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IRIN
Jordanie: La crise hydrique évitée cette année,
mais à l'avenir ?
Les projets stratégiques
annoncés par la Jordanie dans le domaine de l’eau
doivent être mis en œuvre d’urgence.
Photo: Mohammed al-Jabri/IRIN
AMMAN, 8 juin 2009 (IRIN)
La Jordanie a
peut-être évité une crise hydrique grave, cette année, mais la
situation s’annonce difficile pour le royaume, desséché par le
soleil, et les experts recommandent de mettre en œuvre, le plus
rapidement possible, un ensemble de mesures et de projets dans
le domaine de l’eau.
Le gouvernement a annoncé que le royaume aurait assez d’eau,
cette année, pour subvenir aux besoins de ses 5,6 millions
d’habitants, ses réservoirs étant environ à moitié pleins : «
Nous sommes en mesure de répondre à la demande du public [en
eau], cet été, à des fins de consommation, à des fins agricoles
ou pour d’autres utilisations », a déclaré Moussa Jamaini,
secrétaire général des autorités de la vallée du Jourdain.
D’après les statistiques du ministère de l’Eau, les réservoirs
du royaume contiennent environ 100 millions de mètres cubes
d’eau, pour une capacité totale de 215,4 millions de mètres
cubes.
La Jordanie, qui dépend des précipitations comme source
principale d’eau potable, était sur le point de connaître une
des saisons sèches les plus rigoureuses jamais observées depuis
plusieurs années, quand de fortes averses et des chutes de neige
ont eu lieu, à la fin de la saison, qui ont alimenté les
réservoirs, selon les spécialistes.
La Jordanie ne compte ni lac naturel, ni grand fleuve, à
l’exception du Jourdain, dont les eaux, utilisées à échelle
industrielle par Israël, sont aujourd’hui beaucoup moins
abondantes.
La demande dépasse régulièrement l’offre et la quantité annuelle
d’eau disponible par personne et par an est d’à peine 145 mètres
cubes ; une quantité bien inférieure au seuil de pauvreté
hydrique international de 500 mètres cubes par personne et par
an, a déclaré Raed Abu Saud, ministre de l’Eau et de
l’irrigation, dans un communiqué sur la stratégie adoptée par la
Jordanie dans le domaine de l’eau, pour 2008-2020.
Accélérer la mise en œuvre des projets
stratégiques
La situation reste maîtrisée, selon les experts, qui ont
néanmoins appelé à accélérer la mise en œuvre des projets
stratégiques.
« Nous pouvons gérer notre crise hydrique. Le royaume doit avoir
recours à des méthodes innovantes pour économiser l’eau », selon
Omar Melkawi, professeur de ressources en eau à l’Université des
sciences et des technologies de Jordanie.
La Jordanie a annoncé récemment le lancement de plusieurs
mégaprojets visant à remédier aux pénuries d’eau, notamment du
projet de construction du canal mer Rouge-mer Morte, doté d’un
budget de deux à quatre milliards de dollars, qui devrait
permettre de fournir 850 millions de mètres cubes d’eau potable
par an. Des études sont menées à l’heure actuelle pour évaluer
la faisabilité de ce projet ; à en croire les experts, il faudra
peut-être au moins 10 ans pour le mener à bien.
L’été dernier, le gouvernement a également signé un accord avec
Gama, une société turque, qui sera chargée de pomper l’eau de
l’aquifère de Disi, dans le sud, moyennant la somme de 600
millions de dollars. Le projet, qui devrait être achevé en 2020,
permettra de fournir à Amman et aux gouvernorats du sud quelque
170 millions de mètres cubes d’eau par an.
Le projet de Disi est toutefois retardé depuis plusieurs années
faute de fonds. Mohammad Shatnawi, ancien ministre de l’Eau, a
en effet admis que ce projet représentait un défi colossal. Le
royaume a besoin de projets hydrauliques de plus petite
envergure, tels que les projets de désalinisation des puits
d’eau saline ou de modernisation des réseaux d’approvisionnement
en eau.
Tabler davantage sur la désalinisation
Le roi Abdullah a donné le feu vert à une stratégie de grande
envergure, dotée d’un budget de 8,2 milliards de dollars, et
destinée à atténuer la gravité de la pénurie d’eau chronique qui
touche le pays, conformément aux recommandations du comité
royal.
Selon les autorités, cette stratégie vise à permettre de fournir
suffisamment d’eau potable aux populations, à tirer le meilleur
parti de l’eau de surface et à mettre un terme au pompage
arbitraire de l’eau des puits souterrains.
Selon le comité royal, d’ici à l’an 2022, la dépendance à l’eau
souterraine diminuera de 32 à 17 pour cent, et l’utilisation
d’eaux usées traitées à des fins agricoles augmentera de 10 à 13
pour cent. En outre, la dépendance du pays aux usines de
désalinisation passera d’un pour cent, à l’heure actuelle, à 31
pour cent, en 2022.
Les experts craignent quant à eux que les saisons sèches ne
deviennent de plus en plus rigoureuses. En effet, l’évolution du
climat modifie les schémas climatiques, selon Ahmed Koufahi,
directeur exécutif de la Société jordanienne de l’environnement,
qui a appelé les autorités à élargir la couverture végétale du
royaume et à promouvoir une utilisation économe de l’eau.
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