Opinion
Syrie: Les
États-Unis légalisent le financement du
terrorisme
Julie
Lévesque
Lundi 27 août 2012
Selon le Daily Telegraph, le
département du Trésor des États-Unis
autorise ses citoyens à financer la
rébellion syrienne via l’« organisme à
but non lucratif »
Syrian Support Group (SSG), une
entité obscure, entièrement anonyme
implantée à Washington et liée à la
rébellion armée tout aussi nébuleuse
active en Syrie.
Bien qu’elle ne
permette pas au groupe d’acheter des
armes directement, la licence du Trésor
qu’a pu voir le
Daily Telegraph permet au SSG
d’approvisionner les rebelles sur les
plans « financier, communicationnel,
logistique et de leur fournir d’autres
services par ailleurs interdits » par
les sanctions étasuniennes contre la
Syrie. (Raf Sanchez et Rosa Prince
Syria: US clears way for Americans to
start donating money to rebels,
Telegraph, 5 août 2012.)
Si l’on précise que
le groupe n’est pas autorisé à acheter
lui-même les armes, cela signifie
clairement qu’il ne contrevient pas aux
sanctions en remettant les fonds à une
tierce partie qui elle fera l’achat
d’armement et de toute évidence, c’est
là l’un des buts premiers de
l’opération.
Outre la campagne de
financement pour la rébellion armée en
Syrie,
RT rapporte que le SSG promeut une
intervention militaire en Syrie, menée
par les États-Unis « par la mise en
place d’une zone d’interdiction de vol
et la destruction des systèmes de
défense antiaérienne » syriens.
Rappelons qu’Al-Qaïda
est intégré à ces groupes ayant commis,
entre autres,
le massacre de Houla, et que bon
nombre d’entre eux sont des étrangers,
certains d’origine britannique, comme
l’a confirmé lors de sa libération le
photojournaliste hollandais Jeroen
Oerlemans, enlevé par des djihadistes le
mois dernier en Syrie. Selon lui, il n’y
avait « aucun Syrien » parmi ses
ravisseurs,
rapporte l’Express qui le cite : «
Il n'y avait aucun Syrien présent,
c'était tous des jeunes venus d'autres
pays, d'Afrique, de Tchétchénie... »
Dans
un article de RT, la citation est
plus complète et le nom des pays diffère
: « Tous disent venir de pays comme le
Pakistan, le Bangladesh et la
Tchétchénie et ils disent qu’un "émir"
quelconque est à la tête du groupe. »
Mais l’information la plus pertinente de
cet article, omise par L’Express, est
que plusieurs d’entre eux avaient des
accents britanniques de Londres et
Birmingham.
Par ailleurs, celui
qui a contribué à la chute de Kadhafi,
Abdul Hakim Belhaj, commandant du Groupe
islamique armé combattant en Libye (Lybian
Islamic Fighting Group, GICL) « avait
promis à l’Armée syrienne libre en
novembre 2011, des armes, de l’argent et
des combattants ». Peu après, « environ
600 terroristes du GICL ont quitté la
Libye pour entrer en Syrie y mener des
opérations militantes ». (Tony
Cartalucci,
UN Designates "Free Syrian Army"
Affiliates as Al Qaeda, Land
Destroyer Report, 12 août 2012.)
En bleu, Paul Conroy de la presse
britannique. À sa gauche, une
mitraillette au cou,
Mahdi al-Harati du GICL, aujourd’hui à
la tête des brigades de l’ASL en Syrie.
À sa gauche en veste de camouflage,
Abdul Hakim. (Ibid.)
Le Telegraph occulte
ces liens étroits entre l’ASL et des
groupes terroristes en la désignant
comme une armée laïque :
En permettant à des
dollars étasuniens d’être acheminés à la
FSA laïque, il se peut également que
les
États-Unis tentent de contrebalancer les
éléments islamistes au sein de
l’opposition. (Telegraph,
op. cit.)
D’une part, cette
licence du Trésor légalise donc, dans un
non-sens ubuesque, le financement de
groupes terroristes djihadistes,
incluant Al-Qaïda et le GICL,
figurant tous deux sur la liste des
groupes terroristes visés par des
sanctions de ce même Trésor. D’autre
part, les médias dominants ont récemment
confirmé ce que les médias indépendants
affirment depuis l’an dernier : la
CIA appuie clandestinement la rébellion
syrienne, entre autres en lui
fournissant des armes.
Ajoutons que l’ONU,
qui, à coup d’émissaires, demande aux
rebelles et au gouvernement de cesser
les violences,
considère également ces deux groupes
comme des entités terroristes dans une
déclaration du Comité du Conseil de
sécurité faisant suite aux résolutions
1267 (1999) et 1989 (2011) concernant
Al-Qaida et les personnes et entités qui
lui sont associées ou « Comité des
sanctions contre Al-Qaida ».
À quand des sanctions
de l’ONU contre les États-Unis et la
Grande Bretagne pour leur contribution
matérielle, humaine et financière au
terrorisme international? Les États-Unis
financent le terrorisme alors qu’ils
prétendent le combattre. Et cela ne date
pas d’hier, car, au risque de le
répéter, ils sont les
créateurs de nombreux groupes
terroristes, dont Al-Qaïda.
Julie Lévesque,
journaliste
Le
dossier Syrie
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