Opinion
Une délégation de
la honte à Washington
K. Selim
Photo:
Al-Manar
Jeudi 2 mai 2013
La Ligue arabe était déjà un modèle
d'impuissance. Elle atteint désormais,
sous la domination des monarchies du
Golfe, des niveaux inégalés d'aplaventrisme
aux Américains. Une délégation de
ministres des Affaires arabes conduite
par le Premier ministre du Qatar, Hamad
ben Jassem al-Thani, est allée à
Washington rencontrer le secrétaire
d'Etat US, John Kerry, dans le but
proclamé de faire bouger le «processus
de paix».
Officiellement, la Ligue arabe s'en
tenait au plan de paix proposé au sommet
de Beyrouth en 2002. C'était une offre
de paix et de reconnaissance en bonne et
due forme contre un retour aux lignes
d'avant juin 1967. Or, au nom de la
nécessité de «faire bouger» un processus
qui n'existe pas, les ministres arabes
en «délégation de la honte» à Washington
ont transigé en acceptant l'idée d'un
«échange de territoires». Formellement,
c'est un échange«égal», dans la réalité,
c'est une acceptation de la «réalité» de
la colonisation qui a déjà transformé le
territoire présumé revenir aux
Palestiniens en petits bantoustans
encerclés et sans liens entre eux. C'est
un scandale. La concession est si
«fondamentale» qu'elle a soutiré un
soupir de plaisir au secrétaire d'Etat
américain, John Kerry, qui a parlé d'un
«très grand pas en avant». Ce n'est pas
une «inflexion» comme aiment à le
rapporter les agences de presse
occidentale, c'est un abandon, un
lâchage.
Saëb Aerekat, chef de la «caste» des
négociateurs qui s'est créée dans la
foulée du processus mystificateur
d'Oslo, s'est empressé de«soutenir» la
Ligue sous emprise des Arabes de
l'Amérique. Il a affirmé que cela n'est
«pas quelque chose de nouveau» et que la
position de la Ligue reflète «la
position officielle palestinienne». M.
Aerekat confirme ainsi qu'il n'est pas
un vrai «négociateur». On peut à la
limite concevoir qu'il envisage de céder
des territoires occupés par les colons
israéliens - ce qui est inacceptable
pour de nombreux Palestiniens - mais
cela fait partie de la négociation menée
par les Palestiniens. Mais la Ligue
arabe et les pays de l'Organisation de
la coopération islamique n'ont pas à
faire des concessions sur le sujet. Leur
assentiment - ou leur refus - aurait dû
être un élément qui renforce les
capacités de négociation de M. Aerekat.
Un bon négociateur devrait, normalement,
s'indigner que la Ligue arabe fasse une
concession aussi lourde et gratuitement.
Juste pour plaire à M. Kerry qui fait
mine de vouloir relancer un processus de
paix qui n'existe pas. La «caste des
négociateurs» a servi pendant deux
décennies d'alibi grossier à un faux
processus de paix qui était une vraie
entreprise de colonisation et de
purification ethno-religieuse. Il est
honteux qu'elle serve aujourd'hui
d'alibi à une concession qui ouvre la
voie à l'acceptation de la colonisation
à Al-Qods et des projets immobiliers mis
en œuvre pour la judaïser.
POUR QUELLE RAISON LA LIGUE ARABE FAIT
DES CONCESSIONS A ISRAËL QUI N'A RIEN
CONCEDE ET QUI MENE UNE POLITIQUE
AGRESSIVE DE COLONISATION ?
RAISONNABLEMENT, IL N'Y A AUCUNE RAISON.
IL Y A UNIQUEMENT UNE SERVILITE D'UNE
AMPLEUR JAMAIS ATTEINTE DE LA PART D'UNE
LIGUE PASSEE TOTALEMENT SOUS LA COUPE
DES EMIRS DU GOLFE. ISRAËL, PAR LA VOIX
DE LIVNI, S'EST REJOUI DE CETTE
CONCESSION GRATUITE. ET TRES RAPIDEMENT
CETTE CONCESSION ETANT DEVENUE «UN
ACQUIS», NETANYAHU A FAIT SAVOIR QUE LE
CONFLIT N'EST PAS«TERRITORIAL» MAIS
PORTAIT SUR LE REFUS DES PALESTINIENS DE
RECONNAITRE ISRAËL COMME UN ETAT JUIF.
PAS BESOIN DE DECODER, CES ARABES QUI
CEDENT SUR LA COLONISATION DES
TERRITOIRES OCCUPES EN 1967 VONT DEVOIR
«BAISSER LE FROC» ET CEDER SUR LES
DROITS DE REFUGIES PALESTINIENS RECONNUS
PAR LES RESOLUTIONS DE L'ONU.
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