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TLAXCALA
Le
Lobby et l’invasion du Liban par Israël :
leur version des faits, et la nôtre…
James Petras *
on
Dissidentvoice.org, 29 août 2006
http://www.dissidentvoice.org/Aug06/Petras29.htm
Toutes
les organisations juives américaines, au niveau de la fédération,
des Etats et des communautés locales ont lancé une campagne de récolte
de fonds et de propagande en soutien aux 21 civils et aux 116
militaires juifs tués au cours de l’invasion du Liban par Israël
(mais pour aucun des 18 Arabes israéliens tués, exclus des abris
réservés aux juifs). En bons auxiliaires du ministère israélien
des affaires étrangères, aucune des 52 associations qui
composent le groupe des Présidents des principales organisations
juives des Etats-Unis n’a formulé la moindre critique au sujet
des destructions massives de domiciles privés, d’hôpitaux, de
bureaux, de supermarchés, de convois de réfugiés, d’églises
et de mosquées, ni élevé la moindre protestation contre les
assassinats délibérés de civils, de Casques bleus de l’Onu et
de secouristes au moyen de bombes de précision. Au contraire :
c’est toute la communauté juive qui s’est faite l’écho
dans les moindres détails des mensonges israéliens, selon
lesquels les morts libanaises auraient été causées par le
recours de la résistance à des « boucliers humains »,
en dépit de la dévastation totale des banlieues sud de Beyrouth
très densément peuplées, mais beaucoup trop éloignées pour
qu’un quelconque missile du Hezbollah en ait été tiré.
On peut mesurer avec une grande précision l’ampleur de
l’occultation de l’assaut massif d’Israël par le lobby
juif.
Les Forces Israéliennes de Défense ont lancé sur le Liban 5 000
missiles, bombes « tueuses de bunkers » de cinq tonnes
et bombes anti-personnelles au phosphore, quotidiennement et, ce,
durant vingt-sept jours, ce qui nous donne un total de plus de 135
000 projectiles divers (missiles, bombes et obus d’artillerie).
Durant les sept derniers jours de la guerre, Israël a lancé 6
000 bombes et obus par jour – dont plus de 42 000, sur un total
général de 177 000, sur un territoire densément peuplé, de la
taille du plus petit Etat des Etats-Unis. Par contraste, la résistance
nationale libanaise n’a, quant à elle, lancé, au total, que 4
000 roquettes durant toute la durée du conflit (soit 34 jours),
ce qui représente 118 roquettes quotidiennement. Le ratio était
donc de 44 projectiles contre 1 – sans mentionner les différences
de taille, ni les effets mortels à long terme des milliers de
bombes à fragmentation israéliennes non explosées (qui ont causé
une cinquantaine de tués et de mutilés depuis la fin des
hostilités), ni l’incursion terrestre israélienne caractérisée
par une véritable politique de la terre brûlée.
Les lobbyistes juifs diffusent un nombre de 41 civils israéliens
tués, oubliant de mentionner que seuls 23 parmi eux étaient
juifs, les 18 autres étant des membres de la minorité arabe, chrétienne
et musulmane, d’Israël, qui représente environ 20% de la
population israélienne totale. Le nombre disproportionné d’Arabes
israéliens tués est dû à la politique du gouvernement israélien
consistant à fournir des abris anti-aériens et des sirènes
d’alarme aux juifs, tout en ignorant la sécurité de ses
administrés arabes. Le ratio des morts de civils par rapport aux
morts de militaires a été de 41 / 116, soit 26 % du total des tués
israéliens (mais si nous ne prenons en considération que les
seuls Israéliens juifs et les seuls militaires de l’armée israélienne,
ce ratio se ramène à 23 / 116, soit 16 % seulement des tués
civils, chez les juifs). A l’évidence, la résistance libanaise
a donc dirigé la plupart de ses tirs contre l’armée israélienne
d’invasion.
En revanche, au Liban, sur les 1 181 tués recensés jusqu’ici, 1
088 étaient des civils et seulement 93 étaient des combattants.
Autrement dit : 92 % des Libanais tués étaient des civil,
ce qui représente plus du triple du ratio des civils tués par la
résistance libanaise, et près du sextuple de celui des civils
juifs tués (les seuls qui comptent, pour la machine de propagande
du Lobby). Pour dire les choses plus abruptement : pour
chaque mort d’un civil juif israélien, ce sont non moins de 47
civils libanais qui ont été massacrés.
[ voir : http://www.atlasbooks.com/clarity/b0030.htm
]
Les allégations du Lobby juif quant la supériorité morale et
militaire d’Israël, au Moyen-Orient – affirmation combinée,
paradoxalement, avec la mise en garde relative à la menace censée
pesée sur la survie d’Israël – ont été réduites en
lambeaux, à la suite de l’échec des Israéliens à anéantir
le Hezbollah.
La diffusion par le Lobby des prétentions de l’armée israélienne
selon lesquelles cette armée serait invincible est fondée, dans
une grande mesure, sur les « combats » livrés par
cette armée contre des écoliers palestiniens lançant des
pierres. Aujourd’hui, il est désormais clair qu’ils sont
parfaitement vulnérables quand ils se retrouvent face à des
combattants bien armés et très aguerris de la guérilla
libanaise.
D’après un rapport de l’Onu, entre le 26 juin et le 26 août
2006, Israël a tué 202 Palestiniens, dont 44 enfants en bas âge,
tout en ne perdant qu’un seul soldat.
Au Liban, en revanche, Israël a perdu 116 hommes, contre 93
combattants libanais, en 34 jours de combats (soit pratiquement en
moitié moins de temps).
Autrement dit : il y a eu 157 fois plus d’Israéliens tués
du fait de l’invasion du Liban, en un mois, qu’il n’y a en a
eu Palestine, en deux mois (source : United Nations Office
for the Coordination of Humanitarian Affairs, 26 août 2006). La
campagne de propagande du Lobby juif au Congrès des Etats-Unis,
dans l’ensemble des mass médias et même dans les plus petites
communes, afin de défendre la « Pluie d’Eté » d’Israël
(puisque tel était le nom donné à cette campagne militaire
consistant à faire pleuvoir des bombes sur des civils) contre les
Palestiniens a été dénoncée comme une politique meurtrière de
la terre brûlée par le rapport des Nations unies et résumée
par le quotidien israélien Ha’aretz du 17 août : « La
[campagne]… continue à prélever un sévère tribut sur quelque
1,4 million de Palestiniens… des milliers de Palestiniens ont dû
abandonner leur maison, en raison des incursions incessantes de
l’armée israélienne à l’intérieur de la bande de Gaza et
d’intenses bombardements… L’aviation israélienne a effectué
247 raids aériens sur la bande de Gaza… plus d’un million de
personnes se retrouvent sans fourniture régulière d’eau
potable et d’électricité. » Mais le Lobby, à l’instar
de totalitaires hautement compétents, renverse les rôles :
il appelle « terroristes » les victimes palestiniennes
(toutes, soit les 202 victimes), et « victimes » les
bourreaux (les Forces israéliennes de défense) [un seul soldat
israélien tué, en réalité, vraisemblablement atteint, de
surcroît, par un « tir ami ».]
George Orwell aurait pu écrire un essai caustique sur la version
israélienne de la Ferme des Animaux dont le Lobby nous donne la
primeur – une version dans laquelle une mort israélienne vaut
plus de 202 morts palestiniennes !
Quand on recense Daily Alert [Alerte quotidienne], une feuille chou
de propagande préparée par le Jerusalem Center for Public
Affairs [officine semi-officielle du bras propagandiste du régime
israélien] à l’attention de la Conférence des Présidents des
Principales Organisations Juives des Etats-Unis [CPMAJO –
Conference of Presidents of Major American Jewish Organizations],
on y trouve aucune mention du fait que l’Etat juif était en
train de tuer près de 10 civils libanais pour chaque combattant
israélien tué, alors que la résistance du Hezbollah tuait
quatre fois moins de militaires israéliens que de civils israéliens
(tant juifs que gentils). Aucun des articles d’opinion, des éditoriaux
ou des commentaires reproduits par Daily Alert à partir du Wall
Street Journal, du Washington Post, du National Telegraph, du New
York Sun, de USA Today, du Boston Globe, du New York Times, de
Haaretz, du Jerusalem Post ou du Times [Royaume-Uni] ne mentionne
le fait que la tellement vantée « précision » des
bombardements israéliens a équivalu à prendre pour cibles des
civils, alors que l’armement infiniment moins sophistiqué des défenseurs
du Liban a frappé presque exclusivement les envahisseurs de
l’armée israélienne….
Ces omissions du Lobby juif et de ses membres et soutiens dans la
presse anglo-américano-israélienne, tant respectable que
stipendiée, ainsi que dans les médias électroniques des mêmes
pays étaient absolument nécessaires à la perpétuation du mythe
selon lequel Israël était en train de mener une guerre « défensive »
et « existentielle » [sic] pour sa « survie »
face à des « terroristes » islamistes supposés
incarnés par le Hezbollah et la Résistance nationale libanaise.
La destruction par Israël de 15 000 domiciles, jusqu’à Beyrouth
et au-delà, à l’intérieur du Nord du Liban, c’était une
action défensive, comme le prétend la CPMAJO ?
Ces apologues de l’invasion israélienne, tellement intelligents,
tellement riches, tellement cultivés, issus des universités de
Princeton, de Yale, d’Harvard, d’Hopkins et de Chicago
pensent-ils sérieusement que les bombardements d’hôpitaux, de
supermarchés, de stations de traitement des eaux, d’églises et
de mosquées au Sud Liban, de raffineries et de laiteries,
d’usines pharmaceutiques et alimentaires à Beyrouth, de moyens
de transport, d’autoroutes et de ponts dans le Nord, étaient
des actions « existentielles », essentielles à la
survie de l’ « Etat juif » ?
Ne comprennent-ils donc pas l’équation mathématique toute
simple exposée plus haut ? L’équation mathématique
d’un génocide ?
Ces banquiers d’investissement, ces professeurs, ces dentistes et
ces armées de rabbins de toutes les écoles talmudiques possibles
et imaginables pensent-ils sérieusement qu’Israël est la
victime innocente d’une agression – justifiant ainsi
l’assassinat de plus de 90 % de civils parmi les Libanais
qu’il a tués ? Des professionnels aussi chevronnés
n’ignorent certainement pas qu’entre janvier 1996 et août
2006, il y a eu une moyenne de trois incidents frontaliers par
semaine, tout au long de la frontière israélo-libanaise,
comportant des raids aériens israéliens, des assassinats et des
kidnappings de civils libanais, ainsi que des échanges de tirs de
roquettes dans les deux sens.
Les magnats d’Hollywood qui ont fait des dons tellement généreux
à la machine de guerre israélienne ne savent-ils donc pas qu’Elliott
Abrams, principal conseiller du Président Bush ès affaires
moyen-orientales (défenseur implacable de la pureté juive et
collaborateur intime du haut commandement israélien) a donné son
soutien total, au début de l’été, à un plan israélien
visant à détruire le Hezbollah et, ce, un mois – au moins –
avant l’incident frontalier [considéré comme le facteur déclenchant
du conflit, ndt] [voir Seymour Hersh, « Watching Lebanon »,
The New Yorker, 21 août 2006].
Bien entendu, ces élites éduquées savent tout ce qu’il y a à
savoir sur la frénésie israélienne de puissance et de
domination – à la différence de ces bons Allemands qui, dans
les années 1940, affirmaient ne pas avoir vu les cheminées
fumantes ni les sinistres wagons plombés – puisque les images
que l’on voit aujourd’hui de ces appartements dévastés et de
ces enfants massacrés étaient visibles quasiment en temps réel,
facilement accessibles et suivies très souvent de rapports
largement diffusés de toutes les organisations de défense des
droits de l’homme, consacrés aux crimes d’Israël contre
l’humanité.
Ils connaissaient donc parfaitement les crimes israéliens, et ils
les ont soutenus, avant et après le cessez-le-feu. Ils ont délibérément
choisi de soutenir la guerre, les politiques et l’Etat d’Israël,
en authentiques complices qu’ils étaient devenus, dès lors que
les exactions commises par Israël avaient commencé à être perpétrées.
Néanmoins, le Lobby juif nous dit que le kidnapping de deux
soldats par le Hezbollah, à travers la frontière israélienne,
aurait été le détonateur d’une invasion à grande échelle.
Beaucoup de sources, dans le monde entier, remettent en question y
compris la version israélienne faisant état d’une attaque du
Hezbollah ayant violé la frontière internationale. D’après le
magazine états-unien Forbes, spécialisé dans la vie des grandes
entreprises, édition du 12 juillet 2006, l’AFP (12 juillet
2006), le respectable quotidien Asia Times (15 juillet 2006) et la
police libanaise, les soldats israéliens ont en effet été
capturés EN
TERRITOIRE LIBANAIS
[c’est le traducteur qui souligne] dans la région d’Ai’tu
al-Chaab, un village libanais situé à quelques kilomètres de la
frontière israélienne.
Alors que le Lobby juif collecte de l’argent exclusivement au bénéfice
des militaires et des civils israéliens juifs, le Hezbollah a
engagé un programme de reconstruction non-confessionnel au
service de toutes les communautés et de tous les ménages
libanais, sans considération pour leur religion ou leur préférences
ethniques.
La raison en est que la résistance libanaise est un mouvement
national.
Contrairement à ce qu’affirme la propagande du Lobby, la
composition de la résistance libanaise n’était absolument pas
exclusivement chiite, ni même musulmane. L’invasion israélienne
a réussi l’exploit d’unifier toutes les factions libanaises
autour de la défense de leur patrie. Sur les 93 combattants
libanais tués, 20 % appartenaient à des organisations autres que
le Hezbollah : c’est là un point systématiquement occulté
par les idéologues du Lobby, qui font la promotion de la
politique d’Israël consistant à pousser les Etats-Unis à
attaquer l’Iran, la Syrie et d’autres pays du Moyen-Orient
connus pour leur hostilité aux ambitions hégémoniques israéliennes.
Conséquence de la guerre israélienne, tant en Israël que dans
l’ensemble des réseaux juifs pro-israéliens : l’échec
de l’armée israélienne à atteindre son but, consistant à
battre et à éliminer la résistance libanaise, et en particulier
le Hezbollah, a eu un impact majeur. En Israël, les graves
critiques adressées au régime Olmert-Péretz et au général
Halutz, émanant tant des militaires que des civils, consistent
pour l’essentiel à dire que le gouvernement a été trop faible
– il n’y a pas eu, à leurs yeux, assez de bombardements, il
n’y a pas eu assez de troupes terrestres déployées, et le
territoire libanais occupé a été trop limité. Le Likoud, ainsi
que d’autres partis politiques israéliens représentés à la
Knesset sont allés jusqu’à prôner le bombardement de la Syrie
et de l’Iran…
Alors que nombreux étaient les progressistes états-uniens et israéliens
à considérer que le « trouble », les « querelles »
et la polémique très dure, au lendemain de la guerre, étaient
typiques de la « foire d’empoigne » caractérisant
la démocratie israélienne, ils en ont ignoré le contenu
sauvagement militariste et le glissement de l’opinion publique
israélienne vers l’extrême droite. La polémique israélienne
autour de la question de savoir « qui a perdu cette guerre »
est fondamentalement ancrée dans la préparation d’une nouvelle
agression - encore plus violente – contre le Liban (bien sûr, hélas),
mais aussi contre d’autres adversaires d’Israël.
La rage militariste se manifeste dans les assauts brutaux
quotidiens contre les Palestiniens dans la bande de Gaza et en
Cisjordanie, où des avions de guerre israéliens bombardent des
maisons et où des forces terrestres assassinent et mutilent des
dizaines de citoyens – il s’agirait-là de crimes « existentiels »,
contre des écoliers jetant des pierres… La rage d’Israël
affecte désormais les notabilités religieuses juives. Le Conseil
Rabbinique d’Amérique [Rabbinical Council of America – RCA] a
appelé la soldatesque israélienne à réévaluer ses règles
militaires de guerre à la lumière, de la part du Hezbollah,
« d’un recours dénué de toute conscience à des civils,
à des ambulances, à des mosquées et autres entités civiles en
tant que boucliers humains », d’après le Jerusalem Post
du 21août.
Ce RCA, ainsi que l’organisation féminine juive orthodoxe Eminah,
représentent à eux deux plus d’un million de juifs américains.
Leur appel à maximiser le nombre des morts civils afin de réduire
les « risques » encourus par « nos »
soldats (juifs israéliens) est tout à fait dans la ligne des
thuriféraires du nazisme encourageant la Wehrmacht à perpétrer
sa politique de la terre brûlée durant la Seconde guerre
mondiale.
Leurs homologues israéliens, les rabbins Eliyahu et Drori, ont
repris les « critiques délicates » du RCA en des
termes plus colorés et désinhibés : « Nos militaires
corrompus, qui nous disent que nos soldats doivent mettre leur vie
en danger pour protéger des civils ennemis : voilà la
raison de notre défaite ! », a ainsi déclaré
l’humaniste rabbin Eliyahu, qui voit dans tous les civils
non-juifs opposés à la politique israélienne des ennemis dignes
d’être brûlés. Pour ne pas être en reste, le bon rabbin
Drori a accusé tout le reste de l’humanité occidentale d’être
« antisémite », au motif qu’elle est horrifiée par
le spectacle des destructions sauvages perpétrées par Israël.
« Les antisémites exigent que nous fassions preuve de
moralité chrétienne, alors même que nos ennemis ont un
comportement barbare ! » [Jerusalem Post, 21 août 2006]. Apparemment,
l’assassinat et les mutilations de plusieurs milliers de civils
libanais, principalement des femmes et des enfants, voilà qui ne
suffit pas à rassasier ce rabbin déchaîné.
De crainte qu’on puisse penser que ces rabbins états-uniens et
israéliens seraient simplement des gens totalement imprévisibles
ou des psychopathes isolés, trois semaines auparavant, un certain
rabbin Dov Lior, au nom du Conseil Yesh des Rabbins (qui encadre
des centaines de milliers d’ouailles en Israël), a annoncé
ceci : « lorsque nos ennemis tiennent un bébé dans
une main et nous tirent dessus avec l’autre, ou quand des
missiles sont délibérément lancés contre des civils en Terre
d’Israël en total mépris des critères moraux, nous sommes
obligés de réagir conformément à la morale juive, qui stipule
que « si quelqu’un se lève pour te tuer, lève-toi avant-lui,
et tue-le, toi le premier ! » [Jerusalem Post, 25 août]. Ces saints hommes de la Terre sainte
administrent ainsi une bénédiction religieuse a posteriori à
l’assassinat des plus de trois cents enfants libanais tués,
exhortant à ce qu’on en tue davantage. Tout ceci, nous dit-on,
conformément à la « morale juive ». Il est certain
que nombreux sont les juifs états-uniens, en particulier
progressistes, mais même y compris conservateurs, à objecter à
ces décrets rabbiniques préconisant le massacre d’enfants,
mais nous sommes assourdis par leur silence poli. Le Lobby laisse
habilement tomber le couplet sur la moralité juive, mais cela ne
l’empêche nullement de prendre parti en faveur de la ligne séculière
« modérée » à base de « morts de civils
israéliens causées par l’utilisation, par le Hezbollah, de bébés
et de grands-mères libanais en tant que boucliers humains, afin
de commettre ses crimes ». Aussi le débat fait-il rage
actuellement entre rabbins états-uniens et israéliens, d’une
part, et apologues tant laïques que religieux, d’autre part,
autour de la question de savoir si l’assassinat de civils
libanais, dont des enfants, doit être fondé sur des considérations
militaires tactiques, ou bien plutôt sur des considérations éthico-religieuses ?
Le Directeur exécutif du Congrès juif américain [American Jewish
Committee], David A. Harris, qualifie (lui-même) de mensonge la
sale propagande des sionistes américains « de gôche »
qui minimisent le rôle du Lobby juif dans la sécurisation
d’une Maison Blanche entièrement acquise à la cause ainsi que
du Congrès à la destruction du Liban par Israël. Commentant la
soumission totale des Etats-Unis à Israël, Harris a déclaré :
« Aucun autre pays [que le nôtre] n’a été préparé à
définir une relation aussi étroite avec Israël, dans tous les
domaines des échanges bilatéraux – des ventes d’armement, de
l’aide à l’étranger et du partage de renseignement, jusqu’à
une zone de libre échange, en passant par la coopération
scientifique et le soutien diplomatique. Aucun autre pays n’a la
capacité, en raison même de sa taille et de son statut, de
contribuer [autant que les Etats-Unis] à seconder la quête
d’une paix assurée et durable [sic] qui est celle d’Israël…
Dans le dernier conflit avec le Hezbollah, les Etats-Unis ont, là
encore, apporté la preuve de leur détermination à se tenir au côté
d’Israël, à lui apporter un soutien vital et à résister à
la pression de plusieurs pays alliés des Etats-Unis qui désiraient
une fin plus rapide des combats, même si celle-ci aurait signifié
un Hezbollah largement intact et toujours dans la place… Quel
que soit le facteur le plus important, il n’y a aucun doute que
la juiverie américaine représente un élément essentiel dans
l’équation (accouplant les Etats-Unis à Israël). Raison de
plus, pour la juiverie américaine, de travailler jour et nuit
d’arrache-pied afin de s’assurer que cette relation
mutuellement profitable [sic] ne cesse de se renforcer, jour après
jour. » [Jerusalem Post, 25 août].
Dit en bon français : le réseau et les lobbies juifs ont été
capables de s’assurer de 98 % de soutiens au Congrès, sur une résolution
approuvant l’invasion israélienne du Liban, quand bien même
quelque 54 % des démocrates et 39 % des républicains préféreraient
une politique de neutralité à l’alignement sur Israël.
[Sondage Times-Bloomberg, 25 juillet 2006 – 1er août
2006, publié par l’Agence télégraphique juive [Jewish
Telegraph Agency] le 15 août 2006].
Le Lobby a convaincu, pressuré et menacé la Maison Blanche de
prolonger les bombardements de terreur, comme l’a si fièrement
annoncé Harris. Le Lobby juif travaille « dimanches
(shabbats, ndt) et fêtes » afin de s’assurer qu’Israël
est bien en mesure de poursuivre son épuration ethnique de la
Palestine, de balancer ses bombes de cinq tonnes sur des immeubles
d’habitation au Liban, d’araser des villages au bulldozer et
d’isoler les Etats-Unis de ses plus proches alliés, le tout,
aux dépens du contribuable états-unien, de nos idéaux démocratiques
et de notre souveraineté. Et l’AJC [American Jewish Committe] a
la chutzpah [l’arrogance] d’affirmer que tout cela
constituerait notre « relation mutuellement profitable ».
Si, ça, ça n’est pas de la malhonnêteté politique ! ? !
[* James Petras, ancien
professeur de sociologie à l’Université Binghamton de New
York, est engagé dans la lutte des classes depuis cinquante ans.
Il conseille les paysans sans terre et les chômeurs au Brésil et
en Argentine. Il est coauteur de La Mondialisation sans fard [Globalization
Unmasked (éditions Zed Books)]. Son dernier ouvrage est :
The Power of Israel in the United States [en anglais – Le
pouvoir d’Israël aux Etats-Unis – (éditions Clarity Press,
2006). On peut le contacter à son e-mail :
jpetras@binghamton.edu
]
Traduit de l'anglais
par Marcel Charbonnier, membre de Tlaxcala, le réseau de
traducteurs pour la diversité linguistique (www.tlaxcala.es).
Cette traduction est en Copyleft.
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