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IRIN
Pakistan
: Le gouvernement réprime la société civile
Des membres des forces de sécurité devant le
Parlement
Photo:
David Swanson/IRIN ISLAMABAD, 6
novembre 2007 (IRIN) Une experte en droits humains
des Nations Unies a condamné les arrestations de leaders et
d’activistes de la société civile menées au Pakistan, après
la déclaration de l’état d’urgence dans le pays.
« Ce n’est pas l’état d’urgence, c’est [carrément] la
loi martiale », a dit à IRIN Asma Jahangir, directrice de la
Commission des droits humains du Pakistan, le 5 novembre, depuis
Lahore (est), où elle réside.
Mme Jahangir, Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la
liberté de religion et de conviction, a été assignée à résidence
pour une période de 90 jours quelques heures à peine après
l’annonce.
Près de 1 500 leaders de l’opposition, avocats, journalistes,
activistes de la lutte pour les droits humains et autres membres
de la société civile ont été arrêtés au cours du week-end
après que le président général Pervez Musharraf eut décrété
l’état d’urgence dans le pays, le 3 novembre, et suspendu
l’application de la Constitution, selon les associations de défense
des droits humains.
En parallèle, la Cour suprême doit entendre une requête
contestant le droit de M. Musharraf à occuper une nouvelle fois
les fonctions de président.
Élections retardées ?
M. Musharraf avait à plusieurs reprises indiqué qu’il
renoncerait à ses fonctions de chef de l’armée nationale avant
de prêter serment une nouvelle fois le 15 novembre, et il avait
affirmé qu’il organiserait des élections législatives avant
le 15 janvier.
Pourtant, au lendemain de l’imposition de l’état d’urgence,
les propos du Premier ministre Shaukak Aziz suggèrent le report
imminent de la démocratie.
« Le calendrier électoral risque d’être modifié, mais nous
n’avons pas encore décidé », a déclaré M. Aziz à la
presse, expliquant que le président Musharraf avait pris la
mesure « extrajudiciaire » d’imposer l’état d’urgence
dans le but d’harmoniser les trois piliers de l’Etat.
« Ces mesures visent à assurer l’autorité du gouvernement, à
améliorer l’ordre public et à maintenir l’harmonie entre les
pouvoirs judiciaire, exécutif et législatif, afin que le
gouvernement puisse fonctionner sans problème », a déclaré M.
Aziz.
Juges arrêtés, médias muselés
Peu après avoir suspendu l’application de la Constitution, M.
Musharraf s’est empressé d’assigner sept juges de la Cour
suprême à résidence, et notamment Iftikhar Mohammed Chaudhry,
président de la Cour suprême, destitué par M. Musharraf lui-même
en mai, mais réintégré à la suite de manifestations de masse.
De nouvelles directives ont été adoptées en matière de médias,
restreignant la liberté de la presse, tandis que la diffusion des
chaînes de télévision privées et des chaînes étrangères était
toujours interrompue. Les mesures de sécurité ont été renforcées,
le gouvernement se préparant à de possibles manifestations
d’opposition.
La police pakistanaise a dispersé les avocats qui manifestaient
à Karachi (la plus grande ville du Pakistan), à Lahore et à
Rawalpindi, le 5 novembre, selon les comptes-rendus des médias.
Parallèlement, les forces de sécurité ne sont toujours pas
parvenues à se sortir du conflit inextricable qui les oppose aux
fidèles du Maulana Fazlullah (un chef religieux), qui exigent
l’application de la Charia, la loi islamique, dans la vallée de
Swat. Ce conflit a d’ailleurs pesé dans la décision du
gouvernement d’imposer l’état d’urgence. Copyright © IRIN
2007
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