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IRIN
ISRAËL-TPO:
Violences et manque d’accès aux terres affectent la récolte
d’olives
Aitaf Abdel Raul est la seule personne de sa
famille à avoir obtenu un permis de récolte,
mais elle ne peut assumer seule la lourde charge que représente
ce travail.
Photo:
Shabtai Gold/IRIN
NAPLOUSE/JAYYOUS, 30 octobre 2007 (IRIN)
En
Cisjordanie, l’automne est généralement une saison festive, au
cours de laquelle les familles se réunissent pour récolter
ensemble les olives ; pourtant, cette année encore, les olives
palestiniennes ont pâti de la violence et des restrictions imposées
par Israël sur l’accès aux terres.
« La récolte des olives est une affaire de famille », a expliqué
Ahmed, 18 ans, de Kofr Khalil, près de Naplouse, en Cisjordanie.
« Nous venons tous ensemble pour travailler », a-t-il poursuivi,
montrant du doigt Nadia, sa mère, et Nour, sa petite nièce de
sept ans, qui cueillaient ensemble des olives.
L’huile est consommée par les ménages ou vendue, pour alléger
le fardeau financier de familles démunies. « Beaucoup de gens dépendent
de l’aide des Nations Unies. Les gens qui travaillaient en Israël
n’ont aujourd’hui plus le droit d’y entrer et sont très
pauvres », a expliqué Ahmed.
Depuis la première guerre du Golfe, en 1991, le gouvernement israélien
limite l’entrée des travailleurs palestiniens sur le territoire
israélien ; ces lois sont devenues encore plus rigides à la
suite des flambées de violence de septembre 2000.
Pendant la cueillette des olives, les Palestiniens s’aventurent
dans des zones agricoles, proches des colonies israéliennes, dans
lesquelles ils éviteraient de se rendre en temps normal.
Des bénévoles israéliens, appartenant à diverses organisations
telles que Rabbis for Human Rights (les Rabbins pour les droits
humains), se joignent aux Palestiniens pendant la récolte pour
tenter d’apaiser les tensions avec les colons, mais leur présence
ne suffit pas toujours.
« Hier encore, les colons étaient là, très violents. Ils étaient
armés. Ils ont crié et nous ont menacés », a rapporté Nadia,
ajoutant que la veille, ses voisins du village de Til avaient été
attaqués par plusieurs colons d’Havat Gilad, un avant-poste
situé non loin.
Selon B'tselem, une association israélienne de défense des
droits humains, depuis la récolte d’olives de septembre 2000,
cinq habitants de la seule localité de Kofr Khalil ont été tués
par les forces de sécurité, une personne a trouvé la mort dans
la région de Jenin et au moins deux autres Palestiniens ont été
abattus par des colons.
« L’armée applique des mesures de sécurité renforcées pour
protéger les Palestiniens qui vivent dans certaines zones problématiques
», a affirmé Zidki Maman, de l’Administration civile israélienne.
« En cas de violence, nous avons reçu l’ordre de nous rendre
auprès du Palestinien [concerné] et de l’inviter à déposer
une plainte officielle auprès de la police ».
En aval de Kofr Khalil, les colons, dont un bon nombre sont armés,
se sont réunis autour d’un puits autrefois utilisé par les
villageois palestiniens. Mais lorsque trois enfants, âgés de 13
et 14 ans, sont venus remplir des bouteilles d’eau pour les
travailleurs des champs, ils ont été arrêtés par les soldats
israéliens.
Selon les responsables de la sécurité israélienne, les
restrictions à la récolte ont été appliquées en raison «
d’incidents de sécurité » provoqués par des Palestiniens ;
les responsables ont néanmoins souligné qu’Israël s’était
engagé à assurer l’accès des populations palestiniennes aux
oliviers.
La famille de Um Nail Salim a perdu beaucoup
d'oliviers à cause de la barrière de séparation israélienne,
qui l'empêche, la majeure partie de l'année, d'accéder à ses
terres pour entretenir la plantation et l'arroser.
Photo:
Shabtai Gold/IRIN
Permis de récolter
Le premier samedi de la récolte d’olives, quelque 80 pacifistes
israéliens se sont joints aux Palestiniens dans le village de
Jayyous. De nombreux Palestiniens ne parviennent pas à obtenir de
permis auprès des autorités israéliennes pour pouvoir accéder
à leurs oliveraies, et se retrouvent dès lors en manque de
main-d’œuvre.
« Sans l’aide des [bénévoles israéliens], je ne parviendrais
pas à faire mon travail », a observé Aitaf Abdel Raul.
Son amie israélienne Jamila Biso, qui a aidé à la coordination
des bénévoles, a expliqué que Mme Raul avait par deux fois
perdu connaissance au cours de la récolte et qu’elle ne pouvait
pas s’acquitter de ce travail à elle seule ; or, aucun des
membres de sa famille n’a réussi à obtenir de permis.
« Je me fais vieille et j’ai le diabète », a expliqué Mme
Raul.
Une grande partie des terres agricoles de Jayyous se situe entre
la barrière de séparation israélienne et la Ligne verte, qui
sert de frontière avec Israël.
Israël a construit la barrière, selon plusieurs responsables,
pour empêcher que des attaques soient perpétrées sur le
territoire de l’Etat juif, bien que la « zone fermée » ainsi
nommée comporte plusieurs enclaves. D’après B'tselem, environ
10 pour cent de la Cisjordanie se situe dans cette zone,
uniquement accessible aux titulaires du permis israélien requis.
« Tous les individus qui ne présentent pas de problème de sécurité
se voient délivrer un permis », a affirmé M. Maman, notant que
l’armée contrôlait les portes d’accès situées le long de
la barrière.
Pourtant, sur un terrain non loin de là, Thaar Salim a rapporté
que les difficultés se poursuivaient bien au-delà de
l’olivaison.
« Je n’ai droit qu’à un permis de 50 jours, qui dure le
temps de la récolte », a-t-il expliqué. « Nous n’avons pas
de permis le reste de l’année. Je ne peux pas m’occuper des
arbres. Dieu seul les arrose ».
De même, d’autres cultures de la région ont été négligées,
et de nombreuses serres à tomates sont arides et sèches.
Selon les paysans de Jayyous, cette année, la récolte des olives
est particulièrement mauvaise, en grande partie parce que les
oliviers ont été négligés. Il s’agit d’un coup fatal porté
à l’économie des populations qui dépendent de cette récolte
comme source de revenus.
« Il faut bien regarder pour trouver des olives sur les arbres.
Elles ne sont pas belles du tout », a déploré Mme Raul, en
triant le fruit de sa cueillette.
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