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IRIN
Israël-TPO:
Le manque d’accès des habitants de Gaza à la
santé est « intolérable » - OMS
L'OMS a noté que de plus en plus de patients se
voyaient refuser l'autorisation
de se faire soigner à l'extérieur de Gaza. Photo: Tom Spender/IRIN
JERUSALEM, 14 décembre
2007 (IRIN) L’isolement de la Bande de Gaza est « intolérable
», a déclaré, le 10 décembre, un haut responsable de l’Organisation
mondiale de la santé (OMS), qui appelait à offrir aux
populations de Gaza un meilleur accès aux traitements médicaux
en dehors de l’enclave barricadée.
Ambrogio Manenti, directeur de l’OMS en Cisjordanie et dans la
Bande de Gaza, a exhorté les professionnels de la médecine à
s’élever contre la situation actuelle qui, selon lui, a des
conséquences néfastes sur la santé des résidents.
M. Manenti s’exprimait à l’occasion d’un symposium de l’OMS
en présence de l’organisation des Médecins pour les droits de
l’homme-Israël (PHR-I) et du Programme communautaire de santé
mentale de Gaza (GCMHP). L’OMS a observé une hausse du nombre
de patients qui se voient refuser l’accès aux soins de santé
hors de Gaza.
Coopérer pour de meilleurs soins ?
Selon Hadas Ziv, directrice de PHR-I, plusieurs Palestiniens ont
remis à son organisation des déclarations écrites sous serment
selon lesquelles il aurait été exigé d’eux qu’ils coopèrent
avec les services de sécurité israéliens pour pouvoir obtenir
une autorisation de quitter Gaza.
Selon Bassam al Wahidi, 28 ans, originaire de Rafah dans le sud de
Gaza, les médecins l’ont informé il y a plusieurs mois qu’il
perdrait la vue si son affection oculaire n’était pas
convenablement traitée, et l’ont orienté vers un hôpital de
l’est de Jérusalem.
M. al Wahidi a reçu une autorisation et s’est présenté au
point de passage d’Erez entre Israël et la Bande de Gaza, dans
le nord, où après avoir patienté pendant trois heures, il a été
conduit dans une salle d’interrogatoire.
« J’ai attendu dans la salle pendant plus d’une heure.
Ensuite, un agent a commencé à me poser des questions simples :
il m’a demandé mon nom et quelques renseignements sur ma
famille », a raconté à IRIN M. al Wahidi, qui travaille dans
les médias.
L’agent lui a ensuite posé des questions sur les militants, lui
expliquant « qu’en tant que journaliste, [il devait] avoir des
informations sur eux ». Puis, il a suggéré de « travailler
ensemble » pour traquer les militants qui lancent des roquettes
dans le sud d’Israël.
Selon M. al Wahidi, l’agent lui a même proposé un meilleur
traitement médical s’il acceptait.
M. al Wahidi a refusé d’aider les forces de sécurité israéliennes.
« Je lui ai dit que j’avais le droit d’être soigné. Ce à
quoi il a répondu "ce type de langage ne marche pas avec
nous" ». Depuis lors, M. al Wahidi a tenté à plusieurs
reprises d’obtenir une autorisation, en vain.
« J’ai déjà perdu la vue de l’œil droit. Si je ne me fais
pas soigner rapidement, je risque de perdre mon autre œil »,
a-t-il expliqué.
Selon la PHR-I, bon nombre de personnes sont dans le cas de M. al
Wahidi à Gaza.
Pour la Croix-Rouge internationale (CICR) à Jérusalem, Israël
est encore responsable de Gaza et doit s’assurer que les
populations de la Bande aient accès aux soins de santé.
L’organisation a rappelé qu’aux termes des Conventions de Genève,
il est interdit de contraindre les personnes protégées à livrer
des informations.
D’après les responsables des services de sécurité israéliens,
néanmoins, l’Etat n’impose pas la collaboration pour
autoriser le traitement ; le refus de délivrer une autorisation
repose sur des questions de sécurité.
« Risques de sécurité »
Mme Ziv de la PHR-I a déclaré à l’occasion du symposium que même
les personnes considérées comme des « risques de sécurité »
devraient avoir accès aux soins ; la directrice a proposé
plusieurs solutions à cet effet, et notamment l’utilisation
d’un bus militaire israélien pour transporter les patients de
Gaza en Jordanie, où ils seraient soignés.
Patients palestiniens attendant au passage d'Erez
avant d'entrer en Israël pour s'y faire soigner.
En raison des mesures de restriction strictes adoptées par Israël,
beaucoup de patients se voient refouler
ou ont des difficultés pour passer. Photo: Mahmoud Dahar/IRIN
Cela
permettrait d’aider les personnes [souffrantes] comme Ahmed,
jeune homme de 21 ans atteint d’un cancer de l’estomac, qui
lui a provoqué de graves hémorragies internes. Les autorités
israéliennes ont interdit à Ahmed, considéré comme un «
risque de sécurité », de quitter Gaza.
Naim, son père, a expliqué à IRIN qu’il avait pour la première
fois emmené son fils malade au point de passage d’Erez à la
fin du mois d’octobre, après avoir obtenu l’autorisation
requise, mais qu’ils avaient été éconduits pour des «
raisons de sécurité ».
Après avoir déposé une nouvelle demande d’autorisation, les
deux hommes sont retournés au point de passage le 21 novembre.
« Ils nous ont fait attendre pendant environ une heure et demie,
puis [les soldats] ont dit qu’ils devaient parler à Ahmed. Je
suis resté dehors et ils l’ont emmené », s’est souvenu Naim.
Plus d’une heure plus tard, le fils souffrant est revenu de son
interrogatoire, qui avait essentiellement consisté en une série
de questions sur le camp de réfugiés où ils vivaient et «
auxquelles tout le monde connaît les réponses ». Père et fils
ont ensuite patienté pendant quatre heures de plus avant qu’on
les renvoie chez eux, après avoir interdit une nouvelle fois à
Ahmed de quitter Gaza. Copyright © IRIN
2007
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