Opinion
Le rôle d'un Sayan.
Le cas André Azoulay
Jacob
Cohen
Jacob
Cohen
Samedi 10 mars 2012
M. Azoulay est un
homme d’expérience. Il a fréquenté les
milieux financiers internationaux et
côtoyé des personnalités de haut rang,
dont certainement des ministres et des
ambassadeurs. Il sait comment faire
avancer une cause, placer les pions là
où il faut et quand il faut. Les
subtilités de langage diplomatique ne
lui sont pas inconnues.
Lorsque j’ai émis l’hypothèse que M.
Azoulay joue le rôle de sayan dans
l’intérêt d’Israël et pour le
renforcement de sa politique
expansionniste, c’est parce qu’il joue
depuis plus de 20 ans le rôle d’éminence
grise, intermédiaire discret et utile
pour tisser ces liens qui échappent au
commun des mortels et qui font une
politique.
C’est quoi au juste un sayan ? Je ne le
dis pas pour M. Azoulay qui doit avoir
sa petite idée. Un sayan est un juif
sioniste qui, par « patriotisme »,
collabore avec les institutions
sionistes, le Mossad en particulier,
pour promouvoir les intérêts de sa
patrie de cœur.
Ce sont ainsi des dizaines de milliers
de juifs qui, à travers le monde, et
jouant le jeu du double patriotisme,
apportent leur aide médiatique,
politique, économique, matérielle, tout
ce qui peut faire avancer la cause
d’Israël.
Dans le cas de M. Azoulay, sa «
contribution » a consisté à tisser
patiemment et profondément des liens
entre les responsables israéliens et des
hommes politiques arabes en général et
marocains en particulier, pour favoriser
ce qu’on appelle euphémiquement une
meilleure compréhension, mais en réalité
pour ancrer la présence israélienne dans
les cercles dirigeants arabes, la rendre
normale, utile même, et finalement
incontournable.
On me dirait, si c’est pour le bien de
la paix, pourquoi pas ? Qui l’en
blâmerait ? Or c’est tout le contraire
qui s’est produit. Le régime sioniste a
fait son trou dans les sociétés arabes
sans rien lâcher sur sa politique. La
Cisjordanie est dépecée, quadrillée,
harcelée. Le nombre des colons sionistes
est passé en 20 ans de « pourparlers »
publics ou secrets de 150 000 à 550 000,
soit 350% d’augmentation. M. Azoulay
ignore-t-il ces faits et ces chiffres ?
Certainement pas. Il se défendrait
probablement en disant qu’il faut
continuer à négocier. Jusqu’à arriver à
1 million de colons peut-être.
L’arnaque sioniste a été, et est
toujours, de faire croire aux
négociations et à la volonté de paix, en
comptant sur les sayanim, comme M.
Azoulay, et leurs complices arabes, pour
répandre cette atmosphère de dialogue,
d’embrassades, de progrès.
M. Azoulay prétend être pro-palestinien
depuis l’âge de 13 ans. J’avoue ne pas
avoir eu cette précocité. Mais moi je
mène campagne contre l’occupation
sioniste et ses méfaits. Qu’a fait M.
Azoulay depuis ce temps pour combattre
l’occupation, les destructions, les
détentions arbitraires, l’annexion de
Jérusalem, la répression brutale à Gaza,
etc. ? Ah oui ! Il doit être pour un
Etat palestinien. Eh bien, il n’est pas
le seul, il est même en bonne compagnie.
Bush, Sharon, Blair, Sarkozy,
Netanyahou… ils sont tous pour un Etat
palestinien. Mais ils attendent que les
Palestiniens soient mûrs pour accepter
un Banthoustan à l’ombre d’Israël.
Cessons cette hypocrisie. Les
pro-palestiniens à la sauce Azoulay et
autres complices arabes se cantonnent
dans des incantations sur le dialogue,
la paix, les 2 Etats, mais ferment les
yeux sur le reste, car leurs intérêts
sont indissolublement liés à ceux de
l’Amérique impériale en général et de
son vassal impérial au Proche-Orient en
particulier.
Jacob Cohen,
écrivain franco marocain.
Dernier roman:
Le Printemps des Sayanim
Publié le 14 mars
2012
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