces cas se sont avérés
être de pures inventions.
France 24 est allée jusqu’à diffuser un
entretien téléphonique durant lequel une
personne présentée comme étant Lamia
Chakkour, ambassadrice de Syrie à Paris,
annonçait sa démission en signe de
protestation contre les violences dans
son pays. L’ambassadrice a immédiatement
démenti et France 24 s’est trouvée
contrainte de porter plainte contre X
pour usurpation d’identité !
Toutes ces accusations portées contre le
gouvernement syrien ne sont que très
rarement prouvées par les médias. Elles
proviennent de sources invérifiables,
pour la plupart. Cependant le climat
qu’elles installent demeure, même quand
les accusations s’effondrent. Ce qui est
grave, c’est que la fiabilité de ces
journalistes qui volontairement ou non
trompent l’opinion publique n’en est pas
pour autant remise en question. . Il
devient de plus en plus évident que
l’appareil médiatique dominant a eu et a
toujours pour objectif caché de préparer
les peuples à accepter des interventions
militaires extérieures, comme cela s’est
passé pour l’Irak et la Libye.
Après
les mensonges au sujet des « armes de
destructions massives », l’intervention
militaire américaine en Irak a laissé
place à huit années de chaos et détruit
un pays entier. Et en Libye, la presse
si prompte à dénoncer la « barbarie »
des forces gouvernementales a clairement
révélé son parti pris lors du lynchage
sauvage de Kadhafi. Pour ceux qui
n’auraient pas encore compris, il existe
une barbarie « logique », «
compréhensible » et « non condamnable »
aux yeux de la presse et des milieux
politiques lorsque cette barbarie est
commise par des milices alliées de
l’OTAN.
Le
rôle des médias dans la déstabilisation
de ces pays tient une place essentielle
car ce sont eux qui légitiment les
interventions militaires auprès de
l’opinion publique. Les journalistes qui
remplissent cette tâche, consciemment ou
non, portent donc une lourde
responsabilité, malheureusement très
rarement reconnue. En effet, s’il arrive
assez souvent que les institutions
militaires soient critiquées et prises à
partie après coup, très rares sont les
journalistes visés pour de fausses
informations qu’ils auraient relayées ou
inventées.
Faut-il attendre un
nouveau drame pour réagir ?
Conscients du fait que ce genre de
documentaire jette de l’huile sur le feu
et génère des conséquences désastreuses
pour les peuples qui en sont victimes,
il convient désormais que nous puissions
désigner chaque journaliste qui relaie
des informations mensongères, chaque
rédaction qui diffuse des nouvelles ou
des vidéos sans en vérifier
l’authenticité [1],
a fortiori lorsqu’il s’agit de vidéos
manifestement manipulées.
L’erreur est humaine, mais ces
comportements sont des fautes. Chacun
doit assumer ses fautes face au public.
C’est pourquoi nous demandons à ceux des
journalistes qui se sont trompés de
reconnaitre leurs manquements et de
cesser de vouloir décider au nom des
autres de ce que doit être leur avenir.
Karbalaqsa
Réponse au
reportage de Sofia Amara « Syrie, dans
l’enfer de la répression », diffusé par
la chaîne télévisée ARTE
le 11 octobre 2011
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