Message de Gaza
A Gaza, vous êtes au bord d'un volcan
à cause du siège
Dr.Kamil el Shami
17 mai 2008
Si vous habitez dans la bande de Gaza,
alors vous vivez au bord d'un volcan... Un volcan qui peut
exploser à tout
instant ; un volcan que vous prenez
l'habitude de côtoyer,
et vous préparez à chacune de ses
explosions. Tout
ici est incertain… Si vous
sortez
de chez vous, vous n’êtes même pas
sûr de rester en vie jusqu’au soir ! Si par chance vous rentrez,
il
est fort probable que vous ne
trouviez plus votre maison à votre retour ; et si elle est
toujours là, vous craignez alors que ce soit votre famille toute
entière qui ait disparu.
Si vos proches sont
bien là, il se peut que l’un d’entre eux soit absent… Vous le
cherchez, vous essayez de le joindre par téléphone, vous
demandez à ses
amis s’ils ne l’ont pas vu, vous le
recherchez partout : à la mer, dans les rues, dans les vallées,
n’importe où ! Jusqu’à ce que vous le
trouviez …
Enfin ! Vous vous sentez un peu plus calme
maintenant...
Vous continuez votre chemin, à la recherche
de nourriture, de médicaments, de livres, de carburant, et tout
ce dont vous avez besoin. Vous trouvez certaines de ces choses
dont vous avez besoin, les autres non, vous les oubliés… Vous
devrez vous débrouiller et avancer…
Vous êtes immobile et en danger. Ce
danger qui vous guette arrivera du
ciel, de la mer ou de la terre.
Il surgi
pendant votre sommeil, sur votre lieu de travail et même quand
vous prier.
Quand vous êtes à Gaza, vous n’avez aucun
contrôle sur vos faits et gestes. Vous mangez ce que l’on vous
donne, vous vous couchez aux heures imposées, et vous vivez
comme on vous l’ordonne.
Vous
endurez, vous souffrez, vous sentait que vous êtes entrain de
vous effondrez mais vous vous reprenez car il faut continuer…
Quand vous êtes à Gaza, vous ne devez pas
penser au-delà des frontières. Vous n'avez pas
le droit de rêver, de vous évader
même pour une minute et de regarder le soleil.
Il
vaut mieux pour vous rester dans
l’ombre, disparaître avec vos rêves et vos ambitions.
La patrie
est un mot tabou, vous n'avez pas le droit de l’évoquer. Vous ne
pouvez pas voyager, vous promener ou ne serais ce même juste
écrire une ligne sur le sable… il n’y a pas de remède.
Vous êtes là dans votre pays, à la
recherche de solutions, de solidarité, de soutiens et
d’assistance au-delà de la frontière. Sans
jamais oublier cet ami que vous
avez perdu et dont vous n’avez de nouvelle.
Vous espérez
un
geste, un mot qui vous mènera à la liberté tout en gardant la
tête haute. Liberté dont jouie le monde entier excepté la Bande
de Gaza. Il n’y a que la voix de Mme Fairuz qui crie "n'appelle
pas il n'y a personne ". Donc vous devez vous reprendre et
poursuivre car vous êtes dans la Bande de Gaza
Vous êtes en état de siège .vous devez
accepter
d'être entouré . mais ,vous ne devez
pas
aborder les outils de ce siège, et si vous n'acceptez pas de
l'être ,vous seriez en dehors de la légitimité.
C'est une souffrance pour la patrie,
l'impôt et le prix à payez pour cette Patrie
qui malgré tout reste plus belle
que les palais de la France.
Dr.Kamil el Shami
Professeur à l'université et
ecrivain
à la Bande de Gaza
shamikamil@yahoo.com
|