|
CounterPunch
Un Etat, ou deux Etats ? Ni l'un ni l'autre: le problème, c'est
le sionisme, andouille !
Jonathan Cook
Jonathan Cook
on CounterPunch, 12 mars 2008
http://www.counterpunch.org/cook03122008.html
Note de l'éditeur : Lundi
dernier, nous avons publié l'argumentation de Michael Neumann à
l'encontre de l'ainsi dite « solution à un seul Etat » pour
Israël et la Palestine. Nous publions aujourd'hui la seconde de
trois réponses à cette argumentation.(AC/JSC)
Si le conflit israélo-palestinien est un
des plus inextricables du monde, on peut dire la même chose du
débat qui se déroule, en parallèle, sur la question de savoir si
la résolution de ce conflit peut être obtenue au mieux grâce à
un unique Etat englobant les deux peuples vivant dans cette
région du monde, ou bien au moyen d’un partage du pays entre
deux Etats séparés – un Etat pour les juifs et l’autre pour les
Palestiniens.
Le philosophe Michael Neumann a consacré
deux articles, en 2007, puis plus récemment, cette semaine, à la
revue CounterPunch, discréditant l’idée de l’Etat unique, dont
il dit qu’elle est inapplicable et donc non-digne d’être prise
en considération. En réponse, Kathy Christison a bâti une
robuste défense, exposant avec netteté les gauchissements et les
déviations dans la logique neumannienne. Je n’ai pas l’intention
de m’essayer à couvrir le même terrain.
Non, en lieu et place, je vais traiter de
l’argument central de Neumann, à savoir l’argument selon lequel
il serait au minimum possible d’imaginer un consensus émergeant
entre deux Etats, alors que les Israéliens n’accepteraient
jamais un Etat unique. Cet argument, qui est le cri de
ralliement de la plupart des tenants de la TSS (Two States
Solution – solution à deux Etats), dépeint le camp des partisans
de l’OSS (One State Solution – solution à un seul Etat) comme
des rêveurs invétérés et des bousilleurs de temps.
L’idée, écrit Neumann, « qu’Israël
concèderait un Etat unique, est tout simplement risible… Il n’y
a strictement aucune chance que les Israéliens acceptent jamais
un Etat unique qui accorderait aux Palestiniens quelque chose
qui s’approchât en quoi que ce soit de leurs droits ».
D’après Neumann, contrairement à la solution à un seul Etat, les
moyens de réaliser la solution à deux Etats sont à portée de
notre main : il suffirait de déplacer le demi-million de colons
juifs vivant (illégalement) dans les territoires palestiniens
occupés. Alors, écrit-il, « une solution à deux Etats donnera,
effectivement, un Etat souverain aux Palestiniens, car c’est
exactement ce que cela signifie, l’expression « solution à deux
Etats ». Cela ne signifie pas un Etat d’un côté et un non-Etat
de l’autre, et aucun des partisans palestiniens d’une solution à
deux Etats n’accepterait jamais quelque chose d’inférieur à la
souveraineté. »
Il y a quelque chose d’étonnamment naïf,
dans l’argument de Neumann selon lequel, pour la simple raison
que quelque chose est dénommé une « solution à deux Etats »,
cela aboutira nécessairement à la création de deux Etats
souverains ?!? Quels sont les requis minimaux pour qu’un Etat
soit souverain, et qui en décide ?
Certes, les diverses solutions à deux
Etats, proposées par Ariel Sharon, Ehud Olmert et George Bush et
soutenues par l’immense majorité de la communauté
internationale, échoueraient, d’après le critère de Neumann,
parce qu’elles n’ont pas été fondées sur l’expulsion de tous les
colons.
Mais une solution à deux Etats alternative,
requérant le retrait d’Israël à l’intérieur de ses frontières
antérieures à 1967, risquerait de ne pas concéder, non plus, une
armée palestinienne – équipée et entraînée, pourquoi pas, par
l’Iran ? – pour garder les frontières de la Cisjordanie et de la
bande de Gaza. Cela ne ferait-il pas problème ? Et comment
Neumann peut-il penser sérieusement qu’Israël et les Etats-Unis
garantiraient ce genre de souveraineté à un hypothétique Etat
palestinien ??
De manière très judicieuse, Neumann nous
rappelle de manière réitérée que ceux qui détiennent le pouvoir
sont ceux qui dictent les solutions qui leur conviennent. Dans
ce cas, nous pouvons être certains que, le moment opportun venu,
Israël et son sponsor, les Etats-Unis, imposeront leur propre
version de la solution à deux Etats, et que cette solution sera
très éloignée de l’article authentique dont Neumann se fait le
chantre…
Peu importe. Laissons de côté, pour
l’instant, cette logique particulièrement tortueuse, et revenons
au point principal : le fait que la création de deux Etats
serait fondamentalement plus réalisable et pragmatique que la
création d’un Etat unique ( ?).
Etrangement, toutefois, à en juger d’après
tous les indices disponibles, ce n’est pas ainsi que la
situation apparaît, aux yeux des dirigeants israéliens actuels.
Le Premier ministre Ehud Olmert, par exemple, a exprimé dans
plusieurs discours la crainte qu’au cas où la population
palestinienne sous domination israélienne (tant dans les
territoires occupés qu’en territoire israélien) atteindrait le
point de dépasser la population juive – chose à laquelle
s’attendent les démographes, dans les années à venir -, Israël
soit comparé à l’Afrique du Sud de l’apartheid. Selon ses
propos, Israël est confronté à un imminent et puissant « combat
pour un homme-une voix », dans les brisées du mouvement
anti-apartheid.
Selon Olmert, à défaut d’une action de
diversion, la logique politique conduit inexorablement à la
création d’un Etat (unique) en Israël/Palestine. Tel était son
sentiment lorsqu’il s’exprimait devant les délégués de la
dernière conférence d’Herzliya :
« Jadis, nous redoutions la possibilité que
la réalité, en Israël, nous impose un Etat (unique) binational.
En 1948, la politique obstinée de tous les Arabes, le fanatisme
anti-israélien, et aussi notre force et le leadership de David
Ben Gourion nous ont sauvés de la perspective d’un Etat de cette
nature. Depuis soixante ans, nous luttons avec un courage inouï
afin d’éviter d’avoir à vivre dans une réalité faite de
bi-nationalisme et afin de s’assurer qu’Israël existe bien en
tant qu’Etat juif et démocratique, doté d’une solide majorité
juive. Nous devons agir en ce sens et comprendre qu’une telle
réalité binationale est en train d’être créée, et que cette
situation, d’ici très peu de temps, risque d’échapper à notre
contrôle ».
Olmert consacre donc toute son énergie à
trouver un programme politique alternatif, qui soit susceptible
d’être vendu au reste du monde. C’est la raison pour laquelle
(comme Sharon, avant lui) il s’est mis à parler d’un Etat
palestinien. Etrangement, toutefois, il n’a jamais saisi au vol
l’offre de solution à deux Etats idéale – du genre de celle que
Neumann appelle de ses voeux – qui avait été formulée en 2002.
Cette année-là, le roi d’Arabie saoudite et l’ensemble du monde
arabe promirent la paix à Israël, en échange de son retrait à
l’intérieur de ses frontières antérieures à 1967. Les Arabes ont
réitéré leur offre, l’année dernière. Israël l’a ignorée
royalement.
En réalité, c’est une autre version des
deux Etats – la fausse solution à deux Etats – qui est devenue
la position de repli de la politique israélienne. Elle requiert
simplement qu’Israël et les Palestiniens donnent l’impression de
se partager le territoire, alors qu’en réalité, l’occupation
continue et la souveraineté juive sur l’ensemble de la Palestine
est non seulement perpétuée, mais avalisée par la communauté
internationale. Autrement dit : c’est la gazification de la
Cisjordanie.
Quand Olmert avertit qu’à défaut des deux
Etats, « Israël est cuit », il pense principalement à la manière
d’empêcher l’émergence d’un Etat unique. Ainsi, si on doit en
croire Neumann, Olmert est un rêveur ; en effet, il redoute
qu’une solution à un seul Etat soit non seulement réalisable,
mais dangereusement proche. Sharon, apparemment, souffrait du
même défaut de vision, puisque la démographie avait été son
principal motif pour se désengager de Gaza. Ou bien, alors, l’un
comme l’autre ont mieux compris que Neumann ce que l’on entend
par ‘Etat juif’, et quelles sont les conditions politiques qui
sont incompatibles avec lui. En réalité, le partage du
territoire prôné par Neumann, aussi équitable fût-il,
correspondrait au moment précis où la lutte d’Israël pour
demeurer un Etat juif entrerait dans sa phase la plus difficile,
la plus décisive. C’est précisément la raison pour laquelle
Israël non seulement s’est opposé à tout partage significatif du
territoire, jusqu’ici, mais continuera à le faire.
Si, par impossible, Israël procédait au
partage du territoire, un Etat juif ne serait pas à même de
continuer à vivre très longtemps en raison des conséquences d’un
tel partage. En fin de compte, le maintien d’un Etat ethnique
israélien s’avérerait (s’avérera) impossible : tant du point de
vue de l’environnement que de la démographie, même,
physiquement. Le partage du territoire ne ferait qu’accélérer
l’auto-destructivité inhérente à un Etat juif.
Examinons brièvement quelques-unes des
conséquences d’une solution à deux Etats, pour un Etat juif ?
Tout d’abord, Israël, à l’intérieur de ses
frontières reconnues et rétrécies, serait confronté à un manque
d’eau immédiat et extrêmement grave. La raison en est qu’en
restituant la Cisjordanie aux Palestiniens, Israël perdrait son
contrôle sur les grandes nappes phréatiques situées sous les
collines de Cisjordanie, qui lui fournissent, aujourd’hui, le
plus gros de ses ressources en eau (non seulement à Israël
stricto sensu, mais aussi aux colons juifs vivant illégalement
dans les territoires occupés). Israël ne pourrait plus continuer
à voler son eau ; on attendrait de lui qu’il négocie ses achats
d’eau sur les marchés libres internationaux.
Etant donné les politiques de l’eau, au
Moyen-Orient, cela ne serait pas de la petite bière. Aussi
appauvri fusse-t-il, le nouvel Etat palestinien perdrait toute
légitimité aux yeux de sa propre population s’il devait vendre
aux Israéliens plus qu’un simple filet d’eau.
Nous pouvons comprendre cela, en examinant
la situation hydrique actuelle : Israël pompe quasiment toute
l’eau fournie par les rivières et les nappes phréatiques, en
Israël et dans les territoires occupés, à l’usage de sa propre
population, laissant aux Palestiniens bien moins que la quantité
minimale dont ils ont besoin quotidiennement, d’après
l’Organisation Mondiale de la Santé.
Ce mois, dans une mise en garde très
abrupte, l’Autorité israélienne de l’Eau a indiqué que le
sur-forage a entraîné la pollution de la plus grande partie de
la nappe phréatique côtière par des infiltrations d’eau de mer,
alors que cette nappe phréatique est la principale ressource en
eau potable à l’intérieur des frontières israéliennes
internationalement reconnues.
Si les Palestiniens se voyaient concéder
une ration d’eau décente, à partir de leurs propres nappes
phréatiques collinaires, et si on leur permettait d’édifier une
économie moderne, il n’y aurait plus assez de rabiot d’eau pour
étancher la soif de ce pays du monde développé qu’est Israël. Et
encore, nous n’avons pas encore envisagé, à ce stade, la
sollicitation des ressources hydriques par tous les Palestiniens
qui décideraient de faire valoir leur droit au retour, non pas
chez eux, en Israël, mais dans le nouvel Etat palestinien
souverain. De plus, pour des raisons que nous développerons plus
avant, l’Etat juif souverain aurait toutes les raisons de
poursuivre sa politique de judaïsation, s’efforçant d’attirer le
plus possible de juifs du reste du monde, surexploitant d’autant
les ressources hydriques de la région.
La non-viabilité environnementale de l’un
et l’autre Etats, cherchant à absorber d’importantes
populations, aboutirait inéluctablement à une crise de l’eau
régionale. De plus, si des juifs israéliens, ne supportant plus
les pénuries d’eau, devaient s’avérer très nombreux à commencer
à émigrer ou à repartir, Israël y verrait une raison
supplémentaire de s’arroger l’eau, par des moyens légaux ou par
la coercition militaire.
On peut s’attendre à ce qu’en très peu de
temps, Israël, doté de la quatrième armée du monde par ordre de
puissance, chercherait à inventer des raisons de déclencher une
guerre contre ses voisins beaucoup plus faibles, en particulier
contre les Palestiniens, mais vraisemblablement aussi contre le
Liban, dans une tentative de s’emparer de l’eau de ce pays.
Les pénuries d’eau seraient, bien
évidemment, problématiques pour un Etat unique, aussi. Mais, au
moins, dans un Etat unique, il y aurait des mécanismes, en
place, permettant de réduire ce type de tension, de gérer la
croissance démographique et le développement économique et de
partager équitablement les ressources en eau.
Par ailleurs, l’occupation dévoreuse de
main-d’œuvre israélienne ayant pris fin, la plupart des membres
de l’énorme armée de citoyens qui est celle d’Israël seraient
excédentaires, par rapport aux besoins de la défense. S’ajoutant
à des dysfonctionnements sociaux et économiques massifs, le
démantèlement du complexe militaire israélien modifierait
fondamentalement le rôle d’Israël dans la région, porterait
atteinte à ses relations avec l’unique superpuissance mondiale
et couperait ses liens financiers avec les juifs de la diaspora.
Israël ne disposerait plus des territoires
occupés, comme laboratoire pour tester son matériel militaire,
ses stratégies de bataille et ses industries de la surveillance
et du contrôle des foules, en plein boom actuellement. Si Israël
décidait de combattre les Palestiniens, il devrait le faire au
moyen d’une véritable guerre, fusse une guerre assymétrique,
entre des adversaires incommensurablement inégaux.
Sans aucun doute, les Palestiniens, à
l’instar du Hezbollah, trouveraient rapidement des sponsors
régionaux pour armer et former leur armée et/ou leurs milices.
L’expérience et la réputation acquises par
Israël – tout au moins au sein de l’armée américaine – dans le
maintien de son occupation et l’invention de moyens nouveaux et
supposément sophistiqués de contrôler la « mentalité arabe »
seraient rapidement perdues, ainsi, du même coup, que l’utilité
d’Israël, aux yeux des Etats-Unis, dans leur gestion de leur
propre occupation à long-terme de l’Irak.
Par ailleurs, l’alliance stratégique vitale
d’Israël avec les Etats-Unis, visant à diviser le monde arabe
autour de la question de l’occupation et au moyen de la
signature de traités de paix séparés avec certains pays arabes,
tout en entretenant un état de guerre permanente avec d’autres,
cette alliance stratégique commencerait à se détricoter.
Avec l’affaiblissement de la relation
spéciale d’Israël avec Washington, et celui de l’influence de
ses groupes de lobbying, accompagné de la perte de milliards de
dollars de financements annuels, la diaspora juive commencerait
s’intéresser de moins en moins à Israël. Son fric et son pouvoir
s’effritant, Israël finirait par glisser dans l’anonymat
moyen-oriental, et devenir une sorte de Jordanie-bis. Dans ces
circonstances, il assisterait très vite à un exode massif des
juifs ashkénazes privilégiés, dont la plupart ont une (ou
plusieurs) autre(s) nationalité(s).
Enfin, troisièmement, l’Etat juif
(maintenu) ne serait pas aussi juif que d’aucuns pourraient le
penser : actuellement, un Israélien sur cinq n’est pas juif,
mais Palestinien. Même si, pour réaliser la vision neumannienne
des deux Etats, tous les colons juifs devraient probablement
quitter les territoires occupés et retourner en Israël, quel
sort attendrait tous ces Palestiniens de nationalité
israélienne ?
Ces Palestiniens sont des citoyens d’Israël
depuis soixante ans, ils vivent légalement sur une terre qui
appartenait à leurs familles depuis des générations et des
générations. Ils s’accroissent, par ailleurs, démographiquement,
plus rapidement que la population juive, c’est d’ailleurs pour
cette ‘raison’ qu’on les désigne populairement, en Israël, sous
l’intitulé de « bombe à retardement démographique ».
Si ces quelque 1,3 million de citoyens
devaient être chassés d’Israël par la force, en vertu du
règlement à deux Etats cher à Neumann, cela représenterait une
violation du droit international par un pays démocratique à une
échelle sans aucun précédent à l’ère moderne, ainsi qu’une
épuration ethnique encore plus importante que celle qui
accompagna la guerre originelle d’Israël, en 1948.
La question posée est donc la suivante :
pourquoi continuer à se fatiguer à prôner deux Etats, si cela
doit être obtenu par les moyens horrifiants que nous venons de
décrire ?
Supposons, au contraire, que le nouvel Etat
soit supposé maintenir, comme Israël le fait aujourd’hui, la
prétention d’être un pays démocratique : ses citoyens seraient
autorisés à continuer à vivre sur leur terre et à faire valoir
leurs droits. Au sein d’un Etat juif qui aurait officiellement
mis un terme à son conflit avec les Palestiniens, des
revendications deviendraient croissantes, chez les citoyens
palestiniens, en vue de droits égaux et de la mise d’un terme à
leur statut de citoyens de seconde catégorie.
Plus important, encore : ils insisteraient
sur deux droits remettant en cause le fondement même d’un Etat
juif. Ils espèreraient bénéficier du droit, soutenu par le droit
international, de pouvoir épouser un conjoint palestinien vivant
à l’extérieur d’Israël et de le ramener en Israël pour qu’il y
vive à leurs côtés. Ils exigeraient sans doute un droit au
retour pour leurs parents vivant dans l’exil, sur une base
similaire à celle de la loi israélienne dite « du retour » des
juifs.
La judéité d’Israël serait en jeu, bien
plus qu’elle n’est aujourd’hui menacée par sa minorité
palestinienne. On peut supposer que les dirigeants israéliens
réagiraient avec une grande férocité afin de la protéger.
Finalement, les prétentions d’Israël à la démocratie devraient
être remises en cause et l’épuration ethnique à grande échelle
des citoyens palestiniens serait mise en œuvre.
Pourtant, ces arguments contre la nature
« réalisable » de l’accord authentique entre deux Etats tels que
les prôn Neumann emportent-ils le morceau, en faveur de la
solution à un seul Etat ? Les dirigeants israéliens ne
déclencheraient-ils pas un combat tout aussi vicieux afin de
préserver leurs privilèges ethniques, comme ils le font
aujourd’hui, en empêchant l’émergence d’un Etat unique ?
Bien sûr, qu’ils le feraient ! Ils le
feront. Mais cela ne marque pas un point contre moi. Aussi
longtemps qu’Israël restera un pays ethnique, il sera contraint
d’approfondir l’occupation et ses politiques d’épuration
ethnique, afin d’éviter l’émergence d’une véritable influence
politique palestinienne – pour les raisons que j’ai citées plus
haut et pour nombre d’autres raisons, aussi… En vérité, tant une
solution à un seul Etat qu’une solution authentiquement à deux
Etats sont impossibles, en raison de la détermination d’Israël
de rester un Etat juif. Ce qui fait obstacle à une solution, par
conséquent, ce n’est pas le partage de la terre, mais le
sionisme lui-même, cette idéologie de suprémacisme ethnique qui
représente l’orthodoxie, aujourd’hui, en Israël.
Tant qu’Israël restera un Etat sioniste,
ses dirigeants ne permettront pas qu’il y ait un Etat unique, ou
deux Etats dignes de ce nom.
Autrement dit, si nous cessions de nous
distraire nous-mêmes avec le Saint Graal de la ‘solution à deux
Etats’, nous pourrions canaliser nos énergie vers quelque chose
de bien plus utile : discréditer Israël en tant qu’Etat juif,
ainsi que l’idéologie sioniste qui le « justifie ». Finalement,
la façade respectable du sionisme risque fort de tomber en
petits morceaux.
Sans le sionisme, l’obstacle empêchant de
créer soit un, soit deux Etat(s) serait – enfin ! – éliminé. Et
si tel est le cas, pourquoi alors ne pas faire campagne pour la
solution susceptible d’apporter, dans les meilleurs conditions,
la justice, tant aux Israéliens qu’aux Palestiniens ?
Traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier
[* Jonathan Cook, écrivain et journaliste,
vit à Nazareth (Israël). Son nouveau livre, « Israel and the
Clash of Civilisations : Irak, Iran and the Plan to Remake the
Middle East » est publié par Pluto Press.
Son site ouèbe :
http://www.jkcook.net ].
|