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IRIN
Afghanistan:
Les ONG de plus en plus menacées par l'insécurité
Il ne reste plus qu'un nombre limité d'ONG en
Afghanistan, à cause de l'insécurité
Photo:
Akmal Dawi/IRIN KABOUL, 8
novembre 2007 (IRIN) - Les civils employés par les organisations
non gouvernementales (ONG) en Afghanistan sont inquiets des
conditions d’insécurité grandissante dans lesquelles ils
travaillent, les travailleurs humanitaires étant de plus en plus
souvent pris pour cibles par des bandes de criminels et d’insurgés
talibans.
Ahmed Shah Shierzai, médecin, travaillait pour une ONG locale ;
il a démissionné de son poste suite à sa libération par les
insurgés talibans, survenue le 20 octobre dans la province de
Kandahar, dans le sud de l’Afghanistan.
Le 16 octobre, deux autres hommes et lui-même, qui travaillaient
dans un service médical de proximité, ont été enlevé à
l’extérieur de la ville de Kandahar par des hommes armés liés
aux rebelles talibans.
« Nous avons imploré les talibans [en leur disant] que nous n’étions
que des professionnels de la santé et que nous voulions seulement
aider les patients déshérités », a-t-il dit. « Ils voulaient
nous tuer car ils disaient que ceux qui travaillaient pour le
gouvernement d’Hamid Karzai ou pour les organisations étrangères
méritaient la mort », a raconté M. Shierzai.
Seule une médiation menée par des leaders tribaux ainsi qu’une
forte somme d’argent versée par la famille de M. Shierzai a
permis sa libération, a-t-il dit à IRIN.
Avant de le laisser partir, les talibans l’ont forcé à prêter
serment : « J’ai juré de ne plus travailler ni pour le
gouvernement ni pour des ONG étrangères », a-t-il dit.
L’Office de sécurité des ONG en Afghanistan (ANSO en anglais)
a indiqué en octobre que depuis janvier 2007, 106 crimes et
incidents concernant la sécurité des ONG avaient touché ces
organisations à travers tout le pays.
Anja de Beer, directrice d’un collectif d’ONG appelé ACBAR, a
expliqué que les ONG étaient prises pour cible tant par des
bandes criminelles armées que par les forces
anti-gouvernementales.
Les incidents criminels contre les ONG en
Afghanistan en 2007
Photo:
ANSO
Même si les insurgés
talibans ont souvent été impliqués dans ces incidents autour de
la sécurité des ONG, les chiffres de l’ANSO montrent que les
activités criminelles - dont la motivation principale reste
l’argent – contre les ONG ont augmenté, même dans les
parties relativement calmes du nord et du nord-est du pays.
Conséquence de la faiblesse du système judiciaire, les bandes
organisées impliquées dans des attaques et des incidents liés
à la sécurité des ONG ne sont pas poursuivies et n’ont rien
à craindre de la justice.
« Cette impunité criminelle constitue une menace pour les ONG
dans le nord et le nord-est du pays au même titre que
l’insurrection dans le sud ou sud-est de l’Afghanistan », a
indiqué à IRIN à Kaboul Nic Lee, le directeur d’ANSO.
Enlèvements en hausse
Selon M. Lee, dans la plupart des cas d’agressions et de vols
armés qui touchaient les convois humanitaires et leurs équipements,
les meurtres ou les enlèvements de travailleurs humanitaires
restaient jusque là rares. Cette année néanmoins, il y a eu un
changement notable.
« Les enlèvements sont devenus de plus en plus fréquents »,
a-t-il indiqué. « Les bandes criminelles pratiquent de plus en
plus les enlèvements de travailleurs d’ONG dans le but
d’obtenir de l’argent ».
En 2007, les force anti-gouvernementales ont enlevé plus de 60
travailleurs d’ONG et les bandes criminelles en ont enlevé 20,
selon l’ANSO.
Le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires
humanitaires (OCHA) a indiqué qu’entre janvier et septembre
2007, sept travailleurs humanitaires internationaux ainsi que 34
Afghans avaient été tués après avoir été enlevés par des
hommes non identifiés.
Les incidents impliquant des groupes armés
contre les ONG en Afghanistan en 2007
Photo:
ANSO
La sécurité des
ONG
De nombreuses organisations humanitaires qui travaillent en
Afghanistan dépendent des communautés et des pouvoirs non
militarisés et extra gouvernementaux afin d’assurer leur
protection et leur sécurité.
« Nous considérons que l’acceptation de nos organisations par
les communautés est notre barrière de protection », a dit M. De
Beer d’ACBAR.
Afin de garder et d’afficher leur statut de neutralité et
d’indépendance, et ainsi éviter de devenir « des cibles légitimes
» pour les parties belligérantes, la plupart des ONG ont refusé
d’être escortées par des convois de protection gouvernementaux
afghans.
Il y a cependant eu certaines demandes pour que le gouvernement
intervienne. « Nous avons demandé au gouvernement afghan
d’assurer notre sécurité », a indiqué Gunendu Roy,
coordinateur d’une organisation bangladeshi de développement,
le BRAC.
Le BRAC, qui gère différents programmes de développement rural
et urbain et assure aussi un programme de microassurance dans 25
des 34 provinces afghanes, et qui compte plus de 3 500 employés
afghans et 180 bangladeshi – a perdu un des ses membres dans la
province du nord-est du pays, le Badakhshan, le 12 septembre, lors
d’une attaque.
Un de ses autres employés est retenu prisonnier depuis le 15
septembre par des hommes non identifiés dans la province de Logar,
selon l’organisation. « Nous demandons l’aide
du gouvernement afin que notre collègue soit relâché », a dit
M. Roy.
La sécurité se détériore aussi pour les
civils.
Plus de 18 écoliers sont morts et 40 autres ont été blessés
dans une attaque suicide le 6 novembre
Photo:
Samad Nademjo/IRIN
Un
futur incertain
Les Nations Unies, les ONG ainsi que d’autres organisations
internationales s’accordent à dire qu’en termes de sécurité,
l’année 2007 a été la pire des années pour les travailleurs
humanitaires.
Les problèmes grandissants d’insécurité ont rendu des zones
inaccessibles, ce qui, selon le Comité international de la
Croix-Rouge et les Nations Unies, a fait basculé des millions
d’Afghans déjà pauvres dans une situation de crise humanitaire
d’urgence.
Pour M. Lee, qui surveille de près la sécurité des ONG, la
situation se détériore et pourrait s’aggraver bien plus
encore.
Mme De Beer d’ACBAR dit que la situation actuelle pouvait évoluer
de deux manières différentes : « Espérons que la sécurité
s’améliorera », a-t-elle dit. Copyright © IRIN
2007
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