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Analyse
L'Europe envisage-t-elle de
donner son accord aux colonies israéliennes ?
Jonathan Cook
Jonathan Cook
Mardi 9 mars 2010
Un club exclusif des pays les plus
développés du monde est sur le point d’admettre Israël dans ses
rangs, même si, indique un document interne confidentiel, le
faire équivaudrait à entériner l’occupation israélienne illégale
des territoires palestiniens et syriens. Israël a été informé
que son accession à l’Organisation de coopération et de
développement économiques (OCDE) est quasiment assurée lorsque
les 30 Etats-membres se réuniront en mai.
Mais un projet de rapport de l’OCDE reconnaît qu’Israël a
enfreint l’une des principales exigences de l’organisation de
fournir des données précises et transparentes sur son activité
économique.
Les informations fournies par Israël, note le rapport,
comprennent non seulement l’activité économique de ses citoyens
à l’intérieur de ses frontières reconnues, mais aussi des colons
juifs qui vivent dans les territoires occupés de Jérusalem Est,
de la Cisjordanie et du Golan, en violation du droit
international.
L’accession d’Israël à l’OCDE sur de tels termes menace
d’embarrasser sérieusement beaucoup des Etats-membres de
l’organisation, en particulier ceux de l’Union Européenne qui se
sont officiellement engagés à éviter toute collusion avec
l’occupation.
Le rapport de l’OCDE propose que ces difficultés juridiques
soient contournées en demandant à Israël de fournir de nouvelles
statistiques dans la première année de son accession excluant la
population coloniale – même si, a admis un fonctionnaire de
l’OCDE, Israël aurait le droit de veto sur une telle demande une
fois qu’il serait devenu membre.
« L’OCDE semble être tellement déterminée à faire entrer
Israël qu’elle est prête à couvrir les crimes de l’occupation,
» dit Shir Hever, un économiste basé à Jérusalem.
Israël fait du lobbying depuis près de 20 ans pour être admis à
l’OCDE, fondée en 1961 pour que les riches démocraties
industrialisées se rencontrent et coordonnent les politiques
économiques et sociales. Elle comprend les Etats-Unis et la
plupart des pays européens (carte ci-dessus).
« Les privilèges financiers sont relativement modestes, mais
être accepté est un grand prestige, » dit M. Hever. «
Israël a travaillé très dur pour obtenir son admission parce
qu’il croit que l’accession légitimera son occupation au niveau
international. »
Plusieurs pays au développement plus faible que celui d’Israël
ont déjà été acceptés, dont la Turquie, le Mexique et la
République Tchèque.
Il est largement admis que les rejets passés subis par Israël
sont dus au fait que de nombreux Etats n’étaient pas à l’aise
avec l’admission d’Israël alors qu’il occupe les territoires
palestiniens de Jérusalem Est, Gaza et la Cisjordanie, et les
Hauts du Golan syrien.
Cependant, Israël a été officiellement invité à entamer des
discussions sur son adhésion en 2007 après un intense lobbying
de Stanley Fischer, le gouverneur de la Banque d’Israël.
L’adhésion devrait apporter une stabilité financière à
l’économie israélienne, attirer l’investissement et réduire la
prime de risque de marché du pays.
Le secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurria,
s’est rendu en Israël en janvier, après un examen de
l’économie israélienne, et a suggéré que l’adhésion cette année
était acquise.
Toutefois, un projet de rapport du comité sur les statistiques
de l’OCDE, produit le mois dernier après l’examen, montre qu’il
existe de gros problèmes avec les données présentes par Israël.
Selon ses règles, l’OCDE prend en compte l’activité économique
en dehors des frontières reconnues d’un Etat candidat dans des
circonstances très limitées, comme avec les envois de fonds de
travailleurs immigrés.
Mais étant donné que ce statut ne s'applique pas aux colons
illégaux vivant dans les territoires occupés, le comité de
l'OCDE fait valoir que soit les colons doivent être exclus des
données, soit toutes les personnes vivant dans les territoires –
dont les Palestiniens – doivent être incluses.
« Israël a été pris au dépourvu car il a toujours refusé,
même dans ses propres données internes, à faire une distinction
entre Israël et les territoires occupés, » a déclaré M.
Hever. Tant Jérusalem-Est que le Golan ont été annexées par
Israël en violation du droit international.
« L'OCDE traite Israël comme s’il avait sept millions de
citoyens, alors qu'en réalité, il a 11 millions de sujets, dont
quatre millions sont des Palestiniens vivant sous occupation,
» a déclaré M. Hever.
« Si ils étaient inclus dans les chiffres fournis à l’OCDE,
Israël se verrait refuser l’adhésion en raison des disparités
énormes des richesses. »
Meron Benvenisti, ancier maire-adjoint de Jérusalem, notait
récemment que le ratio différentiel de Produit Intérieur Brut
par habitant entre un Israélien et un Palestinien vivant à Gaza
est de 20 à 1.
Mais plutôt que de conclure qu’Israël ne remplissait pas les
critères d’entrée de l’organisation, le comité propose un détour
: Israël peut être admis dans l’organisation et on lui donne un
an pour fournir de nouvelles données excluant les colons.
Tim Davis, un fonctionnaire de l'OCDE au Comité des statistiques
de Paris, a dit qu'il ne pouvait pas faire de commentaires sur
le rapport parce que son contenu est confidentiel mais il a
convenu que rien ne pouvait empêcher Israël de revenir sur un
tel engagement dans l'avenir. « Dans un cas comme ça, rien ne
peut être fait dans la pratique. Nous travaillons sur la base de
la coopération, pas de la pression. »
Israël est signalé n’avoir pas rempli d’autres conditions
d’adhésion, y compris sur la corruption et les violations des
droits d’auteur.
L'OCDE a demandé aux États membres de sévir contre les pratiques
de corruption depuis qu'il a approuvé une convention contre la
corruption en 1997. Toutefois, Israël a été classé à la 32ème
place d’un index important sur la corruption l’an dernier,
celle-ci principalement liée aux 6 milliards de dollars de
l’industrie d’armement du pays.
Les entreprises de défense européennes et américaines ont menacé
de faire capoter l’offre OCDE d’Israël s’il ne mettait pas un
peu d’ordre.
On pense aussi qu’Israël viole les droits de la propriété
intellectuelle, à nouveau en infraction aux règles de l’OCDE.
Des sociétés états-uniennes et suisses ont accusé Israël de ne
pas avoir règlementé la commercialisation internationale des
médicaments fabriqués par sa compagnie de produits
pharmaceutiques la plus importante, Teva.
Les dirigeants de sa minorité arabe, 1/5ème de la population, se
sont opposés à l’offre d’Israël pour l’adhésion à l’OCDE. Le
mois dernier, le Haut comité de suivi, le principal organe
politique de la minorité, a demandé à l’OCDE de refuser Israël.
Il a souligné que la moitié des citoyens arabes d'Israël vivent
en dessous du seuil de pauvreté, un taux trois fois plus élevé
que parmi les juifs israéliens, et qu’en moyenne, les citoyens
arabes gagnent des salaires qui sont un tiers inférieurs à ceux
des Juifs. Mohammed Zeidan, chef du Comité, a blâmé les
disparités de richesse sur ce qu'il a appelé « la politique
raciste et discriminatoire » d’Israël.
Un autre rapport de l’OCDE, publié en janvier, a montré que,
même sur la base des chiffres d’Israël excluant les
Palestiniens, Israël aurait encore les écarts sociaux les plus
larges de tous les Etats-membres, s’il était admis.
Source :
Dissident Voice
Traduction : MR pour ISM
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Publié le 10 mars 2010 avec l'aimable autorisation d'ISM
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