Opinion
Un seul Etat en
Palestine :
Problème de judaïsation ou de
l'existence d'"Israël" ?
Ibrahim
Alloush
Vendredi 29 mars
2013 Cette version
est une traduction de l'article en
l'espagnol, traduit de l'arabe par
Antonio Martinez Castro pour
Rebelión. L'article original en
arabe est à ce lien :http://www.freearabvoice.org/arabi/maqalat/yahodeyyetAlDawlaAm
Wjodoha.htm Le
discours contre la "judaïsation
d'Israël" se concentre sur deux voies :
la voie futile de la négociation et la
voie ferme de la résistance.
Certains partent du rejet de la
judaïsation d'Israël pour finir par
défendre la position d'un Etat pour tous
ses citoyens, ou un Etat binational, et
considèrent que cette solution est une
riposte aux revendications d'identité
juive pure de l'Etat d'Israël. Cette
voie mène à :
1. Nier l'identité arabe de la Palestine
pour considérer qu'elle appartient à
tous ses citoyens, y compris à ses
envahisseurs, ou à reconnaître une
identité partagée juive et arabe.
2. Exiger de cohabiter avec
l'envahisseur dans le cadre des droits
du citoyen, qui remplacent la stratégie
principale de libération par une lutte
contre la discrimination raciale.
3. Adopter des moyens pacifiques de
lutte en s'alliant aux "juifs
progressistes". Amen ! Ils considèrent
que le projet d'un seul Etat est plus
"réaliste" que celui de territoires
palestiniens éparpillés qui occupent la
superficie équivalente à celle des
frontières de 67, c'est-à-dire les 6.200
km² dont parle Mahmoud Abbas. Les
partisans d'un Etat unique fournissent
des arguments sur la non-viabilité de
l'Etat palestinien : ils soutiennent que
la construction du gigantesque mur
raciste a rendu ce projet caduque, qu'il
est impossible d'établir un Etat sur des
cantons dispersés, que les Israéliens
ont peur que l'Etat palestinien souhaité
ne se transforme en une base base
contre, etc.
La vérité est que les deux projets,
celui des cantons et celui d'un seul
Etat, se rejoignent dans le fait qu'il
faut cohabiter avec les juifs en
Palestine, qu'il faut renoncer
au droit historique d'une
Palestine arabe et qu'il faut
abandonner la lutte armée et l'objectif
de libérer la terre. Partant de ce point
de vue, la différence entre les deux
projets est la même qu'entre le Parti
travailliste et le Likud dans l'entité
sioniste, ou entre le parti républicain
et le parti démocrate aux Etats-Unis.
Donc ce qui est important dans les deux
projets, c'est qu'ils émergent en
opposition à la voie de la résistance, à
la libération de la terre et à son
caractère arabe. En fait, les deux
passent par l'annulation des trois
articles les plus importants de la
Charte nationale palestinienne, avant sa
révision, qui proclament que la
Palestine est arabe, que la
lutte doit être armée, et le sixième
point de la Charte qui ne reconnaît pas
comme Palestiniens les juifs qui sont
arrivés en Palestine
après la mise en oeuvre du projet sioniste. Ce dernier
article est souvent omis même par ceux
qui sont attachés à la Charte nationale
palestinienne non modifiée. Il nie aux
juifs qui sont arrivés en
Palestine après la mise en
œuvre du projet sioniste, le droit de
s’y installer. Ce qui est bien sûr la
position naturelle que l'on attend de
n'importe quel pays vis-à-vis de ses
envahisseurs.
Au contraire, ceux qui rejettent la
judaïsation d'Israël en
se basant sur le caractère arabe de la
Palestine commencent
par nier le droit d'Israël
à exister en tant qu'Etat occupant et
société coloniale, avant d'entrer dans
le labyrinthe de la judaïsation qui
cherche à nous entraîner avec force dans
le système politique israélien pour
tenter de le rendre moins raciste. La
judaïsation de l'Etat est le résultat
d'une politique de normalisation qui
proclame que le problème réside dans le
caractère juif de l'Etat et non dans
l'existence même de l'Etat dont nous
traitons ici de l'identité.
Dans les cas extrêmes, nous trouvons des
partisans d'un Israël
unique, démocratique et non raciste qui
considèrent que les islamistes sont
l'équivalent arabe palestinien des
rabbins juifs, de sorte que la question
nationale palestinienne se transforme en
un problème de séparation des pouvoirs
entre la religion et l'Etat en
Israël et en la question de
savoir comment réduire le racisme,
pacifiquement, bien sûr, selon l'exemple
sud-africain qui, d'autre part,
s'applique à la cause palestinienne dans
la même mesure que la méthode du Mahatma
Gandhi est applicable à l'Irak. Plus de
la moitié des Sud-Africains n'étaient
pas réfugiés en dehors de leur pays.
L'Afrique du Sud a adopté une attitude
plus humanitaire que celle, culturelle,
dont on débat avec force depuis la fin
du XIXème siècle, à savoir l'identité
arabe ou de l'Ancien Testament de notre
pays.
Il est évident que ceux qui adoptent la
formule d'un seul Etat renoncent au
caractère arabe de la Palestine
et s'inscrivent dans un projet qui, de
fait, situe la Palestine
dans quelque lieu de l'espace, entre
Saturne et Mercure, comme si elle ne
faisait pas partie de la nation arabe et
du monde islamique.
L'idée d'un seul Etat tire son sens et
sa force morale du dernier cri dans le
monde à la mode de la mondialisation et
la tendance impérialiste au niveau
mondial qui sponsorisent les slogans des
droits de l'homme et le pluralisme
politique pour dissimuler la dissolution
des identités et surmonter les obstacles
nationaux que les multinationales
rencontrent sur leur chemin. Ce projet
n'a aucun sens en Palestine,
où l'impérialisme mondial soutient
pleinement le projet sioniste.
Cela n'est pas en contradiction avec la
dimension politique, face aux aspects
idéologiques et religieux, de
l'expression judaïsation d'Israël.
L'entité sioniste veut
désigner un négociateur avec l'Autorité
nationale palestinienne (ANP) et les
régimes arabes qui impose ses conditions
à l'avance pour que les gens se fassent
à l'idée du transfert, à savoir
l'expulsion des Palestiniens de 48, que
ce soit par la force quand c'est
possible, que ce soit en les intégrant
aux cantons de l'Etat palestinien
morcelé. Ils essaient de fermer la voie
à toute discussion sur le droit au
retour, le retirer de la table des
négociations et réduire les coûts qu'ils
devront affronter avant tout accord pour
minime qu'il soit. Ainsi le résultat
négocié ne peut être que ridicule, il ne
peut pas conduire à un résultat négocié
digne avec l'ennemi sioniste.
Les droits s'obtiennent par la lutte et
le droit au retour est lié à la
libération. Le plus triste est que
l'entité sioniste
rallie tout le monde pour négocier sur
sa dernière exigence de judaïser
Israël parce qu'on a cessé de
poser la question de son existence.
Source :
Free Arab Voice
Traduction : MR pour
ISM
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