Opinion
Voici comment
l'Afrique va bientôt contrôler l'Europe
Jean-Paul Pougala
Lundi 26 décembre
2011
Le Germano-américain Henry Kissinger,
conseiller à la Défense Nationale du
président américain Richard Nixon de
1969 à 1975 et Secrétaire d'Etat de 1973
à 1977 avait déclaré : « qui a le
contrôle sur le pétrole contrôle
l'économie. Qui a le contrôle sur les
céréales contrôle le monde ! »
Par un concours de plusieurs
circonstances favorables, l'Afrique est
en passe de contrôler toute l'Union
Européenne, grâce à ses terres arables,
grâce à son agriculture, grâce à sa
nourriture. C'est pour empêcher ce
scénario catastrophique que l'Europe a
tout fait pour freiner l'accès du
continent africain à la culture du
céréale en l'occupant avec des cultures
inutiles et néfastes comme le cacao, le
café et le coton. Lorsque cela ne
suffisait pas, c'est la Politique
Agricole Commune, la PAC qui est venue
faire le reste avec le dumping agricole,
en finançant à outrance les exportations
de certains produits vers l'Afrique pour
tuer son agriculture et son élevage.
Mais la crise économique profonde de
l'Europe, couplée avec l'arrivée au
pouvoir d'une nouvelle génération
d'Africains plus instruits et plus
courageux sont en train de changer la
donne. Et l'Afrique est en passe de
contrôler l'Europe dans les prochains 20
ans. Pour le comprendre, examinons le
Pourquoi et le Comment de cette
révolution.
I- POURQUOI ?
1- SURPEUPLEMENT DE L'EUROPE
Lorsqu'on pose la question : quel est le
pays le plus densément peuplé au monde,
la réponse donnée est habituellement :
la Chine. C'est pourtant faux. La Chine
a la même densité de population du
Nigéria, 134 habitants au km². C'est
l'Europe qui concentre les pays les plus
peuplés au monde. L'Italie par exemple a
199 habitants au km², la Belgique 385
habitants au km² et le Pays-Bas, 400
habitants au km². C'est pourtant en
Europe qu'on constate la plus grande
perte de terres labourables, alors que
c'est elle qui a plus de bouches à
nourrir sur un espace des plus exigus au
monde. Pire, avec une densité de 1.217
habitants par Km² de terres labourables
selon l'OCSE (Organisation pour la
Coopération et la Sécurité en Europe),
la Belgique compte un taux
d'urbanisation de 92,7% soit uniquement
7,3% de zone rurale. Comme le font
remarquer Cazaux, Carels et Van
Gijseghem dans un rapport publié en
2007, même ces 7,3% sont menacés par une
forte pression immobilière avec pour
conséquence la disparition programmée
non seulement de la production agricole
mais aussi des habitats de la faune et
de la flore sauvage.
2- DIMINUTION DES ESPACES AGRICOLES
EN EUROPE
Selon le magazine économique français La
Tribune, dans son édition du 21/12/2011,
la première puissance agricole de
l'Union européenne, la France perd
chaque seconde 26 m² de terrain
agricole, grignoté par l'urbanisation,
c'est-à-dire que la France perd 82.000
hectares de terres agricoles chaque
année. Diego Furia, Directeur pour la
région du Piémont du Syndicat italien
des agriculteurs COLDIRETTI déclare le
25/07/2011 que la ville de Turin, qui
avait une certaine autosuffisance
alimentaire, avait perdu en 15 ans 7.000
hectares de terres cultivables au profit
de la spéculation immobilière. Pour les
mêmes raisons, 100 hectares de terres
agricoles disparaissent chaque jour en
Italie. Le déficit agricole européen est
donc très préoccupant: pour atteindre
son autosuffisance alimentaire en 2011,
il manque à l'Europe 35 millions
d'hectares de terres agricoles. Selon
Robert Levesque, directeur du Terres
d'Europe-Scafr, le centre d'études de la
fédération des Safer (Sociétés
d'Aménagement Foncier et d'Établissement
Rural), avec une augmentation des pertes
de 9 millions d'hectares en 10 ans, une
véritable catastrophe alimentaire se
profile pour l'Europe dans les années à
venir puisqu'il dit qu' « en Europe,
l'homme s'est historiquement installé
sur des terres fertiles et les villes
actuelles ont grossi autour de ces
premières implantations ». En 1960,
l'urbanisation en France a entraîné la
perte de 40.000 hectares de ces terres
fertiles par an. En 2011, ce chiffre a
doublé, ce qui signifie que ce sont les
terres les plus fertiles qui sont
envahies par le ciment, comme l'a
justement fait remarquer Levesque. Il
s'agit d'un véritable gâchis pour des
populations qui consomment le plus de
produits alimentaires au monde, et en
Afrique, des petits malins l'ont
compris. On assiste à une accélération
de ce processus à hauteur de 26 m² par
seconde de disparition des terres
agricoles, et ils se frottent les mains
pour palier à ces insuffisances
alimentaires de l'Europe. Au Cameroun
par exemple, les autorités se
précipitent pour assembler non pas les
deux-roues ou les voitures, mais les
tracteurs. Sur tout le continent
africain, c'est la course à
l'apprentissage de la productivité et de
la compétitivité. Chacun veut son
morceau du gâteau Europe, tels des
charognards en attente de leur festin
agonisant. Les moins avertis n'y ont vu
que du feu en construisant leur nouvelle
campagne sur une hypothétique course à
l'accaparement des terres en Afrique,
mais la vérité est toute autre: en
accueillant à bras ouverts les
investisseurs étrangers sur leurs
terres, les Africains veulent en fait
importer les techniques agricoles
modernes que 200 ans de culture de café,
de cacao et de coton n'ont jamais
nécessitées.
3- SPECULATIONS BOURSIÈRES DES
PRODUITS AGRICOLES
S'il y a un évènement qui a fait
beaucoup de bruit pendant les révoltes
de 2008 à 2011 un peu partout dans le
monde, c'est l'augmentation des prix des
denrées alimentaires dues à la
spéculation boursière. En d'autres
termes, les traders qui avant
spéculaient sur le pétrole, le gaz ou
les minerais ont soudainement décidé de
spéculer sur des produits alimentaires.
Ce qu'on a sous-estimé, c'est l'avantage
que l'agriculture africaine allait tirer
de ces spéculations. En effet, plus les
prix des céréales augmentent et plus
l'aubaine pour l'Afrique est grande, qui
par sa position géographique, son climat
favorable, sa forte pluviométrie et son
ensoleillement continu sur les 12 mois
de l'année, peut très facilement obtenir
3 bonnes récoltes contre une seule dans
les pays européens. C'est ainsi que la
dépendance alimentaire européenne
vis-à-vis de l'Afrique est
incontournable et les déficits risquent
de se calculer en plusieurs centaines de
milliards de dollars par an d'ici 10 à
15 ans.
II- COMMENT ?
4- RECUPERATION DES TERRES AGRICOLES
AFRICAINES ACCAPAREES PAR LES EUROPEENS
DEPUIS 1884
Selon une étude rendue publique le 22
avril 2011 par Shouwang Maitian du
Centre d'Information de Chine de Pékin,
il existait en Afrique 270 millions
d'hectares de terres cultivées, soit
2,17 fois la quantité de terres
cultivées en Chine. Le problème est que
sur cette quantité, 230 millions
d'hectares abritent des cultures
inutiles, nuisibles à l'économie du
continent, comme les cultures de cacao,
café, coton et bananes. En fait, la
quasi totalité des terres agricoles
africaines sont accaparées de facto
depuis la période de l'occupation
européenne en 1884 aussi bien
directement qu'indirectement, sans que
cela permette à un seul pays africain de
s'en sortir. Si elle veut profiter de
l'aubaine européenne, l'Afrique doit
éradiquer toutes les cultures dites
coloniales, pour passer à celle qu'elle
aura choisie elle-même, sans l'ombre de
pseudo experts occidentaux. En utilisant
moins de la moitié des terres
africaines, la Chine arrive à nourrir
convenablement 1,3 milliards d'habitants
et de fournir l'Europe en divers
produits alimentaires comme le soja, la
tomate etc. même si dans des pays comme
l'Italie, c'est encore un sujet tabou de
reconnaître que la tomate qui fait la
fierté nationale vient désormais de la
Chine. L’Afrique a besoin de détruire
tous les champs de café et cacao (qui
ont la fâcheuse caractéristique de ne
rien laisser pousser en dessous) pour
mener sa propre révolution agricole en
cultivant ce qu’elle peut contrôler et
ce qui peut lui donner une récolte tous
les 3 mois et non 12 comme pour ce même
café.
III - REACTIONS DU MALADE PRESUME
Devant cette mort annoncée de
l'agriculture européenne et la
conséquente dépendance à l'Afrique, on
peut malheureusement constater que
l'Europe n'a pris aucune disposition
pour cette transition obligée. Au
contraire elle insiste dans une
politique déraisonnée d'utiliser son
armada d'ONGs qu'elle finance pour
détourner l'attention des Africains des
vraies priorités qui l'attendent :
5- LA FAUSSE GUERRE DE L'ECOLOGIE SUR
LA FORET AFRICAINE
La forêt équatoriale africaine est un
handicap au développement économique des
pays qui ont cédé aux sirènes
malveillantes de l'impérialisme version
écologique. Il existe des ONG qui font
de cette question une sorte de religion
et réussissent à détourner l'attention
des vrais problèmes africains pour les
concentrer sur un faux problème de
préservation de la forêt équatoriale. La
Conversion des terres agricoles de l’Åboland
en est un exemple: il y a un pays
européen qui vit de sa forêt, c'est la
Finlande. L'Union Européenne lui
conseille-t-elle de préserver sa forêt
pour qu'elle devienne une réserve
d'oxygène pour toute l'Europe, comme ses
lieutenants écolos le font en Afrique ?
Bien sûr que non. Il est surprenant de
constater que c'est même le contraire
qui est conseillé. L'UE finance la
Finlande afin qu'elle détruise sa forêt
et transforme ces espaces dans la région
de l'Aboland en zone agricole, et ce
même si le rude climat nordique ne
permet pas une agriculture florissante
comme en Afrique. L'UE a raison, il
suffit d'observer en Afrique la pauvreté
des populations des zones forestières,
milieu doublement hostile à l'homme que
le désert. En voici les raisons :
A- La forêt est incompatible avec
l'agriculture
. "Par
nature, l’agriculture empêche les arbres
de gagner du terrain (la disparition de
l’agriculture entraîne généralement un
accru forestier). Dans les pays
nordiques, le problème est la forêt,
c'est la perte d’espaces non boisés"
récite à la page 58 le rapport de l'OCDE
2009 de 82 pages intitulé : "La
conversion des terres agricoles" pour
justifier le financement par l'Union
Européenne pour détruire la forêt zfin
de passer à l'agriculture à Aboland,
dans le sud de la Finlande.
B- La forêt est incompatible avec le
tourisme:
"L
e tourisme augmente la valeur des terres
et renforce la concurrence foncière. Il
a pour avantages de multiplier les
sources de revenus non agricoles, en
particulier avec l’agrotourisme, et
d’accroître la demande de produits
alimentaires locaux" C'est ce que dit le
même rapport en citant la publication
"Andersson, Eklund et Lehtola, 2006". La
forêt est vécue comme un handicap au
tourisme, générateur de nombreux emplois
: " Les espaces agricoles offrent des
vues dégagées, ce qui renforce l’attrait
touristique de la région, [...]
l’agriculture peut contribuer à
préserver le marché du travail local "
conclut le rapport.
En d'autres termes, ceux qui multiplient
les séminaires et colloques pour inciter
la préservation de la forêt équatoriale
africaine savent qu'ils sont en train
d'empêcher des pays entiers de sortir de
la pauvreté, en utilisant les moyens
naturels à leur disposition. Pire, ils
vont même jusqu'à financer leurs
lieutenants pour qu'ils viennent
raconter aux africains à quel point ils
adorent les gorilles qu'il faut à tout
prix sauver, avec un cynisme des plus
incroyables comme à signifier qu'ils
acceptent une Afrique avec ses animaux
et sans ses habitants, sans les
Africains.
C- Les idées reçues des écolos mal
informés sur la forêt tropicale.
Un des mensonges savamment véhiculés par
les lieutenants du non-développement de
l'Afrique, pour convaincre les Africains
à ne pas développer ces zones
aujourd'hui occupées par la forêt est de
dire que l'Afrique est l'un des poumons
du globe fournissant l'Oxygène même à
l'Europe. Ceux qui font ce genre
d'affirmations pèchent par ignorance ou
par mauvaise foi, parce que les
arbres centenaires de ces forêts ne
peuvent pas produire plus d'oxygène que
les jeunes arbres, parce que sur le plan
scientifique, il a été prouvé qu'un
arbre centenaire, comme tout vieillard,
produit moins d'oxygène qu'il n'en
consomme. De plus, un arbre centenaire
fait un grand ombrage autour de lui,
empêchant la croissance et toute autre
plante en dessous de lui, ce qui veut
dire qu'il est deux fois nuisible.
D- Les bois précieux africains,
simples niches pour les bourgeois
européens.
Les Africains peuvent crever de faim et
les humanistes Européens du dimanche
continueront à leur répéter qu'il vaut
mieux ne pas toucher à la forêt, aussi
parce que les bois précieux qui sortent
des forêts africaines sont destinées à
une niche de bourgeois Européens qui
sont les seuls à se permettre un piano,
une porte ou un mobilier fait d'ébène ou
d'aloa qui a 300 ans d'âge. Or,
l'Afrique n'a pas pour vocation de se
mettre au service des caprices d'une
poignée de riches européens.
IV- QUE DOIT FAIRE L'AFRIQUE ?
Qui contrôle la nourriture, contrôle le
monde. Si la nouvelle génération
d'Africains qui prendra le pouvoir dans
les prochains 10 à 20 ans est
suffisamment avertie et bien imprégnée
des notions de géostratégie africaine,
ils miseront au contrôle alimentaire de
l'Europe, une proie au final bien trop
facile, puisque ce sont ses propres
pratiques de l'appât du gain facile et
l'égoïsme démesuré de ses populations,
qui sont ses propres ennemis et qui la
fragilisent dans ce domaine très
stratégique. Mais pour y arriver, il est
urgent de continuer avec les politiques
très sélectives et de limitation de
l'accès des terres aux étrangers, en
privilégiant les coopérations d'Etat à
Etat et non d'Etat à privés. Et dans
tous les cas, aucune terre ne peut être
vendue, mais juste louée même à vil prix
pour des périodes ne pouvant dépasser
20-30 ans, le temps nécessaire pour que
les populations africaines apprennent à
se défaire des pratiques séculaires des
plants inutiles de cacao et café, pour
passer à la modernité des céréales. et
commencer le mimétisme de copier les
techniques agricoles venues d'ailleurs.
Une
111226 VOICI COMMENT L'AFRIQUE VA
BIENTOT CONTROLER L'EUROPEpriorité
sera accordée aux collèges et lycées
agricoles.
Les produits résultants des plantations
louées aux étrangers ne doivent en aucun
cas finir sur le marché local. Le marché
national doit être réservé aux
nationaux. La population africaine ne
doit être nourrie que par les africains
eux-mêmes comme espace d'opportunité et
d'entrainement réel pour développer leur
créativité vers cette mission de la
conquête du grand marché de l'Europe.
6- CONCLUSION
Le contrôle de l'Afrique par l'Europe
était d'abord mental. Le contrôle de
l'Europe par l'Afrique qui a démarré
avec l'huile de palme (voir chapitre
précédent) sera tout aussi effectif en
gagnant la bataille sur le plan mental
des Africains pour comprendre que la
richesse et la pauvreté sont des notions
purement fictives et psychologiques.
Tout ceci n'atteindra pas l'objectif
final escompté si l'Afrique ne finalise
pas au plus vite sa fédération par la
création des Etats-Unis d'Afrique,
fédération qui nous permettra
d'optimiser nos moyens de production et
de mieux cordonner nos stratégies
d'encerclement alimentaires de l'Europe
avec une plus grande diversités de
l'offre. Il n'y a pas que l'Afrique qui
s'intéresse à ce marché. En Russie on
mise tous les espoirs sur le
réchauffement climatique qui fera
augmenter la température de 1 ou 2
degrés, ce qui transformera la Sibérie
en véritable grenier de l'Europe,
mettant à mal l'offre d'une Afrique
divisée et sans coordination. Le chemin
est long et tout aussi difficile, mais
si l'Afrique sera unie et parlera d'une
seule voix, aucun concurrent ne pourra
la battre à la loyale puisqu'elle a de
son coté : le climat, la pluviométrie,
l'humidité et l'acidité des sols (Ph),
garantissant 3 récoltes par an pour les
principaux céréales, légumes et fruits.
Jean-Paul Pougala est Camerounais et
Directeur de l'Institut d'Etudes
Géostratégiques de Genève en Suisse
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