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IRIN
Irak:
Des réfugiés contraints au retour par manque d'argent
Un réfugié irakien à Amman, en Jordanie,
un pays qui abrite quelque 750 000 réfugiés irakiens
Photo:
P.Sands/UNHCR BAGDAD, 13 novembre
2007 (IRIN) Désespérés et sans le sou, Ziad Qahtan Naeem et
sa famille ont décidé de retourner vivre dans leur maison à
Bagdad, une ville ravagée par la guerre, une décision qu’ils
assimilent à une « condamnation à mort ».
Cette famille chiite de six membres avait fui il y a deux ans le
quartier de Mansour, un quartier peuplé majoritairement de
Sunnites, à l’ouest de Bagdad, et s’était réfugiée en
Syrie où vivent déjà plus d’un million d’Irakiens.
Comme de plus de plus d’Irakiens réfugiés en Syrie, Ziad
Qahtan Naeem et sa famille ont choisi de quitter leur terre
d’accueil non pas parce qu’ils ont confiance en l’avenir de
l’Irak, mais parce qu’ils n’ont plus d’argent.
Pour d’autres réfugiés, le choix du retour s’explique par le
fait que les conditions de séjour en Syrie sont rendues plus
difficiles par les autorités du pays, puisque la plupart des
Irakiens ne peuvent pas travailler légalement en Syrie et qu’il
leur faut survivre grâce à leurs économies et à la générosité
de parents.
« Revivre à Bagdad signifie presque signer votre condamnation à
mort », a affirmé M. Naeem, qui a pu vivre en Syrie avec ses
trois fils, sa femme et sa mère grâce à l’argent de la vente
de son petit supermarché, des bijoux en or de sa femme et de
quelques biens personnels.
« A tout moment, vous ou un membre de votre famille pouvez
devenir une statistique dans le fichier de la police », a
poursuivi ce père de famille de 46 ans qui a dépensé 30 000
dollars en Syrie.
Plus de 46 000 retours enregistrés
en octobre
Selon le gouvernement irakien, de plus en plus d’Irakiens
retournent dans leurs pays, plus de 46 000 retours ayant été
enregistrés en octobre.
D’après le porte-parole du gouvernement, le général de
brigade Qassim al-Moussawi, rien qu’au mois d’octobre, 46 030
retours d’Irakiens refugiés dans les pays voisins ont été
enregistrés. Pour M. al-Moussawi, ces retours massifs
s’expliquent par « l’amélioration de la situation sécuritaire
dans le pays ».
« Le nombre d’opérations terroristes a considérablement baissé
dans la plupart des quartiers de la capitale, grâce au travail
remarquable des forces armées », a expliqué M. al-Moussawi au
cours d’une conférence de presse organisée le 7 novembre dans
la zone verte, une enclave hautement sécurisée de la capitale
irakienne. Toutefois, il n’a fourni aucun chiffre sur le nombre
de retours enregistré avant le mois d’octobre.
La publication de ces chiffres coïncide avec la décision de
certains pays voisins de l’Irak, en particulier la Syrie et la
Jordanie, de renforcer les contrôles à leurs frontières.
Impasse en Syrie et en Jordanie
La Syrie abrite au moins 1,2 million de réfugiés irakiens et la
Jordanie environ 750 000. Les deux pays s’efforcent de fournir
des services de base aux nouveaux arrivants irakiens et exigent
des visas d’entrée. Mais les Irakiens affirment que la plupart
des demandes de visas ont été rejetées.
Bon nombre d’Irakiens vivent dans une impasse ; ils n’ont pas
le droit de travailler et ont dépensé tout l’argent qu’ils
ont pu faire sortir d’Irak.
Ceux qui sont entrés en Syrie ou en Jordanie avant
l’application des nouvelles mesures doivent quitter le pays à
l’expiration de leur visa de trois mois s’ils n’ont pas été
officiellement reconnus comme réfugiés par le Haut commissariat
des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), une procédure qui
peut prendre plusieurs mois.
Mu’taz Ali Safwan, un ingénieur en construction mécanique de
36 ans qui vivait à Amman, la capitale jordanienne, est retourné
en Irak parce qu’il « en avait assez de toutes les humiliations
qu’il subissait en tant qu’étranger ». Avant de quitter l’Irak,
il y a un an, M. Safwan était fonctionnaire au ministère de
l’Industrie. A Amman, il travaillait comme coiffeur.
Jeunes réfugiés irakiens jouant au football
dans un quartier de Damas.
Selon les autorités irakiennes, rien qu’au mois
d’octobre,
46 030 retours d’Irakiens réfugiés dans les pays voisins ont
été enregistrés
Photo:
J.Wreford/UNHCR
« Je sais que je
m’expose à un danger en choisissant de rentrer, mais je ne
pouvais plus supporter cette situation ; j’avais dépensé
toutes mes économies, je ne pouvais pas avoir une résidence
officielle et j’étais contraint de vivre comme un fugitif, dans
la crainte d’être pris par les autorités », a poursuivi M.
Safwan.
Selon le HCR, deux millions d’Irakiens ont fui leur pays.
Quelque 54 000 Irakiens vivent en Iran, 40 000 au Liban, 10 000 en
Turquie et 200 000 dans les différents pays du Golfe ; l’Egypte
en a accueilli 100 000.
L’année dernière, le gouvernement américain a admis 1 608 réfugiés
irakiens sur son territoire. La Suède en a accueilli plus de 18
000 depuis 2006, le plus grand nombre d’admissions d’Irakiens
en Europe, mais actuellement les autorités suédoises envisagent
elles aussi de durcir les conditions de demande d’asile. Copyright © IRIN
2007
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