Opinion
50 ans d'erreurs
géostratégiques des dirigeants
africains:
l'exemple de la banane
Jean-Paul Pougala
Dimanche 5 février
2012
L’histoire retient que le traité de Rome
instituant la Communauté Economique
Européenne a été signé le 25 Mars 1957.
Ce qui ne figure pas dans les livres
d’histoire est que cette signature était
initialement prévue pour le 21 Mars 1957
et qu’elle a été repoussée de 4 jours.
Oui, les livres d’histoire (tous écrits
par les Européens) ne s’attardent pas
sur ce détail, pourtant très important
pour un Africain. Il faut donc aller
creuser dans les mémoires laissés par
certaines personnalités présentes à
cette cérémonie pour découvrir que la
date a été repoussée de 4 jours à cause
de la banane. Oui, je sais que cela peut
prêter à sourire, mais c’est très
sérieux. Car c’est le début d’une
stratégie globale dont l’objectif de
fond était la pérennité de l’économie
coloniale, même au-delà des
indépendances africaines.. Il a fallu 4
jours de négociation pour trouver
comment l’économie de rente coloniale,
au service de certains pays allait
persévérer même avec la nouvelle union
en création. En Italie, il y avait de
fait un monopole d’état sur la banane en
provenance de sa colonie, la Somalie et
en France depuis 1932, il existait une
sorte de task-force pour approvisionner
le pays de la banane provenant de 5
colonies : Cameroun, Côte d’Ivoire,
Madagascar, Martinique et Guadeloupe.
La banane se révèle ainsi dès le Traité
de Rome comme un instrument de contrôle
géostratégique sur les Etats
africains, même avant leurs
indépendances ensuite reconnues par
leurs bourreaux. Et parce qu’en 1960, la
France sera obligée de reconnaitre
l’indépendance des 3 premiers pays, tout
sera fait pour que ce soit les
populations françaises restées dans ces
ex-colonies à s’occuper de la banane,
orientant la population locale vers des
cultures de loin, moins rentables comme
le coton, le café et le cacao. Nous
allons voir comment.
LA RENTABILITE DE LA BANANE
La banane est le fruit le plus rentable
au monde parce que sa récolte est
hebdomadaire et se pratique toute
l’année. Son rendement effectif passe de
20 tonnes à l’hectare pour la banane Bio
au Sénégal selon les chiffres fournis
par l’APROVAG l’organisation de
producteurs APROVAG, Tambacounda au
Sénégal, à 60 tonnes par hectare dans
les serres marocaines, selon les
chiffres fournis par l’Institut
Agronomique et Vétérinaire Hassan II de
Rabat au Maroc. En comparaison, le cacao
produit à l’hectare 300 kg, selon les
chiffres fournis par le CNRA, Centre
National de Recherche Agronomique de
Côte d’Ivoire, rendus publiques par
Monsieur Lancine Bakayoko le 27/10/2009,
c’est-à-dire qu’à cause des choix
erronés des économistes et politiciens
ivoiriens, depuis la
pseudo-indépendance, un agriculteur
ivoirien de cacao est 200 fois plus
pauvre qu’un agriculteur marocain de la
banane. C’est encore pire pour le café.
Selon une étude très sérieuse réalisée
par l’IRCC l'Institut de Recherches du
Café et du Cacao de Côte d’Ivoire, entre
1969 et 1982, on obtient dans la zone de
Gagnoa une moyenne pondérée de 180 kg de
café à l’hectare, c’est-à-dire que les
économistes et politiciens Ivoiriens ont
sciemment réduit à la misère des paysans
de 333 fois pire que leurs homologues,
paysans marocains. On retrouvera la même
situation presqu’à l’identique partout
ailleurs en Afrique subsaharienne.
LA GESOTRATEGIE DE LA BANANE
La Banane est le fruit le plus consommé
au monde. Selon les chiffres fournis par
le Monde Diplomatique du mois d’Octobre
1996, par Ghislain Laporte, on en
produisait 52 millions de tonnes en 1996
(100 millions de tonnes en 2011). Et les
deux principaux producteurs, l’Inde et
la Chine, consommaient la totalité de
leur production. Ce qui restait 11
millions de tonnes sur le marché
international dont 4 millions de tonnes
allaient vers l’Union Européenne. Et
dont les 2/3 contrôlés par
deux multinationales américaines, United
Brands Company (marque Chiquita) et
Castel & Cooke (marque Dole), et une
mexicaine : Del Monte.
Ce qui est détestable sur ces chiffres
ce sont deux éléments essentiels :
-
La totalité de 79 pays dit
ACP(Afrique, Caraïbes et
Pacifiques) à qui l’Union
Européenne fait miroiter un
avantage incontestable avec la
convention de Lomé, Cotonou,
fournissent à peine le double
(857.000 tonnes) des toutes
petites iles espagnoles des
Canaries (420.000 tonnes). A
peine 4 fois plus que la
minuscule Martinique, avec 1.100
km2 et 382.000 habitants qui
elle a fourni l’UE pour 220.000
tonnes de bananes, contre les
802 millions d’Africains
Subsahariens (chiffres 2007).
-
-
Pire, la quantité des 79 pays
ACP est le tiers de la quantité
livrée à l’UE par l’Amérique du
Sud qui ne bénéficie nullement
des mêmes conventions, soit 2,5
millions de tonnes.
-
-
Il en ressort de ces 2 points,
une volonté de détourner
l’Afrique des productions
rentables comme la banane qui ne
doivent selon cette logique
purement coloniale, (même à plus
de 50 ans de la reconnaissance
par l’occident des indépendances
africaines), réservant la
production sur le sol africain,
exclusivement aux occidentaux.
L’erreur des gouvernants africains a été
de demeurer dans cette logique coloniale
de croire qu’il n’existe autre vérité au
monde que celle qui viendrait de l’Union
Européenne et qui porterait à une
passivité totale, faisant croire qu’il
n’existe que le marché de l’UE. A les
anesthésier dans cette passivité, sont
arrivées des Organisations Non
Gouvernementales (ONG), dites
écologiques qui ont toutes vanté
l’urgence de sauver la forêt africaine,
mais dont le vrai rôle était celui de
détourner les Africains de
l’exploitation de cet espace vital pour
la création des plantations
d’innombrables productions
bananières
pouvant perturber le très juteux
business de la banane sur le marché
mondial et garantir une véritable
autonomie financière de l’Afrique. Cet
exemple de la banane est très
symptomatique de cette situation qui est
arrivée à la contradiction des pays
comme le Sénégal qui ont négligé leur
propre production interne de bananes
pour en importer.
POURQUOI LA BANANE ?
Plusieurs institutes de recherches sont
unanimes sur le caractère exceptionnel
des nutriments que renferme un doigt de
banane mur :
-
Riche en potassium, la banane
est un médicament contre
l'hypertension. Il est aussi
indiqué dans la médecine douce
dite naturelle contre l’ulcère
d’estomac, la diarrhée. Riche en
fer, la banane stimule la
production d’hémoglobine, ce qui
contribue à diminuer l’anémie.
La banane contient la vitamine
B6, dont le rôle est de réguler
le glucose dans le sang.
-
Même en se passant de
l’exportation, l’Afrique aurait
dû développer une large assiette
interne des consommateurs de
banane, car ce qui fait priser
ce fruit, c’est sa forte teneur
en vitamine C. Et une ration
d’un seul doigt de banane par
jour suffirait pour combler les
besoins en vitamine C des
enfants africains. Et il existe
un gros grand marché en Afrique
même, vue le fort taux de
populations enfantines et les
besoins d’apport des vitamines.
LE CERVEAU DES AFRICAINS EST-IL EN
SOMMEIL ?
Sur les 55.000 tonnes de bananes vendues
dans le monde en 2010, 40% étaient
produites en Asie, 27% en Amérique du
Sud et seulement 13% en Afrique. Là il
s’agit de la banane dite dessert,
c’est-à-dire, la banane mangée comme
fruit, la banane mure. Mais selon les
chiffres fournis par la FAO, en 1995 il
a été produit dans le monde 24.000
tonnes de banane à cuire dite verte,
17.000 tonnes étaient produites en
Afrique, c’est-à-dire 71% et 4.000
tonnes en Amérique du Sud, c’est-à-dire
17%. On peut dès lors déduire que si les
Africains ne produisent que les 13% de
la banane mondiale, ce n’est pas à cause
de leur incapacité mais à leur état de
passivité mentale aptes à soigner les
intérêts économique de l’Occident dès
lors qu’il s’agit d’avoir affaire au
marché ; mais pas les leurs, puisque
lorsqu’il s’agit de produire pour se
nourrir, lorsqu’il s’agit de satisfaire
à un instinct de survie, ils battent
tous les records mondiaux. On peut donc
dire que le cerveau des Africains semble
en sommeil lorsqu’il s’agit de produire
pour vendre, pour vendre hors de l’Union
Européenne. Ils sont alors à la merci
des conseils savamment erronés que lui
prodigue l’Union Européenne,
c’est-à-dire la décourager à produire la
banane pour la commercialisation, à
moins que cette dernière ne soit
entièrement sous le contrôle des
entreprises occidentales installées en
Afrique.
En 2007, 65% de la banane vendue sur le
marché mondial provenaient de deux pays
qui étaient auparavant, champions du
café et qui ont tous les deux détruit
les champs de ce maudit café, pour
passer à la banane et c’est la Colombie
et le Costa Rica. C’est ce qui a fait
que la même année, sur les 10 pays plus
gros exportateurs de la banane au monde,
7 étaient de l’Amérique du Sud,
permettant à cette partie du monde de
contrôler les 95% de la banane exportée
dans le monde. Pendant ce temps, les
Africains se préparaient à fêter les 50
ans d’indépendance, mais avaient
toujours des difficultés à se défaire du
commandement colonial de ne s’occuper
que du café, du cacao et du coton, un
autre produit tristement célèbre lié aux
déportations des Africains vers
l’Amérique pendant 4 longs siècles.
En 1978, le Maroc décide d’interdire
l’activité d’importation de la banane.
Le Roi avait tout simplement compris que
la banane pouvait être un instrument de
géostratégie entre les mains du royaume.
Et malgré les conditions climatiques
défavorables comme (contrairement au
Congo ou au Cameroun), le Roi décide de
créer des serres équipées et prêtes à
produire avec des lotissements de 1,53
hectares donnés en location à
un prix dérisoire
à ses citoyens. Le Maroc qui importait
chaque année 24.000 tonnes de banane en
1978, dès 1982 est capable de satisfaire
sa demande interne au niveau d’avant
l’interdiction. Selon un rapport publié
par 3 professeurs : Skiredj, Walali et
Attir de l’ Institut Agronomique et
vétérinaire Hassan II de Rabat, des 2
hectares de démarrage de la campagne
1980/81, on est passé à 2.700 hectares
en 1996 et 3.500 hectares en 2011, avec
une production annuelle de plus de
100.000 tonnes de bananes
QUE FAUT-IL FAIRE ?
La politique d’approche doit être
radicale et en 3 directions :
-
40% de la banane produite en
Afrique pourrit par manque de
marché à l’international. Pour y
remédier, il faut procéder comme
on l’a fait au Maroc : stimuler
et organiser le marché intérieur
en collectant systématiquement
toute la banane-dessert
disponible chez les petits
producteurs pour les conserver
dans les Murisseries desquelles
les bananes sortiront muries
dans les quantités correspondant
à la demande du marché interne.
-
Démocratiser la production de la
banane en créant de petites
parcelles de plantation. C’est
la seule possibilité pour rompre
avec les pratiques coloniales de
l’esclavage des plantations de
banane qu’on observe encore de
nos jours, non seulement en
Afrique, mais aussi en
Martinique et en Guadeloupe où
la culture de la banane est
solidement et exclusivement
entre les mains des descendants
d’anciens esclavagistes.
-
Pour produire, il faut savoir
vendre. Le marché international
de l’aviation comme des jouets
répondent à des logiques
spécifiques à chaque pays, à
chaque produit et à chaque
culture. Il faut avoir la
flexibilité d’esprit de
comprendre que le monde ne se
limite pas à 4 pays Européens,
fussent-ils les plus riches. Il
existe une très forte marge pour
le développement de la
consommation de la banane dans
de nombreux pays comme la
Russie, l’Iran, la Turquie etc…
LA COOPERATIVE
Il existe un marché interne africain à
saisir, mais pour y arriver, il faut le
stimuler et produire pour le satisfaire.
Pour éviter le piège des multinationales
du secteur de la banane il faut tout
simplement démocratiser le business dela
banane avec des petites parcelles ne
pouvant excéder 5 hectares et surtout,
être sûr et certain que les
propriétaires sont ceux là-mêmes qui
travaillent au quotidien dans ces
plantations. Cela évitera le fâcheux
problème de spéculation foncières qu’on
retrouve dans certains pays où les
autochtones se frottent les mains et
font travailler des esclages venus
d’ailleurs, comme en Côte d’Ivoire
notamment. La coopérative doit donc
véritablement regrouper uniquement les
paysans faisant partie du projet, et
c’est elle qui devra se charger de
fournir les premières plantes de bananes
aux agriculteurs. C’est elle qui ensuite
doit se charger du contrôle de la
qualité et du respect des normes
internationales pour le gazage et le
transport maritime, pour couvrir d’abord
le marché national et après
international.
Aujourd’hui, le vrai profit de la banane
réside dans la distribution. Aucune
politique ne sera complète et efficace
pour sortir nos agriculteurs de la
misère du café, du cacao et du coton si
elle ne prend pas en compte la nécessité
de créer des murisseries directement
dans les
grandes villes de nos
pays afin d’instaurer une sorte de
concentration dite « verticale ». C’est
à ce prix qu’il sera possible de
contourner certaines faiblesse du manque
de compétitivité de la banane africaine,
trop longtemps restées dans la logique
d’infantilisation globale du continent
africain par les européens. Pour stopper
la logique coloniale des champs actuels
de la banane, il faudra arriver à une
transition vers ces petits propriétaires
et éviter toute exploitation directe par
des entreprises transnationales. C’est à
ce prix que nous réussirons une
véritable redistribution des retombées
du fruit le plus consommé au monde, la
banane. C’est ce qui se fait déjà dans
de nombreux pays sud-américains où
contrairement à l’Afrique, les
gouvernants ont négocié pour obliger les
entreprises multinationales du secteur à
cesser de produire elles-mêmes, et
acheter leurs cartons de bananes
directement aux paysans.
L’exemple de
la
coopérative APROVAG (l’organisation de
producteurs, Tambacounda) dans
l’arrondissement de Missirah au Sénégal,
me semble intéressante à signaler et à
adapter ailleurs en Afrique. Ils se sont
organisés de manière à dédier à la
banane 16% de leurs terres, c’est-à-dire
0,25 des 1,63 hectares de chaque
planteur, pour un total de 250 hectares
consacrés à la culture de la banane,
pour avoir de l’argent. En 2008, la
production a été de 5.000 tonnes (avec
une perte de 20% dû au manque de
murisserie et 5% consommé par les
agriculteurs eux-mêmes), la coopérative
a ainsi vendu 4.000 tonnes de bananes,
réalisant un petit pactole de
640.000.000 francs CFA (975 760 €) pour
cette population villageoise estimée à
près de 52 845 habitants, et une marge
bénéficiaire nette de : 1 561 000 francs
CFA par hectare dans les 3 communautés
rurales : Missirah, Dialacoto et
Néttéboulou. Cette coopérative a fait le
choix pénalisant qui limite sa
productivité à 20 tonnes à l’hectare,
pour protéger la santé de ses membres,
ayant renoncé aux engrais chimiques qui
sont la principale source de malheur
dans les plantations de bananes dites
industrielles.
Maturation et conservation :
La banane est un fruit dit
climactérique, c’est-à-dire que sa
maturation peut être contrôlée pour en
diminuer les pertes, et réguler sa mise
sur le marché, grâce à l’acétylène ou à
l’éthylène, des produits de l’industrie
pétrochimique, obtenus à base du gaz.
Les bananes collectées des petits
producteurs doivent être immédiatement
stockées dans des magasins frigorifiques
appelés « mûrisseries ». Là, elles
subissent un traitement à l'acétylène à
des températures et l'hygrométrie bien
spécifiques passant de 18°C à 14°C en 4
jours pour la maturation ou stable à
6-7°C pour la conservation.
ACP-UE UNE COOPERATION INUTILE A
SAVEUR COLONIALE
50 ans après la reconnaissance par les
européens de l’indépendance de plusieurs
pays africains, le moment est peut-être
venu de rendre cette indépendance
effective. Aujourd’hui, 46 pays
africains se trouvent dans une situation
de subalternité mentale, à peine mise à
nue avec l’exemple de la banane.
L’Afrique doit avoir le courage de
sortir de son adolescence en prenant une
décision radicale de façon unilatérale
et d’informer l’Union Européenne qu’elle
met fin à toutes les ficelles que cette
dernière avait tissées pour la contrôler
et la tenir en esclavage. L’exemple le
plus emblématique est le fameux
regroupement dénommé ACP (Afrique
Caraïbes et Pacifique) qui est la preuve
vivante que la colonisation n’est jamais
finie et pour cause :
-
Ce ne sont pas les Africains qui
ont pris l’initiative de sa
création. Ce qui signifie qu’un
tel regroupement n’a pu être
pensé par les Européens que pour
répondre aux intérêts exclusifs
de l’Europe. Et seulement
supposer qu’ils l’ont fait pour
les intérêts des africains est
encore plus insultant pour
l’intelligence de ces derniers.
Dans l’un ou l’autre cas,
l’image de l’Afrique en sort
complètement en lambeaux.
-
Il est anormal que 46 pays
d’Afrique subsaharienne soient
associés à un quelconque débat
avec l’Union Européenne, en
excluant les pays de l’Afrique
du Nord, alors même que l’Union
Européenne se présente toute
unie quel que soit le thème du
débat, quel que soit le lieu.
-
Le siège de l’ACP se trouve à
Bruxelles, et financé à 100% par
l’Union Européenne, ce qui est
tout à fait inacceptable sur le
plan même du symbole, pour des
pays qui se croient indépendants
depuis plus de 50 ans. Si cet
ACP était pour les pays
concernés, comment expliquer
donc que le siège ne se trouve
pas dans l’un de des pays
membres de cette entité
juridique ? Que se passe-t-il
dès lors que ses intérêts sont
divergents avec ceux de l’Union
Européenne ? La vérité est plus
amère et c’est que les
gouvernants Africains qui se
bousculent pour ce genre
d’organisation, croient
sincèrement et naïvement que
cela peut faire le travail à
leur place d’inventer, de créer
des solutions originales pour
bâtir le bonheur et la
prospérité de leurs populations.
Quelle dignité un fonctionnaire
africain ressent-il lorsqu’il
est logé et nourri aux frais de
l’Union Européenne ? C’est une
véritable forme de prostitution
intellectuelle des nations
africaines.
-
Lorsqu’en 1973, le Royaume Uni
rejoint l’Union Européenne, deux
ans plus tard, en 1975, il y a
une miraculeuse augmentation du
nombre des pays membres de
l’ACP. Ce petit miracle tient au
fait que le Royaume-Uni y a
apporté ses propres colonies
membres de son fameux «
Commonwealth ». C’est la preuve
même du fait que l’ACP est une
organisation coloniale et
fonctionne dans une logique
purement coloniale, parce que
les pays qui y adhèrent sont
dans la tête de ses créateurs,
ni plus, ni moins que des
colonies. Et l’Afrique ferait
mieux de s’en aller.
-
L’Equateur qui n’est pas membre
de cette organisation a fourni
en 2011, 40% de la banane
exportée dans le monde, avec ses
presque 5 000 000 de tonnes de
bananes-dessert. Pour consoler
ses prétendus protégés de l’ACP
pour leur effacement presque
total de ce marché, l’Union
Européenne a donné à partager
par les 79 pays ACP, la manche
de 220 millions d’euros,
c’est-à-dire une moyenne 2,70
millions d’euros chacun. Pour
quoi faire ? Pour résoudre quel
problème ? Mystère.
-
La stratégie de la
régionalisation
des relations internationales
mise en place par l’Union
Européenne avait pour objectif
de la renforcer et de fragiliser
ses partenaires du sud du monde
qui se sont ainsi installés dans
une relation inégale d’une
partie qui parle d’une seule
voix et choisit en formatant
selon ses ambitions et ses
intérêts exclusifs, des
partenaires aussi peu homogènes
que le groupe des ACP. L’Afrique
doit comprendre qu’on ne sort
pas de siècles d’esclavage et de
violence coloniale sans une
véritable prise de conscience de
l’exigence vitale d’une rupture
mentale avec ce passé, pour
s’émanciper vers la liberté.
Tous les bricolages, tous les
raccommodages qui s’appellent
ACP ou CEMAC, ou CEDEAO sont des
configurations artificielles
dont le seul objectif est de
diviser les Africains et
empêcher l’émergence des
Etats-Unis d’Afrique.
QUELLES LECONS POUR LA JEUNESSE
AFRICAINE ?
La jeunesse africaine doit pouvoir se
poser une importante question : pourquoi
l’Union Européenne qui fragmente le
continent africain dans des
regroupements les plus déraisonnables
n’applique pas à elle-même ces conseils,
en créant par exemple un regroupement
des anciens pays communistes de l’UE, un
regroupement des 6 membres fondateurs de
l’UE, un regroupement des pays riverains
de la mer Méditerranée de l’Union
Européenne, un regroupement des pays
atlantiques de l’UE ???
La crise économique que vit l’Occident
nous prouve qu’il n’existe en absolu, ni
pays riche ni pays pauvre, il existe des
populations riches en prise de
conscience de ses propres intérêts et
d’autres pauvres en cette
conscientisation. L’ennemi du continent
africain, n’est pas l’Union Européenne,
c’est la médiocrité africaine, c’est
cette mentalité de subordonnés qui fait
qu’on préfère agir par procuration et
voir un européen diriger les équipes
nationales de football, même s’il n’a
jamais fait preuve nulle part de ses
capacités d’entraîneur, diriger les plus
grandes entreprises publiques, même si
l’heureux gagnant de ce loto africain
n’a jamais prouvé ses capacités de
gestionnaire nulle part etc… Qu’est ce
qui peut justifier que des pays
s’obstinent dans l’esclavage du café et
du cacao avec des rentabilités de 180 kg
à l’hectare oubliant la banane qu’ils
importent, alors qu’ils pourraient
réaliser sur cette même banane une
rentabilité minimale de 20 tonnes à
l’hectare ? Peu importe, si un européen
a dit que c’est le bon choix à faire,
oui, très probablement il doit avoir
raison. Pourquoi pourrait-il en être
différemment, puisque son ancêtre a eu
le dessus sur le mien ; puisque même son
dieu a pris le dessus sur la divinité
qu’étaient mes ancêtres ; puisque son
pain au blé a remplacé mon beignet au
mil, au sorgho, au manioc ; puisque ses
prénoms ont remplacé les miens ; puisque
sa langue a remplacé la mienne ; puisque
sa monnaie a remplacé la mienne ;
puisque ses présidents ont tué les miens
; pourquoi donc ne serait-il pas
infaillible lorsqu’il choisit à ma place
les joueurs de mon équipe nationale ?
Lorsqu’il décide à ma place que je ne
dois pas toucher à la forêt pour créer
mes plantations, de peur que le monde
entier étouffe par manque de l’oxygène
qui viendrait de ma brousse ? Il a
forcément raison lorsqu’il vante le
mérite du cacao et me conseille de m’y
éterniser dans sa culture pour faire la
gloire de quelques chocolatiers de luxe
à Bruxelles, à Paris ou à Viennes. Il a
forcément raison sur tout. Si tel n’est
pas le cas, suis-je vraiment normal ?
Jean-Paul Pougala est citoyen
camerounais et Directeur de l’institut
d’Etudes Géostratégiques de Genève en
Suisse.
PS : Pour les jeunes résidant en Afrique
qui voudraient se lancer dans la culture
de la banane, adressez-vous à :
afrique2022@gmail.com
une documentation gratuite sera à votre
disposition dès le mois d’Avril-Mai
2012. Et s’il y en a dans votre région,
vous serez mis en contact direct avec un
ou une agronome qui aura accepté
d’adhérer à notre initiatives, vous
servant d’appui comme Grand-frère ou
Grande-soeur.(attention :
afrique2022@gmail.com est réservé aux
jeunes africains qui veulent obtenir des
conseils, pour démarrer ou pour
prospérer dans un secteur donné alors
que afrique2021@gmail.com est réservé à
ceux qui veulent donner de leur temps,
et servir de Grand-frère et Grande-sœur
à nos jeunes)
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