Message de Gaza
Des lumières au coeur du blocus
Gaza, les universités et les collèges respirent sous le siège
Dr.Kamil el Shami
13 mai 2008
Le blocus sur les palestiniens à cause de
l'occupation n'est pas nouveau .Dans le passé ,il dominait un
jour ou deux puis la vie continuait
.mais
aujourd'hui il a duré plus de 10 mois .
Le
siège
des universités et des collèges
aussi
n'est pas nouveau, il existe depuis leur création. Je me
souviens d'un matin où je donnais une conférence à l'université
de Birzeit d'il y a quelques années. L'université était assiégée.
J'ai pris le chemin à travers la montagne, terre rouge couverte
d'oliviers, pour me diriger vers Ramallah.
Après plus d'une heure passée à courir et à
grimper, après être passé près du camp de réfugiés de Jalazone
~ également encerclé ~
je suis arrivé au centre ville de
Ramallah. Et avant de pouvoir reprendre mon souffle, j'ai vu des
gens courir dans tous les sens, j'ai vu les soldats d'occupation
courir également.
J'ai aussitôt pris la direction opposée
jusqu'à la station de taxis
pour Gaza afin de rejoindre
rapidement ma famille.
De retour à Gaza, je suis passé par
l'université islamique, la seule en ce temps-là dans toute la
bande de Gaza, pour rendre visite à mes collègues du département
de géographie. Malheureusement, l'université
a ,elle aussi, été assiégée peu de
temps après mon arrivée et je n'ai pu la quitter que tard le
soir pour rentrer à la maison et rejoindre ma famille.
Depuis plus
d'un mois, les klaxons des voitures se sont diminué
,
les avertissements sonores des autobus qui transportent les
étudiants des universités et des collèges ont baissé de volume
et même les arrêts sont désertés comme si plus personne n'était
là faute de manque de carburant
.
En dépit de
cette triste scène, les jeunes tiennent à poursuivre leurs
études. Malgré les circonstances, malgré la situation économique
désespérée, malgré la pauvreté généralisée, malgré le chômage,
malgré la pénurie des denrées essentielles à la vie, malgré le
manque de moyens de transport découlant du manque de carburant
et du prix élevé sur le marché noir .....
Les cours ont réussi à reprendre après deux semaines
d'interruption.
Pour cette
raison l'université a élaboré un plan pour soulager un peu le
quotidien des étudiants : réduction de la durée du semestre,
annulation des congés, rattrapage et mise en oeuvre des horaires
de cours ainsi que des sommes d'argent symboliques allouées aux
compagnies d'autobus pour les inciter à assurer coûte que coûte
leurs transports.
Malgré ces
dispositions, les étudiants font face à de lourds problèmes et
la moitié d'entre eux, ne bénéficiant pas des services de bus,
doivent venir aux cours par leurs propres moyens.
Samah,
étudiante en histoire-géographie en troisième année à
l'université Al Aqsa, quitte la maison à 6h 30 du matin. Elle
habite à environ six kilomètres de l'université. Elle fait une
heure de marche à pied puis elle attend une heure ou plus sur le
bord de la route pour trouver une voiture et elle arrive souvent
en retard à son cours. Et la même procédure se répète pour
rentrer chez elle. Et bien que le coût des transports ait triplé,
elle veut continuer jusqu'à la fin.
Dr Nazmi
Abu Mustafa, professeur de santé mentale à Al Aqsa, souffre
d'enflures aux pieds en raison de ses longues heures de marche
pour arriver à ses cours.
Les graves pénuries de carburant empêchent
le fonctionnement des générateurs et des voitures privées,
nécessaires à l'université. Sans oublier le manque de mobilier
de bureau, d'ordinateurs,de télécopieurs et de toutes sortes
d'articles de papeterie, en particulier des feuilles utilisées
pour les examens. Le manque d'encre pour les imprimantes
utilisées à l'intérieur et à l'extérieur de l'université et qui
ont pour mission d'imprimer des livres et des études
scientifiques, ce qui provoque un manque grave de livres
universitaires
dans
la Bande de Gaza.
Dans la
Bande de Gaza, on trouve 5 universités et plus de 10 collèges
scientifiques et techniques fréquentés par près de 75 000
étudiants.
Plusieurs milliers de personnes y travaillent également :
administrateurs, professeurs, techniciens etc.
Les
universités et les collèges contribuent à assurer
les besoins du marché du travail
grâce aux diplômés de tous domaines .
Dr.Kamil el Shami
Professeur à l'université et
ecrivain
à la Bande de Gaza
shamikamil@yahoo.com
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